Parallélisme de comportements et pratiques concertées - article ; n°1 ; vol.63, pg 25-44
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1993 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 25-44
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Phlips
Parallélisme de comportements et pratiques concertées
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 63. 1er trimestre 1993. pp. 25-44.
Citer ce document / Cite this document :
Phlips Louis. Parallélisme de comportements et pratiques concertées. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 63. 1er trimestre
1993. pp. 25-44.
doi : 10.3406/rei.1993.1458
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1993_num_63_1_1458PHLIPS* Louis
PARALLÉLISME DE COMPORTEMENTS
ET PRATIQUES CONCERTÉES
I. — INTRODUCTION
L'invasion de la théorie économique par la théorie des jeux ne semble avoir
épargné aucun domaine de la microéconomie. Dans cet article, je me pro
pose d'exposer les apports bénéfiques de cette invasion pour une meilleure com
préhension des comportements parallèles et de leur nature plus ou moins collus
ive. Inévitablement, l'attention sera centrée sur le « price leadership » (1) qui carac
térise bon nombre de marchés oligopolistiques (2).
Qui dit leadership pense au modèle de Stackelberg, où deux firmes ont des stra
tégies en quantités et où le meneur augmente sa part de marché (et son profit)
en anticipant le comportement du suiveur (qui prend la production du meneur
comme donnée). Malheureusement, ce modèle ne donne pas une explication suf
fisante du parallélisme des comportements qui nous intéresse ici, à savoir le fait
que l'annonce d'un nouveau prix par une firme est très rapidement reprise par
(*) Je remercie Alan Kirman et Stephen Martin pour leur aide dans ma recherche bibliographique.
(1) Je me limite au cas où une firme annonce un prix, suivie rapidement par tous ses concurrents.
Je ne considère donc pas les situations, dites de price leadership « collusif », où un groupe de
firmes dominantes est suivi par une frange compétitive. Les conditions dans lesquelles de tels groupes
peuvent se créer et se maintenir sont examinées, par exemple, par Markham (1951), Oxenfeldt
(1952), Lanzillotti (1957), d'Aspremont et al (1983) et Sleuwaegen (1985). Shaw (1974) discute
les difficultés des meneurs, face à l'entrée de concurrents nouveaux, sur le marché de l'essence
en Grande-Bretagne. Les pertes de bien-être associées à ces situations sont évaluées empirique
ment par Gisser (1984 et 1986), Dickson (1988), Gisser (1988), Willner (1989) et Gisser (1989)
pour les États-Unis. Le concept juridique de « dominance collective » utilisé récemment par la
Commission des Communautés européennes par référence à l'article 86 du traité de Rome, semb
le correspondre au concept de leadership collusif des économistes précités (voir « Re Italian Flat
Glass », Common Market Law Report, 1990, 4, 535). Bien entendu, je discuterai les équilibres
non-coopératifs du type meneur-suiveur qui assurent des profits collusifs.
(2) Plusieurs cas de « price leadership » sur des marchés américains sont bien documentés dans Scherer
et Ross (1990, chapitre 7). Pour l'Europe, voir Bourdet (1988, pp. 177-188) et Kirman et Schuel-
ler (1990) sur le marché de l'automobile, et Phlips (1962, chapitre 8) sur les produits photogra
phiques. Fog (1960) analyse un grand nombre de marchés danois. Le marché des journaux à Sid
ney est analysé par Merrilees (1983).
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 63, 1er trimestre 1993 25 ses concurrents. D'une part, le caractère séquentiel de ces annonces n'est ni modélisé
ni expliqué. D'autre l'identité du meneur reste indéterminée : les deux fi
rmes de Stackelberg ont intérêt à jouer le rôle de meneur.
Peut-on définir un équilibre non-coopératif qui incorpore des décisions séquent
ielles et dans lequel l'identité du meneur est endogène ? Les progrès réalisés, à
petits pas, en vue de répondre à cette question sont esquissés dans ce qui suit. Assez
naturellement, les premiers efforts analytiques ont porté sur des jeux statiques (avec
ou sans incertitude). Plus récemment, le problème a été réexaminé dans le cadre
de jeux répétés.
Cette approche dynamique permettra d'éclairer le rôle joué par des conventions
préalables portant sur la politique à suivre pendant le déroulement du jeu. Nous
découvrirons, en effet, que le parallélisme des prix dans le temps qui caractérise
le price leadership est facilité par une convention (implicite) entre les joueurs, selon
laquelle ils se mettent d'accord pour adopter une même règle de comportement.
Cette règle dit que chacun s'alignera sur l'autre dès qu'une hausse de prix est annon
cée par un des joueurs. Une distinction importante est ainsi faite entre une « poli
tique de prix » convenue avant le déroulement d'un jeu et la fixation d'un prix
particulier au cours du jeu. (Dans la terminologie des juristes, cette convention
est ce qu'on appelle une « pratique concertée » facilitant la collusion). Dans
l'espace, l'adoption d'une règle d'alignement sur des prix calculés à partir de points
de parité multiples joue le même rôle. Je n'ai pas pu résister à la tentation de
consacrer une dernière section à cette politique de prix spatiale. Une attention par
ticulière sera donnée aux implications du point de vue de la politique de concur
rence de la Commission des Communautés, d'autant plus que la convention por
tant sur l'alignement spatial a été rendue obligatoire (sic !) par le traité de la Com
munauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) dans les secteurs du char
bon et de l'acier.
II. — JEUX STATIQUES SANS INCERTITUDE
Cantonnons-nous d'abord dans un monde sans incertitude et signalons quel
ques études qui approfondissent l'apport de Stackelberg en restant fidèles à l'hypo
thèse que les joueurs disposent soit de stratégies en quantité, soit de stratégies en
prix. Dans quelles conditions un duopoleur a-t-il intérêt à être le premier à bouger
sous cette hypothèse ? Gai-Or (1985) répond que cela dépend de la pente des fonc
tions de réaction. Si ces fonctions sont toutes deux descendantes, comme dans
le cas d'une concurrence en quantités entre produits homogènes où les stratégies
sont liées négativement, le meneur réalise plus de profits que le suiveur. Si ces fonc
tions sont toutes deux croissantes, comme dans le cas d'une concurrence en prix
entre produits différenciés substituables où les stratégies sont liées positivement,
c'est le suiveur qui réalise les profits les plus grands. Dans la première situation,
chaque firme préfère être le meneur. Dans la seconde situation, chaque firme pré
fère que l'autre soit le meneur, si les deux firmes ont des fonctions de profit simi
laires. C'est ce que précise Dowrick (1986). En d'autres termes, la solution de Stac
kelberg n'est raisonnable que si les deux firmes ont des fonctions de réaction crois
santes et s'il y a assez de dissymétrie en termes de coûts et de demande pour que
l'une préfère mener le jeu. Avec des fonctions de réaction descendantes, c'est la
guerre à qui sera le meneur.
26 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 63, Is' trimestre 1993 l'analyse qui précède ne répond pas entièrement à la question Manifestement,
de savoir qui est le meneur. Ce n'est pas parce qu'une firme souhaite l'être que
l'autre sera d'accord pour jouer le rôle de suiveur. Si les deux firmes préfèrent
mener (ou suivre), aucune ne peut s'arroger de son seul chef le rôle souhaité. Et
même si les deux firmes préfèrent le résultat où l'une d'elles mène, il reste à démont
rer que cette solution n'est autre que l'équilibre non-coopératif qui s'impose plu
tôt qu'un équilibre non-coopératif avec actions simultanées. C'est pourquoi Hamil
ton et Slutsky (1990) analysent un jeu élargi où les joueurs doivent choisir à la
fois une action et la date de cette action. Si les firmes doivent exécuter l'action
dont elles ont choisi la date, des résultats séquentiels s'obtiennent en stratégies
non-dominées. Si, au contraire, les firmes choisissent la date sans s'engager sur
la nature de l'action qu'elles prendront lorsqu'elles choisissent de mener, l'équili
bre implique des actions simultanées à moins que les profits résultant d'actions
séquen

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