Les obélisques romains de la Renaissance au néoclassicisme - article ; n°1 ; vol.73, pg 437-469
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1961 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 437-469
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean-Jacques Gloton
Les obélisques romains de la Renaissance au néoclassicisme
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 73, 1961. pp. 437-469.
Citer ce document / Cite this document :
Gloton Jean-Jacques. Les obélisques romains de la Renaissance au néoclassicisme. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.
73, 1961. pp. 437-469.
doi : 10.3406/mefr.1961.7488
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1961_num_73_1_74881 \f.
LES OBÉLISQUES ROMAINS
DE LA
RENAISSANCE AU NEO-CLASSICISME
PAR
M. J.-J. Gloton
Membre de l'École
Le rétable de Saint-Zénon de Vérone conserve des paysages ur
bains qui comptent parmi les plus intéressants qu'ait peints Andrea
Mantegna. La Rome antique et ses monuments les plus illustres
confèrent une physionomie bien particulière, et caractéristique des
curiosités de ce temps, à la Jérusalem qui figure sur la Crucifixion
du Louvre comme sur le Jardin des oliviers du Musée de Tours.
Car, pour quelques traits encore proches des cites de Lorenzetti, pa
lais massifs et tours crénelées, que d'éléments antiques facilement
reconnaissables : ici, le Panthéon, portique et coupole, là le Maus
olée d'Auguste couronné d'une pomme de pin... Les représenta
tions savantes du xvie siècle sont en germe dans ces tableaux. Mais
il faut s'arrêter à des détails plus insolites : vers le sommet de la
colline deux obélisques, un autre plus bas vers le Mausolée, une
pyramide enfin à droite le long du rempart, apportent la preuve
de l'intérêt que prenait la Renaissance aux antiquités égyptiennes
de l'époque impériale.
Cet intérêt depuis n'a jamais diminué et Rome lui doit d'être en 438 J.-J. GLOTON
obélisques la ville d'Europe la plue riche qui soit1. Ces monuments
méritent-ils pour autant une étude particulière? Leur petite his
toire est bien connue, grâce aux vieux historiens de Rome, et l'in
térêt archéologique qu'ils présentent a suscité récemment encore
des travaux qui paraissent épuiser la question2. Mais l'historien
de l'art moderne trouve-t-il ici son compte ? En réalité, ce sont, du
xvie au xixe siècle, quatorze obélisques au moins que Rome a dé
terrés, déplacés, arrangés, remontés : période trop étendue, opé
rations trop nombreuses pour que les idées touchant à ce genre
1 Tableau chronologique des obélisques romains par ordre d'érection
définitive.
Date Emplacement actuel Emplacement antique Emplacement intermédiaire
1586 Saint-Pierre Circus Vaticanus
1587 Sainte-Marie-Majeüre1 Mausolée d'Auguste
1588 Saint-Jean-de-Latran Grand Cirque
1588 Villa Mattei Capitole
1589 Place du Peuple Grand Cirque
1589 F^ence, jardins Bo- Iseum Campense Rome, Villa Médicis
boli (1589-1789)
Cirque de Maxence 1651 Place Navone
1667 de la Minerve Iseum Campense
1711 Place de la Rotonde Place San-Macuto
(érigé)
1786 Place du Quirinal Mausolée d'Auguste
Villa Ludovisi
(...-1734) 1789 Trinité-des-Monts Jardins de Salluste
Place Saint-Jean-de-
Latran (1734-1789)
Cadran solaire du 1792 Place de Montecitorio
Champ de Mars
Palais Barberini
1822 Place du Pincio Hors la porte Maj (vers 1630-1770)
eure Vatican, Cours de la
Pigna (1822)
1887 Place des Cinq-Cents Iseum Campense
8 Voir surtout Ernest Nash, Obelisk und Circus, in Mitteilungen des
Deutschen Architelo gischen Instituts, vol. 64, 1957. On y trouvera toute
la bibliographie archéologique. - f.
LES OBÉLISQUES DE LA RENAISSANCE AU NÉO-CLASSICISME 439
d'exercice n'aient sensiblement évolué. Les conditions esthétiques,
les intentions d'art et d'urbanisme, qui ont entouré à Rome, de la
Renaissance au néo-classicisme, la résurrection des obélisques an
tiques, méritent encore quelques éclaircissements.
·*·
L'année 1586 a vu le transport et l'installation sur la place
Saint-Pierre de l'obélisque du Vatican : un pape, Sixte-Quint,
champion de la Contre- Réforme, un architecte, Domenico Fon
tana, prince de la technique, s'en partagent la gloire. Mais il s'agit
de la réalisation d'un vieux projet de la Renaissance et tout un
courant de curiosités et de recherches avaient effectivement pré
paré l'un des événements les plus spectaculaires de la fin du
xvie siècle romain. Dès le Quattrocento, la science archéologique
et la pensée ordonnatrice de la Renaissance avaient posé le pro
blème de ces monuments antiques, devenus les témoins familiers
de la Rome médiévale et qui, tantôt dressés, tantôt abattus, tan
tôt plus ou moins complètement enfouis, excitaient les imaginat
ions 1. Très tôt — au milieu du χνθ siècle — on envisage leur sau
vetage et leur réemploi dans la cité dont Léon-Baptiste Alberti
conçoit au même moment l'ordonnance nouvelle2, très tôt les ar
tistes les dessinent, en tentent sur le papier la restauration, les ar
chéologues se penchent sur leurs inscriptions, leur histoire, leur
rôle dans l'antiquité romaine.
1 Au milieu du xvie siècle, on pouvait voir à Rome : dressés : l'obé
lisque Vatican, l'obélisque capitolin (jusqu'en 1542, ensuite gisant), d,e San-Macuto (au moins partiellement dressé, comme en t
émoignent les plans de cette époque) ; à terre et plus ou moins brisés : l'obé
lisque de Ripetta (plus tard à Sainte-Marie-Majeure), l'obélisque hors de
la porte Majeure, l'obélisque des jardins de Salluste, du
Cirque de Maxence ; à peu près complètement enterrés : l'obélisque so
laire d'Auguste, d'Auguste et celui de Constance au Grand
Cirque.
1 Pierre Lavedan, Histoire de l'urbanisme, II, Paris, 1941. J.-J. GLOTON 440
L'idée du transport de l'obélisque Vatican 1, le seul qui fût resté
toujours debout à sa place d'origine, remonte à, Nicolas V (1447-
1455) et dès ce moment elle se double d!un projet de transformation,
de «modernisation». Ordonnée la reconstruction de la basilique, dans
ces années décisives du milieu du xve siècle, entreprise la nouvelle
abside au long de la rue actuelle « des Fondations », on conçoit de pla
cer sur l'axe principal de la future église, en avant de la future façade,
l'obélisque devenu tout à fait excentrique au flanc du vieux Saint-
Pierre, non loin de la rotonde de Saint-André. Nicolas V, comme
plus tard Sixte-Quint, entend donner à ce transport une significa
tion chrétienne évidente : aussi se propose-t-il de placer l'obé
lisque « dépaganisé » sur une base constituée par les statues de
bronze colossales des quatre évangélistes et d'en couronner le som
met d'une statue du Sauveur tenant une croix d'or dans la main
droite. Projet sans lendemain, bien que Paul II, puis Paul III,
aient pensé à leur tour à tenter l'aventure, et pourtant projet
d'avenir, dont on trouvera maint écho sous Sixte-Quint, et même
en plein âge baroque.
En attendant, artistes et archéologues travaillaient à mieux
connaître ces restes de l'antiquité classique. Mais tout ce qui tou
chait à l'Egypte avait-il jamais cessé d'intéresser le milieu r
omain? En plein Moyen Age, ne voit-on pas à la cathédrale de Gir
vità-Castellana un sphinx d'Egypte, qui supporte, avec des lions
plus familiers, l'un des ambons construits par les Gosma? Au
xve siècle, Eugène IV, prédécesseur immédiat de Nicolas V, fait
installer devant le Panthéon un monument « à l'antique » : deux
lions égyptiens2 qui encadrent une grande vasque de porphyre
1 Ludwig von Pastor, Sislo V, il creatore della nuova Roma, Rome,
1922. Le professeur Ferdinando Castagnoli (communication du 2 juin
1960 à la Pontificia Accademia Romana di Archeologia) a récemment r
etrouvé la base de l'obélisque à son emplacement antique, au centre de
la spina du Cirque de Néron.
a Cesare d'Onofrio, Le Fontane di Roma, Rome 1957, pi. 71. Ces lions LES OBÉLISQUES DE LA RENAISSANCE AU NÉO-CLASSICISME 441
rouge. Vers la même époque, deux autres lions d'un type voisin,
trouvés près de l'antique Iseum Campense, sont mis en place de
vant San-Stefano-del-Cacco 1. Obélisques et pyramides appar
aissent dans les vues de Rome les plus anciennes. Ainsi vers
1450, dans un manus

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