La promesse des genres - article ; n°81 ; vol.15, pg 11-31
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Description

Réseaux - Année 1997 - Volume 15 - Numéro 81 - Pages 11-31
En quelles occasions un document audiovisuel ou une émission fonctionne comme un genre et que signifie cette expression ? Pour répondre à cette question, cet article examine de quelles façons l'interprétation s'articule à l'agir de la programmation et de la médiation. Le genre comme catégorie de réception y est conçu comme une promesse qui est spécifiée par le type de flux, par un mode énonciatif et par un ton. Promesse d'une relation à un monde dont le mode ou le degré d'existence conditionne l'adhésion ou la participation dû spectateur en fonction de savoir, de croyances et d'émotions. En articulant les savoirs, les croyances et les émotions attachés aux documents audiovisuels, d'une part, et aux documents télévisuels, d'autre part, l'auteur montre par ailleurs comment l'identification des genres se fonde sur l'abandon du modèle du spectateur au profit du modèle du téléspectateur et comment l'âge de la télévision a cédé la place à une culture des programmes.
On what occasions does an audio-visual document or a programme function as a genre and what does the word mean? In answering this question the article examines the articulation between interpretation, on the one hand, and programming and mediation acts, on the other. The genre as a category of reception is perceived as a promise specified by the type of flow, by an enunciatory mode or a tone. It is a promise of a relationship with a world of which the mode or degree of existence conditions the viewer's adherence or participation, depending on his know-how, beliefs and emotions. By linking the know-how, beliefs and emotions attached to audio-visual documents, on the one hand, and to televisual documents, on the other, the author also shows how the identification of genres is based on the rejection of the viewer model in favour of the televiewer model, and how the age of television has given way to a culture of programmes.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 198
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Jost
La promesse des genres
In: Réseaux, 1997, volume 15 n°81. pp. 11-31.
Résumé
En quelles occasions un document audiovisuel ou une émission fonctionne comme un genre et que signifie cette expression ?
Pour répondre à cette question, cet article examine de quelles façons l'interprétation s'articule à l'agir de la programmation et de
la médiation. Le genre comme catégorie de réception y est conçu comme une promesse qui est spécifiée par le type de flux, par
un mode énonciatif et par un ton. Promesse d'une relation à un monde dont le mode ou le degré d'existence conditionne
l'adhésion ou la participation dû spectateur en fonction de savoir, de croyances et d'émotions. En articulant les savoirs, les
croyances et les émotions attachés aux documents audiovisuels, d'une part, et aux documents télévisuels, d'autre part, l'auteur
montre par ailleurs comment l'identification des genres se fonde sur l'abandon du modèle du spectateur au profit du modèle du
téléspectateur et comment l'âge de la télévision a cédé la place à une culture des programmes.
Abstract
On what occasions does an audio-visual document or a programme function as a genre and what does the word mean? In
answering this question the article examines the articulation between interpretation, on the one hand, and programming and
mediation acts, on the other. The genre as a category of reception is perceived as a promise specified by the type of flow, by an
enunciatory mode or a tone. It is a promise of a relationship with a world of which the mode or degree of existence conditions the
viewer's adherence or participation, depending on his know-how, beliefs and emotions. By linking the know-how, beliefs and
emotions attached to audio-visual documents, on the one hand, and to televisual documents, on the other, the author also shows
how the identification of genres is based on the rejection of the viewer model in favour of the televiewer model, and how the age
of television has given way to a culture of programmes.
Citer ce document / Cite this document :
Jost François. La promesse des genres. In: Réseaux, 1997, volume 15 n°81. pp. 11-31.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1997_num_15_81_2883LA PROMESSE DES GENRES
François JOST
Réseaux n° 81 CNET-1997 en affirmant haut et fort l'absolue autono
mie de la communication télévisuelle. La
position est difficile à tenir : outre qu'elle
relève d'un idéalisme qui voit dans l'émer
gence d'un nouveau média une origine plus
qu'un moment dans un développement
généalogique, elle fait fi de la « télévision
des premiers temps » pour se focaliser
sur la situation actuelle. Comment oublier
que la télévision est née du cinéma et de la
radio, elle-même héritière des formes scé-
niques, romanesques et du music-hall ?
Que, dans les années 50, il s'agissait
d'abord de lui trouver une place entre le
théâtre et le cinéma (1) ?
Faut-il pour autant penser le genre télévi
suel avec les seules catégories littéraires ?
Bien sûr que non. N'oublions pas, toutefois,
que la télévision est essentiellement un outil
de diffusion de documents qui lui préexis
tent et qu'elle s'insère comme telle dans
Si les littéraires débattent depuis près une tradition générique qui la précède et la
de deux mille cinq cents ans sur les dépasse. L'autre enseignement que nous
genres sans parvenir à des résultats pouvons tirer des impasses de la théorie li
incontestés, paradoxalement, ceux qui font ttéraire, c'est qu'il est vain de prétendre à
de la télévision, qui l'archivent ou l'obser une typologie définitive et universelle clas-
vent en disputent peu, mais mettent en sifiant les programmes comme des
œuvre quotidiennement des grilles, des essences, sans tenir compte de la place et de
indicateurs ou des classements qui repo la fonction de cette classification dans ce
sent sur des typologies génériques. qu'il est légitime d'appeler communication
A n'en pas douter, certaines catégories ne télévisuelle.
manqueraient pas d'étonner les descendants A l'instar de Nelson Goodman, qui pro
d'Aristote s'il leur venait l'idée d'y jeter un pose de substituer à la question Qu'est-ce
œil : ne subsume-t-on pas sous le terme fic que l'art, productrice de plus d'embarras
tion, des récits qui relèvent, pour les uns que de réponses indubitables, Quand y
plutôt de l'épique (le film), pour les autres, a-t-il art ?, nous aurions intérêt, plutôt que
du dramatique (le théâtre), deux modes de nous lancer dans une définition a priori
dont l'opposition est précisément à la des genres, à nous demander en quelles
source de la réflexion platonicienne sur les occasions un document audiovisuel ou une
genres ? Quant au théoricien du cinéma, émission fonctionne comme un genre et ce
comment ne serait-il pas surpris en constat que cette expression veut dire.
ant que, dans bien des statistiques, le film Il n'y a genre, pourrait-on dire, qu'à part
en général est considéré comme un genre ir du moment où, pour penser ou interpré
alors même que la question du genre n'est ter un programme, on le ramène à une caté
pas plus résolue dans le champ cinémato gorie plus vaste qui facilite l'opération. Cet
graphique que dans le champ littéraire. élan qui nous projette de l'inconnu vers le
Une solution est évidemment de se pas connu, du nouveau vers l'ancien, et que
ser de ces empêcheurs de tourner un rond Bachelard considérait comme un obstacle
(1) BAZIN, 1954 a.
13 — pourrait bien être la loi du étiquettes génériques (reality show, talk épistémologique,
show). genre.
Si rien ne prouve que les intentions qui
ont présidé au choix d'une case donnée de Le genre, compromis
la grille soient bien décryptées par le entre stratégies et inferences
public, on fera l'hypothèse que, à un
Avant de progresser dans la compréhenmoment donné, un certain consensus
s'opère sur le choix des étiquettes qui per sion de cette articulation, une question
mettent de regrouper les émissions et que mérité d'être posée : de quelle façon l'inter
prétation s'articule-t-elle à l'agir de la prles différends, quand ils existent, résident
ogrammation et de la médiation (qui dicte surtout dans le processus d'attribution à
aujourd'hui la production) ? De la réponse l'objet. Paradoxalement, parmi les appella
tions qui facilitent le repérage dans la pro à cette question dépend la théorie des
grammation, on trouve des noms comme genres.
films qui ne désignaient pas des genres dans Selon une conception répandue, l'inter
face entre ces deux acteurs de la communicleur média d'origine, mais des objets hété
ation serait le fait d'un pacte ou d'un roclites, des individualités, elles-mêmes
contrat. Ainsi, pour Francesco Casetti, la regroupées par catégories. Par la simple
télévision repose sur un pacte communica- incorporation d'un document audiovisuel à
tif défini par « l'accord grâce auquel émetla grille, la télévision a donc le pouvoir de
modifier le statut qu'il avait précédemment. teur et récepteur reconnaissent qu'ils com
muniquent et qu'ils le font d'une façon et De même que, selon Borges, le Quichotte
pour des raisons co-partagées » (2). Comrepris littéralement aujourd'hui ne serait
ment s'opère cette « reconnaissance » au plus le même texte, du seul fait qu'il ne
serait plus produit dans le même contexte cœur d'une relation inégale, voire d'un
temporel, géographique et idéologique, le «diktat », imposée par une partie sur
film cinématographique devient un genre l'autre? Conscient de l'objection qu'on
télévisuel dès qu'il est programmé par une pourrait lui faire, le théoricien italien n'y
chaîne. voit pas matière à mettre en cause son
Si l'on raisonne d'emblée sur l'histoire concept car, dit-il, le public pèse sur l'émet
de la télévision, et non sur cette partie teur par toutes sortes de feed-back, télé
émergée de l'iceberg qu'est le présent, on phone, contrôle des indices d'écoute, réac
doit élaborer des mod

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