La France et l Italie à la fin du XIVe siècle. La Ligue de 1396 - article ; n°1 ; vol.49, pg 132-156
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La France et l'Italie à la fin du XIVe siècle. La Ligue de 1396 - article ; n°1 ; vol.49, pg 132-156

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1932 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 132-156
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel de Boüard
La France et l'Italie à la fin du XIVe siècle. La Ligue de 1396
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp. 132-156.
Citer ce document / Cite this document :
de Boüard Michel. La France et l'Italie à la fin du XIVe siècle. La Ligue de 1396. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49,
1932. pp. 132-156.
doi : 10.3406/mefr.1932.7226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1932_num_49_1_7226FRANCE ET L'ITALIE A LA FIN DU XIVK SIÈCLE LA
LA LIGUE DE 1396
L'alliance conclue le 29 septembre 1396 entre Charles VI, d'une
part, et les cités de la Ligue toscane, d'autre part, n'a fait jusqu'à
présent l'objet d'aucune étude détaillée. A qui n'observe que les ré
sultats positifs et tangibles, le projet conçu à ce moment d'une ex
pédition française en Italie peut apparaître, ainsi que tant d'autres
élucubrés sous le règne de Charles VI, au hasard des oscillations
d'une politique incohérente, comme un rêve stérile et insensé; il
était — l'expérience le montra — voué à l'échec. On ne saurait nier,
du moins, que le prestige de la France au delà des monts en ait souf
fert : de ce chef, il mérite attention. Or, les archives de Florence
conservent un document digne d'intérêt, qui permet de retracer,
avec quelque détail, les circonstances de cet échec. Il s'agit du pro
cès-verbal de la relation, faite par l'ambassadeur Berto d'Agnolo
Castellani aux Dieci di Balia de Florence, de la mission que ceux-ci
l'avaient chargé d'accomplir auprès du comte d'Armagnac, en 1398.
Telles sont la précision et l'étendue de ce compte-rendu, qu'il n'a
peut-être point son second dans ce fonds d'archives, pourtant si
riche en documents analogues.
Il ne sera pas inutile, sans doute, de fixer d'abord, à l'aide de
quelques documents nouveaux, ce que fût exactement ce projet, com
ment il naquit, et la fortune qu'il connut au cours des deux années
qui précédèrent son lamentable échec. FRANCE ET L'ITALIE A LA FIN DU XIVe SIÈCLE 133 LA
Sans exposer par le menu les origines de la rancune que nourriss
ait la maison d'Armagnac à l'égard de Jean Galeas Visconti, rap
pelons qu'en séquestrant, puis en faisant mourir son oncle Bernabò,
Jean Galéas avait privé de leur part d'héritage les nombreux enfants
du malheureux seigneur de Milan, notamment Charles Visconti qui
avait épousé Beatrix d'Armagnac, sœur de Jean III et de Bernard, le
futur connétable de France.
Comme il arrive en pareil cas, l'usurpateur devait consacrer sa
puissance par des actions d'éclat : il ne rêvait, en fait, rien de moins
que d'asservir la Lombardie, puis la Toscane, avec le concours de
son gendre Louis d'Orléans et du pape d'Avignon1.
L'accomplissement de tels desseins exigeait de nombreuses
troupes : la Lombardie se peupla de garnisons, de bandes mercen
aires. Sur les cités dont le commerce faisait la richesse, pesait dece
fait, outre la menace permanente résultant du voisinage d'un se
igneur puissant, avide et belliqueux, l'ennui de voir l'insécurité des
routes s'aggraver de jour en jour pour les marchands. Ainsi s'ex
plique ce phénomène fréquent dans l'histoire politique de l'Italie à
la fin du trecento, phénomène fort simple, mais que d'aucuns
semblent ne pas avoir perçu : des cités dont l'intérêt évident était, en
des conditions normales, de s'appliquer à maintenir la paix, firent la
guerre, la provoquèrent même : des intérêts vitaux pouvaient être
sauvés, en dernier recours, par des moyens violents dont le sens de
ces intérêts excluait l'emploi habituel2. En l'espèce c'est Florence,
1 Ce projet est bien connu. Cf. E. Jarry, La voie de fait et l'alliance
franco-milanaise, dans Bibl. de l'Éc. des Chartes, t. LUI (1892), p. 213
et 505.
2 M. Jarry (Les origines de la domination française à Gênes, Paris, 1895,
in-8°, passim et, notamment, p. 172 et suiv.) dont les ouvrages fort do
cumentés sont empreints d'une vive sympathie — trop vive, peut-être —
envers les Visconti, ne paraît pas s'en être avisé. LA FRANCE ET LITALIE A LA FIN DU XIVe SIÈCLE 134
qui, pendant plus de dix ans, s'efforça d'abattre la puissance de Jean
Galéas Visconti. Le danger qui menaçait la grande cité toscane pro
voqua un mouvement puissant de patriotisme auquel s'associèrent
littérateurs et poètes. C'est l'un de ceux-ci, Bruscaccio da Rovezzano,
qui criait à ses concitoyens : Aprite gli occhi, o cari cittadini ' !
Pour avoir raison du seigneur de Milan, Florence fit appel , comme
de juste, aux parents de ses victimes : Etienne de Bavière, le comte
d'Armagnac.
L'intervention de Jean III d'Armagnac s'était terminée par le dé
sastre d'Alexandrie (25 juillet 1391). La mort du jeune comte vint
s'ajouter aux griefs que, déjà, sa maison faisait à Jean Galéas. Son
frère, Bernard, le futur connétable, offrit à Florence de venger cette
nouvelle victime du « tyran », comme on disait2. Mais les courages
étaient un peu abattus; l'argent manquait à la Seigneurie pour en
gager de nouvelles troupes. On fit la paix. Elle fut conclue à Gènes
au mois de janvier 1392. Cette fois pourtant, Florence voulut garant
ir sa sécurité par de bonnes alliances et non point seulement par
des pactes. Au mois d'août suivant, elle formait une ligue avec le
marquis de Ferrare, les seigneurs de Mantoue, de Padoue, de Faenza,
de Bavenne, de Forli et tous les Malatesta. De son côté, Jean Galéas
Visconti préparait la réalisation de ses rêves d'hégémonie3, avec
l'appui de son gendre, devenu duc d'Orléans, et dont l'influence à la
cour de Paris était à son apogée. Il semblait que Florence dût renon
cer pour longtemps à toute aide du roi de France, tant les faveurs
de celui-ci allaient exclusivement à son ennemi. Bien plus, si le plan
élaboré par le duc de Milan était venu à réalisation, c'en était fait de
l'indépendance de la Seigneurie. Encerclée par ses ennemis, elle eût
été bientôt à leur merci. Or, quand tout semblait désespéré, un fait
1 Cf. l'édition de cette chanson donnée par A. Medin, dans Giornale
Storico della Lett, l tal., t. XXV (1895), p. 220.
a Florence, Arch, di Stato, Signori; Legaz. e Commiss; Elez., Istruz.,
Lett., reg. 3, fol. 13 v°.
8 Cf. Jarry, art. cit., La voie de fait, etc., et aussi P. Durrieu, Le
royaume d'Adria, dans Rev. des Quest, histor., t. XXVIll (1880), p. 78. FRANCE ET l'iTALIE A LA KIN DU XIVe SIECLE 135 LA
nouveau se produisit, gros de conséquences : vers le 15 août 1395,
une ambassade venait à Paris offrir à Charles VI, au nom du doge
Antonio Adorno, la souveraineté de Gènes.
A vrai dire, il ne s'agissait pas d'un événement inattendu. Depuis
longtemps, bien des Génois préféraient se donner à quelque prince
étranger, plutôt que de voir leur ville sombrer dans le désordre.
C'était, du moins, la première fois qu'une démarche publique était
faite pour offrir au roi de France la souveraineté — et non plus seu
lement, comme en 1392, la suzeraineté — de la Superbe. Jean Ga-
léas Visconti fut fort dépité. Il avait attentivement suivi les progrès
de l'anarchie dans la république de Gênes, donné asile à nombre de
proscrits. Il pouvait espérer être choisi' pour protecteur. Voyant ses
calculs déjoués, il résolut d'empêcher de toutes ses forces que
Charles VI devint maître de l'une des plus importantes cités d'Ital
ie. Il essaya d'abord de provoquer à Gênes un soulèvement contre
le parti français1. Puis il fit observer aux Génois qu'il était impru
dent de leur part de se donner à un souverain aussi lointain. « De
quel secours leur serait-il dans un danger pressant? Si différentes
étaient, d'autre part, les mœurs génoises des mœurs françaises, qu'une
entente entre les deux peuples ne pourrait être réalisée... » Jean Ga-
léas inspira et fit répandre des pamphlets destinés à propager ces
craintes : tel cet Anonymi Somnium composé dans la nuit de Noël
13952.
Nier, comme on l'a fait3, ces agiss

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