Lettres d universitaires. À propos de la correspondance de Gaston Paris - article ; n°1 ; vol.8, pg 33-47
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Lettres d'universitaires. À propos de la correspondance de Gaston Paris - article ; n°1 ; vol.8, pg 33-47

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Description

Mil neuf cent - Année 1990 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 33-47
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 19
Langue Français
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Extrait

Michael Werner
Lettres d'universitaires. À propos de la correspondance de
Gaston Paris
In: Mil neuf cent, N°8, 1990. pp. 33-47.
Citer ce document / Cite this document :
Werner Michael. Lettres d'universitaires. À propos de la correspondance de Gaston Paris. In: Mil neuf cent, N°8, 1990. pp. 33-
47.
doi : 10.3406/mcm.1990.1011
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_1146-1225_1990_num_8_1_1011Lettres d'universitaires
A propos de la correspondance
de Gaston Paris
MICHAEL WERNER
Le présent article est incomplet à un double titre : il porte d'une
part sur un travail en cours. Aussi ne s'agira-t-il pas, pour l'heure,
de rendre compte de l'exploitation d'un corpus intégral, en l'o
ccurrence la correspondance de Gaston Paris, mais d'une simple
incursion dans la problématique de l'archive ou, plus exactement
encore, dans les questions que pose la constitution en objet scien
tifique de cette pour qui voudrait étudier l'histoire
de la philologie romane en France. D'autre part, cette enquête n'a
pas pour objet la totalité de la correspondance, mais porte essen
tiellement sur les lettres adressées à G. Paris, c'est-à-dire celles qui
sont conservées dans le fonds Paris de la Bibliothèque nationale.
Les lettres rédigées par Paris n'entrent en ligne de compte que de
façon exceptionnelle, soit qu'elles aient été recueillies par les héri
tiers de Paris et incorporées au fonds, soit qu'une raison particul
ière, liée aux aspects que je me proposais d'étudier, m'ait incité
à les consulter. Notons enfin que la lecture que j'ai faite de cette
correspondance a été bien entendu sélective et orientée en fonc
tion de mes propres interrogations. Elle n'a pas porté sur la nature
même ni la spécificité du corpus, mais, en premier lieu, sur un
certain nombre d'informations qu'il véhicule.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il n'est cependant pas inut
ile de donner quelques indications d'ordre matériel pour situer
des ordres de grandeur et fournir des repères indispensables.
La correspondance de Gaston Paris a été rassemblée à la Biblio-
33 thèque nationale en trente-sept volumes 1. Les lettres adressées à
Paris occupent trente-quatre volumes, alors que trois volumes
recueillent certaines lettres rédigées par Paris lui-même. Les lettres
reçues par G. Paris représentent plus de quinze mille folios et près
de onze mille pièces. Le nombre des expéditeurs-rédacteurs appro
che les huit cents, dont environ dix pour cent d'étrangers,
presque exclusivement des Allemands et des Autrichiens, aux
quels s'ajoutent quelques Suisses, des Belges, Hollandais, Italiens,
Norvégiens, Russes, etc.
Les lettres rédigées par G.Paris et conservées dans le fonds
sont au nombre d'environ trois cent cinquante, soit mille trente-
neuf folios. On trouve dans cet ensemble notamment des lettres
adressées à des collègues allemands, à quelques personnalités fran
çaises comme Gabriel Monod, enfin des lettres adressées à l'ami
de jeunesse Henry Durande.
L'ensemble de ces documents est complété par la correspon
dance de Paul Meyer 2, qui a été pendant plus de quarante ans le
collègue et collaborateur étroit de G.Paris. Ce deuxième fonds
représente de son côté plus de six mille trois cents folios ou envi
ron quatre mille lettres. L'aspect complémentaire est particulièr
ement patent pour les lettres échangées entre les deux hommes,
qui forment une correspondance dans la correspondance.
Terminons ces remarques introductives par quelques indications
sur la vie et la carrière de Gaston Paris. Il est né à Paris le 9 août
1839. Fils de Paulin Paris, conservateur à la Bibliothèque royale
et futur professeur au Collège de France, il est envoyé à l'âge de
dix-sept ans, après avoir été reçu au baccalauréat ès-lettres, dans
les universités allemandes, en premier lieu afin d'apprendre la
langue, mais aussi pour se familiariser avec le système allemand
d'enseignement supérieur, dont le prestige commençait alors à se
répandre en France. C'est ainsi qu'il passe d'abord un an à Bonn,
où il fait la connaissance de Friedrich Diez, puis une année à
Gôttingen, où il est accueilli par le philologue et historien Cur-
tius et s'initie par ailleurs au moyen haut-allemand. A son retour
d'Allemagne il entre, à dix-neuf ans, à l'Ecole des Chartes, sou
tient une thèse sur le rôle de l'accent latin dans la langue fran
çaise et décide de se lancer dans une carrière universitaire, en se
1. Bibliothèque nationale, Nouvelles acquisitions franc. (N.a.fr.)
24 430-24 466.
2. N.a.fr. 24 417-24 428.
34 consacrant notamment à l'étude de la littérature et de la langue
françaises du Moyen Age. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1865
sous le titre Histoire poétique de Charlemagne et portant sur les
chansons de geste, lui vaut le prix Gobert3. Entre 1866 et 1869,
il déploie une grande activité en participant à la création de la
Revue critique (nous y reviendrons), de la Société de linguistique
de Paris 4, puis à la mise en place de l'Ecole pratique des Hautes
Etudes, où il donne dès 1868 un enseignement de grammaire his
torique de la langue française. En 1869, il devient suppléant de
la chaire de son père au Collège de France où il assure un cours
d'histoire de la littérature française. Pendant les années 1870, il
s'investit dans son enseignement à ГЕРНЕ, véritable plate-forme
pour l'implantation de la philologie en France, crée avec Paul
Meyer la revue Romania — pendant à la Germania allemande — ,
mais se préoccupe également de la réforme universitaire, en mili
tant notamment au sein de la Société de l'enseignement supérieur,
dont il est un des membres fondateurs. Il est élu à l'Académie des
inscriptions et belles-lettres en 1877 et devient en 1886 président
de la section historique et philologique de ГЕРНЕ. Sa nomination
définitive au Collège de France, sur une nouvelle chaire de langue
et littérature françaises du Moyen Age, taillée à sa mesure, inter
vient en 1881. Les réunions hebdomadaires d'« exercices de cri
tique » qui ont lieu chez lui le dimanche matin à dix heures cons
tituent une sorte de séminaire de savants à petit effectif, célèbre
dans le monde des philologues de l'époque. En 1896, il est élu à
l'Académie française. L'affaire Dreyfus le montre parmi les
défenseurs obstinés de la cause des juifs poursuivis. Il meurt le
5 mars 1903, après avoir exercé, pendant les dix dernières années
de sa vie, la fonction d'administrateur du Collège de France.
La correspondance de Gaston Paris fournit un certain nombre
d'enseignements pour qui voudrait étudier la spécificité du genre
et son utilisation par l'historien de la culture. J'en isolerai six,
choisis de façon plus ou moms arbitraire.
3. Sur les discussions qui ont précédé l'attribution de ce prix
voir Michael Werner, «A propos de l'évolution historique des
philologies modernes : l'exemple de la philologie romane en All
emagne et en France », in : Michel Espagne/Michael Werner (eds) ,
Philologiques I. La constitution des disciplines littéraires en France
et en Allemagne, Paris, Editions de la M.S.H., 1990, chapitre IX,
annexe.
4. Il présidera cette société en 1873.
35 — Une première catégorie concerne les problèmes de lieu.
Comme beaucoup de ses semblables, mais à la différence de col
lègues et amis tel Frédéric Mistral, Paris séjourne généralement
dans la capitale française. Le fait de se trouver dans un lieu qui
concentre de façon exceptionnelle les activités intellectuelles de
la nation constitue une particularité qui a des effets sur la nature
même de la correspondance. Il signifie en effet, entre autres
choses, des rencontres fréquentes avec les personnalités les plus
éminentes du milieu socioprofessionnel et, de ce fait, un poids
certain de l'oral. Il s'agit là d'une donnée qui, dans aucun autre
pays de l'Europe, n'a pris des proportions similaires. Ce qui veut
dire que la correspondance d'un intellectuel parisien, qui est bien
intégré dans son milieu, ne reflète d&

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