Le rôle de Rinaldo Orsini dans la lutte entre les papes de Rome et d Avignon (1378-1390) - article ; n°1 ; vol.49, pg 157-180
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Le rôle de Rinaldo Orsini dans la lutte entre les papes de Rome et d'Avignon (1378-1390) - article ; n°1 ; vol.49, pg 157-180

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1932 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 157-180
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Edmond-René Labande
Le rôle de Rinaldo Orsini dans la lutte entre les papes de Rome
et d'Avignon (1378-1390)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp. 157-180.
Citer ce document / Cite this document :
Labande Edmond-René. Le rôle de Rinaldo Orsini dans la lutte entre les papes de Rome et d'Avignon (1378-1390). In:
Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 49, 1932. pp. 157-180.
doi : 10.3406/mefr.1932.7227
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1932_num_49_1_7227ROLE DE RINALDO ORSINI LE
DANS LA LUTTE
ENTRE LES PAPES DE ROME ET D'AVIGNON
(1378-1390)
Des ennemis que rencontra Urbain VI au cours des luttes qu'il
soutint en Italie durant les onze années de son pontificat, il en est
peu qui aient été aussi acharnés que Rinaldo Orsini, comte de Ta-
gliacozzo. Une activité inlassable au service d'une très grande ambit
ion assura à ce dernier une situation territoriale et militaire consi
dérable, et l'on peut se demander à quel degré de puissance il se
serait élevé si, tout jeune encore, il n'eût été assassiné. Rinaldo Or
sini est le type achevé de ceux que l'on pourrait appeler les profiteurs
du schisme. Point de convictions, puisqu'il passa du service du pape
de Rome à celui de l'antipape. Son seul avantage, le seul accroiss
ement de sa propre puissance le guidèrent. Il est étonnant qu'un per
sonnage aussi marquant n'ait encore fait l'objet d'aucune monograp
hie : mon intention est de lui en consacrer une. Je donnerai ici, en
attendant, un rapide aperçu de son rôle politique et militaire durant
la lutte entre Clément VII et Urbain VI.
Rinaldo était fils d'Orso di Napoleone Orsini, des comtes de Ta-
gliacozzo, et d'Isabella Savelli1. Il fut appelé Rinaldo comme son
oncle, le cardinal Orsini. Son père étant mort entre le 29 juin et le
1 Pour sa généalogie, voir Litta, Famiglie celebri italiane, t. V, Or
sini, pi. XIX, corrigé par F. Savio, Rinaldo Orsini di Tagliacozzo, signore
d'Orvieto e gli Orsini di Tagliacozzo, di Licenza e dì Campodifiore (Boll,
della H. Depul . di Storia patria per l'Umbria, t. Ili [1897], p. 161-189). LE RÔLE DE RINALDO ORSINI 158
16 septembre 1360 {, Rinaldo devint comte de Tagliacozzo : il était,
en effet, l'aîné de ses deux frères. Il joignait à ce fief, vassal du
royaume de Naples, ceux de Vicovaro, Alto Santa Maria, Gastelvec-
chio, Scanzano2. De ses frères, l'un, Giacomo, devint cardinal-diacre
du titre de Saint-Georges au Vélabre3; l'autre, Giovanni, embrassa
comme Rinaldo la carrière des armes, et on le retrouvera souvent à
ses côtés.
Vassaux fidèles de la reine Jeanne Irc de Sicile, les Orsini de Ta
gliacozzo étaient aussi de dévoués serviteurs de l'Église romaine : les
premières fois que nous voyons Rinaldo combattre, c'est au service
de Grégoire XI*, et il fut de ceux qui, le jour où le pape rentra enfin
définitivement à Rome (17 janvier 1377), l'accompagnèrent solennel
lement depuis son débarquement à Saint-Paul-hors-les-Murs jusqu'à
Saint-Pierre3. La situation était loin d'être bonne en Italie pour
l'Eglise, qui n'était plus romaine que de nom. Depuis plusieurs an
nées déjà, Grégoire XI avait envoyé, contre les villes du Patrimoine
révoltées, des armées aux ordres notamment de John Hawkwood6
1 Rome, Archivio Capitolino dell'Urbe, Arch. Orsini, Π. Α ν. 33, 37.
Isabella Savelli se dit veuve dès le 16 septembre 1360, ce que n'a pas vu
Savio (op. cit., p. 172).
2 Arch. Orsini, II. Av. 44.
8 Le 30 mai 1371. Il fit partie de la première promotion de Grégoire XI
(Eubel, Hierarchia..., t. I, p. 21).
4 Lettre de Grégoire XI à un certain nombre de nobles italiens, dont
Rinaldo Orsini, sur la paix de l'Église, 1er décembre 1374 (Rome, Archi-
vum secretum apostolicum Vaticanum, Reg. Vat. 278, f. 197-198); idem,
sur la réduction de ceux qui refusent obéissance à la sainte Église r
omaine, 3 novembre 1375 (Ibid., Reg. Vat. 271, fol. 70, éd. ap. Theiner, Co
dex diplomalicus..., t. II, p. 569).
s « Die .xvij. januarii praefatus summus pontifex civitatem romanam
intravit, in cujus comitiva fuerunt nobiles viri comes de Fundis, cornes
de Nolle, Lucas et Colla fratres, Raynaldus de Ursinis, Giordanus, omnes
Romani, qui praelibatum dominum Papam sociarunt cum magno trium-
pho a sancto Paulo usque ad sanctum Petrum » (Chronicon Estense, ap.
Muratori, R. 1. S., éd. in-fol., t. XV, col. 499).
6 Voir J. Temple Leader et Gius. Marcotti, Giovanni Acido {Sir John
Hawkwood)... Florence, 1889, in-8°. DANS LA LUTTE ENTRI: LES PAPES DE ROME ET D'AVIGNON 159
et de Bernard de la Salle * ; la guerre ne cessa pas avec le retour de
la papauté. Rinaldo Orsini, que le pape avait fait recteur du duché
de Spolète, contribua à rétablir dans cette province la domination
pontificale. C'est ainsi que, l'hiver suivant, il prit part à la reprise
de Foligno2. Mais, quelques mois après ce fait d'armes, Grégoire XI
mourut (27 mars 1378). La double élection qui suivit allait inte
rrompre brusquement les tentatives de pacification faites jusque-là,
déchirer le monde chrétien durant un demi-siècle de schisme et pro
pager la guerre d'un bout à l'autre de l'Italie.
A l'archevêque de Bari, élu sous le nom d'Urbain VI le 9 avril
1378, les cardinaux citramontains ont, le 20 septembre, à Fondi, sur
les terres de la reine Jeanne, substitué l'un d'entre eux, le cardinal
Robert de Genève, qui prend le nom de Clément VII. Trois card
inaux italiens assistèrent à ce conclave sans y prendre part autrement
que par un silence qui fut considéré comme une approbation3 :
c'étaient Simone Brossano, cardinal de Milan, Pietro Corsini, cardi
nal de Florence, et Giacomo Orsini, le propre frère de Rinaldo. Pourt
ant, à ce moment, si le cardinal Orsini se déclara, tacitement tout
au moins, pour Clément VII, Rinaldo était urbaniste et le resta plu-
1 Paul Durrieu, Les Gascons en Italie, Auch, 1885, in-8°, p. 125 et
suiv.
2 Mantoue, Archivio storico Gonzaga, E esterni, Ν. XXV, η. 3, busta 839 :
« Conradus pater bone memorie quondam dominj Trincie de Fulgineo »
[Corrado Trincia], « cum gentibus ecclesie et cum Raynaldo de Ursinis
qui ad presene est retor (sic) provincie Spoletane recuperarunt civitatem
Fulginatum » (A. Segre, / dispacci di Cristo foro da Piacenza, procuratore
mantovano alla corte pontificia, 1371-1383, ap. Arch, storico italiano,
5e série, t. XL1V [1909], p. 268). Cet événement eut lieu dans les pre
miers jours de décembre 1377, au dire de l'auteur du Diario d'anonimo
fiorentino (éd. A. Gherardi ap. Documenti di storia italiana, t. VI [1876],
p. 345).
3 Noël Valois, La France et le grand schisme d'Occident, Paris, t. I
[18961, in-8°, p. 80. 160 LE RÔLE DE RINALDO ORSINT
sieurs mois encore. Il est hardi de prétendre, comme on l'a fait1, que
Rinaldo abandonna Urbain VI sans doute à l'instigation de son
frère : comme on va le voir, ce fut pour un motif d'intérêt purement
personnel, et les deux frères eurent une attitude parfaitement indé
pendante2.
Dès le 21 mai, le nouveau pape créait Rinaldo Orsini gouverneur
d'Orvieto3 et, peu de temps après, recteur du Patrimoine de Saint-
Pierre en Toscane, comme il l'annonçait aux gens d'Orvieto par un
bref du 16 septembre4. Cette promotion d'un fidèle serviteur de
l'Église romaine n'offrait rien de bien étonnant, mais il est permis
de penser que les relations tendues qui, dès les premiers jours, exis
tèrent entre le pape et ses cardinaux5 n'y furent pas étrangères, et
il est possible qu'Urbain VI ait voulu, en élevant Rinaldo, s'assurer
pour l'avenir l'appui du cardinal Orsini.
A peine installé à Orvieto, Rinaldo y assit solidement et résol
ument sa situation. Il y avait trouvé deux factions en présence, les
Muffati et les Mercorini : se rangeant immédiatement du côté des pre
miers, qu'il jugea les plus forts, il se créa des ennemis mortels en la
personne des Mercorini : les sentiments de ceux-ci nous sont bien
connus par la chronique de l'un de leurs chefs, Francesco, comte de
1 Savio, Rinaldo Orsini di Tagliacozzo... (Boll, della fì. deput. di sto
ria patria per l'Umbria, t. Ili [1897], p. 162).
2 Déclaration du cardinal Orsini à l'évêque de Vite.rbe : « Ipse |Urba-
nus] est verissime Papa » (Raynaldus, Annales ecclesiastici, t. VIT, p. 3

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