La laïcité dans l Algérie d aujourd hui - article ; n°1 ; vol.29, pg 55-68
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1980 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 55-68
Résumé La société algérienne, bien que confessionnelle (sinon uniconfessionnelle, du moins à forte dominante islamique) apparaît cependant comme une société laïque, puisqu'elle ne reconnaît aucun pouvoir aux clercs, prône l'égalité de tous devant Dieu (l'Islam règne mais ne gouverne pas), affirme l'identité de la foi et de la raison, et respecte, en fait, dans une large mesure, la liberté religieuse de chacun. (Redaction)
The Algerian society, although a confessional one (with not exactly a single religion, but with a dominant one) also appears as a secular society, as no power belong to religious men; as all men are said to be equal in front of God (here is Islam kingdom but not Islam rule), as faith and reason are but the same, as religious freedom is tolerated.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Sanson
La laïcité dans l'Algérie d'aujourd'hui
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°29, 1980. pp. 55-68.
Résumé La société algérienne, bien que confessionnelle (sinon uniconfessionnelle, du moins à forte dominante islamique)
apparaît cependant comme une société laïque, puisqu'elle ne reconnaît aucun pouvoir aux clercs, prône l'égalité de tous devant
Dieu (l'Islam règne mais ne gouverne pas), affirme l'identité de la foi et de la raison, et respecte, en fait, dans une large mesure,
la liberté religieuse de chacun. (Redaction)
Abstract
The Algerian society, although a confessional one (with not exactly a single religion, but with a dominant one) also appears as a
secular society, as no power belong to religious men; as all men are said to be equal in front of God (here is Islam kingdom but
not Islam rule), as faith and reason are but the same, as religious freedom is tolerated.
Citer ce document / Cite this document :
Sanson Henri. La laïcité dans l'Algérie d'aujourd'hui. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°29, 1980. pp.
55-68.
doi : 10.3406/remmm.1980.1874
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1980_num_29_1_1874LAÏCITÉ DANS L'ALGÉRIE D'AUJOURD'HUI LA
par H. SANSON
II peut sembler paradoxal de parler de laïcité dans le cas d'un pays musulman !
Le langage occidental ne nous a-t-il pas donné l'habitude de penser qu'il n'y a laïcité
que s'il y a distinction entre la foi et la raison, ou encore entre le spirituel et le
temporel, et, finalement, que s'il y a, au plan institutionnel, séparation de la Religion
et de l'État ? En fait, le langage occidental ne caractérise ainsi, en pareil cas, qu'un
type de laïcité, la laïcité du dehors. Or, à côté de cette laïcité du dehors, il existe, même
en Occident, ce que l'on pourrait appeler une laïcité du dedans, dont la réalité est liée
tout simplement, ne serait-ce qu'au sein de l'Église Catholique, à l'existence de laïcs et
d'un laicat. C'est à ce dernier type qu'appartient la laïcité algérienne, avec toutefois des
singularités qui tiennent, les unes, à son caractère islamique et, les autres, précisément
à son caractère algérien.
Afin de mettre en évidence l'originalité de cette laïcité algéro-islamique, nous
nous attacherons, ici, à sa pratique actuelle plus qu'à la théorie qui la fonde, encore
qu'il soit impossible de comprendre une pratique sans référence à la théorie qui en
explique l'exercice. Auparavant, toutefois, il est nécessaire de préciser le statut rel
igieux de la société au sein de laquelle se pratique cette laïcité.
- UNE SOCIÉTÉ CONFESSIONNELLE
II y a des sociétés qui sont organisées sur le mode areligieux, voire antirel
igieux : ce n'est assurément pas le cas en Algérie. Il y a des sociétés, dites laïques en
Europe, qui sont organisées sur le mode - non religieux ou neutre - du respect de
la liberté de pensée (religieuse ou non) de chacun et de chaque groupe, en sorte que la
religion y est affaire de vie privée : ce n'est pas davantage le cas de l'Algérie où l'Islam
a droit, non seulement d'existence privée, mais de cité. Enfin, il y a des sociétés
confessionnellement pluralistes, dans lesquelles plusieurs religions différentes ont
également droit de cité (il en est ainsi, par exemple, dans certains pays d'Extrême-
Orient) : ce n'est pas, non plus, le cas de l'Algérie; d'autres religions que l'Islam y ont,
certes, leur existence reconnue; mais, du fait de la place qu'y occupe la religion
islamique (la première), la société algérienne ne saurait être dite, au sens égalitariste de
l'expression, une société multiconfessionnelle. H. SANSON 56
1) La société algérienne est une société de confession islamique d'abord.
En voici quelques signes actuels :
- L'Islam est dit, dans la Constitution, « la religion de l'État ». Il n'y est pas dit
seulement que l'Islam est la religion de la majorité des Algériens, que l'État algérien
est islamique, ou encore que l'Islam est, en Algérie, religion d'État. Il est dit davant
age. L'État (assimilé, en cela, à une personne) a une religion, l'Islam. Il confesse une
foi, la foi islamique. Il la confesse, ce qui n'est pas explicité dans la Constitution, selon
le rite malékite, de loin le plus répandu en cette terre d'Islam qu'est le Maghreb.
- Le Président de la République, dit également la Constitution : •
a) doit être « de nationalité algérienne d'origine, de confession musulmane »
(art. 107) (ce qui exclut de cette charge et ceux qui ont la nationalité algérienne par
acquisition et ceux qui ne sont pas de religion islamique);
b) doit prêter serment « de respecter et de glorifier la religion islamique »
(art. 110).
Autrement dit, le chef de l'État (qui, selon l'article 98, incarne « l'unité de
Direction politique du Parti et de ») doit, non seulement confesser l'Islam, mais
le respecter et lui rendre gloire (c'est même la première des obligations à laquelle il
s'engage par serment).
- Langue ? Dans la Constitution encore, l'Arabe est déclarée « langue officielle
et nationale ». C'est assurément d'abord pour des raisons politiques et culturelles de
rattachement. C'est aussi pour des raisons religieuses d'appartenance.
- Histoire ? Dans le discours officiel, le peuple algérien est dit, comme un lei
tmotiv, de « tradition arabo-islamique ». Houari Boumediène commente ainsi, le
22 juin 1976 : « L'Algérie est musulmane et elle le restera (...). La fierté que nous
ressentons à l'égard de notre Histoire arabo-islamique ne veut pas dire que nous
renions notre lointain passé depuis Massinissa et même avant lui (...). L'Islam, qui a
été le bouclier pour la préservation et la sauvegarde de notre personnalité nationale,
doit jouer le rôle de moteur dans le présent et l'avenir ». La relecture qui est faite de
l'histoire du peuple algérien est une lecture arabo-islamique.
- Politique intérieure ? La Charte Nationale, dans un paragraphe intitulé
« L'Islam et la Révolution socialiste », déclare : « La Révolution entre bien dans la
perspective historique de l'Islam » (p. 21). Plus loin, elle précise : « Le socialisme n'est
pas une religion, c'est une arme théorique et stratégique qui tient compte de la réalité
de chaque peuple » (p. 23). Le socialisme est au service du peuple algérien dont la
personnalité a l'Islam comme « composante fondamentale ».
- Politique extérieure ? L'Algérie est « partie intégrante » de la Nation arabe
(entendez : de la Nation arabo-islamique). La Constitution dispose que l'Algérie est
membre de la Ligue Arabe. Les pays musulmans sont dits « pays frères »... LA LAÏCITÉ DANS L'ALGÉRIE D'AUJOURD'HUI 57
Le statut de l'Islam est un statut, non pas de séparation, mais d'intégration. Il
existe un ministère des Affaires Religieuses, au sein duquel siège un Conseil Supérieur
Islamique. Les biens habous ont été inclus dans le domaine de l'État : les terres en
sont gérées par le Ministère de l'Agriculture et les immeubles bâtis par le Ministère des
Affaires Religieuses. Depuis 1976, toutes les écoles privées - y compris les établiss
ements dits de « l'Enseignement Originel » - sont intégrées à l'Éducation Nationale :
c'est désormais l'État qui dispense, dans les établissements scolaires, l'enseignement de
la morale et de la religion. Il n'y a plus de « mosquées libres » : les quelques 5 à
6 000 mosquées que compte actuellement l'Algérie sont intégrées au domaine de l'État
et gérées par le Ministère des Affaires Religieuses : leurs desservants, ainsi que les
agents du Ministère des Affaires Religieuses, ont un statut relevant de la fonction
publique. C'est l'État qui organise le pèlerinage annuel à la Mecque et aménage les
horaires de travail durant le Ramadan. C'est lui qui a décidé, durant l'été 1976, que le

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