Les fouilles de Yasileh (Jordanie du Nord) : le site et la nécropole dans une perspective régionale. - article ; n°1 ; vol.73, pg 185-196

Zeidoun Almuheissen, Dominique Tarrier

Description

Syria - Année 1996 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 185-196
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: SYRIA
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 36
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Zeidoun Al Muheissen
Dominique Tarrier
Les fouilles de Yasileh (Jordanie du Nord) : le site et la
nécropole dans une perspective régionale.
In: Syria. Tome 73 fascicule 1-4, 1996. pp. 185-196.
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Al Muheissen Zeidoun, Tarrier Dominique. Les fouilles de Yasileh (Jordanie du Nord) : le site et la nécropole dans une
perspective régionale. In: Syria. Tome 73 fascicule 1-4, 1996. pp. 185-196.
doi : 10.3406/syria.1996.7476
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1996_num_73_1_7476FOUILLES DE YASILEH (JORDANIE DU NORD) LES
LE SITE ET LA NÉCROPOLE
DANS UNE PERSPECTIVE RÉGIONALE
PAR
Zeidoun Al-Muheisen et Dominique Tarrier
partiellement l'extension du site, ainsi que de Le site de Yasileh, récemment reconnu dans le
nord de la Jordanie, est situé à environ 7 km au mettre à jour plusieurs structures retraçant les diffé
nord-est d'Irbid, à l'intérieur du district de Ramtha rentes phases d'occupation * (fig. 2).
aux confins du Hauran, dans une zone d'activité Ces structures comprennent en premier lieu une
agricole importante (fig. 1). Les quatre campagnes très vaste nécropole abritant une trentaine de chamb
conduites par l'université du Yarmouk depuis sa res funéraires, qui ont toutes été dégagées, ainsi
découverte en 1988, ont permis de reconnaître qu'un grand nombre de sépultures plus modestes,
de type individuel, non encore fouillées. La nécro
pole principale est aménagée dans les pentes
crayeuses qui surplombent au sud-est le wadi SYRIA
Yasileh, à l'entrée du wadi Shellaleh, mais certains
sondages témoignent de l'existence d'une seconde
nécropole plus au nord. Les chambres funéraires,
qui abritent de dix à trente loculi, sont toutes
taillées dans le roc et bien que leurs parois ne
présentent aucune trace d'un quelconque décor
peint, le soin apporté à leur aménagement est cepen
dant remarquable. Le matériel recueilli à l'intérieur \
\
\ 1. Les résultats des premières campagnes de fouilles ont été \
publiées dans le Liber Annum 39 (1989), p. 271-272, pi. 78-82; \ 40 (1990), p. 459-462, pi. 69-75 ; 41 (1991), p. 513-517, pi. 69; \
44 (1994), p. 651-653, pis. 64-66. Une note concernant la découv
erte du site a paru dans Y Aram periodical 2 (1989), p. 253-257.
Un bilan des premières campagnes a été publié dans Y American
Journal of Archaeology 96 (1992), p. 533-534. Une étude concer
nant les squelettes retrouvés dans la nécropole a paru dans le
Mu 'tah Journal for Research and Studies 9 (1994), p. 5-27 —
Humanities and Social Sciences Series — (revue de l'université SAUDI ARAIIA
de Mautah, Jordanie). Une étude concernant la dédicace de
l'église H a été publiée par les auteurs du présent article dans le
Liber Annuus 42 (1992), p. 373-374. Voir aussi Z. AL-
MUHEISEN, " L'archéologie de la période hellénistique dans le
nord de la Jordanie : problèmes et perspectives ",
Fig. 1. — Carte de localisation de Yasileh. Transeuphratène 8 (1994), p. 29-34, pis. I-V.
Syria, LXXIH, p. 185 à 196 SYRIA [LXXIII 186
Fig. 3. — Plan du bâtiment hellénistique.
construction constitue un rare exemple, avec le
Fig. 2. — Le site de Yasileh. palais d'Iraq el-Amir situé à l'ouest d'Amman,
d'une structure complète en plan datant de cette
période. En effet, en dépit des nombreuses campa
gnes de fouilles conduites sur les divers sites de la des chambres funéraires, et qui comprenait notam
Décapole, aucun édifice d'une certaine importance ment des vases et des bijoux et aussi quelques datant des IIIe et IIe siècles av. J.-C. n'y a encore monnaies, atteste que cette nécropole a été utilisée
été identifié, probablement en raison des réoccupatdepuis l'époque romaine tardive, jusqu'à la fin de la ions successives et des remplois de blocs dans des période byzantine. constructions ultérieures.
Un sondage conduit un peu plus au nord a permis À la même hauteur que cette structure, mais d'identifier un bâtiment assez bien conservé, mesur creusé dans la pente qui surplombe à l'est le wadi
ant 19 m de long sur 9,50m de large, et comportant Yasileh, était aménagé un grand pressoir compre
cinq pièces dont la plus importante, située à nant quatre zones de foulage et de pressage ainsi
l'entrée, comprend une abside (fig. 3). Cette struc qu'un vaste entrepôt situé à un niveau inférieur. La
ture est construite selon une technique fréquem poterie et les nombreuses monnaies recueillies dans
ment employée à l'époque hellénistique, consistant les différentes zones du pressoir indiquent que la
à faire alterner des rangées de carreaux et de période d'activité principale de celui-ci a pris place
boutisses. L'utilisation de cette technique et la durant la fin de la l'époque romaine et la période
présence de tessons de céramique datés du IIe byzantine.
siècle av. J.-C, recueillis au même niveau que le Enfin deux églises ont été également dégagées au
bâtiment, permettent de dater ce dernier du milieu nord et au sud du site. De type basilical, elles
de la période hellénistique. Il est à noter que cette comportent trois nefs et une abside flanquée d'une LES FOUILLES DE YASILEH 187 1996]
prothesis et d'un diakonïkon. Ces deux derniers thèse, la localité de el-Hosn et surtout celle de
aménagements semblent cependant être dus à un Aydoun, près de la ville actuelle d'Irbid, qui semble
remaniement ultérieur en ce qui concerne la à notre avis l'identification la plus probable, ont été
première église (église sud). L'église II (ou église proposées3. L'assimilation de Yasileh avec la ville
nord), comprenait un narthex peut-être précédé de Raphana, dont la localisation demeure encore
d'un atrium, mais il est impossible d'affirmer si incertaine4, serait donc une possibilité à envisager,
cela était aussi le cas de l'église I. Le sol de ces mais il nous faut tenir compte du fait que son carac
églises était recouvert d'un pavement de mosaïques tère urbain n'a pas encore été mis en évidence et
à décor géométrique associé à des motifs végétaux qu'une telle identification se heurte à un certain
(rinceaux de vigne, grenades) et animaliers nombre d'objections. Ainsi la dédicace du pave
(oiseaux, poisson) (fig. 4). ment de l'église II est datée selon l'ère de Bostra et
utilise par ailleurs un nom de mois romain. D'autre Le pavement de l'église II est daté de septembre
part, l'emploi de l'ère de la Province d'Arabie ne 423, selon l'ère de Bostra, ce qui correspond à
semble pas pouvoir s'accorder avec le fait que septembre 528 de notre ère, mais l'édifice est vra
Yasileh appartiendrait à la Décapole, les villes de isemblablement plus ancien. L'église I, dont le pave
celles-ci usant d'ères spécifiques, dites ment n'est pas daté de façon formelle en l'absence
d'inscription, mais que l'on peut attribuer au VIe pompéiennes.
siècle, est peut-être un peu plus récente. Si l'identification Raphana/ Yasileh ne saurait
encore être sérieusement discutée, il n'en demeure Ce site pose encore le problème délicat de son
pas moins que ce site devait jouer un rôle essentiel identification et de son rôle exact dans cette région.
Sa nécropole n'est pas sans rappeler celle qui a été dans l'organisation économique et sociale de cette
reconnue à Qweilbeh mais cette dernière était ratt région. L'extension de la nécropole qui en dépend,
le soin apporté à l'aménagement des chambres funéachée à un important centre urbain (Abila) situé à
raires ainsi que l'importance du matériel recueilli, quelque distance2. Étant donné qu'il n'existe
aucune structure de ce genre dans le voisinage de malgré les pillages anciens, attestent suffisamment
l'importance du peuplement de ce secteur et surtout Yasileh, et qu'à la différence de Qweilbeh, ce site
de son niveau économique, dont témoignent égalecomprend de nombreux vestiges, en dehors de la
nécropole,- nous sommes en droit de penser que ment les autres structures relevées telles que les
pressoirs et les églises. Aussi, même si l'on consinous nous trouvons en face d'une agglomérati