Les bolcheviks au Guilan - article ; n°3 ; vol.40, pg 459-495
39 pages
Français

Les bolcheviks au Guilan - article ; n°3 ; vol.40, pg 459-495

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
39 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 3 - Pages 459-495
Vladimir L. Genis. The Bolsheviks in Gilan: the overthrow of Kuchek Khan' s government. The Bolsheviks' arrival in northern Persia and the overthrow of Kuchek Khan's government in June and July 1920 are among the most dramatic episodes of the Gilan revolution of 1920-1921. First, the stationing of a red squadron in the Caspian sea port of Anzali together with the evacuation of the British garrison from Rasht, the capital of the Gilan province, had led to the proclamation on June 14, 1920 of the Soviet Republic of Persia, whose head was Mirza Kuchek Khan, the leader of the Jangali nationalist partisans group. Moscow's intention was to set up a Soviet-type government without imposing a social revolution because it wanted to avoid the Jangalis' withdrawal from the struggle for national liberation. Thus, by supporting this revolution, the government of the RSFSR was seeking less a sovietization of the shah's empire than a way of pressuring the British government with the threat of a red expansion in Asia in order to bring Moscow and London to the negotiating table. At stake was the raising of the British embargo on the RSFSR in exchange for the cessation of the Russian offensive in the East. However, local communists opposed this façade Sovietization and fomented a plot against the bourgeois democrat Kuchek Khan. They successfully overthrew his government and replaced it with a puppet Re v kom which attempted to set up a land expropriation policy. This Revkom was able temporarily to remain in power thanks only to reinforcements in Russian and Azerbaijanian troops. The de facto occupation of Gilan, the population's hostility as well as a series of defeats on the front obliged Moscow to start negotiations with the shah's government. These negotiations led to the Soviet-Persian agreement of February 26, 1921, the evacuation of Russian troops, and the end of the Gilan Republic.
Vladimir L. Genis. Les bolcheviks au Guilan. La chute du gouvernement de Koutchek Khan (juin-juillet 1920). L'arrivée des bolcheviks au nord de la Perse et le renversement du gouvernement de Koutchek Khan, en juin et juillet 1920, comptent parmi les épisodes les plus dramatiques de la révolution au Guilan de 1920-1921. L'envoi d'une escadre rouge dans le port caspien d'Anzali et l'évacuation de la garnison britannique de Rasht, capitale de la province du Guilan, avaient abouti, dans un premier temps, à la proclamation, le 4 juin 1920, de la « République soviétique de Perse » avec à sa tête le chef des partisans nationalistes djangali, Mirza Koutchek Khan. Moscou avait l'intention d'installer un gouvernement de « type soviétique » mais sans imposer de révolution sociale car elle voulait éviter que les djangali ne se retirent du combat pour la libération nationale. Ainsi, en apportant son soutien à cette révolution, le gouvernement de la RSFSR, cherchait moins à soviétiser l'empire du shah qu'à exercer, en agitant la menace de « l'expansion rouge » en Asie, une pression sur le gouvernement britannique afin d'aboutir à un « marchandage diplomatique » entre Moscou et Londres. Il s'agissait d'obtenir des Anglais la levée du blocus économique de la RSFSR en échange de l'arrêt de l'offensive russe en Orient. Toutefois, les communistes locaux étaient opposés à cette « soviétisation de façade » et ils fomentèrent un complot contre le « démocrate bourgeois » Koutchek Khan. Ils réussirent à renverser son gouvernement et à le remplacer par un Revkom fantoche qui tenta de mettre en place une politique d'expropriation des terres. Seul le renfort en troupes russes et azerbaïdjanaises permit à ce Revkom de se maintenir, pour un temps, au pouvoir. L'occupation de fait du Guilan, l'hostilité de la population et les défaites sur le front obligèrent Moscou à entamer des pourparlers avec le gouvernement du shah. Ils conduisirent à l'accord soviéto-perse du 26 février 1921, à l'évacuation des troupes russes et à la fin de la République du Guilan.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Vladimir L. Genis
Olga Pichon-Bobrinskoy
Les bolcheviks au Guilan
In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants. Vol. 40 N°3. pp. 459-495.
Citer ce document / Cite this document :
Genis Vladimir L., Pichon-Bobrinskoy Olga. Les bolcheviks au Guilan. In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe,
Union soviétique, États indépendants. Vol. 40 N°3. pp. 459-495.
doi : 10.3406/cmr.1999.1012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_1252-6576_1999_num_40_3_1012Abstract
Vladimir L. Genis. The Bolsheviks in Gilan: the overthrow of Kuchek Khan' s government. The
Bolsheviks' arrival in northern Persia and the overthrow of Kuchek Khan's government in June and July
1920 are among the most dramatic episodes of the Gilan revolution of 1920-1921. First, the stationing
of a red squadron in the Caspian sea port of Anzali together with the evacuation of the British garrison
from Rasht, the capital of the Gilan province, had led to the proclamation on June 14, 1920 of the
"Soviet Republic of Persia," whose head was Mirza Kuchek Khan, the leader of the Jangali nationalist
partisans group. Moscow's intention was to set up a "Soviet-type" government without imposing a social
revolution because it wanted to avoid the Jangalis' withdrawal from the struggle for national liberation.
Thus, by supporting this revolution, the government of the RSFSR was seeking less a sovietization of
the shah's empire than a way of pressuring the British government with the threat of a "red expansion"
in Asia in order to bring Moscow and London to the negotiating table. At stake was the raising of the
British embargo on the RSFSR in exchange for the cessation of the Russian offensive in the East.
However, local communists opposed this "façade Sovietization" and fomented a plot against the
"bourgeois democrat" Kuchek Khan. They successfully overthrew his government and replaced it with a
puppet Re v kom which attempted to set up a land expropriation policy. This Revkom was able
temporarily to remain in power thanks only to reinforcements in Russian and Azerbaijanian troops. The
de facto occupation of Gilan, the population's hostility as well as a series of defeats on the front obliged
Moscow to start negotiations with the shah's government. These negotiations led to the Soviet-Persian
agreement of February 26, 1921, the evacuation of Russian troops, and the end of the Gilan Republic.
Résumé
Vladimir L. Genis. Les bolcheviks au Guilan. La chute du gouvernement de Koutchek Khan (juin-juillet
1920). L'arrivée des au nord de la Perse et le renversement du gouvernement de Koutchek
Khan, en juin et juillet 1920, comptent parmi les épisodes les plus dramatiques de la révolution au
Guilan de 1920-1921. L'envoi d'une escadre rouge dans le port caspien d'Anzali et l'évacuation de la
garnison britannique de Rasht, capitale de la province du Guilan, avaient abouti, dans un premier
temps, à la proclamation, le 4 juin 1920, de la « République soviétique de Perse » avec à sa tête le chef
des partisans nationalistes djangali, Mirza Koutchek Khan. Moscou avait l'intention d'installer un
gouvernement de « type soviétique » mais sans imposer de révolution sociale car elle voulait éviter que
les djangali ne se retirent du combat pour la libération nationale. Ainsi, en apportant son soutien à cette
révolution, le gouvernement de la RSFSR, cherchait moins à soviétiser l'empire du shah qu'à exercer,
en agitant la menace de « l'expansion rouge » en Asie, une pression sur le gouvernement britannique
afin d'aboutir à un « marchandage diplomatique » entre Moscou et Londres. Il s'agissait d'obtenir des
Anglais la levée du blocus économique de la RSFSR en échange de l'arrêt de l'offensive russe en
Orient. Toutefois, les communistes locaux étaient opposés à cette « soviétisation de façade » et ils
fomentèrent un complot contre le « démocrate bourgeois » Koutchek Khan. Ils réussirent à renverser
son gouvernement et à le remplacer par un Revkom fantoche qui tenta de mettre en place une politique
d'expropriation des terres. Seul le renfort en troupes russes et azerbaïdjanaises permit à ce Revkom de
se maintenir, pour un temps, au pouvoir. L'occupation de fait du Guilan, l'hostilité de la population et les
défaites sur le front obligèrent Moscou à entamer des pourparlers avec le gouvernement du shah. Ils
conduisirent à l'accord soviéto-perse du 26 février 1921, à l'évacuation des troupes russes et à la fin de
la République du Guilan.DOSSIER
VLADIMIR L. GENIS
LES BOLCHEVIKS AU GUILAN
La chute du gouvernement de Koutchek Khan
La république socialiste soviétique de Perse fut proclamée le 4 juin 1920 dans
la ville de Rasht, centre administratif de la province maritime du Guilan de
l'Empire du shah, abandonnée par les Anglais. Cette proclamation était la consé
quence de l'expédition de l'escadre bolchevique dans le port persan d'Anzali dont
le but était le retour des navires de la flotte de l'Armée blanche de la Caspienne qui
y avaient été emmenés sous la protection des canons britanniques. Le gouverne
ment et le Conseil militaire révolutionnaire ( Revvoensovet - Revoljucionnyj voen-
nyj sovet) furent placés sous l'autorité de Г ultra-religieux Mirza Koutchek Khan,
qui était tenu, même par ses ennemis, pour un « idéaliste honnête et
consciencieux » et un « patriote sincère » ' . Il était le chef des insurgés djangali qui,
depuis de nombreuses années, luttaient dans les épaisses forêts du Guilan (le djan-
gal) contre les forces d'occupation, d'abord tsaristes puis - après le coup d'État
d'Octobre en Russie - britanniques.
Après avoir conclu, dans l'intérêt de la libération de la patrie de l'oppression
étrangère, une alliance militaire avec les bolcheviks et croyant en leur promesse de
ne pas intervenir dans les affaires du pays, Koutchek Khan se décida, « le cœur
serré » (d'après l'aveu de B. Abukov, commissaire des unités de débarquement de
la flotte Volga-Caspienne), « de suivre la proposition du commissaire de la Flotte,
[F. F.] Raskol'nikov et de proclamer « la République socialiste de Perse »2.
1 . Denstervil'. Britunskij imperjulizm v Baku i Persii. 19I7-191H. Vospominanija (L'impéria
lisme britannique à Bakou et en Perse. Mémoires ). Tiflis. 1425. p. 24. Sur Koutchek Khan et sur
les djangali. voir aussi : С Chaquen. The Soviet Socialist Republic of Iran 1920-1921.
Birth of the trauma. Pittsburgh - Londres. 1995.
2. RCHIDNI. f. 544. op. 3. d. 44, II. 4-5. V. L. Genis. <• Borševiki v Giljane : provo/glašenie
Persidskoj sovetskoj respubliki » (Les Bolcheviks au Guilan : la prtxlamation de la République
sov iétique perse). Voprosy istorii, 1 . 1999, pp. 64-82.
Cahiers du Monde /us.se. 40/3. Juillet-septembre 1999. pp. 459-496. 460 VLADIMIR L. GENIS
Un an plus tard, en se souvenant de cette « petite expédition », dont L'objectif
militaire était de nettoyer la mer Caspienne de l'Armée blanche et qui avait, au bout
du compte, soulevé la « grande » question des relations avec les insurgés du Gui-
lan. le chef du bureau caucasien du Comité central (CC) du Parti communiste de
Russie (PCR(b)), Sergo Ordžonikidze, reconnut que, pour les dirigeants de la
RSFSR. il était évident « qu'il n'y avait aucun prolétariat en Perse », que la
« paysannerie était attardée, obtuse et passive » et qu'en exprimant les intérêts de la
bourgeoisie marchande, le mouvement de Koutchek Khan était un mouvement de
libération nationale. « Nous savions, poursuivait Sergo. que cette bourgeoisie
nationale haïssait le communisme encore plus que les Anglais. Mais il fallait que
nous soutenions ce mouvement contre les Anglais, sans pour autant effrayer ces
groupements par le spectre rouge du communisme »\
Du reste, avant ses négociations avec les chefs djangnli, Ordžonikidze comptait
fortement sur leur radicalisme. Il pensait déjà. « en appuyant Koutchek Khan et les
communistes persans, pouvoir proposer à Moscou de proclamer le pouvoir sovié
tique, d'occuper les villes les unes après les autres et de chasser les Anglais » (dans
un télégramme du 23 mai. modérant ses ardeurs, il appela à « combattre pour le
pouvoir soviétique et à chasser les Anglais »). Malheureusement, la rencontre avec
Koutchek Khan à Anzali sur le paquebot Kursk montra que l'espoir d'une
« soviétisation » rapide de la Perse était illusoire. Déçu, Ordžonikidze

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents