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UNIVERSITE LYON 2 Institut d’Etudes Politiques de Lyon
LA FEMME FACE AUX NOUVEAUX ENJEUX DE LA FEMINITE DANS LES FILMS DE PEDRO ALMODOVAR, ENTRE DOMINATION ET EMANCIPATION
Julie MANDRILLE Diplôme IEP : Sociologie des acteurs et enjeux du champ culturel 2007/2008 Sous la direction de M. Max Sanier Soutenu le 4 juillet 2008
Jury : M. Max Sanier, M. Philippe Corcuff
Table des matières Remerciements. .5 Introduction. .6 I) L'inégalité des rôles esthétiques, entre imposition de normes et possibilité de contrôle sur soi. .20 A- La beauté féminine, un ensemble de critères arbitraires édictés par un point de vue masculin . .20 a) Une définition de la féminité édictée par le genre masculin . .22 b) Un physique féminin sans cesse soumis au jugement social . .27 B-  Le soin apporté à son apparence, un moyen d’émancipation pour les femmes ? . .31 a) L’accentuation des attributs de la féminité porteuse d’une volonté de différentiation . .32 b) Le refus du laisser aller, un moyen de contrôle sur leur vie pour les femmes . .33 II) La femme au sein de la famille : le fruit d’une socialisation entre contrainte et possibilité d’Epanouissement. .37 A- La place de la femme dans la sphère familial, fruit d’un ensemble de facteurs de socialisation . .38 a) Un « instinct maternel » contestable mais cher au réalisateur . .38 b) L’arrivée des femmes sur le marché du travail, source d’émancipation dans la sphère familiale ? . .42 c) La classe sociale, un facteur de repli domestique qui relègue la femme au cadre familial. . .48 B- Quelles opportunités d’épanouissement pour la femme dans la sphère domestique ? . .50 a) La difficulté à concilier vie professionnelle et familiale place la femme face à un choix. . .50 b) Travail domestique gratuit, travail domestique dévalué . .54 c) La famille reste un idéal envié et un pilier essentiel dans la vie d’une femme . .56 III) La femme dans le couple, des attentes inégales et une domination plus ou moins dissimulée. . .59 A- La domination dans les couples traditionnels, une relation interpersonnelle hiérarchisée . .61 a) Le couple Gloria/Antonio, une domination directe source d’insatisfaction pour Gloria . .61 b)Raimunda et Paco, une redéfinition de la domination dans le couple traditionnel . .64 B- L’asymétrie des attentes, principal facteur de frustration et de domination de la femme dans les couples « modernes » . .65 a) Les caractéristiques du couples moderne, ouverture et amour comme ciment du couple . .66 b) Une domination masculine issue d’un investissement moindre dans le couple . .67 Conclusion . .72 bibliographie . .75 Annexes . .77 Annexe 1 . .77 Annexe 2 . .77
nAenex3   .
Annexe 4 .
nAenex5   ..
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Remerciements
Remerciements
Je remercie M. Max Sanier, mon directeur de mémoire pour sa disponibilité et ses conseils, ainsi que M. Philippe Corcuff pour avoir accepté d’être membre du jury. Mes remerciement également à Chloé Lolicart et à mes parents pour m’avoir aidé à me procurer les films, support de mon travail. Merci aussi à Björn Wouters pour son soutien au cours des problèmes informatiques.
MANDRILLE Julie 2008 _
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LA FEMME FACE AUX NOUVEAUX ENJEUX DE LA FEMINITE DANS LES FILMS DE PEDRO ALMODOVAR, ENTRE DOMINATION ET EMANCIPATION
Introduction
De la chute du régime franquiste en 1975 au nouveau gouvernement Zapatero de Avril 2008, la place de la femme au sein de la société espagnole a considérablement évolué. En effet en l’espace de trois décennies, la société espagnole est passée du joug d’un régime hostile à la libération des femmes à un gouvernement national aujourd’hui majoritairement composé de ministres féminines. Cette émancipation soudaine, coïncidant au début avec un climat de libération généralisé : la movida, donne un éclairage particulier sur l’évolution de la pression sociale sur le genre féminin. Si le même phénomène d’émancipation féminine est perceptible dans la plupart des sociétés occidentales, le modèle espagnol présente donc des particularités du fait de ces changements notoires et rapides dans une société encore réputée pour son soit disant « machisme ». L’œuvre du cinéaste espagnol emblématique qu’est Pedro Almodóvar est très étroitement liée à l’évolution de la société ibérique et sa vision de la femme perceptible à travers ses films est donc à mettre en perspective avec le contexte dans lequel il évolue. Né en 1959, il grandit dans la province d’Extremadure et s’installe à Madrid à la fin des années 1960. Il connaît alors au sein de la capitale les dernières années du « caudillismo », tout en travaillant sur ses projets cinématographiques. Son premier long métrage qui sort en 1980 (Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier) coïncide avec l’arrivée de la démocratie en Espagne, c’est alors le début du mouvement sociétal déterminant de la Movida. Ses films suivants sont donc inévitablement empreints du vent de liberté qui souffle alors sur le pays, et il devient par là même le cinéaste emblématique de cette période. C’est avec son film Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) que Pedro Almodóvar sort de la marginalité pour être révélé au grand public. De nombreux films le consacreront par la suite et lui apporteront la reconnaissance internationale tels que Talons Aiguilles (1991) ou Tout sur ma mère (1998). Ce thème par ailleurs récurrent de la maternité s’explique par le rapport très privilégié que le réalisateur entretient avec sa mère1, relation particulière qui le rend ainsi particulièrement sensible à la position de la femme dans la société. La figure de la mère (de sa mère plus particulièrement) est indéniablement présente tout au long de sa filmographie, comme pour rappeler que, bien que fortement imprégnés des enjeux de la société espagnole, ses films restent avant tout très personnels et loin de nous présenter la société espagnole comme donnée brute, ils nous en apprennent davantage sur le regard que porte le réalisateur sur cette même société. On dit souvent de Pedro Almodóvar qu’il est un bon directeur de femmes, remarque auquel il répond qu’effectivement les femmes le passionnent.2 Ainsi La définition de la féminité est un enjeu incessant dans ses films. Il est donc intéressant d’analyser comment les enjeux de la femme au sein de la société espagnole sont perçus par le cinéaste. Ce sujet m’a paru particulièrement intéressant du fait qu’il lie des débats sociopolitiques très actuels en Espagne (auxquels j’ai pu me familiariser dans le contexte de mon séjour 1 Pedro Almodóvar Caballero, « Les mères ça résiste à tout », Le Monde 2 , 23/02/2008 (cf. annexe 1) 2 Interview Télérama, A propos du tournage de Tout sur ma mère, par JC Loiseauhttp://lastrada.free.fr/Almodóvar/interviews/ interview4.htm _ 6 MANDRILLE Julie 2008
Introduction
académique à Séville), à savoir l’égalité des genres et un point de vue cinématographique sur ce même thème. L’Espagne est, pour ce qui s’agit des rapports de genre dans une situation intéressante. La société civile espagnole ainsi que la classe politique est aujourd’hui ardemment mobilisée pour lutter contre les violences conjugales, fléau important dans le pays. En 2007, on estime que 71 femmes espagnoles sont mortes sous les coups de leur mari3. Ce constat a donné lieu en Janvier 2005 à une « loi sur les violence de genre », qui définit la violence conjugale comme une infraction spécifique, elle permet pour les femmes le recours à une assistance juridique gratuite, des tribunaux spécialisés et renforce les peines, cette loi est l’une des plus complète au monde dans ce domaine. Adoptant une politique résolument féministe le premier ministre José Luis Zapatero s’est mis certes à dos la droite conservatrice, les nostalgiques du franquisme et les institutions ecclésiastiques mais il a conféré au pays un véritable dynamisme en matière de projet de société sur ce thème. En Mars 2008, Le Monde, définit le libéralisme sociétal et l’économie comme les deux « piliers du zapatérisme » et en vient même à se demander « Le zapatérisme est il un féminisme ? »4 Néanmoins, il est important de noter que le thème des violences . conjugales, bien qu’enjeu essentiel au sein de la société espagnole, est quasi absent dans la filmographie de Pedro Almodóvar, qui dans aucun de ses films ne met en scène une femme battue par son mari. En revanche le cinéaste semble plus sensible à l’indépendance croissante dont les femmes jouissent depuis la chute de Franco et en particulier à leur arrivée sur le marché du travail. Cette place de plus en plus importante des femmes sur le plan professionnel se manifeste également sur la scène publique puisque les derniers gouvernements ont promu la parité et que le gouvernement actuel pour la première fois de son histoire comporte plus de ministres femmes que hommes. La lutte contre la violence de genre et la parité au sein de la représentation politique sont donc deux volets essentiels de la politique du gouvernement en place. Il est à ce titre intéressant de noter que ce sujet est désigné en Espagne comme « Violencia de genero » (Violence de genre), la question ne se limite donc pas au simple lien conjugal. La condition de la femme dépendrait bien donc d’un rapport de genre. En effet inéluctablement le genre implique une dichotomie entre féminin et masculin, si ce n’est pour aller plus loin un rapport de domination. Problématique: Il s’agira donc de se pencher sur la place de la femme dans la société espagnole, étudiée à travers le prisme des films de Pedro Almodóvar. Les différents films qui composent l’univers d’Almodóvar permettent d’illustrer une certaine définition du genre féminin et en particulier la thèse selon laquelle après des années de revendications féminines certains aspects de la condition féminine ont connu des améliorations, comme par exemple la possibilité de travailler. Néanmoins les attributs actuels de la féminité sont remodelés pour être en accord avec l’image valorisée de la femme nouvelle. Si les femmes se sont émancipées de certaines contraintes elles doivent toutefois se conformer au modèle de féminité imposé de manière implicite par la société. L’objet du mémoire est donc tout à la fois de noter dans les films choisis, non seulement les évolutions qui ont modifié la place de la femme dans la société espagnole mais aussi les
3 Cécile, « Espagne : Centre gauche contre droite-droite », Le Monde 7/03/08, (cf. annexe 2)CHAMBRAUD 4 ibidem
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LA FEMME FACE AUX NOUVEAUX ENJEUX DE LA FEMINITE DANS LES FILMS DE PEDRO ALMODOVAR, ENTRE DOMINATION ET EMANCIPATION
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aspects qui sont restés constants et les mécanismes qui, sous couvert d’une émancipation, ont également provoqué des effets collatéraux pervers pour la situation de la femme. Nous tenterons donc ainsi de proposer une définition de la féminité dans la société espagnole vue à travers l’œuvre d’Almodóvar, en montrant en particulier que malgré une libération de la condition féminine, le genre féminin n’échappe toujours pas aux enjeux de domination au sein de la société espagnole, mécanismes remodelés, parfois plus discrets mais qui reste déterminants dans la définition de la place de la femme dans la société actuelle. Il est à ce titre important de rappeler que les films du réalisateur ne peuvent en aucun cas être considérés comme une fidèle photographie de la place de la femme dans la situation espagnole. Le support cinématographique et le vécu personnel du cinéaste sont autant de biais qui donnent de ses films avant tout un certain point de vue sur des phénomènes sociologiques. Dans tous les cas les films sont l’émanation de la société intériorisée et reconstruite par le cinéaste. Celui-ci peut donc faire le choix de faire des films très personnels comme c’est le cas pour Almodóvar mais il est aussi soumis à contraintes, celles du public. Cet aspect est important, il joue sur l’auto censure (« qu’est ce que le public est prêt à accepter ? »). La forme cinématographique, en raison de sa nature artistique permet dans un sens d’aller plus loin dans le consensus social, la réprobation du spectateur sera moindre face à un écran de cinéma, au travers d’un récit fictif que confronté à cette même situation dans la vie réelle. Ainsi Pedro Almodóvar peut se permettre d’explorer des thèmes encore sensibles comme celui de l’homosexualité ou de la transsexualité. Ne se voulant pas cinéaste iconoclaste, il veille cependant toujours à rester dans les limites du consensus tout en soulevant des thèmes polémiques. Ce savant dosage entre transgression et consensus lui permet de remporter tout aussi bien des succès critiques, dans des festivals ou auprès du grand public. Afin de répondre au mieux à cette problématique, j’ai choisi d’étudier cinq films du réalisateur qui non seulement couvrent une période assez longue pour y observer des évolutions mais qui sont aussi riches en éléments permettant de définir les caractéristiques féminines selon le réalisateur : Qu’est ce que j’ai fait, moi, pour mériter ça ? (1984) Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) Talons aiguilles (1991) Tout sur ma mère (1998) Volver (2006) Cadre d’analyse : Cette problématique soulève la question du genre qui peut se révéler délicate à manier. En effet comment parler de l’évolution de la féminité sans évoquer son pendant masculin ? Même si on peut considérer que chaque genre est autonome, il est pratiquement impossible d’éviter la confrontation, confrontation qui mène la plupart du temps à un rapport de force. Le but de ce mémoire n’est pas d’analyser précisément ce rapport mais plutôt de se pencher sur la définition actuelle de la féminité, il est néanmoins inévitable de traiter du rapport de domination masculin/féminin pour pouvoir appréhender la position de la femme actuelle. Dans cette optique, le cadre d’analyse de cette problématique sera une sociologie constructiviste, autrement dit, nous éviterons avec soin de rattacher les comportements du
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