La France et les Français
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La Banque de France et le Crédit Victor Bonnet
Revue des Deux Mondes T.37, 1862 La Banque de France et le Crédit
Toutes les fois que la Banque de France juge à propos, en vue d’une crise, d’élever le taux de son escompte pour sauvegarder son encaisse, cette mesure rencontre de nombreux contradicteurs. Il y a d’abord ceux qui, tout en reconnaissant à la Banque le droit de prendre des mesures préservatrices, en discutent l’opportunité, parce qu’ils envisagent les faits autrement que la Banque, et qu’ils ne croient point à la crise que celle-ci paraît redouter. On a dit qu’il n’y avait rien de brutal comme un fait : cela est vrai des faits dont l’évidence éclate à tous les yeux; mais ces faits-là se rencontrent rarement en économie politique et financière. La plupart se présentent au contraire sous un jour plus ou moins douteux, qui laisse nécessairement assez de place à la discussion. N’a-t-on pas vu, il y a quelques mois, la presse officieuse, les avocats mêmes du gouvernement, traiter de calomnies toutes les observations qui étaient présentées, souvent très timidement, sur l’exagération des dépenses et les dangers qui pouvaient en résulter? On niait les découverts, on niait l’énormité de la dette flottante, et l’on prétendait que jamais les finances de l’état n’avaient été mieux conduites et plus prospères. Cela se disait encore la veille même du jour où parut le mémoire de M. Fould, qui est devenu la lumière pour tout le monde. S’il en peut être ainsi pour un fait qu’il est aisé de vérifier par le calcul, à plus forte raison ces fluctuations s’expliquent-elles dès qu’il s’agit d’un fait aussi complexe, aussi difficile à démêler qu’une crise et même qu’un embarras financier. S’il y a des symptômes qui annoncent l’une ou l’autre, il y en a presque toujours qui peuvent les faire mettre en doute; aussi, lorsque la Banque croit devoir recourir à des mesures restrictives, on voit des gens contester les embarras mêmes qui justifient l’opportunité de ces mesures.
Ce qui semble plus étonnant, c’est que des théories se soient produites pour contester le droit même que possède la Banque d’élever le taux de son escompte et l’avantage qui peut en résulter à certains momens. La Banque de France, dit-on, est un établissement public qui exerce un monopole dans l’intérêt de tous; ce monopole lui confère le droit d’émettre seule des billets qui sont acceptés comme de l’argent comptant; elle a de plus, grâce à la confiance dont elle jouit, le privilège d’attirer de nombreux dépôts auxquels elle ne paie rien. Supposons qu’elle émette pour 800 millions de billets au porteur et qu’elle reçoive pour 200 millions de dépôts : si nous en déduisons 400 millions de réserve métallique qu’elle garde pour faire face aux remboursemens, il reste 600 millions, qui ne lui coûtent rien et pour lesquels elle prélève un certain intérêt. La charge attachée au monopole consiste en ce que cet intérêt soit le plus minime possible. Pourquoi n’en serait-il pas de la Banque comme des chemins de fer? Lorsqu’on a créé le monopole des chemins de fer, on leur a imposé, en retour des avantages qu’on leur accordait, certaines charges qui faisaient compensation. Ils ont dû notamment ne point élever leurs tarifs au-dessus d’un certain chiffre, et tous les jours le gouvernement, appuyé par l’opinion publique, presse les compagnies pour que ce maximum soit abaissé le plus possible. La Banque de France est dans la même situation : son tarif à elle, c’est le taux de l’escompte, et s’il est vrai que le bas prix des transports soit utile au progrès de la richesse publique en ouvrant de nouveaux débouches à la production et en multipliant les rapports des producteurs et des consommateurs, cela doit être plus vrai encore du taux de l’escompte, du loyer du capital, qui est l’agent principal du mouvement industriel et commercial, tandis que les frais de transport n’en sont que l’accessoire. Vainement dans une machine rendra-t-on plus facile l’action des rouages secondaires, si l’on néglige le moteur principal : le bas prix du capital est le pivot du progrès de la richesse publique, et on doit l’obtenir de la Banque eh retour des avantages qu’on lui concède.
En posant ainsi la question, comme la posent les adversaires par principe des mesures restrictives de la Banque, nous ne croyons pas l’avoir affaiblie, nous y aurions plutôt ajouté une force nouvelle par la comparaison du monopole de la Banque avec celui des chemins de fer. Une fois sur ce terrain, chacun tire à boulet rouge sur la Banque : les uns lui demandent de faire argent de son capital social immobilisé pour augmenter d’autant ses ressources disponibles; d’autres lui conseillent d’étendre sa circulation fiduciaire grâce aux billets de 50 francs, dont l’émission, autorisée par la loi de 1857, a été ajournée jusqu’à ce moment; d’autres se contentent de lui recommander d’éplucher les bordereaux qu’on lui présente et d’éliminer les uns au profit des autres. Nous ne parlons pas de ceux qui se prononcent franchement dès le premier jour pour le cours forcé des billets de banque, et voient là seulement le remède à tous les maux, la panacée universelle
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