Les industries audiovisuelles : le renforcement de la domination - article ; n°111 ; vol.28, pg 543-553
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Description

Tiers-Monde - Année 1987 - Volume 28 - Numéro 111 - Pages 543-553
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 22
Langue Français

Extrait

Bernard Miege
Les industries audiovisuelles : le renforcement de la domination
In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°111. pp. 543-553.
Citer ce document / Cite this document :
Miege Bernard. Les industries audiovisuelles : le renforcement de la domination. In: Tiers-Monde. 1987, tome 28 n°111. pp.
543-553.
doi : 10.3406/tiers.1987.4506
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1987_num_28_111_4506— LES EFFETS CULTURELS ET SOCIAUX //.
DE LA DIFFUSION DES TECHNOLOGIES
DE COMMUNICATION
LES INDUSTRIES AUD 10- VISUELLES :
LE RENFORCEMENT DE LA DOMINATION
par Bernard Miège*
Actuellement, dans le vaste domaine formé par les médias audio-visuels
et les industries culturelles, l'attention se tourne surtout vers les pays
capitalistes avancés où de profondes transformations sont à l'œuvre ou en
préparation : aux Etats-Unis et au Japon, mais peut-être encore plus en
Europe de l'Ouest et au Canada, la déréglementation des systèmes natio
naux de communication ouvre des perspectives nouvelles aux grandes
firmes, à celles qui depuis longtemps ont fait porté leurs efforts vers les
médias comme à celles qui se découvrent de nouvelles vocations en même
temps que s'ouvrent d'intéressantes occasions de placement de leurs
capitaux.
Cet intérêt nouveau obéit incontestablement à un souci de restructu
ration de leurs activités et de recherche de lieux de valorisation des
capitaux qui assurent des taux de profit plus substantiels que dans les
secteurs traditionnels. Cependant, le mouvement repéré ci-dessus ne peut
s'analyser en des termes aussi simples, car la culture et la communication,
si elles connaissent une industrialisation croissante, ne sont pas que cela;
elles présentent des aspects spécifiques qui doivent être pris en compte;
c'est ainsi que la déréglementation, en ouvrant la voie à la privatisation de
l'espace culturel, menace les cultures nationales; elle permet également
aux firmes transnationales d'accéder plus facilement aux systèmes nationaux
* Professeur à l'Université de Grenoble III. Directeur du groupe de recherches sur les enjeux
de la communication (gresec).
Revue Tiers Monde, t. XXVIII, n" 111, Juillet-Septembre 1987 544 BERNARD MIÈGE
d'information jusqu'alors protégés presque partout par des dispositifs
réglementaires vigilants. Pour ces firmes transnationales, il ne s'agit donc
pas seulement de mieux assurer les débouchés des nouvelles marchandises
culturelles qu'elles produisent; il importe également de conforter leur supré
matie en contrôlant, grâce à la « libre circulation », cette marchandise
stratégique qu'est l'information.
On n'insistera jamais assez sur la liaison étroite qui aujourd'hui unit
la culture et la communication : là où on se contenterait d'observer
l'évolution des systèmes télévisuels, on découvre, en réalité, la mise en
place de nouveaux réseaux de télécommunications; là où on constate le
remplacement du mécénat par le sponsoring dans l'aide à la création
artistique, c'est en fait à une transformation de la politique de communic
ation des entreprises industrielles que l'on assiste. La compréhension des
phénomènes en cours n'en est donc rendue que plus difficile et suppose
le recours à de nouveaux schémas d'interprétation.
Ces phénomènes, comme on l'a déjà indiqué, concernent surtout les
pays capitalistes avancés. Mais en ce domaine la situation des autres
« régions » du monde n'est pas figée. En Europe de l'Est, on observe le
début d'une certaine diversification médiatique et un recours aux nouvelles
technologies de la communication. En Amérique latine, l'informatique et
la micro-informatique opèrent une certaine percée, alors que les industries
audio-visuelles connaissent parfois des croissances spectaculaires, comme
au Brésil. En Afrique, au Moyen-Orient et surtout en Asie les ventes et
les utilisations de matériels vidéo sont en progression rapide; avec certains
pays asiatiques, les transferts de technologies ont déjà atteint un niveau
tel que la déstructuration des identités culturelles nationales est largement
engagée. S'agissant plus spécialement des pays du Tiers Monde, on doit
se garder d'adopter en la matière une vision « unifiante », tant les diff
érences sont manifestes d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre ; on doit
aussi admettre que l'offensive des firmes transnationales y est encore
limitée, incomplète et en tout cas d'un intérêt stratégique secondaire, en
comparaison avec ce qui se produit par exemple en Europe. En clair, la
situation présente des pays du Tiers Monde (par-delà leur diversité) doit
être analysée en référence au mouvement mondial amorcé dans les indust
ries de la culture et de la communication. Mais ceci ne signifie point
que le Tiers Monde soit d'ores et déjà le lieu où s'expriment les enjeux les
plus marquants.
L'expansion des marchandises culturelles (livres, disques, journaux et
magazines, logiciels pédagogiques et de jeux, entrées dans les salles de
cinéma, appareils audio-visuels...) est désormais très directement liée au
développement des médias de masse (radio et surtout télévision) et à celui INDUSTRIES AUDIO-VISUELLES : RENFORCEMENT DE LA DOMINATION 545
des nouveaux réseaux (satellites de télévision, systèmes de vidéotex, radio fm,
réseaux câblés, télévisions privées hertziennes...). Dans ce processus, les
firmes transnationales prennent une part active; les marchés du Tiers
Monde les intéressent de plus en plus1.
C'est donc dans cette perspective qu'il convient d'évaluer les relations
entre les sociétés transnationales et les pays du Tiers Monde. Mais, au
préalable il importe de se situer par rapport à la « problématique des
effets ». Celle-ci s'avère beaucoup moins pertinente qu'il ne semble a priori.
Essentiellement fonctionnaliste, elle dissimule en réalité des approches
différentes et confond des niveaux d'analyse hétérogènes. Si, par exemple,
on peut apprécier l'incidence de l'internationalisation des films de long
métrage, en observant les difficultés des cinematographies du Tiers Monde
à émerger, l'analyse devient plus complexe lorsqu'on cherche à estimer
les « effets » de la diffusion de la série « Dallas » sur les populations
latino-américaines ou maghrébines. Il n'est pas question de dissimuler
l'influence déstructurante de l'action des firmes multinationales sur les
pratiques culturelles des pays dominés, mais on doit se méfier des approxi
mations méthodologiques auxquelles conduit une approche causale :
« Dallas » est autant l'opérateur des transformations des cultures dominées
que l'indicateur de ce qui les « travaille » de l'intérieur.
I. — LES INDUSTRIES CULTURELLES
ET LES PAYS DU TIERS MONDE :
TRAITS CARACTÉRISTIQUES
Jusqu'à une période récente, on a eu tendance à ne voir dans les
industries culturelles que les instruments de diffusion de « modèles » et
de contenus culturels. On s'est surtout intéressé aux « effets » sur les
opinions et les comportements.
Mais les industries culturelles ne sont pas que cela2. Elles constituent
un — nouveau — champ de valorisation du capital et donc d'exploitation
1 . Le présent article reprend certains des éléments d'un travail effectué pour la division
des sciences économiques et sociales de Г Unesco et présenté au séminaire international de
Lomé en décembre 1985.
2. Armel Huet, Jacques Ion, Alain Lefebvre, Bernard Miège et René Péron, Capitalisme
et industries culturelles, Presses Universitaires de Grenoble, 2e éd. (avec une préface de Bernard
Miège), 1984, 216 p. ; Bernard Miège, The capitalization of cultural production, New York -
Bagnolet, international General, 224 p., à paraître en octobre 1987.
TM — 19 546 BERNARD MIÈGE
des peuples et des classes sociales dominées. A cet égard, la domination
revêt les traits suivants :
1 / Les pays du Tiers Monde sont essentiellement des importateurs de
marchandises culturelles, d'appareils ou de produits édités. Très rares, parmi
ces pays, sont ceux qui ont réussi à prendre place

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