La plus ancienne Bible en vers italiens (manuscrit Vatican latin 4821) - article ; n°1 ; vol.49, pg 181-218
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1932 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 181-218
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

S. Lattès
La plus ancienne Bible en vers italiens (manuscrit Vatican latin
4821)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp. 181-218.
Citer ce document / Cite this document :
Lattès S. La plus ancienne Bible en vers italiens (manuscrit Vatican latin 4821). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49,
1932. pp. 181-218.
doi : 10.3406/mefr.1932.7228
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1932_num_49_1_7228PLUS ANCIENNE BIBLE LA
EN VERS ITALIENS
(Manuscrit Vatican latin 4821)
Les premières bibles en langue vulgaire apparaissent d'assez
bonne heure en Italie ; dès la seconde moitié du xine siècle, on com
mence à traduire en italien les livres de la Vulgate1 ; que ces traduc
tions soient rigoureuses ou se permettent la paraphrase, elles n'ont
jamais de prétention artistique ni littéraire ; il faut attendre la fin
du xive siècle pour trouver les premières versions poétiques : le
1er octobre 1399, le Vénitien Pietro Gradenigo achevait une para
phrase des Évangiles en terza rima dont le manuscrit autographe,
aujourd'hui à la Bibliothèque nationale de Berlin, a été signalé, dès
le xvmc siècle, par F. Giovanni degli Agostini et étudié par M. Guido
Mazzoni et par Mgr Vaccari2.
Exactement contemporain de ce poème est celui que j'ai signalé ici
même l'an dernier parmi les manuscrits du Vatican provenant de
la bibliothèque d'Angelo Colocci3; contrairement au précédent, son
contenu n'est pas limité aux Evangiles, mais s'étend à l'ensemble de
1 S. Berger, La Bible italienne au moyen âge, dans Romania, 1894,
p. 358-431. — S. Minocchi, article sur les versions italiennes de la Bible,
dans le Dictionnaire de la Bible de Vigouroux, III, col. 1012 et suiv.
2 Manuscrit Hamilton 247 — F. Giov. degli Agostini, Notizie istorico-
critiche intorno la vita e le opere degli scrittori viniziani, Venise, 1752 ;
vol. I, p. 289 — G. Mazzoni, dans Atti e memorie dell'Accademia di Pa
dova; nuova serie, Vili (1893), p. 263-306 — P. A. Vaccari, Propaggini
del Dialessaron in Occidente, dans la revue Biblica, 1931, p. 342.
3 Recherches sur la bibliothèque d'Angelo Colocci, dans Mélanges d'ar
chéologie et d'histoire, 1931, p. 338. LA PLUS ANCIENNE BIBLE 182
la matière narrative de l'Ancien et du Nouveau Testament; il consti
tue donc la plus ancienne paraphrase en vers italiens des livres b
ibliques qui soit connue jusqu'ici.
Le manuscrit qui le contient — le Vatican latin 4821 — se compose
de soixante-treize feuillets de parchemin de 0m280 sur 0m1961. Le
texte est écrit sur deux colonnes de trente-six vers chacune : l'e
nsemble du poème comprend donc plus de 10,000 vers, même sans te
nir compte de la lacune d'un feuillet entre les feuillets 71 et 72. Les
subdivisions du poème sont marquées par une grande initiale ornée,
d'un art assez grossier. La disposition des initiales de chaque vers
étant commandée par celle des rimes, j'en parlerai à propos de la ver
sification.
Le manuscrit vient certainement des Marches, comme le prouve
la teinte dialectale du texte; et cela explique qu'il ait appartenu à
Angelo Colocci, originaire de cette région. La possession du manusc
rit par cet humaniste nous est attestée par une note marginale ins
crite par lui sur le verso du feuillet 1 , pour introduire une correc
tion dans le texte. A la fin du prologue de son œuvre, l'auteur i
nvoque en ces termes l'aide de Diane Proserpine2 :
fa che la mia lengua se racoglia
La tuliana ornata diceria
Con ogni uigoria e a ciò bisogna.
Colocci, pensant peut-être que l'éloquence cicéronienne était hors de
lieu dans une œuvre poétique, crut que le deuxième vers devait être
corrigé et écrivit dans la marge supérieure : italiana diceria ; la cor
rection est évidemment arbitraire, mais il n'est pas moins certain
qu'elle est de la main de Colocci : son écriture est toujours très ais
ément reconnaissable.
1 La reliure en maroquin rouge est moderne; elle porte sur le dos les
armes de Pie IX et du cardinal Lambruschini.
2 Sur la confusion entre Proserpine et Diane, cf. Daremberg et Saglio,
art. Proserpine, EN VERS ITALIENS 183
Dans le catalogue manuscrit du fonds Vatican, l'œuvre est ainsi
décrite : Bibita in terlia rima italica imper feda... It. in principio
diceria quedam italica in laudem beate Marie Virginis... Ces indi
cations sont fausses : l'œuvre n'est pas inachevée et ne mérite donc
pas d'être dite imper fecta ; elle n'est pas non plus en terza rima ;
mais, comme nous le verrons, un examen superficiel de la disposi
tion des vers pouvait en créer l'illusion ; quant à l'expression dice
ria quedam italica, elle dérive de la note marginale de Colocci qui a
été prise pour le titre du prologue.
En marge du catalogue, un annotateur a ajouté l'observation sui
vante : Auclor est Cyriacus quidam qui uixit an. 4400 ut in operis
fine dicitur. Cette observation est parfaitement exacte et c'est à la
main qui l'a rédigée qu'il faut sans doute attribuer le trait qui sou
ligne au fol. 72 v°, col. 2 et col. 1, les vers où l'auteur indique son
nom et la date de son œuvre. A la fin du poème, après avoir décrit
le sort des élus, le poète demande a être placé parmi eux après sa
mort :
Ο signor mio, per uostra pietale
Vogliate che con quillt accompagnato
Sia io, Chiriaco, che ho traslato
Lu testo della bibbia in quisti uersi.
Peu après il ajoute :
(M)ille trecento con nouanta cinque
Correa quando quest'opera començai
In spatio de sepie anni l'opera tucta
Agio reducta al fine dessiderato
Ces renseignements sont malheureusement insuffisants : s'ils per
mettent de dater la composition du poème de façon précise entre
1395 et 1402, ils ne nous apprennent presque rien sur son auteur;
ils nous confirment simplement un fait qu'à lui seul le dialecte nous
aurait appris : le poète était des Marches ; son prénom y est, en ef
fet, très répandu et a été porté à la même époque par un grand hu- LA J'LUS ANCIENNE BIBLE 184
maniste anconitain, avec lequel, d'ailleurs, la date de l'œuvre, en de
hors de sa forme et de son contenu, enipêcherait que notre poète fût
confondu.
Le poème est précédé d'un prologue dans lequel l'auteur invoque
la Vierge en des termes inspirés du Salve Regina et lui demande
d'intercéder auprès de son fils pour qu'il lui accorde l'inspiration
poétique. Se tournant ensuite vers les divinités qui président aux sept
cieux, il demande à chacune d'elles les vertus dont elle est dispensat
rice : à Saturne, la sagesse et la fermeté; à Jupiter, la modération
et l'exactitude; à Mars, l'audace et la vigueur; à Phébus, la magnan
imité et la noblesse ; à Gypris, l'agrément et la grâce ; à Mercure,
l'éloquence; à Diane Proserpine, enfin, la vertu.
Disons tout de suite pour n'y plus revenir que les divinités invo
quées, chrétiennes ou païennes, sont restées sourdes à la prière du
poète. La valeur de son œuvre est de la plus extrême médiocrité et
Ciriaco ne mérite le titre de poète que parce qu'on est convenu d'ap
peler ainsi ceux qui écrivent en vers ; encore verrons-nous que par
fois il oublie la rime et que les onze pieds de ses hendécasyllabes sont
plutôt une moyenne qu'une mesure. Dans tout le cours du poème —
s'il m'est permis d'appeler encore ainsi son œuvre — le ton ne
s'élève jamais au-dessus de celui d'une compilation servile; le style
est toujours de la plus extrême platitude et le récit gâté par les plus
invraisemblables négligences : les passages du style direct au style
indirect, du tutoiement à la deuxième personne du pluriel, sont con
tinuels : si l'invocation à la Vierge commence par :
Però supplico a te, Vergine pia,
Per amor de colui de cui se figlia,
elle s'achève ainsi :
Ve degnate per me pregar quello (fol. 1 r, col. 1). EN VERS ITALIENS 185
Quand Dieu prédit à Abraham la multiplication de la race de ses
descendants, voici en quels ternies est rapportée sa prophétie :
Dicisti ancora che a suo semente
Sopra al terreno farò multiplicare. (fol. 4 r, col. 2).
Que dire enfin de vers tels que ceux que Ciriaco met dans la bouche
de David, au moment où il va combattre Goliath :
Cosi deman di questo incerconciso
Spero d'esser defiso ogi da dio? (fol. 28 r, col. 1).
Il se

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