La politique américaine en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale - article ; n°1 ; vol.36, pg 147-161
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1983 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 147-161
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 85
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Juliette Bessis
La politique américaine en Afrique du Nord pendant la seconde
guerre mondiale
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°36, 1983. pp. 147-161.
Citer ce document / Cite this document :
Bessis Juliette. La politique américaine en Afrique du Nord pendant la seconde guerre mondiale. In: Revue de l'Occident
musulman et de la Méditerranée, N°36, 1983. pp. 147-161.
doi : 10.3406/remmm.1983.2003
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1983_num_36_1_200336, 1983-2 R.O.M.M.,
LA POLITIQUE AMERICAINE EN AFRIQUE DU NORD
PENDANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE
par
Juliette BESSIS
Avant la Deuxième Guerre mondiale, des trois pays d'Afrique du Nord, domaine
réservé de la France, seul le Maroc avait occasionnellement occupé une place toute
relative dans les préoccupations américaines, en vertu du rôle d'arbitre joué par les
Etats-Unis lors de la Conférence d'Algésiras dont ils avaient assuré la présidence en
avril 1906, en vertu sans doute aussi de la longue façade atlantique du Maroc.
La défaite française et l'armistice de juin 1940 ont pour conséquence d'entraf-
ner un véritable tournant de la politique américaine et marquent <c l'entrée » des
Etats-Unis en Afrique du Nord. L'objectif est, au départ, stratégique mais les Améric
ains se trouvent vite confrontés aux problèmes politiques qui agitent en profondeur le
Maghreb, en tout premier lieu à celui de la décolonisation qui dresse depuis longtemps
déjà les mouvements nationalistes autochtones contre le pouvoir colonial français.
Prise entre les grands principes de liberté qui fondent la République américaine,
les impératifs de la « realpolitik » et de l'alliance française, les appréciations différentes
et souvent contradictoires qui se manifestent au Département dEtat et sur le terrain
des opérations à propos des problèmes coloniaux, les grandes lignes de la politique
américaine en Afrique du Nord, s'élaborent dans la guerre et se développent une
fois la paix rétablie.
L'impératif stratégique
Le raid britannique sur Mers-el-Kébir du 3 juillet 1940 montre très vite 1 Impor
tance de la Méditerranée pour la Grande-Bretagne dans le déroulement de la guerre où
elle est alors seule à affronter les forces de l'Axe. L'enjeu est d'importance. L'éventual
ité d'un passage des troupes allemandes à travers l'Espagne continentale et le Maroc
espagnol entraînerait à brève échéance la chute de Gibraltar, des Canaries et des Aço-
res. Un accord entre Vichy et l'Axe permettrait à ce dernier l'utilisation du port atlan
tique de Dakar et, beaucoup plus grave encore, fournirait un relais assurant à travers
l'Afrique du Nord la jonction avec les forces italiennes de Libye mettant en danger la
8e Armée, Malte, Chypre, la Crète, l'Egypte, Suez, les routes du Moyen-Orient et de
l'Asie. J. BESSIS 148
La première de ces graves menaces se confirme avec l'occupation de la Crète par
les troupes allemandes suivie d'un coup d'Etat pro-nazi dirigé par le ministre Rachid
Ali El Keylani en Irak le 2 avril 1941. Coordonnée par le major Rudolph Rahn (1),
l'entreprise est soutenue par l'Allemagne grâce au transit accordé par Vichy sur les
aérodromes, les routes et les voies ferrées syriennes, la fourniture de matériel militaire
stocké en Syrie et l'instruction sur le sol syrien, des militaires irakiens (2). L'accord
entre le Reich et Vichy, conclu à Paris par l'amiral Darlan et l'ambassadeur Otto Abetz
le 5 mai 1941, confirmé au cours de l'entrevue entre Darlan et Hitler à Berchtesgaden
le 11 mai, est connu sous le nom de Protocoles de Paris (3) ; ceux-ci permettaient en
core l'utilisation du port de guerre de Bizerte pour le déchargement du ravitaillement
et des renforts en matériel pour les troupes allemandes en Afrique, l'utilisation de la
voie ferrée Bizerte-Gabès pour le transit vers la Libye et l'utilisation du port de Dakar.
L'influence du général Weygand qui affirma que « l'armée d'Afrique ne suivrait pas »
gela les accords (4). Entre-temps les Britanniques avaient occupé, en dépit de la forte
résistance française, la Syrie à partir du 9 juin 1941.
Les Etats-Unis ne sont pas encore en guerre mais, bien avant Pearl Harbour, leur
engagement aux côtés de la Grande Bretagne ne fait guère illusion, en dépit de leur
« non-belligérance ». L'importance de la Méditerranée où les Etats-Unis n'ont alors
aucun intérêt direct est controversée, notamment au sein de l'Etat-Major, mais n'est pas
sous-estimée pour autant, par le président Roosevelt pour qui un contrôle de la Méditer
ranée par l'Axe permettrait aux Japonais et aux Allemands de se rencontrer au Moyen-
Orient et menacerait les routes vers l'Asie et le soutien à la Chine ; les Allemands à
Dakar menacent le Brésil (5).
Dès la fin de 1940, les Etats-Unis renforcent leur présence en Afrique du Nord,
assurant le relais des missions britanniques fermées après la rupture des relations avec
Vichy au lendemain de Mers-el-Kébir.
Souhaitée par les Anglais, une opération d'envergure en Algérie, en Tunisie, au
Maroc est mise à l'étude aussitôt après août 1941 par le Haut commandement améri
cain mais mise en question par les partisans d'une action directe en Europe ou d'une
concentration des forces dans le Pacifique (6). La « controverse stratégique » n'empê
che pas les premiers projets d'opérations « Gymnast » puis « Super Gymnast » d'être
élaborés puis transformés en « Opération Torch » de débarquement au Maroc et en
Algérie, qui sera réalisée le 8 novembre 1942 (7). La décision finale en fut arrêtée le
24 juillet : « Pour le meilleur ou pour le pire Torch était l'enfant du président »
(Roosevelt) (8).
Anticolonialisme américain et realpolitik
L'anticolonialisme est un principe cher à la libre Amérique (9). Mais toute initia
tive concrète dans ce sens se heurte dans la guerre à l'impératif unitaire des puissances,
divise au Département d'Etat les Conservateurs, derrière Cordell Hull, et les Libéraux,
soutenus par Sumner Welles et sera combattue avec force par les hommes politiques
français vichyssois, gaullistes, communistes ou attentistes, lïntégrité de l'Empire étant
pour la France un principe fondamental, toutes tendances confondues. « Monsieur le
Président, je crois que vous voulez supprimer l'Empire britannique » (10). Cette La politique américaine en Afrique du Nord 149
exclamation de Winston Churchill, à propos de la Charte de l'Atlantique, est précisée
dans son discours du 5 octobre 1941 où il déclare :
« ... Ce que nous avons, nous le gardons. Je ne suis pas devenu le ministre de Sa
Majesté afin de procéder à la liquidation de l'Empire britannique >.
Ces propos sont contradictoires des principes énoncés dans la Charte de l'Atlan
tique signée le 14 août 1941 par les deux puissances anglo-saxonnes, document politi
que à portée universelle des pays démocratiques en guerre pour la liberté contre le
totalitarisme fasciste et la tyrannie nazie. Au vrai, les Britanniques, et tout particuli
èrement les Conservateurs, limiteraient volontiers à l'Europe l'interprétation des princi
pes énoncés dans la Charte.
Plus tard à Yalta (11) la résistance anglaise est encore très vive au projet de
Roosevelt de transformation de l'ensemble des territoires coloniaux en mandats
internationaux contrôlés par l'organisme des Nations Unies qui se met alors en place.
Cette proposition a été officiellement formulée par « linstitute of Pacific Relations »
influencé par les Démocrates, dès le congrès de Mount Tremblant au Canada en 1942
et renouvelée au congrès de Hot Springs en 1945. La résistance française à Londres,
non signataire et, de ce fait, non concernée par la Charte reste catégoriquement hostile
à toute modification du statut colonial et à toute éventualité d Internationalisât! on des
colonies : « Pas d'autre indépendance que celle de la France » déclare le 3 janvier 1944
le commissaire aux colonies de la France Libre, René Pleven, à la conférence de Brazz
aville qui délimite les premier

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