La réforme des prix en Hongrie - article ; n°1 ; vol.5, pg 125-152
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Description

Revue de l'Est - Année 1974 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 125-152
Marx considérait le prix non comme un phénomène économique vital mais comme une qualité artificielle d'un bien. Dans le cadre des réformes économiques en cours, les planificateurs est-européens reconnaissent de plus en plus volontiers que le prix est une variable fondamentale dans un système de gestion décentralisé. Cependant, seule la Hongrie a jusqu'ici introduit une nouvelle structure des prix qui va au-delà des révisions habituelles des prix en réponse aux modifications des coûts.
La structure des prix hongrois, antérieure à la réforme, était caractéristique d'une économie centralement planifiée, où les prix, et les relations financières en général, sont soumis au modèle de planification centrale. Les prix de gros industriels de détail ou à la consommation, les prix agricoles et du commerce extérieur constituaient des éléments indépendants, dépourvus de mécanismes de liaison et émanant davantage des conditions politiques que du système économique. Si l'on considère les objectifs qu'on leur avait assignés, ces prix étaient relativement valables ; cependant, les objectifs eux-mêmes étaient insatisfaisants.
Les réformes de prix ont débuté en Hongrie le l«r janvier 1968 en tant que point central du Nouveau mécanisme économique. Pour atteindre les principaux objectifs de ce Nouveau mécanisme (gestion décentralisée, développement optimal du commerce extérieur, influence croissante de la demande sur les décisions de production), il fallait absolument que les prix reflètent les réalités économiques et jouent un rôle de signal. Us ne pouvaient plus servir uniquement à transmettre les directives du centre et à mesurer la réalisation du plan. Les réformateurs se sont mis d'accord sur les points suivants : les nouveaux prix doivent avoir une base solide, non-arbitraire ; ils doivent refléter les coûts ; ils doivent s'adapter plus souplement à l'offre et à la demande ; les prix du marché mondial doivent se refléter d'une manière ou de l'autre dans les prix intérieurs.
La première tâche consistait à choisir une formule de prix appropriée. Parmi les nombreuses variantes possibles, les Hongrois ont adopté la formule de prix duaux qui est essentiellement un prix cost-plus, proportionnant la valeur supplémentaire entre la main-d'œuvre et le capital employés au cours d'un certain processus de production. L'adoption de ce modèle a pour corollaire .l'organisation d'une comptabilité plus précise des coûts de production, incluant le montant de l'amortissement, les coûts du capital et de main-d'oeuvre et les charges.
Par le biais de cette évaluation plus précise des coûts, la formule de prix duaux peut se rapprocher des prix de rareté ; mais ces prix manquent encore de souplesse et sont déterminés par l'offre. Des prix planométriques ou « prix- témoins » représentent une alternative possible. Dérivés de la résolution d'un modèle économique optimal, ils refléteraient et les préférences du planificateur et les réalités économiques. Les Hongrois ont énormément travaillé la question ■ mais les obstacles bureaucratiques et pratiques ont empêché jusqu'ici la pleine adoption de ces prix. On a utilisé les techniques planométriques pour prévoir les conséquences des diverses formules de prix, pour aider les autorités centrales et les directeurs d'entreprises à fixer les prix et pour analyser l'écart entre les prix courants et les prix « idéaux ».
Pour obtenir l'élasticité et la sensibilité aux conditions du marché sans sacrifier le contrôle du centre sur les secteurs vitaux de l'économie, les Hongrois ont fait appel à un système pragmatique de prix mixtes, comprenant des prix fixes, maximum, limite et libres. La proportion de biens obéissant à chaque catégorie de prix est fonction de l'importance du bien, du degré de concentration de l'industrie, de l'existence de substituts. Le nombre de prix fixés rigidement devrait décroître à mesure que la décentralisation de l'économie et la compétitivité se développeront.
Le danger d'une réinstauration des contrôles centraux et le caractère monopoliste d'une part importante de l'industrie hongroise sont les principaux obstacles au développement de cette nouvelle structure et, en fait, les prix déterminés par le marché se sont accrus moins rapidement qu'il n'était prévu à l'origine. Néanmoins, la conception de la réforme des prix a été préservée, les prix et les coûts sont plus symétriques et les diverses catégories de prix ne sont plus isolées les unes des autres.
The Price Reform in Hungary.
Marx considered price not as a vital economic phenomenon but rather as an artificial attribute of a commodity. As part of the current economic reforms, Eastern' European planners are recognizing that price is an essential variable in a system of decentralized management. Only Hungary, however, has to date introduced a new price structure that transcends the usual revisions in response to changing cost conditions.
The pre-reform Hungarian price structure was typical of that in a command economy of the physical planning variety, with prices — and financial relationships in general — subservient to the centralized planning schema. Industrial wholesale, consumer or retail, agricultural, and foreign trade prices existed as independent strata, with no mechanism linking them and emanating more from the political than from economic environment. In terms of the goals specified for them, the prices were reasonably successful; however, the goals themselves were deficient. Price reforms were introduced in Hungary on January 1, 1968 as the centerpiece of the New Economic Mechanism. To achieve the major objectives of the N.E.M. (decentralized management, the optimum development of foreign trade, increased influence of demand on production decisions) it was imperative that prices reflect economic realities and serve as operative signals. No longer could they function merely as devices to transmit central directives and measure plan fulfillment. The reformers agreed on the following: the new prices must have a sound, non-arbitrary basis; prices must reflect cost conditions; they must respond more flexibly to supply and demand; world market prices must somehow be mirrored in domestic prices.
The initial task was to choose an appropriate price formula. From among the numerous variants, the Hungarians have accepted the dual channel formula, essentially a cost-plus price that apportions surplus value between the labor and capital employed in a certain production process. As a corollary to the acceptance of this format, a more accurate accounting of production costs was undertaken, including the ressessment of amortization allowances, capital and labor costs, and rent.
Through this more precise evaluation of costs, the dual channel format can approximate scarcity prices; but these prices still lack flexibility and are supply determined. Planometric, or shadow prices are a possible alternative. Derived through the solution of an optimal economic model, they would reflect both planners' preferences and economic realities. Considerable work has been done in Hungary with such prices, but bureaucratic and practical obstacles have prevented their full adoption. Planometric techniques have been used to predict the consequences of various price forms, to assist central planners and enterprise managers in setting prices, and to analyze the deviation of actual from ideal prices.
To obtain the desired flexibility and responsiveness to market conditions, without sacrificing central control over vital areas, the Hungarians have resorted to a pragmatic, mixed price system, consisting of fixed, maximum, limit, and free prices. The proportion of goods in each category varies according to the importance of the commodity, the degree of concentration of the industry, the availability of substitutes. The number of rigid prices is projected to decrease as the economic decentralization progresses and as competitiveness increases.
The danger of the reimposition of central controls and the monopolistic nature of much of Hungarian industry are the major obstacles to the evolution of this new structure, and in fact the proportion of market determined prices has increased less rapidly than originally envisioned. Nevertheless, the format of the price reforms has been preserved, prices and costs are more symmetrical, and the insulation of the price strata from one another has been ended.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gabriel Horchler
La réforme des prix en Hongrie
In: Revue de l'Est. Volume 5, 1974, N°1. pp. 125-152.
Citer ce document / Cite this document :
Horchler Gabriel. La réforme des prix en Hongrie. In: Revue de l'Est. Volume 5, 1974, N°1. pp. 125-152.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1974_num_5_1_1179Résumé
Marx considérait le prix non comme un phénomène économique vital mais comme une qualité
artificielle d'un bien. Dans le cadre des réformes économiques en cours, les planificateurs est-
européens reconnaissent de plus en plus volontiers que le prix est une variable fondamentale dans un
système de gestion décentralisé. Cependant, seule la Hongrie a jusqu'ici introduit une nouvelle
structure des prix qui va au-delà des révisions habituelles des prix en réponse aux modifications des
coûts.
La structure des prix hongrois, antérieure à la réforme, était caractéristique d'une économie
centralement planifiée, où les prix, et les relations financières en général, sont soumis au modèle de
planification centrale. Les prix de gros industriels de détail ou à la consommation, les prix agricoles et
du commerce extérieur constituaient des éléments indépendants, dépourvus de mécanismes de liaison
et émanant davantage des conditions politiques que du système économique. Si l'on considère les
objectifs qu'on leur avait assignés, ces prix étaient relativement valables ; cependant, les objectifs eux-
mêmes étaient insatisfaisants.
Les réformes de prix ont débuté en Hongrie le l«r janvier 1968 en tant que point central du Nouveau
mécanisme économique. Pour atteindre les principaux objectifs de ce Nouveau mécanisme (gestion
décentralisée, développement optimal du commerce extérieur, influence croissante de la demande sur
les décisions de production), il fallait absolument que les prix reflètent les réalités économiques et
jouent un rôle de signal. Us ne pouvaient plus servir uniquement à transmettre les directives du centre
et à mesurer la réalisation du plan. Les réformateurs se sont mis d'accord sur les points suivants : les
nouveaux prix doivent avoir une base solide, non-arbitraire ; ils doivent refléter les coûts ; ils doivent
s'adapter plus souplement à l'offre et à la demande ; les prix du marché mondial doivent se refléter
d'une manière ou de l'autre dans les prix intérieurs.
La première tâche consistait à choisir une formule de prix appropriée. Parmi les nombreuses variantes
possibles, les Hongrois ont adopté la formule de prix duaux qui est essentiellement un prix cost-plus,
proportionnant la valeur supplémentaire entre la main-d'œuvre et le capital employés au cours d'un
certain processus de production. L'adoption de ce modèle a pour corollaire .l'organisation d'une
comptabilité plus précise des coûts de production, incluant le montant de l'amortissement, les coûts du
capital et de main-d'oeuvre et les charges.
Par le biais de cette évaluation plus précise des coûts, la formule de prix duaux peut se rapprocher des
prix de rareté ; mais ces prix manquent encore de souplesse et sont déterminés par l'offre. Des prix
planométriques ou « prix- témoins » représentent une alternative possible. Dérivés de la résolution d'un
modèle économique optimal, ils refléteraient et les préférences du planificateur et les réalités
économiques. Les Hongrois ont énormément travaillé la question ■ mais les obstacles bureaucratiques
et pratiques ont empêché jusqu'ici la pleine adoption de ces prix. On a utilisé les techniques
planométriques pour prévoir les conséquences des diverses formules de prix, pour aider les autorités
centrales et les directeurs d'entreprises à fixer les prix et pour analyser l'écart entre les prix courants et
les prix « idéaux ».
Pour obtenir l'élasticité et la sensibilité aux conditions du marché sans sacrifier le contrôle du centre sur
les secteurs vitaux de l'économie, les Hongrois ont fait appel à un système pragmatique de prix mixtes,
comprenant des prix fixes, maximum, limite et libres. La proportion de biens obéissant à chaque
catégorie de prix est fonction de l'importance du bien, du degré de concentration de l'industrie, de
l'existence de substituts. Le nombre de prix fixés rigidement devrait décroître à mesure que la
décentralisation de l'économie et la compétitivité se développeront.
Le danger d'une réinstauration des contrôles centraux et le caractère monopoliste d'une part importante
de l'industrie hongroise sont les principaux obstacles au développement de cette nouvelle structure et,
en fait, les prix déterminés par le marché se sont accrus moins rapidement qu'il n'était prévu à l'origine.
Néanmoins, la conception de la réforme des prix a été préservée, les prix et les coûts sont plus
symétriques et les diverses catégories de prix ne sont plus isolées les unes des autres.
Abstract
The Price Reform in Hungary.
Marx considered price not as a vital economic phenomenon but rather as an artificial attribute of a
commodity. As part of the current economic reforms, Eastern' European planners are recognizing thatprice is an essential variable in a system of decentralized management. Only Hungary, however, has to
date introduced a new price structure that transcends the usual revisions in response to changing cost
conditions.
The pre-reform Hungarian price structure was typical of that in a command economy of the physical
planning variety, with prices — and financial relationships in general — subservient to the centralized schema. Industrial wholesale, consumer or retail, agricultural, and foreign trade prices existed
as independent strata, with no mechanism linking them and emanating more from the political than from
economic environment. In terms of the goals specified for them, the prices were reasonably successful;
however, the goals themselves were deficient. Price reforms were introduced in Hungary on January 1,
1968 as the centerpiece of the New Economic Mechanism. To achieve the major objectives of the
N.E.M. (decentralized management, the optimum development of foreign trade, increased influence of
demand on production decisions) it was imperative that prices reflect economic realities and serve as
operative signals. No longer could they function merely as devices to transmit central directives and
measure plan fulfillment. The reformers agreed on the following: the new prices must have a sound,
non-arbitrary basis; prices must reflect cost conditions; they must respond more flexibly to supply and
demand; world market prices must somehow be mirrored in domestic prices.
The initial task was to choose an appropriate price formula. From among the numerous variants, the
Hungarians have accepted the "dual channel" formula, essentially a cost-plus price that apportions
surplus value between the labor and capital employed in a certain production process. As a corollary to
the acceptance of this format, a more accurate accounting of costs was undertaken,
including the ressessment of amortization allowances, capital and labor costs, and rent.
Through this more precise evaluation of costs, the dual channel format can approximate scarcity prices;
but these prices still lack flexibility and are supply determined. Planometric, or "shadow" prices are a
possible alternative. Derived through the solution of an optimal economic model, they would reflect both
planners' preferences and economic realities. Considerable work has been done in Hungary with such
prices, but bureaucratic and practical obstacles have prevented their full adoption. Planometric
techniques have been used to predict the consequences of various price forms, to assist central
planners and enterprise managers in setting prices, and to analyze the deviation of actual from "ideal"
prices.
To obtain the desired flexibility and responsiveness to market conditions, without sacrificing central
control over vital areas, the Hungarians have resorted to a pragmatic, mixed price system, consisting of
fixed, maximum, limit, and free prices. The proportion of goods in each category varies according to the
importance of the commodity, the degree of concentration of the industry, the availability of substitutes.
The number of rigid prices is projected to decrease as the economic decentralization progresses and as
competitiveness increases.
The danger of the reimposition of central controls and the monopolistic nature of much of Hungarian
industry are the major obstacles to the evolution of this new structure, and in fact the proportion of
market determined prices has inc

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