La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de 1951 à 1954 - article ; n°2 ; vol.104, pg 871-897
28 pages
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La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de 1951 à 1954 - article ; n°2 ; vol.104, pg 871-897

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 2 - Pages 871-897
Alain Quagliarini, La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de 1951 à 1954, p. 871-897. Le voyage du chancelier Adenauer à Rome, le 15 juin 1951 était, certes l'aboutissement du rapprochement italo-allemand entrepris depuis 1949, mais aussi la confirmation de la nouvelle Europe bâtie sur le nouveau système triangulaire, - Paris, Rome, Bonn - sorte de compromis qui permettait à l'Allemagne d'entreprendre son mea culpa, à l'Italie de se faire la championne de l'idée européenne et de retrouver une prépondérance sur le continent, et à la France d'enrayer le rapprochement à tout-va des deux anciens alliés de l'Axe, et d'éviter par là même un isolement certain. Malgré cela, tout n'était pas clair entre les trois pays, chacun essayant de manœuvrer au mieux de ses intérêts. Et en effet les années 1951-1954 allaient être les années des ambiguïtés. (v. au verso) Tout poussait au rapprochement italo-allemand et Bonn faisait, dans tous les domaines, une rentrée en force en Italie, notamment économique, où elle s'imposait de manière de plus en plus flagrante. Des trois pays c'est l'Italie qui occupait la place la plus inconfortable, ne voulant pas avoir à choisir entre Paris et Bonn et cherchant à minimiser les différends entre les deux pays au nom de l'idéal européen et par ce biais. Et si elle était attirée par l'Allemagne, cette dernière faisait parfois de ce rapprochement avec l'Italie la dupe de ses intérêts, tant le déficit des échanges en faveur de Bonn était évident, et tant Bonn n'accordait aux questions sensibles pour Rome (Haut-Adige, Trieste ...) qu'un soutien quasi-inexistant. Quant à la France, elle faisait figure d'accusée, ne voulant pas remettre sur pied une Allemagne forte (C.E.D), tout en «brouillant les cartes» pour ne pas se retrouver en face d'un éventuel axe Rome-Bonn. En fait, elle cherchait à diviser pour mieux régner dans une Europe en pleine construction.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Quagliarini
La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de
1951 à 1954
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 871-897.
Résumé
Alain Quagliarini, La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de 1951 à 1954, p. 871-897.
Le voyage du chancelier Adenauer à Rome, le 15 juin 1951 était, certes l'aboutissement du rapprochement italo-allemand
entrepris depuis 1949, mais aussi la confirmation de la nouvelle Europe bâtie sur le nouveau système triangulaire, - Paris, Rome,
Bonn - sorte de compromis qui permettait à l'Allemagne d'entreprendre son mea culpa, à l'Italie de se faire la championne de
l'idée européenne et de retrouver une prépondérance sur le continent, et à la France d'enrayer le rapprochement à tout-va des
deux anciens alliés de l'Axe, et d'éviter par là même un isolement certain. Malgré cela, tout n'était pas clair entre les trois pays,
chacun essayant de manœuvrer au mieux de ses intérêts.
Et en effet les années 1951-1954 allaient être les années des ambiguïtés.
(v. au verso) Tout poussait au rapprochement italo-allemand et Bonn faisait, dans tous les domaines, une rentrée en force en
Italie, notamment économique, où elle s'imposait de manière de plus en plus flagrante.
Des trois pays c'est l'Italie qui occupait la place la plus inconfortable, ne voulant pas avoir à choisir entre Paris et Bonn et
cherchant à minimiser les différends entre les deux pays au nom de l'idéal européen et par ce biais. Et si elle était attirée par
l'Allemagne, cette dernière faisait parfois de ce rapprochement avec l'Italie la dupe de ses intérêts, tant le déficit des échanges
en faveur de Bonn était évident, et tant Bonn n'accordait aux questions sensibles pour Rome (Haut-Adige, Trieste ...) qu'un
soutien quasi-inexistant. Quant à la France, elle faisait figure d'accusée, ne voulant pas remettre sur pied une Allemagne forte
(C.E.D), tout en «brouillant les cartes» pour ne pas se retrouver en face d'un éventuel axe Rome-Bonn. En fait, elle cherchait à
diviser pour mieux régner dans une Europe en pleine construction.
Citer ce document / Cite this document :
Quagliarini Alain. La «Question allemande» dans les relations franco-italiennes de 1951 à 1954. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 871-897.
doi : 10.3406/mefr.1992.4235
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1992_num_104_2_4235ALAIN QUAGLIARINI
LA «QUESTION ALLEMANDE»
DANS LES RELATIONS FRANCO-ITALIENNES
DE 1951 À 1954
Cette recherche est la suite chronologique de l'étude La «nouvelle
donne» allemande dans les relations franco-italiennes de 1949 à 1951*. Mais
elle apparaît comme une rupture vis-à-vis de la période précédente dans la
mesure où le positionnement des trois pays entre eux - «le nouveau sys
tème triangulaire» - semble acquis. La problématique se place alors sur
des choix optionnels et conceptuels, - Sarre, C.E.D., Europe... -, qui mod
ulent la perception que l'Italie a de ses relations avec l'Allemagne, à tra
vers ses rapports français.
Le voyage du chancelier Adenauer à Rome, le 15 juin 1951 était, certes
l'aboutissement du rapprochement italo-allemand entrepris depuis 1949,
mais aussi la confirmation de la «nouvelle Europe» bâtie sur le «nouveau
système triangulaire», - Paris, Rome, Bonn - sorte de compromis qui per
mettait à l'Allemagne d'entreprendre son mea culpa, à l'Italie de se faire la
championne de l'idée européenne et de retrouver une prépondérance sur le
continent, et à la France d'enrayer le rapprochement à tout-va des deux an
ciens alliés de l'Axe et d'éviter par là-même un isolement certain. Malgré
cela, tout n'était pas clair entre les trois pays, chacun essayant de «manœuv
rer» au mieux de ses intérêts.
I - La présence allemande en Italie en 1951
Au second semestre 1951, la présence allemande en Italie offrait des
postulats ambigus. Ce qui frappait tout d'abord, lorsque l'on dénombrait
les centres d'activité allemande dans la péninsule, c'était la discrétion de
MEFRIM - 104 - 1992 - 2, p. 871-897. 872 ALAIN QUAGLIARINI
l'appareil officiel1. Celle-ci aussi bien remarquable dans la représentation
diplomatique que culturelle et commerciale, n'était pas due au manque de
crédits. Il aurait été aisé d'y pallier au moins dans le domaine commercial.
Pas davantage aux divisions intérieures à l'ambassade car s'il existait des
divergences de vues entre certains conseillers nationalistes et l'ambassa
deur, plus modéré, elles ne suffisaient pas à entraver une politique. Il fallait
y voir plutôt une attitude de prudence2. En fait le plus urgent du côté all
emand, c'était la multiplication des activités privées. Si les chambres de
commerce étaient peu nombreuses, le diagramme des échanges commerc
iaux montait en flèche. (Et si l'ambassade était effacée, les associations
culturelles inexistantes, des liens d'intérêt s'affirmaient chaque jour). Les
chiffres étaient saisissants : l'Allemagne était la 2e puissance exportatrice
en Italie après les États-Unis et exportait en valeur environ deux fois plus
que la France ou le Royaume-Uni3.
La même cadence se retrouvait dans les achats effectués par l'All
emagne en Italie qui faisaient de celle-ci le 2e client de l'Italie après le
Royaume-Uni. Enfin, les sociétés allemandes les plus importantes appa-
1 Von Brentano, un «peu provincial d'allure et de préoccupations» était entouré
de l'ancien consul du IIIe Reich à Florence, Wolf, et de l'officier de renseignements à
Rome pendant la guerre, tous deux intimidés par leur passé. Il y avait un consul gé
néral à Milan, et il était question d'ouvrir à Palerme un consulat. Aucune association
culturelle n'avait été créée en dehors de Rome et l'on ne comptait qu'un unique lec
teur allemand à l'Université de Venise. De plus, les institutions commerciales n'é
taient pas très nombreuses : une chambre de commerce italo-allemande à Milan, un
bureau commercial chargé de fournir des informations à Turin et à Gênes; une to
tale inaction à Naples, rien à Palerme.
2 «Certains souvenirs sont ici encore trop proches pour que nous puissions r
eprendre notre activité culturelle» (le lecteur allemand de l'Université de Venise).
3 Exportations allemandes vers l'Italie pour 70 milliards de lires de marchand
ises pour les 9 premiers mois de 1951. Importations allemandes de l'Italie pour 60,5
milliards de marchandises pour les 9 premiers mois de 1951. Dans les foires des
grandes villes italiennes, les exposants allemands prenaient la première place.
Exp. allemands Foires Année Exp. français
1949 500 (en tête) ? Milan 1950 417 781 1 250 Bolzano (1200 exp.)
Turin 1950 73 76
Milan 1951 ? 916 (en tête) 40 90 Vérone (900 exp.)
Foire de l'Agriculture LA «QUESTION ALLEMANDE» DANS LES RELATIONS FRANCO-ITALIENNES 873
raissaient sur le marché italien4. Les activités économiques, évidentes, et
facilement mesurables, n'étaient pas les seules.
En effet, les échanges intellectuels se développaient par de multiples
voies privées. Les livres allemands étaient plus nombreux dans les librai
ries5. À titre individuel, des savants allemands participaient à des congrès
d'historiens, de médecins...6. Enfin les journaux d'Allemagne occidentale
entretenaient à Rome 12 correspondants alors que la presse française n'en
avait que trois. Cependant, si la représentativité allemande paraissait im
portante, il faut en nuancer l'apparence et examiner les limites de cette pré
sence. Si considérable que fut le développement des activités allemandes
en Italie depuis 1949, on était loin de la situation que l'Allemagne avait eu
en avant la guerre ou au temps de la Triplice. Les conditions génér
ales ne le permettaient plus et l'ambassadeur Fouques Duparc estimait
peu probable qu'elle retrouve dans l'économie italienne la place qu'elle
avait en 1938. À cette époque, elle comptait pour 26,7% dans les importat
ions italiennes (8% en 1951) et pour 19,1% dans les exportations (9% en
1951). Et les États

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