Les Souama de Mécherasfa - article ; n°1 ; vol.2, pg 390-396
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1882 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 390-396
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1882
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

René de la Blanchère
Les Souama de Mécherasfa
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 2, 1882. pp. 390-396.
Citer ce document / Cite this document :
de la Blanchère René. Les Souama de Mécherasfa. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 2, 1882. pp. 390-396.
doi : 10.3406/mefr.1882.6859
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1882_num_2_1_6859.
LES SOUAMA DE MECHERASFA
(ρκον. d'oban, algébib).
Saida, Frenda, Tiaret sont les chefs-lieux de territoires à che
val sur le Tell et les Hauts-Plateaux, terminant Je premier vers
le Sud, commençant les autres au Nord. Dans une exploration
toute récente, j'ai pu constater l'existence d'au moins deux cents
villes, bourgs, villages antiques, dans ces pays qui n'ont pas au
jourd'hui une population de soixante-dix mille âmes. Tous ces
établissements sont curieux ; mais bien peu offrent plus d'intérêt
que celui de Mécherasfa. Il renferme en effet des souvenirs d'un
christianisme assez ancien.
Le caravansérail de Mécherasfa est situé à une trentaine de
kilomètres de Tiaret, au Sud-Ouest, sur l'ancien chemin de Masc
ara. Les ruines se trouvent au bord de l'Oued Mina, à six kil
omètres environ au Nord-Ouest.
La Mina, qui a déjà peu d'eau dans la saison où nous som
mes, est encore un grand fleuve pour l'Algérie: elle coule tou
jours, et fournit aux irrigations d'un vaste territoire. Dans cette
partie de son cours, elle est éxtraordinairement sinueuse. Profon
dément encaissée dans une étroite gorge qu'elle a creusée elle-
même, elle serpente entre les montagnes et les collines, décou
pant une série de promontoires à chacun desquels correspond
naturellement un cirque sur la rive opposée. En général ces dé
coupures sont nettes, souvent élégantes, présentant de beaux points,
de vue. Presque toujours la pente ne descend pas jusqu'à la r
ivière, mais se termine par une coupure à pic, où les couches
superposées de la pierre paraissent comme des gradins : on dirait
les ruines d'un théâtre. C'est sur un de ces promontoires, sur LES SOUAMA DE MÉCHERASFA 391
la rive gauche, qu'après avoir passé la Mina au Méchera-sfa (le
gué des Pierres Plates), on trouve les ruines dites Souama (les
Minarets). Il faut croire qu'autrefois quelques piliers, quelques
pans de mur auront mérité cette épithète; aujourd'hui rien au
monde ne rappelle moins des minarets. En face, de l'autre côté
du fleuve, s'étend un vaste champ funéraire, rempli de ces petits
dolmens berbères que tous les touristes d'Alger connaissent par
ceux de Guyotville.
Le ruines couvrent un grand espace : c'est une ville qu'il y
avait là. Toute la pente du promontoire et le plateau qui le su
rmonte sont enfermés dans l'enceinte extérieure, et couverts des
débris des maisons. Celles-ci, comme partout dans la contrée,
étaient faites de moellons; aucune trace de briques, ni de tuiles,
ni de matériaux précieux, ni d'objets d'art. Le seul reste d'orne
mentation qui apparaisse est une rosace, de style des bas temps,
sur une pierre qui paraît venir d'un tombeau. Les fragments de
vases ne sont pas rares : c'est de la poterie romaine et berbère
de qualité commune, sans rien de particulier. Les maisons, petites
et serrées, comme dans les autres villes du pays, étaient grou
pées en quartiers séparés par des murs : c'est une disposition or
dinaire. Ces murs ont assez bien résisté, grâce au volume de leurs
matériaux, et surtout à l'absence de mortier. Les moellons des
maisons, noyés le plus souvent dans du mortier indigène, qui n'est
qu'une misérable boue, sont tombés. Les pierres des murs, super
posées à sec, n'ont été renversées par personne depuis l'abandon
de ces lieux. D'ailleurs, pas une pierre de taille, sauf l'exception
qu'on verra plus loin.
Cependant, surtout dans le mur d'enceinte, il y a quelque
régularité. On s'y tromperait même, et voici pourquoi. Les grès
des environs sont disposés, comme dans une grande partie de
l'Algérie, par couches nettement divisées, séparées souvent par
des lits de terre ou de roche friable. On obtient donc, en cassant LES SOUAMA DE MÉCHERASFA 392
chacun d'eux, des dalles toutes de même épaisseur ; et, si on les
fait rectangulaires, on a une certaine régularité. C'est ainsi qu'ont
procédé les gens des Souama de Mécherasfa pour avoir ces fausses
pierres de taille que l'on trouve dans leurs remparts et dans des
ruines qui doivent être celles de leurs édifices publics. C'est ainsi
qu'ils obtenaient les blocs quadrangulaires dont ils faisaient des
auges pour l'usage domestique, quand ils ne les creusaient pas
dans le roc même où posait leur demeure : l'un et l'autre exemple
est fréquent. C'est ainsi enfin qu'ils construisaient les monuments
que je veux signaler.
Le cirque qui précède le promontoire où la ville était con
struite est enfermé dans la même enceinte, mais séparé du reste
par un mur, et toute sa pente est couverte de constructions d'un
genre particulier.
Elles sont formées de deux murs et d'un toit. Le fond de la
chambre ainsi obtenue est la paroi même du rocher, taillée ver
ticalement par la nature. Très-souvent celle-ci a eu besoin d'être
aidée : on l'a fait en cassant simplement les saillies des cou
ches de pierre. Presque sans aucune exception, le monument est
en demi-sous-sol, une partie des murs latéraux étant formée par
la roche même, et l'emplacement de la pièce creusé pour sup
primer la pente et obtenir un plan horizontal. A peu près toutes
les constructions sont dépourvues de façade et semblent n'en avoir
jamais eu. Leurs dimensions n'excèdent guère cinq ou six mètres
en aucun sens; il est rare qu'on y tienne debout: l'aspect gé
néral est celui d'autant de grottes artificielles.
Cet aspect est encore augmenté par l'appareil de la construct
ion. Les murs sont faits de pierres obtenues comme je l'ai dit
plus haut. Un ou deux monolithes de même espèce vont de l'un
à l'autre, en guise d'architrave ou de maîtresse poutre. La toi
ture se compose d'un certain nombre de longues dalles étroites,
plus semblables à des poutres qu'à autre chose, et obtenues en J1' v F* "
LES SOUAMA DE MECHERASFA 393
cassant le lit naturel du grès suivant des rectangles de trois à
six mètres de long et de cinquante centimètres à un mètre de
large.' Parfois même on s'est donné la peine de reproduire la cou
che naturelle ; une des toitures est faite de cinq pièces, dont une
triangulaire, qui ont été apportées là et replacées telles qu'elles
étaient quand elles ne faisaient dans la carrière qu'une vaste table
d'un seul morceau. Nous avons là un des systèmes d'architec
ture les plus primitifs. Quelle que soit son époque, il est, techn
iquement parlant, plus primitif que les constructions en monol
ithes ajustés de l'Inde. Celles-ci reproduisent en effet le procédé
des constructions en bois, assemblées par tenons et mortaises. Il
est plus primitif encore que les constructions les plus élémentaires
de l'Egypte, le temple du Sphinx par exemple. Dans celles-ci,
outre que le plan est déjà compliqué, la maçonnerie en vraies
pierres de taille est usitée, et les monolithes qui font les piliers
et les architraves sont taillés et parés avec soin. Ici plan et
appareils sont pris à la nature: le plan est celui d'une grotte,
l'appareil est la reproduction des lits de grès dans la carrière.
Que sont ces monuments, et de quand datent-ils? Sont-ce des
habitations? Non sans doute. Les maisons de la ville sont en
moellons et en pierres sèches ; on n'y trouverait aucune construct
ion analogue à celle-ci, sinon une espèce de casemate dans une
sorte de bastion du rempart. Ce n'est pas que, déblayé et remis
en état, un de ces monuments ne puisse faire une habitation in
digène : il vaut mieux que bien des gourbis. Mais c'était là une
construction très-pénible et coûteuse à faire. Combien n'a-t-il pas
fallu de temps, de bras et de travail pour tailler, porter, disposer
tous ces blocs, et cela sur un pareil terrain ! Les peuples qui ne
connaiss

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