La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997 - article ; n°1 ; vol.117, pg 112-123
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La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997 - article ; n°1 ; vol.117, pg 112-123

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Description

Langue française - Année 1998 - Volume 117 - Numéro 1 - Pages 112-123
I31anche-J\oëlle Grunig, La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997 Blanche-Noëlle Grunig tries to estimate the influence of French institutions upon linguistics in recent years (1981-1997). She also notices the weight of material cares and social requirements. They all act upon the evolution of linguistics, either directly or indirectly through the representations built by searchers, teachers and students.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Blanche-Noëlle Grunig
La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997
In: Langue française. N°117, 1998. pp. 112-123.
Abstract
Blanche-Noëlle Grunig, La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997
Blanche-Noëlle Grunig tries to estimate the influence of French institutions upon linguistics in recent years (1981-1997). She also
notices the weight of material cares and social requirements. They all act upon the evolution of linguistics, either directly or
indirectly through the representations built by searchers, teachers and students.
Citer ce document / Cite this document :
Grunig Blanche-Noëlle. La linguistique comme discipline en France de 1981 à 1997. In: Langue française. N°117, 1998. pp.
112-123.
doi : 10.3406/lfr.1998.6245
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1998_num_117_1_6245Blanche-Noëlle GrUNIG
Université Paris 8 et CNRS (UPR 7)
LA LINGUISTIQUE COMME
DISCIPLINE EN FRANCE DE 1981 À 1997
Le questionnement général dans lequel s'inscrit cet article concerne la
linguistique comme discipline. C'est dire qu'il ne s'agit pas — ou pas seulement —
de scruter les modifications intervenues dans un corps théorique mais de situer
leur production et réception dans le contexte général de la société française et de
ses institutions. J'ai été sollicitée pour ma part de mener la réflexion sur les
quinze années qui viennent de s'écouler, car j'avais eu à établir en 1981-1982, à
l'intention du ministre de la Recherche et de l'Industrie d'alors, un rapport sur
la linguistique (B. N. Grunig, 1982) ' fondé sur une large consultation pour
laquelle j'avais reçu quelque 360 dossiers. Bien que ne disposant pas
aujourd'hui, en mai 1997, de documents aussi riches, je peux néanmoins tenter
— sur le fondement d'observations plus personnelles — de dégager et compren
dre les infléchissements qui se sont produits depuis, ou sont en train de se
produire.
Ces quinze années ont-elles suffi pour que se manifestent des changements
significatifs ? Je suis convaincue que oui, si bref que soit l'intervalle.
Identification officielle plus complète
L'année 1981, date historique dans les institutions françaises, pouvait être
vue dans l'université comme la conclusion d'un processus où étaient intervenus
des débats d'idées menés avec la confiance que les enseignants, chercheurs et
étudiants avaient acquise depuis 1968 — autre date historique — en l'efficacité
de leurs initiatives et aussi en la force de leur nombre (dans des établissements
d'enseignement supérieur multipliés au cours de la décennie). Après cette longue
maturation, 1981 a effectivement ouvert des Assises de la recherche et adressé
plus d'un signe à l'université. La linguistique, quant à elle, allait très vite se voir
reconnaître plus complètement qu'auparavant puisqu'à la section 07 Sciences du
langage du Comité National des Universités existant déjà depuis des années,
1. Grunig, Blanche-Noëlle (1982) : « Rapport sur la linguistique », 423-445, in Les Sciences
de l'homme et de la société en France ; Analyse et propositions pour une politique nouvelle,
Maurice Godelier (resp.), Paris : La Documentation Française, collection des rapports officiels,
Ministère de laRecherche et de l'industrie (1982).
112 allait venir s'ajouter, au CNRS, des 1983, une section autonome 42 Sciences du
langage articulant les onze composantes proposées dans le rapport ci-dessus
évoqué (op. cit. page 446, note 35). Cette reconnaissance, qui confortait la
linguistique dans la conviction qu'elle avait d'être porteur de messages scientif
iques démystificateurs et rigoureux, a failli être remise en cause une dizaine
d'années plus tard à l'occasion d'une refonte des sections du CNRS. Une certaine
pugnacité de ceux qui s'étaient reconnus dans la section 42 a permis toutefois que
la linguistique garde sa place, sans amputation, au sein d'une section 34 intitulée
Représentations, Langages, Communication qui, par le premier de ses termes
faisait un signe à la psychologie, par le s de son second rencontrait l'informatique,
le troisième laissant ouvertes toutes latitudes. Cette réunion de termes entendait
sans doute — comme ce fut le cas pour toutes les anciennes sections disciplinaires
du CNRS — distraire les disciplines de leurs repères habituels et les inciter à
l'interdisciplinarité. En ce qui concerne la linguistique, il y a eu effectivement
contacts et échanges, assortis, je peux en témoigner directement pour la période
1991-1995, de comportements satisfaisants (jurys mixtes pour certains postes,
équipes à rattachements multiples, grands colloques d'orientation correctement
équilibrés, tel en 1993 Images et langages). Nul n'a vécu aux dépens de l'autre.
Ceci a été, il faut le dire, garanti non seulement par une très forte majorité de
linguistes au sein de la section 34 mais aussi par l'existence d'une section 29 auto
nome intitulée Fonctions mentales, Neurosciences intégratives, Comportements,
qui a été le lieu essentiel d'intervention pour la psychologie, plus préoccupée sans
doute de débattre là avec les neurosciences que de se mesurer avec la linguistique.
Par ailleurs, il existe au CNRS une section 07 toute vouée à l'informatique,
l'automatique et le traitement du signal, qui a eu pour la linguistique la préve
nance d'un vieil ami de la famille de sorte que les informaticiens n'ont guère
cherché au sein de la section 34 que le débat de fond. Tls l'y ont effectivement
trouvé. En bref, la présence institutionnalisée, au sein de la section 34, d'autres
composantes scientifiques en très faible pourcentage n'a pas entamé la linguisti
que. Elle lui a au contraire donné l'occasion de débattre de ses frontières et de
leurs déplacements, ce qui n'a pu que favoriser sa conscience d'exister en tant
que discipline.
Des déplacements significatifs de la discipline ne peuvent évidemment pas
trouver leur origine dans les discussions d'un groupe de trente personnes, si
averti soit-il, constituant une commission du CNRS, et il faut examiner un
contexte beaucoup plus général, capable d'agir sur les faits. J'y viens mainte
nant.
Chômage, vieillissement et relève
Le des enseignants et chercheurs est un facteur de la plus
grande importance qui va intervenir, plus sans doute qu'à toute autre époque,
dans tous les champs disciplinaires des Sciences Humaines et Sociales — et
singulièrement en linguistique. On s'engage en effet dans un départ peu échelonné
113 ceux qui étaient entrés nombreux dans l'université — et notamment dans les de
départements « admettant » de la linguistique — peu après 1968. Transition
brutale peu favorable à la transmission de ce qu'il faut bien appeler l'expérience
et la maturité. Mais surtout transition dangereuse, au-delà des conflits bien
classiques et inoffensifs entre générations, parce qu'au seuil de ces postes va
cants, ou bientôt vacants, attendent tous ceux que le chômage menace et qui ont
développé non sans désarroi des stratégies naïves qui devraient, si l'on n'y prend
garde, se révéler défavorables à une linguistique riche et intellectuellement
équilibrée. Là peut se trouver sans doute l'un des facteurs de l'évolution de la
discipline.
Dans les deux premiers cycles de l'enseignement supérieur il me semble que,
liés à ces stratégies spontanées, des déplacements sont en cours dont l'incidence
intellectuelle sur la discipline peut à moyen terme être significative. Ainsi l'étu
diant en Sciences humaines et sociales aurait tendance à se rabattre sur ce qui lui
apparaît efficace, sans qu'aucune organisation ne sache lui offrir une définition
du terme. La rumeur fonctionne, ainsi que les idées séculairement reçues.
L'étudiant aux ambitions les plus modestes se limite « sagement » à un Diplôme
d'Etudes Universitaires Générales, où la linguistique a souvent pu se faire une
place honorable partagée avec d'autres disciplines. S'il est un peu plus ambit
ieux, l'étudiant rêve (quand les banlieues ne le terrorisent pas) d'entrer dans un
Institut Universitaire de Formation des Maîtres et les programmes de linguistique
songent à lui lorsqu'ils cherchent, utilement, &

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