Où mènent les autoroutes ? - article ; n°84 ; vol.15, pg 149-162

Eric George, Geneviève Vidal

Description

Réseaux - Année 1997 - Volume 15 - Numéro 84 - Pages 149-162
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: RESEAUX
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 30
• Langue: Français

Extrait

Éric George
Geneviève Vidal
Où mènent les autoroutes ?
In: Réseaux, 1997, volume 15 n°84. pp. 149-162.
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George Éric, Vidal Geneviève. Où mènent les autoroutes ?. In: Réseaux, 1997, volume 15 n°84. pp. 149-162.
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Où mènent les autoroutes ?
Eric GEORGE
Geneviève VIDAL
Réseaux n° 84 CNET- 1997
149 — autoroute de l'information interconnexion
de réseaux fort différents les uns des
autres, de par leurs capacités techniques et
la nature des messages véhiculés : « réseau
véhiculant rapidement et à grande échelle
des données numériques (textes, gra
phiques, sons, images fixes et animées) à
destination de terminaux, ordinateurs et
téléviseurs ». Traditionnellement, l'Internet
a l'ordinateur pour terminal et la télévision
interactive le téléviseur.
Dans l'analyse suivante, nous nous
concentrons sur le CD-ROM, le disque
optique qui s'est imposé comme le support
numéro un du multimédia hors ligne et sur
l'Internet, l'exemple d'autoroute de l'info
rmation le plus développé jusqu'à maintenant.
L'explosion du multimédia, les pro L'audiovisuel, l'édition,
messes des autoroutes de l'informa l'informatique et
tion et l'avènement de la nouvelle les télécommunications
société de l'information sont autant de en recomposition
thèmes médiatiques récurrents depuis ces
La sphère de la production est caractéridernières années (1). Mais au-delà de ces
effets d'annonce, où en est vraiment le sec sée par une phase de bouleversements
teur du multimédia et des autoroutes de importants, typiques d'un marché en crois
sance. L'importance des investissements à l'information en 1997 ? Quelles sont les
caractéristiques de ce marché en émer effectuer, les incertitudes liées aux régle
gence ? Comment celui-ci évolue-t-il ? mentations -, les législations nationales et
internationales sont encore souvent floues Telles sont les questions que nous nous
en la matière - les hésitations sur les proposons d'aborder dans cet article.
Les termes « multimédia » et « autou- modes de distribution à privilégier, l'ab
routes de l'information » étant ambigus de sence de stabilisation de la structure des
par leur nature polysémique, nous retenons dépenses et des recettes, les points d'inter
rogation quant aux usages sociaux - seulles deux définitions suivantes :
multimédia : « média électronique ou ement en début de formation - expliquent
informatique intégrant simultanément plu largement la multiplication des stratégies
sieurs éléments parmi lesquels des gra de coopération et d'intégration de toutes
phiques, des images animées ou fixes, des sortes : ententes, alliances, voire fusions se
sons et des textes pouvant être utilisés de multiplient.
différentes façons selon la volonté de l'usa Toutes les filières du secteur du multi
média - des supports aux contenus - sont ger dans le cadre des possibilités définies
par le concepteur ». Le multimédia peut concernées par ces processus. En consé
être en ligne (notamment le World Wide quence, la dynamique du développement
Web de l'Internet) ou hors ligne (CD- du multimédia et des autoroutes de l'info
rmation devrait conduire à une nouvelle ROM, CD-I, Photo-CD, CD-jeux, DVD),
(1) On peut considérer que la forte médiatisation de ce secteur est lancée par l'intervention du vice-président amér
icain Al Gore devant l'Académie de télévision de Los Angeles le 11 janvier 1993. Devant un parterre d'indust
riels de l'audiovisuel, des télécommunications et de la technologie, Al Gore annonce un programme - rapide
ment baptisé « information superhighways » - évalué à plusieurs centaines de milliards de dollars, et chargé de
mobiliser les Américains autour de cette nouvelle frontière électronique.
151 — répartition des rôles au sein des sphères de rencontre de mondes fort différents. Ainsi,
producteurs de contenu d'une part, distrl'audiovisuel, de l'édition, de l'informa
tique et des télécommunications, toutes ibuteurs de programmes, gestionnaires de
concernées par la production de produits et réseaux, fabricants de matériel, d'autre
de services multimédiatiques. Les straté part, se rapprochent afin de chercher chez
l'autre ce dont ils ne disposent pas eux- gies peuvent viser à créer des regroupe
ments autour de la production de biens et mêmes : savoir, savoir-faire, liquidités
de services précis. Il en a été ainsi autour financières et image de marque. Cette col
du nouveau disque numérique, le DVD. laboration peut être source d'efficacité et
Au départ, on avait d'un côté l'alliance de création originale, mais elle n'est pas
toujours facile, chacune des parties agisPhilips-Sony avec des partenaires compt
ant pour 60 % des parts de marché mond sant en fonction de ses traditions (3).
iales des ventes de lecteurs de CD-ROM Quelles seront les entreprises vain
queurs de ces « grandes manœuvres » ? et, de l'autre, on retrouvait parmi les parte
naires de l'alliance Matsushita-Toshiba les IBM était reine à l'époque où trônaient les
plus grands fabricants d'électronique gros ordinateurs, avant d'être dépassée par
grand public ainsi que les majors holly Microsoft, l'entreprise qui a le plus pro
woodiennes. Finalement, en 1995, les deux gressé lors de l'explosion de la microi
nformatique. En l'an 2000, Netscape sera- consortiums ont considéré qu'il était indi
spensable de s'allier (2), étant donnée l'i t-elle la figure emblématique de l'ère des
mportance des coûts, ne serait-ce qu'en ordinateurs en réseau ? Depuis la montée
termes de recherche. en puissance de Microsoft, c'est certes la
D'autres stratégies peuvent regrouper première fois que l'entreprise de Bill Gates
des acteurs représentant les différentes n'est pas leader sur un segment du marché
étapes du processus de production afin de des logiciels, en l'occurrence sur celui des
contrôler l'ensemble de celui-ci. De par sa logiciels de navigation sur le Web. Mais
après avoir investi depuis quelques mois nature hybride, le multimédia favorise la
Les parts de marché de Netscape et de Microsoft en matière de navigateurs sur le Web Navigator Microsoft Explorer Mois Autres
Janvier 1997 56,9 % 30,8 % 12,3 %
Juillet 1996 72,6 % 15,8 % 11,6%
Janvier 1996 81,3 % 5,5% 13,2%
Illustration non autorisée à la diffusion - Juillet 1995 72,0 % 28,0 %
- Janvier 1995 68,0 % 32,0 %
- 45,0 % Décembre 1994 55,0 %
- Novembre 1994 13,0 % 87,0 %
Source : « Webtrends 1996 » Adresse Web (URL) http://www.interse.com/webtrends/
dans l'Internet, Microsoft commence déjà compte des accusations d'atteinte au prin
à rattraper son retard en la matière. cipe de la concurrence proférées par ses
Au-delà de la lutte avec Netscape pour concurrents auprès du Secrétariat d'État
le contrôle du marché de l'Internet (et de américain au commerce. Afin d'échapper à
l'Intranet), Microsoft doit désormais tenir un jugement négatif, Microsoft veillerait-
(2) L'ensemble des spécifications concernant le DVD ont été arrêtées par les deux consortiums le 8 décembre
1995.
(3) A titre d'exemple, le mariage de la pellicule et de l'ordinateur n'est pas sans obstacle. Les données écono
miques sont très différentes : un CD-ROM de bonne qualité coûte en moyenne un à deux millions de francs et un
film de long métrage plus de trente millions de francs. Les processus de production sont très différents : les
acteurs de cinéma ont peur de se voir dépossédés de leur rôle central et les metteurs en scène ont du mal à consi
dérer que les utilisateurs puissent agir sur le déroulement du contenu.
152 à la subsistance d'un minimum de elle entreprises doivent tenir compte d'états de
concurrence ? L'entreprise dominante a de développements des marchés très diffé
toute façon intérêt à ne pas tuer celle-ci, rents selon les pays. Ainsi, le marché amér