Le portrait dans la peinture ukrainienne (« Parsuna ») des XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°4 ; vol.1, pg 630-636
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le portrait dans la peinture ukrainienne (« Parsuna ») des XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°4 ; vol.1, pg 630-636

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 4 - Pages 630-636
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Platon Beleckij
Le portrait dans la peinture ukrainienne (« Parsuna ») des XVIIe
et XVIIIe siècles
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°4. Juillet-décembre 1960. pp. 630-636.
Citer ce document / Cite this document :
Beleckij Platon. Le portrait dans la peinture ukrainienne (« Parsuna ») des XVIIe et XVIIIe siècles. In: Cahiers du monde russe
et soviétique. Vol. 1 N°4. Juillet-décembre 1960. pp. 630-636.
doi : 10.3406/cmr.1960.1447
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1960_num_1_4_1447CHRONIQUES
LE PORTRAIT
DANS LA PEINTURE UKRAINIENNE
(PARS UNA)
DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
II est difficile de surestimer le rôle des Ukrainiens et du « facteur ukrainien »
dans la culture russe des temps modernes. Mais si des noms d'écrivains comme
Gogol et de Sevčenko jouissent d'une renommée mondiale, l'œuvre des peintres
ukrainiens des xvne et xvine siècles (et notamment de portraitistes) est peu
connue. Dans cette œuvre, le portrait, appelé la parsuna, revêt un style particul
ier par le pittoresque de sa composition poétique. Aussi nous proposons-nous
de mettre en lumière quelques-unes des manifestations de cet art mal connues
ou peu étudiées jusqu'à ce jour.
Les terres de la Russie méridionale, rattachées au xive siècle au royaume de
Pologne, ont fourni à ce pays un grand nombre de peintres de talent. En 1393-
1394, des peintres russes — dont le principal était un certain Vladyka — furent
invités à se rendre à Cracovie pour décorer l'église de la Croix située sur le Mont
Chauve, ainsi que la chambre à coucher du roi Jagello. Ce même monarque
confia au peintre russe Gai, en récompense de ses tableaux, la riche paroisse
de Peremyšl. Les fresques du xve siècle, dans la chapelle de la Trinité du château
de Ljublin, sont signées du peintre russe André. Leur style, bien que d'inspira
tion à la fois byzantine et gothique, revêt un caractère nettement original1. Il
se distingue par une liberté de composition inhabituelle et un coloris harmonieux.
L'une des fresques représente Jagello et deux courtisans, vénérant la Vierge.
Contrairement aux portraits russes du xie siècle (tableau de la famille princière
sur les murs de Sainte-Sophie de Kiev, sur les miniatures de Ylzbornik de Svja-
toslav et du Codex de Gertrude*), l'œuvre d'André étonne par sa volonté de repro
duire exactement les traits particuliers de Jagello. Ce même point de vue se
retrouve plus tard dans le portrait ukrainien du xvie siècle. Le centre artistique
de l'époque fut la Galicie, et plus spécialement Lvov. Si les icônes de cette
période se rattachaient encore ou moins à la tradition byzantine, en revan-
1 Pour la documentation relative aux œuvres des Ukrainiens en Pologne aux
xive-xve siècles, cf. : M. Gruševska, PriČinki do istorii ruskoj študi v davnij
Pol'si, Lvov, 1903 ; N. Gruševskij, Istorija Uhraini-Rusi, t. VI, Kiev-Lvov,
pp. 371-372 ; Rastawiechi, Spominki history czne i arty sty czne, Bibliotéka Wars-
zawska, 1852, III, p. 556 ; Serockij, OČerki po istorii dekorativnogo iskusstva
Ukrajny, I, Kiev, 1914, pp. 7-8.
2 Cf. N. P. Kondakov, Peinture de la famille princière russe dans les miniatures
du XIe siècle, Saint-Pétersbourg, 1906. PORTRAIT DANS LA PEINTURE UKRAINIENNE 63I LE
che, les portraits se rapprochaient par leur style de l'art italien du début de la
Renaissance. Il en est ainsi du portrait de Nastia Lisovska, connue en Europe
sous le nom de Roxelane (c'est-à-dire littéralement « Russe »). Cette jeune fille
eut une destinée exceptionnelle, et maintes légendes naquirent à son sujet dans
son pays ; quant à ses portraits imaginaires, on peut les voir dans les galeries
de châteaux et sur les iconostases d'humbles églises villageoises. Fille d'un prêtre
du village de Rogatine, elle fut enlevée par les Tatars et amenée dans le harem
du Sultan turc en 1504, où sa renommée fut celle de la femme la plus influente
de toute l'histoire turque3. Le portrait que nous reproduisons ici (hors-texte n° 3),
est peint à la détrempe sur une planche de sapin, et appartient au Musée histo
rique de Lvov.
Les peintres russes, comme on peut en conclure d'après l'archevêque Soli-
kovskij de Lvov, ont régné presque sans partage jusqu'à la fin du xvie siècle
sur la vie artistique de la ville. Mais, en 1596, l'accès à la corporation des peintres
et le monopole de la décoration des églises (catholiques) leur furent catégorique
ment interdits. Le « privilège » octroyé à cette époque à la des peintres
catholiques porte ces mots de Solikovskij : « On ignore à quelle époque malhonn
ête est née la malice rusée des schismatiques, de même que leur tendance à
peindre des icônes non pas tant pour leur sujet qu'à des fins vénales. Ils ont
poussé l'impudence jusqu'à interdire aux catholiques tout accès à la peinture,
et les exclure de leur milieu »4. L'activité des peintres ukrainiens, dans le Lvov
du XVIIe siècle, s'est considérablement ralentie, se bornant presque exclus
ivement à exécuter les commandes de la confrérie orthodoxe de la paroisse de
l'église de l'Assomption. Des cryptes de cette église on retira des portraits extr
êmement vivants et exécutés à la perfection, portraits qui, à l'instar des cires
de Fayyum, ornaient les sépultures de notables et des membres de leurs familles.
La coutume de portraits « funéraires » se conserva jusqu'à la fin du xvnie siècle,
et fut courante, non seulement à Lvov, mais également dans toute la Volynie
et à Kiev. Les portraits de ce genre étaient peints à l'huile sur des plaques
métalliques et ne reproduisaient que le visage du défunt et, à en juger par leurs
traits spécifiques, de manière très ressemblante. Si les portraits « funéraires »
étaient exposés dans les églises, ils étaient peints sur bois ou sur toile, en buste
ou en pied, le plus souvent à proximité d'un guéridon portant un crucifix5. Il
existait aussi des icônes comportant le portrait du défunt représenté en prière
aux côtés de la Vierge. Ces œuvres étaient commandées non seulement par de
riches notables, mais également par de simples paysans. Le tableau de la jeune
Fedja Stefanikova (hors-texte n° 5), qui fut « rappelée à Dieu » à l'âge de quatre
ans, en 1668, conservé au Musée d'Art ukrainien de Lvov, peut servir d'exemple
de cet art malhabile, mais touchant.
Au xvne siècle, Lvov, par suite de l'éviction des orthodoxes, perdit graduel
lement de son importance passée en tant que centre de la vie artistique ukrai
nienne, cédant le pas à Kiev et aux villes de la rive gauche du Dniepr. Là, sou
tenu par l'élan du mouvement de libération conduit par de hardis Cosaques,
s'est épanoui l'art national ukrainien jusqu'au début du xixe siècle. Les œuvres
1 « Lamus », t. II, 1909- 1910, pp. 261-268. Concernant la corporation des peintres
de Lvov, cf. Mankowski, Lwowski cech malarzy w 16 i iy wieku, Lwow, 1936.
4 Cf. I. Boissardo, Vitae et icônes, sultanorum Turcicor, Frankfurt am Mein,
1596, p. 204 ; A. Krimskij, Istorija Tureccini, Kiev, 1924, pp. 186-193.
5 Tel par exemple, le portrait du notable et bienfaiteur de la Confrérie Constant
in Korniaktos, Grec d'origine, à l'apparence très imposante, dans un style rap
pelant en partie celui du Titien. Parallèlement à des tableaux aussi représent
atifs, nous en rencontrons de plus modestes, exécutés avec soin et élégance,
mais ne visant aucunement à embellir les traits du visage. 632 P. BELECKIJ
des « peintres cosaques » frappèrent un voyageur syrien qui se rendait à Moscou,
en passant par Kiev, en 1654 : « Les peintres cosaques », écrit-il, « empruntaient
la beauté de la peinture du visage et les couleurs des vêtements aux peintres
polonais et occidentaux ; ils reproduisaient maintenant des icônes orthodoxes
avec dextérité et maîtrise. Ils sont doués d'une grande habileté pour peindre
des physionomies ressemblantes »•. Selon cet auteur, il était même de tradition
à Kiev de faire le portrait de toute personne tant soit peu connue faisant son
apparition en ville. Mais nous connaissons seulement le nom d'un portraitiste
de Kiev du xvne siècle, et le titre d'une de ses œuvres, au demeurant fort int

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents