Le temps de l éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique - article ; n°2 ; vol.104, pg 585-610
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Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique - article ; n°2 ; vol.104, pg 585-610

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1992 - Volume 104 - Numéro 2 - Pages 585-610
Manuel Royo, Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique, p. 585-610. Le plan de la Rome antique, réalisé par l'architecte Paul Bigot dès 1904 et perfectionné jusqu'à la mort de celui-ci en 1942, est un exceptionnel témoignage qui combine approche artistique et scientifique. En tant que représentation, l'objet - une maquette de 75 m2 - résume toute une culture antiquisante qui, malgré un parti-pris chronologique, fait de la ville un lieu de mémoire intemporel. À un autre niveau, les valeurs symboliques qui lui sont attachées participent au mouvement politique et intellectuel qui accompagne le retour de Rome au statut de capitale. L'approche scientifique qu'entend mener P. Bigot est, du point de vue historiographique, tout aussi intéressante. Non seulement l'œuvre illustre les connaissances archéologiques de son temps, mais elle s'élabore à un moment clé de la (v. au verso) réflexion sur l'histoire des villes. À travers l'interprétation qu'en donne un de ses plus fervents défenseurs, l'architecte H. Lacoste, on saisit mieux le caractère ambigu d'une telle œuvre et la pluralité des lectures auxquelles elle est susceptible de se prêter.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Manuel Royo
Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome
antique
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 585-610.
Résumé
Manuel Royo, Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique, p. 585-610.
Le plan de la Rome antique, réalisé par l'architecte Paul Bigot dès 1904 et perfectionné jusqu'à la mort de celui-ci en 1942, est
un exceptionnel témoignage qui combine approche artistique et scientifique. En tant que représentation, l'objet - une maquette de
75 m2 - résume toute une culture antiquisante qui, malgré un parti-pris chronologique, fait de la ville un lieu de mémoire
intemporel. À un autre niveau, les valeurs symboliques qui lui sont attachées participent au mouvement politique et intellectuel
qui accompagne le retour de Rome au statut de capitale. L'approche scientifique qu'entend mener P. Bigot est, du point de vue
historiographique, tout aussi intéressante. Non seulement l'œuvre illustre les connaissances archéologiques de son temps, mais
elle s'élabore à un moment clé de la
(v. au verso) réflexion sur l'histoire des villes. À travers l'interprétation qu'en donne un de ses plus fervents défenseurs,
l'architecte H. Lacoste, on saisit mieux le caractère ambigu d'une telle œuvre et la pluralité des lectures auxquelles elle est
susceptible de se prêter.
Citer ce document / Cite this document :
Royo Manuel. Le temps de l'éternité, Paul Bigot et la représentation de Rome antique. In: Mélanges de l'Ecole française de
Rome. Italie et Méditerranée T. 104, N°2. 1992. pp. 585-610.
doi : 10.3406/mefr.1992.4227
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1992_num_104_2_4227MANUEL ROYO
LE TEMPS DE L'ÉTERNITÉ,
PAUL BIGOT ET LA REPRÉSENTATION
DE ROME ANTIQUE
A J.-Ch. Balty
«Je regarde une photographie panoramique de Rome que
j'ai prise au ras des charmilles élaguées de la Villa Médicis.
L'absence totale de lignes ascendantes dans ce panorama
urbain compact ramène à l'horizontalité de la ville anti
que, qui devait donner l'idée le plus souvent d'une coulée
monumentale, ajourée et cannelée à la manière de la
Chaussée des Géants, d'une strate architecturale venant
seulement épaissir de sa masse équarrie le roc nivelé».
J. Gracq, Autour des sept collines
Le nom de Paul Bigot est aujourd'hui bien oublié. Grand Prix de Rome
en 1900, l'architecte est cependant, avec son contemporain italien G. Mar-
celliani1, l'un des premiers à avoir tenté une restitution plastique de la
Rome antique antérieure à l'entreprise célèbre d'I. Gismondi. L'œuvre, un
plan-relief de près de 75 m2, est le résultat d'un patient travail de reconsti
tution entrepris dès son séjour à la Villa Médicis et auquel il consacra les
quarante années qui suivirent (fig. 1). La première version de son œuvre fut
achevée en vue de l'exposition archéologique de Rome en 1911 et saluée
alors comme un événement2. Elle servit de base à celles qui suivirent et fut
exposée au Salon d'architecture des artistes français de 1913 où elle obtint
la médaille d'honneur. Ce relief de plâtre, destiné dès l'origine à la Sor-
1 P. Ciancio-Rossetto, La «Roma di coccio» di Giuseppe Marcelliani, dans Bull.
Mus. Com. di Roma, 1990, p. 11-15; Giuseppe Marcelliani, «Restituito Urbis», dans
M. Fagiolo éd., Roma antica. (L'immagine delle grandi città italiane, 1), Lecce, 1991,
f». 35.
2 Catalogo della mostra archeologica nelle Tenne di Diocleziano. Esposizione in
ternazionale di Roma, Bergame, 1911, p. 181. P. Bigot, Rome antique au IV' siècle αρ.
J.-C, Paris, 1942, p. 6 (cité désormais Bigot 1942).
MEFRIM - 104 - 1992 - 2, p. 585-610. 586 MANUEL ROYO
bonne, fut, à la suite de la construction de l'Institut d'art à Paris par le
même Bigot, installé par lui au niveau supérieur du bâtiment. Endommag
ée au moment de la dernière guerre, la maquette servit encore ensuite à
l'enseignement de la topographie romaine avant de disparaître, semble-t-il,
complètement à la fin des années 60.
Après une première tentative, interrompue par la première guerre
mondiale, toute la partie sud du relief fut coulée en bronze dans les ateliers
de la maison Christofle entre 1923 et 1927, puis entreposée à l'Institut d'art
dès 1932 où elle est encore conservée. La même année 1913, P. Bigot réali
sait un exemplaire destiné à une exposition à Philadelphie. Un autre fut
présenté à l'exposition universelle de Paris en 1937. Enfin, à la mort de son
patron, l'architecte H. Bernard, son héritier, découvrit la matière de deux
maquettes complètes - sans doute celle de 1937 et une autre - et ce sont ces
deux dernières œuvres dont il fit don, l'une à Henry Lacoste pour les Mus
ées royaux d'art et d'histoire de Bruxelles, l'autre à l'université de Caen,
dont il fut chargé de la reconstruction au lendemain de la guerre3.
Bigot laissait en outre quelques rares articles4, qui témoignent impar
faitement de son inlassable intérêt pour l'archéologie et de ses recherches
en ce domaine. Afin de servir de présentation à la visite de la maquette, il
avait aussi écrit, dès 1911, une plaquette qu'il republia en 19335. Enfin, l'a
rchitecte fit paraître en 1942, l'année même de sa mort, un gros ouvrage où
il exposait sa méthode de reconstitution et qu'on ne peut ignorer si l'on
veut comprendre l'histoire et la signification de son œuvre majeure6.
En 1955, l'architecte belge, H. Lacoste7, animé par le désir de créer un
«musée d'architecture» dont la maquette de Rome fût l'embryon, prit pour
base la version du relief originellement conçue pour l'exposition univer-
3 H. Bernard, Paul Bigot, mon patron, dans Rome, l'espace urbain et ses r
eprésentations, Paris, 1991, p. 169; Pour P. Ciancio-Rossetto {La reconstitution de
Rome antique : du plan relief de Bigot à celui de Gismondi, ibid., p. 245 n. 18) le relief
de Caen serait celui destiné à l'exposition de 1937. Sur le bronze, cf. mon art. {La
pianta monumentale di Roma, p. 281 sq.), dans Roma antiqua, grandi edifici pubblici,
Rome, 1992.
4 P. Bigot, Recherche des limites du Grand Cirque, dans Bull. Comm., 36, 1908,
p. 241 sq.; Circus Maximus, dans MEFR, 28, 1908, p. 229 1908-1911; L'identification
d'un fragment du plan de marbre et la curie de Pompée, dans Bull. Com. , 1911, p. 81 sq.
5 P. Bigot, Reconstitution en relief de Rome antique, Paris, 1913 [2e éd. 1933] (dé
sormais cité Bigot 1913). L'ouvrage est directement issu d'une Notice sur le relief de
la Rome impénale, Rome, 1911, qui accompagnait le relief exposé lors de la Mostra
Archeologica.
6 Bigot 1942, p. 5-6.
7 J.-Ch. Balty, Henry Lacoste et l'archéologie : de l'architecture à l'urbanisme, PAUL BIGOT ET LA REPRÉSENTATION DE ROME ANTIQUE 587
selle de Paris en 1937 et conservée depuis à Bruxelles8. Il entreprit alors
d'en accentuer la présentation pédagogique et republia les principaux tex
tes de Bigot dans une plaquette présentant le relief. Or, si d'un certain
point de vue la maquette de Bigot appelle une exploitation didactique, elle
possède aussi d'autres caractères, artistiques, techniques et historiques,
que le texte de présentation de 1955 préféra ne pas développer.
Célèbre avant-guerre, le relief de Bigot, est emblématique d'une cer
taine démarche historique et d'une perception particulière de la ville à la
fin du siècle dernier, entre rêve urbain et réalité. La prétention, sans doute
propre au XXe siècle, d'en donner une représentation globale, différente de
ce qui est «plan», «plan-profil», «vue cavalière», ou «portrait» de villes, dis
tingue l'œuvre de l'architecte français et - d'une certaine manière - de ses
contemporains italiens, Marcelliani et Gismondi, du reste des images de
Rome9. L'architecte français est toutefois le seul à avoir écrit sur sa créa
tion. De ce fait l'analyse à laquelle se prêtent ces textes, les comparaisons
qu'ils suscitent avec la démarche de Lacoste, permettent de préciser l'ima
ginaire de sa vision urbaine dans un contexte où, au con

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