Les maillons du langage - article ; n°86 ; vol.22, pg 95-110
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Description

Langages - Année 1987 - Volume 22 - Numéro 86 - Pages 95-110
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Svend Erik Larsen
Maryse Laffitte
Les maillons du langage
In: Langages, 22e année, n°86, 1987. pp. 95-110.
Citer ce document / Cite this document :
Larsen Svend Erik, Laffitte Maryse. Les maillons du langage. In: Langages, 22e année, n°86, 1987. pp. 95-110.
doi : 10.3406/lgge.1987.1957
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1987_num_22_86_1957Svend Erik LARSEN
Université d'Odense
LES MAILLONS DU LANGAGE
la sémantique rationnelle de Bryndal :
« Théorie des prépositions »
1. Linguistique et philosophie
Dans la préface de son ouvrage le plus important sur la « signification spéciale des
mots » !, Théorie des prépositions, Bryndal écrit que sa théorie
n'est pas conçue seulement comme une introduction à une nouvelle technique li
nguistique. Elle pose aussi des problèmes et suggère des solutions intéressant la
théorie du langage et par là la logique et la théorie de la connaissance (Br0ndal,
1950 : ix).
C'est ce double intérêt qui régit toutes ses œuvres : l'analyse linguistique des détails
particuliers du langage et les méthodes sur lesquelles se fondent cette analyse doivent
être perçues sous un éclairage philosophique. Et on peut même ajouter que les problè
mes philosophiques sont confrontés en permanence au langage, c'est-à-dire au niveau
où la conscience devient concrète.
La problématique qui associe ainsi linguistique et philosophie dans une dépen
dance réciproque nécessaire est « le problème central de la du langage :
celui du rapport entre le langage et la pensée » (Br0ndal, 1948 : 150). Que le pro
blème central soit celui du rapport existant entre langage et pensée, signifie pour
Br0ndal qu'il ne peut être décomposé en un problème partiel touchant au langage et
en un autre touchant à la pensée. C'est la relation entre ces phénomènes qui est le
problème fondamental irréductible {cf. le point de vue exprimé dans le bref compte
rendu, Baer, 1985).
Cette interdépendance fondamentale apparaît dans l'élaboration des concepts li
nguistiques et philosophiques, bien que Bryndal, en tant que linguiste, parte avant tout
de la linguistique pour traiter la problématique globale.
La grammaire linguistique doit décrire et expliquer la structure et la fonction des
phénomènes linguistiques comme articulation de la pensée ou de la conscience. Les
concepts fondamentaux de cette grammaire et les critères qui régissent ses divisions et
subdivisions dépendent par conséquent d'une conception de la conscience. Cette con
ception, chez Bryndal, est d'inspiration phénoménologique et peut être résumée par le
concept A'intentionnatité {cf. les essais intitulés « Linguistique structurale » et « Lan
gage et logique », tous deux dans Br0ndal, 1943).
1. Je traduis par « signification spéciale des mots » l'expression danoise « ordenes special -
betydning », comme cela a été fait par Pierre Naert dans les traductions des textes de Viggo
Br0ndal (cf. Les parties du discours (1948), Théorie des prépositions (1950)) (N.d.tr.).
95 D'autre part, la philosophie, en tant que philosophie de la conscience, donc en
tant qu 'epistemologie, devra avoir pour base les catégories fondamentales dont se sert
la grammaire, puisque Br0ndal affirme que la constitution linguistique fondamentale
et le mouvement discursif de la conscience ne peuvent être compris que de cette
manière (cf. la fin de Bryndal, 1950 : 128 sqq. }
C'est ainsi que l'analyse du rapport existant entre langage et pensée permet de sai
sir comment le langage intervient dans le modelage de la réalité qui fait d'elle un
milieu ambiant humain :
En effet, une langue est, tout comme une géométrie, un système de notions que,
de notre poste d'observation et selon nos forces, nous appliquons au monde et avec
lequel, peut-être, nous créons ce monde (Bryndal, 1948a : 35).
Bryndal extrait une partie des catégories sur .lesquelles est fondée sa grammaire d'une
interprétation des catégories aristotéliciennes, inspirée par la scolastique et par Kant.
Ce sont ces catégories que Bryndal utilise dans sa théorie sur les parties du discours et
dans sa syntaxe générale. En revanche, pour définir la signification spéciale des mots,
Bryndal trouve son inspiration et ses catégories fondamentales chez Leibniz et dans la
logique relationnelle du XXe siècle 2.
2. L'intentionnalité
Dans la mesure où je ne m'occupe pas ici en priorité de la problématique des caté
gories dans son ensemble, mais de leur utilisation dans une partie de la grammaire —
la synonymique ou la signification spéciale des mots — , l'analyse même des catégories
n'intervient que modestement dans mon travail. Mais étant donné que les deux tradi
tions évoquées par rapport aux concepts de catégories ne sont en rien commensura-
bles, il me faut pourtant souligner la manière dont Bryndal recourt au concept
d'intentionnalité, qui lui permet de créer une cohérence entre ces concepts difficil
ement conciliables (cf. Smith et Mclntyre, 1983).
La pertinence linguistique de l'intentionnalité se manifeste à quatre niveaux :
1. L'intentionnalité générale qui est liée au fait que la conscience est toujours cons
cience de quelque chose et ne peut par conséquent jamais être totalement comprise
comme un phénomène immanent. Cet aspect de l'intentionnalité apparaît surtout
lorsque Bryndal définit les concepts d'objet dans Les Parties du discours (Bryndal,
1948a : 81 sqq.). Il y a là un parallèle évident avec le concept d'objet intentionnel
de Husserl (Husserl, 1959-62 : I, 248, 270).
2. L'intentionnalité discursive qui désigne pour Bryndal une conséquence de l'inten
tionnalité générale, à savoir que la relation entre conscience et objet a une orienta
tion partant d'un sujet (Br0ndal, 1943 : 55 sqq.). Ce que Bryndal discute là, c'est
le rythme discursif, qu'on retrouve d'ailleurs dans les réflexions de Husserl sur le
concept de noesis dans Recherches logiques (1959-62) et dans Idées directrices
(1950 : ch. III).
3. Lorsque l'intentionnalité est le dénominateur commun de tous les phénomènes li
nguistiques à comprendre comme phénomènes de conscience, les concepts servant à
la construction des significations spéciales devront également être influencés par le
2. On peut trouver un rapport détaillé de l'analyse de Br0ndal dans Larsen, 1986.
96 fait que le sens en général est conçu comme relation déterminée par une orientation
{cf. « intention actuelle », Br0ndal, 1950 : 86). Cela se produit dans la présenta
tion que fait Bryndal de la signification spéciale des mots (à la différence du sens
qui découle de leur définition en tant que classe). Il utilise là les relations comme
concepts fondamentaux (Symétrie, Transitivité, etc.) et évoque les prépositions
comme son exemple le plus élaboré. Ce niveau, chez Bryndal, correspond aux
réflexions de Husserl sur le concept de noema dans Idées directrices (1950 :
ch. III).
4. Tout usage concret du langage n'est pas seulement logiquement orienté vers le
monde extérieur, mais s'inscrit aussi dans tout le contexte socio-culturel où a lieu la
production linguistique. Bryndal introduit à cette occasion certaines « formes
d'intuition » ou « formes de représentation » (Bryndal, 1950 : 24 sqq. ; 70 sqq. ),
qu'il décrit comme une « intention » ou un « rapport avec une réalité » (ib. : 70).
Ce que Bryndal veut dire, c'est que tout usage tient compte d'un aspect de la réal
ité, c'est-à-dire de la structure connaissable toujours déjà donnée de la réalité.
Cette structure permet le surgissement de déterminations d'orientation sélectives et
permet à la réalité d'acquérir un statut (réel, formel, idéal, moral, etc.). {Cf. les
remarques de Husserl sur les régions et sur la comparaison entre « Tatsachenwis-
senschaften » et « Wesenswissenschaften », Husserl, 1950 : 33 sqq.)
Ces quatre niveaux articulent le concept d'intentionnalité aux quatre niveaux sur
lesquels Bryndal développe ses concepts linguistiques : le niveau des concepts fonda
mentaux catégoriels, le niveau de la grammaire universelle, avec, entre autres, la mor
phologie et la syntaxe g

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