Notes d archéologie et d architecture orientales - article ; n°1 ; vol.62, pg 1-20
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Notes d'archéologie et d'architecture orientales - article ; n°1 ; vol.62, pg 1-20

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Description

Syria - Année 1985 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 1-20
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Margueron
Notes d'archéologie et d'architecture orientales
In: Syria. Tome 62 fascicule 1-2, 1985. pp. 1-20.
Citer ce document / Cite this document :
Margueron Jean. Notes d'archéologie et d'architecture orientales. In: Syria. Tome 62 fascicule 1-2, 1985. pp. 1-20.
doi : 10.3406/syria.1985.6876
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1985_num_62_1_6876NOTES D'ARCHÉOLOGIE
ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES
PAR
Jean Margueron
4. — PROPOS SUR LE SILLON DESTRUCTEUR (ÉTUDE DE CAS)
Depuis une vingtaine d'années archéologues et Services d'Antiquités de divers pays
d'Orient se sont intéressés à la question de la préservation des maçonneries de briques
crues et de pisé. On s'est à juste titre insurgé contre la fatalité de la disparition des ruines
dégagées par les équipes archéologiques depuis un siècle et demi au Proche-Orient.
D'importantes observations ont été effectuées et des recherches sur les techniques de
préservation ont été scientifiquement conduites ; même si les solutions ne sont pas encore
à portée de main, du moins à ma connaissance, on peut espérer à moyen terme une
solution satisfaisante1.
Mon incompétence ne me permet pas de m'engager dans une direction qui requiert
une formation scientifique. Aussi bien, si mon attention a été attirée par certaines
modalités de destruction des édifices en briques crues, c'est moins dans l'intention de
trouver des solutions au problème de leur conservation que pour mieux comprendre les
situations archéologiques nées de différents modes de destruction des édifices antiques.
1. Notons parmi les travaux de ces dernières années R. J. McTntosh, «Archaeology and mud wall decay in a
Th. Carter et R. Paglikro, «Notes on the Mud-brick West Africa village», World Archaeology 6, 1974, p. 154-
Preservation », Sumer 22, 1966, p. 65-76; G. Gui.lini, 170. On trouvera dans ces articles une bibliographie
«Contribution to the Study of the Preservation of Mud- complémentaire,
brick Structure», Mesopotamia 3-4, 1968-69, p. 443-473; SYRIA [LXII 2
Je voudrais traiter ici de quelques observations concernant le phénomène bien connu de
l'affouillement de la base de certains murs par un sillon qui ne leur laisse guère de chance
de survie.
Signalons d'abord le caractère très ponctuel de ces remarques qui ne se prêtent pas
toujours à une généralisation. Notons ensuite que ma démarche est différente de celle de
Th. Carter et R. Pagliero qui raisonnent uniquement sur des ruines dégagées par des
fouilles ; même si je suis conduit dans les pages qui suivent à utiliser ce type d'enquête,
c'est le processus de la destruction de l'édifice antique qui m'intéresse. Bien entendu il
sera fait aussi appel à l'observation de ce phénomène à l'époque actuelle, comme l'a fait
R.J. Mclntosh qui a cherché les conséquences en stratigraphie des observations qu'il
avait faites sur des maisons actuelles.
1. Les plinthes du palais oriental de Mari
Le début du dégagement de cet édifice lors de la reprise des fouilles de Mari en 19792
a mis en évidence une situation très particulière dans le niveau le plus ancien. En effet, à
l'époque de la construction3 un très beau sol de plâtre a été aménagé dans la totalité du
bâtiment, du moins à ce qu'il semble en l'état actuel du dégagement : une plinthe de la
même matière a été établie sur le pourtour des pièces et des couloirs. Le sol portait des
traces d'usure particulièrement nettes, mais sans indication de destruction : seul un long
usage en était donc responsable. En revanche, les plinthes dans toutes les pièces dégagées
en 1979 et 1980 étaient très abîmées : manifestement une vive érosion s'était exercée à la
base des murs et les avaient affouillées parfois profondément. De la plinthe qui faisait
anciennement le tour de la pièce il ne restait que quelques chicots de place en place
attenant encore au sol (fig. 1). On put constater aussi que l'affouillement avait fait
l'objet d'une réparation : en certains endroits la cavité avait été remplie avec des
matériaux hétéroclites dont, d'ailleurs, des fragments de plinthe en plâtre, et par
endroits on pouvait se demander si un enduit n'avait pas été appliqué contre cette
réparation de fortune pour en masquer l'existence. Même si la certitude n'a pu être
obtenue dans le cas présent, il faut rappeler qu'il s'agit d'une pratique courante que l'on
ne peut toujours observer au moment de la fouille; je l'ai constatée une première fois
dans l'E-Babbar de Larsa où un enduit avait caché l'état de délabrement d'un mur4, et
2. Circonstances et premiers résultats dans Mari, début du xxie, mais il n'est pas impossible qu'elle soit en
Annales de Recherches Interdisciplinaires — M. A.R.I. 1, fait antérieure.
1982, p. 14-24, pi. 4-1 et -2; M.A.R.I. 2, 1983, p. 10-13, 4. Fouille de 1970, J. Margueron, «Larsa, rapport
pi. Il-a; M.A.R.I. 3, 1984, p. 8-21. préliminaire sur la cinquième campagne», Syria XLVT1T,
3. La date de construction est encore très imprécise : 1971, p. 271-287; mais je n'y fais pas allusion à ce fait
je l'estime pour le moment au début du xxp siècle ou au précis. NOTES D'ARCHÉOLOGIE ET D'ARCHITECTURE ORIENTALES 1985]
Fig. 1. — Deux exemples d'affouillement de la base des murs du niveau le plus ancien du palais oriental de Mari, salles 1
et 2, avec des traces de réparation.
une autre fois à Mari où un beau revêtement avait empêché de remarquer lors de la
fouille du palais P-2 du III' millénaire de très importantes réparations5.
Les conclusions concernant les différentes phases d'occupation de ce palais oriental
de Mari seront tirées dans la publication définitive. Pour notre présent propos sur
l'érosion subie par une construction de briques crues, trois aspects principaux retiennent
l'attention :
• Tout d'abord le fait que cette érosion s'est exercée à l'intérieur d'un édifice :
partout où elle a été observée, les espaces étaient couverts et aucune cour n'a été
reconnue de façon certaine6. C'est là, bien entendu une confirmation, s'il en était besoin,
que le phénomène de l'érosion par affouillement de la base des murs est lié au principe
physique de capillarité, qu'on le rencontre dans des milieux relativement humides, plus
ou moins salins et qu'il n'est pas uniquement observable sur des murs extérieurs. On ne
voit pourtant pas très bien les raisons de cette humidité dans le palais oriental de Mari,
puisqu'il a été édifié sur une terrasse de 4 m env. de hauteur qui contenait une grande
tombe voûtée en briques cuites7. D'autre part la base des murs se trouvait à plus de 8 m
au-dessus du niveau de la plaine, c'est-à-dire à une distance telle de la nappe phréatique
que son influence ne devait pas se faire sentir8.
5. Ces réparations constatées dans le palais P-2 seront 7. Cf. M. A. RI. 3, p. 197-215.
étudiées dans la publication à venir des palais du 8. Cf. Th. Carter et R. Pagmero, Sumer 22, 1966,
IIIe millénaire. p. 67, n. 8.
6. Il reste toutefois la pièce III pour laquelle les
conclusions ne sont pas encore assurées. 4 SYRIA [LXII
• La conséquence la plus simple de l'affouillement d'un mur, mais la plus
dramatique pour l'édifice, a été observée à Mari quelques jours après le dégagement de la
salle VII ; en effet, une fissure parallèle au bord du mur occidental est rapidement
apparue sur le sommet ; elle était tout à fait conforme au cas décrit par Th. Carter et
R. Pagliero et présentait la particularité de s'être installée à la verticale de la limite
intérieure de l'affouillement. La conséquence ne s'est pas fait attendre : tout ce qui était
au-dessus de l'affouillement s'est effondré d'un bloc peu après que la fissure eut été
remarquée9.
• Le dernier point important qu'il faut soulever, concerne l'apparente inefficacité de
la plinthe de plâtre. Contrairement à la proposition de Th. Carter et R. Pagliero10,
l'antiquité orientale à diverses reprises a utilisé un revêtement de plâtre pour protéger les
murs; ce

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