La notation de l oral - article ; n°1 ; vol.65, pg 6-16
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La notation de l'oral - article ; n°1 ; vol.65, pg 6-16

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Description

Langue française - Année 1985 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 6-16
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christine Leroy
La notation de l'oral
In: Langue française. N°65, 1985. pp. 6-16.
Citer ce document / Cite this document :
Leroy Christine. La notation de l'oral. In: Langue française. N°65, 1985. pp. 6-16.
doi : 10.3406/lfr.1985.6401
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1985_num_65_1_6401Leroy Christine
(Paris III)
LA NOTATION DE L'ORAL
S'il y a bien longtemps que la primauté de la langue parlée sur la
langue écrite est affirmée, primauté dans le temps certes, mais aussi
primauté dans l'utilisation, les analyses linguistiques ou grammaticales
— oh combien nombreuses - ont, jusqu'à il y a peu de temps, toujours
porté sur des documents relevant de la langue écrite. Les grammairiens
se sont en effet toujours souciés d'établir les lois de fonctionnement de
l'écrit, faisant de celui-ci LE Système, par excellence noble et permettant
au mieux la pleine expression, et partant l'expression artistique. Il en est
résulté un fait, inévitable même s'il n'est pas souhaitable : on a fait
semblant de croire que l'on pouvait/devait parler comme on devait écrire
et en conséquence la langue écrite a fait seule l'objet de notre enseigne
ment : nous enseignons ainsi à nos élèves l'usage et l'analyse d'une langue
fort différente de celle dans laquelle ils entendent leurs propres ense
ignants s'exprimer, a fortiori de celle dans laquelle ils s'expriment eux-
mêmes; ceci a eu pour corollaire immédiat de faire de l'enseignement
du français un enseignement ressemblant de fort près à celui d'une langue
morte, étudiable uniquement dans des textes — aucun enseignant n'a en
effet appliqué la règle jusqu'à se donner le ridicule de « parler comme
il écrit » (ce qui n'est certes pas perçu comme une formule élogieuse!)
encore moins de l'exiger de ses élèves. Il y a donc décalage constant,
mais non dit, ce dont tous ont fini par se plaindre.
Cette superbe ignorance dans laquelle la langue orale a été tenue
pendant des siècles a enfin pris fin, depuis peu et non sans difficultés et
luttes.
La nécessité d'un travail sur la langue orale étant apparue comme
de plus en plus pressante, et récemment même portée au rang de toute
première urgence par l'apparition des ordinateurs « parlants » visant à
permettre le dialogue entre l'homme et la machine, de nombreux cher
cheurs se sont attelés à la tâche; or celle-ci est, dès le premier abord,
c'est-à-dire avant même le travail d'analyse, plus ardue qu'il n'y paraît;
en effet la première des difficultés rencontrées concerne la collation des : enregistrements d'individus parlant leur langue maternelle, documents
certes, mais ensuite? quels enregistrements? et donc quels corpus? quels
locuteurs? (âge, origine socio-culturelle et géographique?) en quels lieux?
sur quels sujets? dans quels types de discours?... Chacun de ces éléments
modifiera le corpus et aura donc des répercussions sur la description!
Il ne s'agit cependant pas de tomber dans le travers d'affirmer a
priori qu'il existe plusieurs systèmes de l'oral et que l'on ne parle pas
de la même manière — c'est-à-dire avec les mêmes règles syntaxiques et/
ou les mêmes faits d'oralité sous-jacents — autour d'une tasse de café avec
des amis, autour d'une « table ronde » ou dans une salle de cours par
exemple, il s'agit de se laisser la possibilité de rencontrer les différences
de systèmes si elles existent, comme il est raisonnable de le penser; il
s'agit donc de savoir ce que l'on fait, c'est-à-dire d'éviter le mélange des
genres (s'en tenir à la sacro-sainte homogénéité!) et de savoir que le
choix fait dans les multiples possibilités de corpus déterminera, ou pour
le moins influera sur les résultats obtenus; il s'agit également, a contrario,
de savoir adapter son corpus au(x) but(s) que l'on fixe à sa description.
Saisir l'oral
A peine le premier problème de confection du corpus est-il plus ou
moins élégamment résolu que nous nous heurtons à un autre — en dehors
même des difficultés, fort nombreuses et souvent complexes, liées à la
réalisation des enregistrements (et sur lesquelles il y aurait beaucoup à
dire, mais ceci serait une autre histoire!) : que faire de nos enregistre
ments? Comment travailler sur une réalité orale essentiellement fugace,
même si sa pérennité est cette fois assurée? Impossible évidemment de
se fier uniquement à l'écoute du document, même en écoutant et écoutant
encore et encore; seule la trace écrite permet une saisie de cette oralité
volage et permet ainsi un travail d'analyse qui peut en outre être de
longue haleine.
Il nous faut donc transformer cet oral, et alors surgissent de nouv
elles et innombrables difficultés inhérentes à tout phénomène de trans
formation, de transcodage ou, comme on a l'habitude de dire dans un
tel cas, de transcription.
La première question qui se pose est celle de la correspondance entre
les deux documents : l'enregistrement (qui est déjà transformé, par rap
port à l'acte de parole d'origine, en un phénomène uniquement sonore
ayant fait disparaître tout ce qui relève du domaine des autres sens en
général et du visuel en particulier : il nous faudrait pour envisager d'en
tenir compte travailler avec magnétoscope ce qui poserait alors d'autres
problèmes d'enregistrement et de notation, sûrement encore plus
complexes!) et sa transcription.
On entend souvent dire qu'une transcription est une « image » de
la réalité sonore, et qu'elle se doit d'être fidèle. Certes, mais qu'est-ce à
dire? Est-ce à dire qu'une image doit — ou peut — être fidèle? fidèle à qui?
à quoi? Est-ce à dire par exemple qu'un tableau qui représenterait la reine d'Angleterre de façon parfaitement reconnaissable serait une image
fidèle? Image, bien sûr, mais quel rapport entretient-elle avec la réalité
dont elle s'inspire? Il n'y a bien évidemment pas grand-chose de commun
entre la reine d'Angleterre et le tableau qui la représente alors qu'il y
a en revanche beaucoup d'éléments communs entre ce tableau et celui
du général de Gaulle... et pourtant! Je reconnais la reine d'Angleterre
sur un tableau qui n'a rien à voir avec elle - qui ne relève pas des mêmes
systèmes sémiologiques -, mais que je peux quand même considérer
comme son représentant, et éventuellement même comme valant pour,
tenant lieu de, dans certaines circonstances officielles. Quelles que soient
les qualités de « ressemblance » que présente — et dans ce cas doive pré
senter - le tableau, je ne peux pas pour autant prétendre à l'objectivité
du peintre : il n'y a pas d'objectivité possible, la personnalité de l'auteur
marque toujours le tableau; de même celle du transcripteur marque la
transcription.
Aussi, bien que nous affirmions qu'il est fondamental d'en diminuer
au maximum les effets, nous nous garderons malgré tout de nous défendre
de notre subjectivité et d'imaginer que nous pouvons « éviter tout risque
d'interprétation personnelle ». L'important est ici encore de savoir ce que
l'on fait et d'être bien convaincu que la valeur du document obtenu est
relative, ce qui doit avoir deux conséquences au moins : l'une concernant
le transcripteur, l'autre l'utilisateur de la transcription, qu'ils soient ou
non d'ailleurs le même personnage.
S'il est bien évidemment souhaitable que l'utilisateur du document
soit celui qui a procédé à la transcription et même également celui qui
a procédé à l'enregistrement, il est tout aussi souhaitable que des docu
ments qui ont demandé une quantité d'heures de travail d'une telle
importance (tous ceux qui ont déjà procédé à des enregistrements et à
leur transcription me comprendront!) puissent être utilisés par plusieurs
chercheurs et une circulation des documents est devenue réellement
indispensable si l'on veut progresser rapidement dans notre connaissance
de la langue orale. On peut donc raisonnablement penser que des li
nguistes étudient (ou étudieront) des documents qu

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