Peano lecteur de Meillet : logique, grammaire comparée et langue internationale - article ; n°107 ; vol.26, pg 96-111
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Description

Langages - Année 1992 - Volume 26 - Numéro 107 - Pages 96-111
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dan Savatovsky
Peano lecteur de Meillet : logique, grammaire comparée et
langue internationale
In: Langages, 26e année, n°107, 1992. pp. 96-111.
Citer ce document / Cite this document :
Savatovsky Dan. Peano lecteur de Meillet : logique, grammaire comparée et langue internationale. In: Langages, 26e année,
n°107, 1992. pp. 96-111.
doi : 10.3406/lgge.1992.1645
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1992_num_26_107_1645Dan SAVATOVSKY
IUFM-Créteil
CNRS, URA 381
PEANO LECTEUR DE MEILLET
Logique, grammaire comparée et langue internationale
Les raisons traditionnellement admises pour justifier une séparation stricte, quant
aux fondements, entre la logique et la linguistique, ressortissent le plus souvent à la
sémantique : la logique viserait à établir le sens, identifié à la valeur de vérité des
énoncés. La linguistique en revanche, indifférente à la vérifonctionnalité, présupposer
ait le sens ; elle le tiendrait pour acquis au moment d'entreprendre la description des
régularités d'une langue. Le seul préalable qu'elle admettrait, c'est qu'il y ait du sens,
en aucun cas qu'on ait eu à déterminer ce qu'il est.
Moins étudiées et réputées moins décisives, les lignes de partage entre les deux
disciplines nous semblent pourtant encore plus nettes quand on passe du point de vue
de la sémantique à celui de la sémiologie. On peut certes estimer que le programme
sémiologique imaginé par une partie de la linguistique de ce siècle est ambitieux,
puisqu'il tend à inscrire la linguistique dans le cadre d'une sémiologie généralisée,
d'allure anthropologique. Certains, comme J. C. Milner [1978 p. 56], ont pu douter que
ce programme ainsi formulé ait eu sa source dans la linguistique saussurienne dans la
mesure où il reposerait sur une théorie générale du signe, absente du Cours de
linguistique générale.
En présupposant qu'une théorie du signe n'est rien d'autre qu'une théorie des
différents types de signes, il faut bien admettre en effet que les propriétés tout à fait
singulières que Saussure reconnaît au biface rendent les langues naturelles incommens
urables avec les autres systèmes de signes. Cette approche du saussurisme offre en
particulier l'avantage de le finaliser en vue d'une théorie pour laquelle la spécificité du
langage naturel, organe mental, ne présente plus aucun doute (on aura reconnu la
grammaire generative).
Mais l'absence d'une théorie du signe dans le C.L.G., telle qu'elle est ainsi
présupposée, ne va pas de soi. Elle repose au fond sur l'idée d'une différence de nature
entre signe linguistique et signe quelconque. Sans entrer dans les détails, nous voudrions
rappeler ce passage connu des Sources Manuscrites dans lequel Saussure indique que la
linguistique peut bien être considérée comme une science historique, parce que « son
objet représente des actes humains, réglés par la volonté et l'intelligence et qui
intéressent la collectivité », pourvu cependant « qu'on distingue des degrés de la volonté
(consciente ou inconsciente) : l'acte linguistique est le moins réfléchi, le moins préméd
ité, le plus impersonnel de tous. Mais il n'y a là qu'une différence de degrés » [Saussure
m Godel, 1957 : p. 38].
En quoi ces difficultés intéressent-elles la logique ? Il faut ici se reporter à ce moment
précis de l'histoire de cette discipline, contemporain de l'élaboration des principes
linguistiques de Saussure, moment où elle finissait d'entreprendre, elle aussi, avec les
travaux de Frege, Peano ou Russell, de poser ses fondements. Moment contemporain de
ce que l'on pourrait nommer, par analogie, la « crise des fondements » de la grammaire
comparée qui aboutit à la formulation des principes linguistiques de Saussure ou à la
mise au point méthodologique de Meillet. Moment singulier où les deux disciplines,
96 longtemps conjointes, voire indiscernables quant à leur objet, puis séparées depuis la fin
des grammaires générales et les premiers développements du comparatisme, se sont
d'une certaine manière retrouvées, précisément à la faveur de la crise qui les affectait,
l'une et l'autre. Comme si, au moment de remanier radicalement leur programme,
chacune pour son compte, de lui constituer un nouveau socle, et avant de passer à la
réalisation de ce programme, ce qui allait en quelque sorte les séparer à nouveau, ces
deux sciences s'étaient données à résoudre la même difficulté.
Certes constater la simultanéité des moments critiques ne suffit pas ; en inférer
l'existence de segments communs de réflexion non plus, étant donné la rareté des
emprunts d'ordre conceptuel ou méthodologique, des références explicites dans les
travaux appartenant à chacune des deux disciplines aux procédures d'analyse et aux
objets d'études de l'autre. Le cas de Grassmann, logicien et mathématicien, publiant
dans le domaine des études indo-européennes, est trop isolé, le choix par Couturat ou
Peano d'un projet de langue internationale comme point de convergence du logique et
du linguistique sont trop peu typiques pour qu'on puisse parler, sans plus de précisions,
d'un moment commun. Mettre en valeur les amorces de « formalisation » en linguisti
que ou le souci, présent chez Frege, de fixer le statut, de décrire les propriétés des
énoncés en langue naturelle difficilement éradicables des formulaires logico-
mathématiques est également insuffisant si l'on désigne, à travers ces deux types
d'opérations, un mode d'appropriation par chacun des domaines de procédures ou
d'objets réputés appartenir spécifiquement à l'autre, mais sans que soient pris en
compte de part et d'autre les résultats obtenus par le domaine auquel on emprunte : la
description des corpus de langue d'un côté, la menée du projet réductionniste visant à
asseoir les sciences mathématiques sur la logique symbolique, de l'autre. Bref, parler de
« problèmes communs » suppose le choix d'un point de vue à partir duquel on puisse
ressaisir les convergences. Ce point de vue, nous semble-t-il, est celui de la sémiologie.
Si l'on opère un changement de perspective : identifier le sens du projet sémiologi-
que, non pas du point de vue exclusif de la linguistique, ni même celui de la logique,
mais de celui d'une théorie du signe, nous poserons d'une part qu'elle est bien présente
dans la linguistique de l'époque, qu'elle l'est aussi dans l'œuvre fondationnelle de la
logique, mais qu'elle ne l'est, ici et là, que dans la mesure où il s'agit bien d'examiner
le statut des différents types de signes.
Parcimonie des signes
Or à cet examen, la logique formelle a apporté nous semble-t-il une rigueur que la
linguistique n'a pas montrée. Ce qui est remarquable, c'est que cette s'est
manifestée sur le terrain même où nous venons de dire que la linguistique avait
l'habitude de camper, celui d'une hétérogénéité radicale du signe et du
signe logique. Mais au lieu de procéder par constat à une séparation inerte, d'admettre
cette hétérogénéité comme acquise, par indifférence, à la manière de la linguistique, la
logique ne l'a admise qu'au terme d'une réflexion faisant le plus largement part à
l'exigence d'une commensuration.
Il y a bien des manières de comprendre la différence entre un symbole logique et un
signe linguistique. L'un est écrit, l'autre oral ; l'un artificiel, l'autre naturel etc. Mais
outre que les critères de ces distinctions s'apparentent souvent à ceux qui permettent
d'énoncer les vertus dormitives de l'opium, ils ont en définitive peu de choses à voir avec
ce qui nous occupe ici : la sémiologie. Si l'on s'attache à la portée sémiologique des
formalismes, à la question d'une théorie du signe qui serait présente ou absente, et dans
chacun de ces deux cas, conjointement ou séparément dans les linguistiques et les
97 du début de ce siècle, le critère de comparaison qui nous paraît le plus pertinent logiques
est celui qui permet de mettre en regard Yentropie des systèmes de signes que la pensée
ling

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