Les échanges maritimes dans l Empire ottoman au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.39, pg 177-188
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1985 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 177-188
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Daniel Panzac
Les échanges maritimes dans l'Empire ottoman au XVIIIe siècle
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°39, 1985. pp. 177-188.
Citer ce document / Cite this document :
Panzac Daniel. Les échanges maritimes dans l'Empire ottoman au XVIIIe siècle. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°39, 1985. pp. 177-188.
doi : 10.3406/remmm.1985.2073
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1985_num_39_1_207339, 1985-1 R.O.M.M.,
LES ÉCHANGES MARITIMES
DANS L'EMPIRE OTTOMAN AU XVIIIe SIÈCLE
par
Daniel PANZAC
Si l'on connaît assez bien maintenant les facteurs politiques, administratifs et re
ligieux qui assurent, au XVIIIe siècle, la cohésion de l'Empire ottoman, il me semble
que le facteur économique soit quelque peu négligé. Or ce vaste ensemble politique
est également un espace économique qui englobe toute la Méditerranée orientale et
s'étend sur la majeure partie méridionale de la Méditerranée occidentale. Les rela
tions maritimes jouent donc un rôle considérable dans les échanges pratiqués entre
les provinces de l'Empire, contribuant ainsi au maintien de l'unité de celui-ci.
Connaître les moyens, les méthodes et les acteurs de cette activité, tels sont les
objets de ma recherche.
Le trafic maritime vu par les consuls de France :
On sait que l'Empire ottoman est principalement baigné par la Mer Rouge, la
Mer Noire et la Mer Blanche, nom turc de la Mer Egée. Pendant la plus grande partie
du XVIIIe siècle, les deux premières sont à peu près exclusivement fréquentées par les
seuls navires à équipage musulman. Il n'en va pas de même pour la troisième, de loin
la plus importante, où les bâtiments européens sont très actifs, y compris dans les rela
tions entre les différentes échelles du Levant et de Barbarie assurées pour le compte
d'affréteurs ottomans, activité qui porte le nom de caravane maritime.
Évaluer l'importance de ce trafic et la part relative des différents pavillons
dépend avant tout de statistiques fiables, fort rares bien sûr pour cette époque. Il en
existe toutefois, d'origine française, pour le port d'Alexandrie à la fin du XVIIIe siècle.
Tableau I — Le trafic portuaire d'Alexandrie à la fin du XVIIIe siècle
(nombre de bâtiments) (1)
1782 1785 Pavillon A rnvées Départs Arrivées Départs
Français 37 31 113 102
Impérial 2 1 6 4
Vénitien 67 64 66 63
Ragusain 41 39 103 108
Suédois 1 1
6 16 Russe 6 16
Ottoman 370 309 309 373
Total 527 512 613 602 178 D. PANZAC
En 1782, 1039 navires sont entrés ou sortis du port d'Alexandrie : 743, soit 71,4%
au total, battent pavillon ottoman et 296, soit 28,6% sont européens. Cette considéra
ble supériorité numérique des bâtiments turcs et assimilés (grecs et maghrébins) est
pourtant trompeuse (2). Elle est d'abord liée aux circonstances : l'insécurité due à la
guerre d'indépendance des États-Unis limite les mouvements des navires européens,
surtout les français. La guerre se termine en 1783 ; en 1785, on constate un recul nota
ble des navires ottomans qui ne sont plus que 618 et une progression considérable des
européens qui sont 597, soit trois cents de plus. Il y a désormais quasi égalité.
Mais plus que le nombre de navires compte la valeur de la cargaison : or celle-ci
varie très fortement selon les destinations, et les provenances des navires.
Tableau II — Valeur moyenne des cargaisons à Alexandrie en 1782
Importations Exportations
valeur glob. valeur glob. valeur moy. nombre de valeur nombre de (en livres (en livres delà navires moyenne navires cargaison tournois) tournois)
Europe 6 677 748 42 158 994 S 008 470 44 113 828
Régence d'Alger 1 375 000 2 0 1 1 375 000
Rég. de Tunis 1549 055 25 61962 1 500 000 12 125 000
Rég. de Tripoli 145 693 14 10 406 275 000 12 22 750
Crète 355.620 32 11113 711000 42 16 928
Albanie 112 200 11 10 200 11000 2 5 500
Péloponnèse 9 000 3 3 000 47 500 4 11875
Salonique 3 500 000 54 64 814 2 168 000 38 57 052
Istanbul 2 360 000 23 102 608 8 265 000 59 140 078
Smyrne 1 570 000 24 65 458 42 91142 3 ' 828 000
264 4 988 540 000 Rhodes-Caramanie 1317 000 222 2 432
Chypre-Syrie 77 746 33 2 355 99 000 34 2911
Les résultats présentés ici le sont à titre indicatif car il y a sûrement bon nombre
de cas particuliers comme le suggère l'exemple de la Régence d'Alger : les 2 navires
qui en arrivent sont vides, par contre, celui qui s'y rend transporte une cargaison d'une
valeur exceptionnelle : 1 375 000 livres ! Néanmoins lorsque les calculs portent sur
plusieurs dizaines de bâtiments, la valeur moyenne obtenue reflète assez fidèlement
la qualité et l'importance des relations commerciales entre Alexandrie et les autres
ports de la Méditerranée.
Il y a tout d'abord les liaisons privilégiées : l'Europe, Istanbul, Tunis, Smyrne et
Salonique fournissent des cargaisons supérieures à 50 000 livres, voire à 100 000 livres.
Tripoli de Barbarie, la Crête, l'Albanie, le Péloponnèse à l'exportation, assurent un
fret de moindre valeur, entre 5 000 et 20 000 livres. Enfin Chypre, la Syrie et la
Caramanie n'offrent que des cargaisons très modestes, inférieures à 5 000 livres, voire
même à 2 500 livres. La réduction de moitié de la valeur de la cargaison expédiée vers
la Caramanie par rapport à celle qui en provient signifie probablement qu'une bonne
partie des navires s'y rendent à vide. ÉCHANGES MARITIMES DANS L'EMPIRE OTTOMAN 179
Tableau III - Trafic du port d'Alexandrie à la fin du XVIIIe siècle :
répartition géographique
1782 1785
total bât. europ. bât. ott. total bât. europ. bât. ott.
Europe 86 0 67 67 0 86
Régence d'Alger 3 3 0 6 6 0 de Tunis 37 37 0 16 14 2
Régence de Tripoli 26 12 14 9 9 0
Crète 74 23 51 87 33 54
Albanie 13 7 6 1 1 0
Péloponnèse 7 3 4 17 13 4
Salonique 34 92 23 69 73 39
Istanbul 82 12 70 82 40 42
Smyrne 66 40 26 91 71 20
Rhodes-Caramanie 486 35 451 609 189 420
Chypre-Syrie 67 15 52 114 70 44
En 1782, les navires européens, qui totalisent 28,6% des bâtiments à Alexandrie,
assurent seuls les liaisons entre ce port et l'Europe, Alger et Tunis, 60% de celles avec
Smyrne et 33% de celles avec Salonique, tous ports à riches cargaisons. Us ne sont vra
iment minoritaires à cet égard que pour Istanbul avec 17,1% du trafic. À part la capitale
de l'Empire, les bâtiments ottomans assurent par contre la majeure partie des trans
ports de marchandises de peu de valeur. Ils sont presque seuls à se charger de l'énor
me trafic de la Caramanie qui mobilise 451 de leurs navires sur 743 ; ils représentent
également 77,6% des navires en relation avec la Syrie. En 1782, l'année faste pour le
pavillon ottoman, celui-ci, qui représente 71,4% des navires qui font escale à Alexand
rie, ne transporte que 43,3% des marchandises, en valeur.
Écartons les relations avec l'Europe pour ne considérer que le seul commerce
inter-ottoman. Il emploie 953 navires et représente 29 815 814 livres tournois de
marchandises. Les cargaisons transportées par les 743 bâtiments ottomans valent
18 046 920 livres, soit 60,5% de celles-ci ; celles acheminées par les 210 caravaneurs
européens s'élèvent à 11 768 894 livres, soit 39,5%. La valeur moyenne des cargaisons
des bâtiments ottomans s'élève à 24 289 livres tournois, celle des navires européens à
56 042 livres. Bien que très minoritaires, en ces temps difficiles pour eux, ces derniers
parviennent malgré tout à assurer une part importante de ces échanges en s'efforçant
de s'emparer du trafic le plus rentable.
En 1785, la paix rétablie, les Européens reviennent en force. Non seulement, ils
possèdent le monopole des liaisons avec l'Europe, mais pratiquement aussi celui dû
Maghreb (Alger, Tunis, Tripoli), 29 navires sur 31. Ils assurent 78% des échanges avec
Smyrne, 53% de ceux avec Salonique, pratiquement la moitié de ceux avec Istanbul et
même la majorité des transports avec le Péloponnèse et la Syrie. Les Ottomans ne
conservent vraiment la prépondérance qu'avec la Caramanie, 69% du trafic, et avec la
Crête, 62%, pour un nombre total de navires légèrement supérieur. En se fondant sur
les chiffres des cargaisons de 1782, on peut estimer approximativement qu'

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