Les fouilles de Sâlihîyeh sur l Euphrate  - article ; n°1 ; vol.4, pg 38-58
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Les fouilles de Sâlihîyeh sur l'Euphrate - article ; n°1 ; vol.4, pg 38-58

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Description

Syria - Année 1923 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 38-58
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Franz Cumont
Les fouilles de Sâlihîyeh sur l'Euphrate
In: Syria. Tome 4 fascicule 1, 1923. pp. 38-58.
Citer ce document / Cite this document :
Cumont Franz. Les fouilles de Sâlihîyeh sur l'Euphrate . In: Syria. Tome 4 fascicule 1, 1923. pp. 38-58.
doi : 10.3406/syria.1923.3019
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1923_num_4_1_3019LES FOUILLES DE SÂLIHÎYEH SUR L'EUPHRATE
PAR
FRANZ CUMONT
Au mois d'avril 1920, M. J. H. Breasted, l'éminent orientaliste américain,
arrivant à Bagdad avec une mission envoyée en Mésopotamie par l'univers
ité de Chicago, apprit que des peintures remarquables avaient été mises au
jour dans les ruines de Sâlihîyeh sur l'Euphrate par les troupes britanniques
qui occupaient alors ce point. Il résolut de modifier l'itinéraire qu'il s'était
fixé pour aller visiter ces ruines, mais lorsqu'il y arriva, le 3 mai, les Anglais
évacuaient cette position avancée et il ne put disposer que d'un seul jour pour
étudier les peintures et le temple, incomplètement déblayé, dont elles recou
vraient les murs. Toutefois, ses photographies et ses notes précises lui permi
rent de faire, en juillet 1922, une lecture à l'Académie des Inscriptions sur
cette trouvaille, dont sa communication révéla l'intérêt extraordinaire (1>. Il
sembla hautement désirable à l'Académie qu'un relevé complet fût obtenu de
tous les tableaux qui décoraient encore les parois de l'édifice à demi écroulé.
Dans la région désolée et à peine pacifiée où s'élève la vieille forteresse de
Çâlihîyeh, cette exploration archéologique ne pouvait être entreprise qu'avec
le concours des troupes de l'Euphrate. Sans leur présence dans ces ruines
lointaines, on n'y pouvait trouver ni sécurité, ni subsistances, ni main-
d'œuvre.
Une suggestion de l'Académie suffit pour que le général Gouraud assurât
sa haute protection à un projet dont il aperçut aussitôt l'intérêt scientifique.
Le général de Lamothe, commandant des troupes de l'État d'Alep, en favo
risa efficacement la réalisation et le colonel de Bigault du Granrut en assura à
Deir-ez-Zor l'exécution rapide en envoyant à Sâlihîyeh une colonne qui com
mença les fouilles dès les premiers jours d'octobre. L'Académie voulut bien
alors me charger d'une mission archéologique afin que je pusse apporter ma
(*) C. Rendus Acad. des Inscr., i922, p. 240; Cf. Syria, t. III, p. 178 ss. LES FOUILLES DE SALIHIYEH SUR L'EUPHRATE 39
collaboration technique à l'œuvre commencée par l'armée du Levant, et
M. Virolleaud, directeur du Service des Antiquités de Syrie, m'adjoignit
M. Brossé, architecte de ce service, pour me seconder dans ma tâche.
Dans un rapport à l'Académie des inscriptions, nous avons fait connaître
comment nous avions rempli la mission qu'elle nous avait confiée et l'aide
précieuse que nous avaient prêtée les autorités militaires durant notre voyage
aux confins de la zone de mandat français (1). Ce rapport sera complété par un
second, accompagné de plans et de dessins, que les commandants Eugène
Renard et Georges Hamel rédigeront sur la marche des travaux exécutés
par les troupes et sur les découvertes successives qui furent faites par
celles-ci.
Nous nous bornerons ici à indiquer les principaux résultats acquis par
cette campagne archéologique. Ces résultats, disons-le immédiatement, ont
dépassé nos espérances. Les fouilles n'ont pas seulement, comme nous le
prévoyions, mis au jour des peintures importantes que M. Breasted, pressé
par le temps, avait dû négliger ; elles ne nous ont pas seulement éclairés sur
la date et sur l'origine de toute cette décoration. Elles nous ont aussi révélé
l'existence d'une ville grecque qui s'élevait autrefois dans les sables arides
d'un pays aujourd'hui délaissé et nous ont permis de retrouver son nom et
de fixer les traits essentiels de son histoire. ^
Lorsqu'on se rend de Deir-ez-Zor à Sâlihîyeh, on traverse d'abord une
vaste plaine d'alluvions qui atteint jusqu'à 12 kilomètres de large entre
la berge du fleuve et la montagne abrupte dont la violence des eaux a
autrefois créé l'escarpement. Cette plaine n'est plus cultivée aujourd'hui
qu'aux abords immédiats de la petite ville de Mayadine et autour de quelques
rares et pauvres villages où l'irrigation est obtenue par les moyens les plus
primitifs : des outres, attachées chacune à la corde d'une poulie, sont ince
ssamment hâlées par des chevaux ou des ânes et déversent leur eau dans des
seghias, rigoles surélevées qui la conduisent jusqu'aux champs voisins. Par-
(*) Cf. Comptes rendus Acad. Inscr., 12 janvier 1923. 40 SYRIA
tout ailleurs cette campagne est maintenant une vaste solitude, mais partout
aussi on retrouve les traces des fossés qui autrefois y entretenaient la ferti
lité. Dans l'antiquité et plus tard au moyen âge (1), cette large plaine devait
nourrir une population assez dense, mais l'irrigation y était alors comme au
jourd'hui la condition de toute fécondité.
Au sud de Mayadine, la falaise, qui borde cette vallée d'érosion, se rap
proche peu à peu du Ut du fleuve et la vieille piste des caravanes grimpe
sur le plateau dénudé et rocailleux. L'Euphrate venait autrefois battre de
ses eaux torrentielles la base des rochers blancs qui la dominent de
plus de cinquante mètres et, en désagrégeant ce gypse cristallin, elle a pro
voqué l'écroulement d'une tranche de la pierre friable et d'une portion du châ
teau qui s'y appuyait (2> (pi. X, 1). Cependant il ne reste, au bas de la montagne,
aucun pan des épaisses murailles qui ont dû être englouties dans le courant
rapide et recouvertes par les alluvions. Le fleuve s'est aujourd'hui légèrement
déplacé vers l'ouest, et ne baigne plus le pied de l'escarpement. Celui-ci est
coupé par deux profonds wadis, qui remontent vers l'ouest et défendent ainsi au
nord et au sud l'accès du ressaut de montagne qu'ils enserrent. Cet éperon n'était
donc aisément attaquable que d'un seul côté, celui qui est de plain-pied avec
le plateau désertique, et il suffisait pour le couvrir d'y conduire un mur trans
versal de ravin à ravin (3>. De cet observatoire élevé la plaine de Mésopotamie,
qui s'étend à perte de vue, pouvait être surveillée au loin et aucune position
n'était plus favorable pour commander le passage de PEuphrate et garder les
routes qui longeaient chacune de ses rives. Si l'on descend vers le sud, le
<41 Le dessèchement et la dépopulation sont 1905, p. 105. — De même lbn-Batouta, qui se
ici de date récente. Au xive siècle, Aboulfétla, rendit de Bagdad à Rahaba en 1347 ou 1348 dit:
« La route entre ces différentes villes [de Hit à parlant de Rahaba, dont le château couronne
'Anah] est bordée d'un grand nombre d'habitaencore de ses ruines pittoresques une colline
isolée à l'ouest de Mayadine, dit que « ses ha tions de sorte qu'on dirait que le voyageur se
bitants reçoivent leur eau par un aqueduc trouve toujours dans un marché. Ces contrées
dérivé du canal de Saïd,qui sort lui-même de sont au nombre des plus belles et des plus fer
tiles du monde. » 11 compare les bords de l'Eu- l'Euphrate » {Géographie d'Aboalféda, trad.
Rsinaud, t. II, p. 56). Le canal de Saïd est pbrateà ceux du fleuve Jaune en Chine (Ibn
celui dont on peut suivre à la sortie de Deir-ez- Bvtouta, éd. Defkémeuy, t. IV, 185S, p. 14).
(») Cf. Ammien, XXIII, 1, 8 : « Duram ipsis Zor, sur près de 2 kilomètres, les doux berges
marginibus amnis impositam. » parallèles surélevées de plus de 12 mètres; Cf.
l3) Cf. Brbàsted, l, c, p, 182. Le Strange, Lands of the Eastern Caliphate, 1953. Pl. X. SYRIA,
— La citadelle la Duiira vue de la vallée de l'Euplinite.
U2. — l'orte de l'eiiecinlc, vue iulérienre. FOUILLES DE SÂLIHIYEH SUR L'EUPHRATE 41 LES
fleuve sinueux s'écarte de nouveau de la montagne et la vallée forme vers
Abou-Kémal une plaine semblable à celle de Mayadine.
En approchant de Çâlihîyeh, on aperçoit d'abord la haute muraille recti-

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