Le développement d une pédagogie du français langue étrangère : les pronoms relatifs en qu- dans les grammaires à l usage des anglophones - article ; n°1 ; vol.139, pg 59-72
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Le développement d'une pédagogie du français langue étrangère : les pronoms relatifs en qu- dans les grammaires à l'usage des anglophones - article ; n°1 ; vol.139, pg 59-72

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Langue française - Année 2003 - Volume 139 - Numéro 1 - Pages 59-72
Douglas KIBBEE, « The development of a pedagogy of French as foreign language: the relative pronoun with qu- in grammars for the usage of English speakers ». The French language retained its prestige in England even as its range of functions diminished in English law and other administrative institutions. The first grammars and orthographical treatises of French were composed for an English audience in the 14th and 15th centuries, and the first printed grammars of French in the late 15th and early 16th century were likewise for insular readers. In these printed grammars the category of 'relative pronoun' might include what today are termed locative, possessive, partitive, interrogative, demonstrative and personal pronouns. The description of the qu- forms was sometimes scanty in the early grammars, but expanded rapidly in the 17th century, under the influence of continental works. Given the pedagogical utility of comparison, those features that distinguished French from English usage in this area, such as animacy, received special attention.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Douglas Kibbee
Le développement d'une pédagogie du français langue
étrangère : les pronoms relatifs en qu- dans les grammaires à
l'usage des anglophones
In: Langue française. N°139, 2003. pp. 59-72.
Abstract
Douglas Kibbee, « The development of a pedagogy of French as foreign language: the relative pronoun with qu- in grammars for
the usage of English speakers ».
The French language retained its prestige in England even as its range of functions diminished in English law and other
administrative institutions. The first grammars and orthographical treatises of French were composed for an English audience in
the 14th and 15th centuries, and the first printed grammars of French in the late 15th and early 16th century were likewise for
insular readers. In these printed grammars the category of 'relative pronoun' might include what today are termed locative,
possessive, partitive, interrogative, demonstrative and personal pronouns. The description of the qu- forms was sometimes
scanty in the early grammars, but expanded rapidly in the 17th century, under the influence of continental works. Given the
pedagogical utility of comparison, those features that distinguished French from English usage in this area, such as animacy,
received special attention.
Citer ce document / Cite this document :
Kibbee Douglas. Le développement d'une pédagogie du français langue étrangère : les pronoms relatifs en qu- dans les
grammaires à l'usage des anglophones. In: Langue française. N°139, 2003. pp. 59-72.
doi : 10.3406/lfr.2003.6492
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2003_num_139_1_6492Douglas KiBBEE
University of Illinois at Urbana-Champaign
LE DEVELOPPEMENT D'UNE PEDAGOGIE
DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE :
LES PRONOMS RELATIFS EN QU-
DANS LES GRAMMAIRES
À L'USAGE DES ANGLOPHONES
1. Introduction
Miège, dans sa grammaire du français The Grounds of the French Tongue (1687,
p. 63), décrit le pronom comme « an intricate and perplexing Part of Speech ».
Parmi les pronoms, les formes en qu- s'avèrent des plus compliquées et des plus
difficiles. Les grammairiens des XVIe et XVIIe s. rangent les formes en qu- sous la
rubrique 'pronoms relatifs', une catégorie où l'on trouvera, à cette époque, les
pronoms compléments d'objet direct (le, la, les), les pronoms locatifs et 'génitifs'
(y, en, dont), les pronoms/adjectifs interrogatifs (quel, quels, quelle, quelles aussi
bien que qui, que interrogatifs), et parfois les pronoms sujets de la troisième
personne (il, elle, on, ils, elles), et même les démonstratifs (celui, celle). Pour les
grammairiens de l'époque, l'élément essentiel de la définition du pronom relatif
est l'anaphore : le relatif réfère à un substantif, ou parfois à une proposition.
1.1. Aspects de la description grammaticale des pronoms en qu-
Les auteurs de manuels considèrent les pronoms en qu- selon plusieurs
perspectives :
• leur place dans l'histoire des langues humaines
• leur morphologie dérivationnelle (primitive, derivative)
•flexionnelle (variable /invariable ; réflexion du nom qu'ils
remplacent), ce qui mène à des notions d'accord
• leur fonction syntaxique dans la phrase (anaphorique et conjonctive) ;
notion de cas
• la nature de l'antécédent (humain, non-humain ; abstrait, concret ; subst
antif, proposition)
• leur traduction : comment représenter ces formes dans une autre langue,
soit le latin, soit un vernaculaire moderne
• l'homonymie : quelles fonctions sont assurées par des formes identiques.
Ces points de vue, et les diverses motivations pour écrire une grammaire du
français, sont la source de la complexité de la catégorisation du pronom.
59 1.2. Les motivations pour écrire une description grammaticale du français
Les pour écrire une grammaire sont multiples :
1. 'Fixer' la langue. Le traducteur du psautier de Metz, au XVe sv se plaint :
Aucune fois li latin warde ses rigles de gramaire et ses congruitez et ordenances en
figures, en qualiteiz, en comparison, en persones, en nombres, en temps, en decli-
nesons, en causes, en muef et en perfection ; que on romans ne en françoiz on ne
peut proprement wardeit, pour les varieteiz et diversiteiz des languaiges et lou
deffault d'entendement de maint et plusour, qui plus souvent forment lour mos et
lour parleir a lour volenteit et a lour guise que a veriteit et au commun entende
ment. Et pour ceu que nulz ne tient en son parleir ne rigle certenne, mesure ne
raison, est laingue romance si corrumpue qu'a poinne li uns entent l'aultre, et a
poinne puet on trouveir a jour d'ieu persone qui saiche escrire, anteir ne pronon-
cieir en une meismes semblant menieire ; mais escript, ante et prononce li uns en
une guise et li aultre en une aultre.
Geofroy Tory reprend cette idée dans son appel que « quelque noble cœur
s'employât à mettre et ordonner par règle notre langage françois » (1529,
f. A iv r), et le premier à répondre à son appel est l'Anglais John Palsgrave.
2. Établir les correspondances entre le latin et le français. Une des façons de rendre
le français digne de traiter toutes les matières est de traduire du latin en fran
çais. Déjà au XIVe s. le programme de traduction entrepris avec le soutien du roi
Charles V a beaucoup contribué à la transformation de la langue française.
L'humanisme des XVe et XVIe s. a mis la au premier plan des activités
intellectuelles. La traduction était également la base de la pédagogie du latin, et
ainsi de la description du français, même si celui-ci ne faisait pas encore partie
du curriculum scolaire. De plus, puisque le latin scolaire était la langue interna
tionale de l'époque, la comparaison avec le latin sous-tend la description du
français, même si le latin n'est pas explicitement évoqué.
3. Établir les correspondances entre le français et une langue vivante. Les langues
vivantes ne figuraient pas, elles non plus, dans le programme des écoles, mais
la connaissance des langues vivantes, et notamment du français, était de
rigueur chez les jeunes nobles en Angleterre et sur le continent. Comme l'ense
ignement des langues vise les éléments qui distinguent la langue cible de la
langue de départ, les grammairiens dans cette tradition mettent en relief
certains aspects des pronoms relatifs qui illustrent ces contrastes.
Dans les grammaires que nous considérons dans cette contribution, fixer la
langue est une moindre préoccupation. Il aurait même été présomptueux qu'un
pédagogue étranger ose s'y lancer l ; ces grammairiens ont, à part John Pals-
grave, des buts plus pratiques.
1. C'est ainsi que Gilles Du Wes critique sans le nommer John Palsgrave, son collègue et rival à la
cour royale, trouvant qu'il est très difficile pour un « natif du diet langage » d'en composer des
règles « infallibles » (Du Wes 1532, f. A iii r-v).
60 1.3. La description grammaticale et l'enseignement du français en France
En France, dans cette période, l'apprentissage du français n'est qu'une petite
étape sur le chemin vers la maîtrise de la langue latine. L'enseignement élément
aire prépare les élèves à la première communion, tandis que l'éducation collé
giale concerne la formation de la raison, à chercher principalement dans les
textes latins. La prédominance du latin sera discutée au XVIIIe s., mais la
période qui nous concerne elle est incontestée.
Dans l'école française, l'élève n'apprend que le français nécessaire pour
traduire le latin, et ceci d'une façon non systématique. Rollin se plaint en 1730
de ce que :
II y a peu de personnes qui la sachent [la langue françoise] par principes. On croit
que l'usage seul suffit pour s'y rendre habile. Il est rare qu'on s'applique à en apro-
fondir le génie, & à en étudier toutes les délicatesses. Souvent on en ignore
jusqu'aux régies les plus communes... (1730, 1, p. 6).
Reconnaissant qu'on n'a pas encore écrit, au moment où il a composé son
traité, le manuel de grammaire nécessaire pour une telle formation, Rollin
souhaite que « l'on composât exprès pour eux une Grammaire abrégée, qui ne
renfermât que les régies & les réflexions les plus nécessaires » (ibid., p. 14).
La 'perfection' du français s'accomplit donc presque sans grammaire
destinée à ceux qui le parlent comme langue maternelle. Les grammaires du
XVIe s. de Meigret (1550), R

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