Pour apprendre à lire, avant d'apprendre à comprendre, il ...

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• Publié par: Chiwyung
• Nombre de lectures: 128
• Langue: Français

Extrait

Pour apprendre à lire, avant d'apprendre à comprendre, il faut tout

de même commencer par apprendre à déchiffrer ?

Il est important

,

de rappeler en effet que sans compréhension, il n'y a pas de lecture. Et tout le

monde est bien d'accord sur ce point. Où les choses se compliquent, c'est quand il s'agit de

savoir comment on fait pour comprendre.

Depuis que l'on enseigne la lecture, il est admis que la compréhension est le résultat quasi

automatique d'une série d'activités d'assemblage, correspondant à la structure du texte à lire

tout texte étant en effet considéré comme une suite de phrases, la phrase, comme une suite de

mots, le mot, comme une suite de syllabes, et la syllabe, comme une suite de lettres, la

compréhension apparaît comme le résultat de la remontée de toutes ces suites, de la lettre aux

phrases.

L'apprentissage de la compréhension devient l'apprentissage de ces strates successives,

la première, de loin la plus importante puisqu'elle conditionne les autres, faisant l'objet des pre-

miers apprentissages sous le nom de déchiffrage. Il faudrait, dans cette perspective, d'abord

savoir déchiffrer pour pouvoir prononcer les syllabes et réaliser les assemblages successifs qui

doivent conduire à la compréhension du message à lire.

Prenons quelques exemples, pour vérifier cette hypothèse

C

'

est

le vent d'est qui souffle.

L'as, c'est toi qui l'as.

Pierre re

tient

tout ce qu'il apprend.

Il est vrai qu'il est très pa

tient

.

Ces enfants balbu

tient

.

Nous

portions

des

portions

à chacun.

Les poules du

couvent couvent

en ce moment.

Les mots ou parties de mots soulignés de chacune de ces phrases ont exactement les mêmes

lettres, dans le même ordre, et pourtant, ils ne se prononcent pas de la même façon. Pour savoir

comment les prononcer, il faut avoir compris. La prononciation dépend du sens et non des lettres

utilisées.

Si l'on applique de façon mécanique certaines lois d'assemblage des lettres ensemble,

on ne peut arriver à comprendre, c'est en fait, l'inverse qui se produit : c est parce que l'on a

compris que l'on peut choisir, parmi les diverses lois d'assemblage des lettres, celles qui

permettent de prononcer, c'est-à-dire de restituer oralement la signification du message. Ces lois

d'assemblage des lettres, traduisant les relations entre la prononciation et les graphies,

appartiennent à ce qu'on appelle la combinatoire. La combinatoire, au sens plein terme, c'est

l'ensemble des règles spécifiques à chaque langue, et par voie de conséquence, arbitraires

mais organisées en système, qui permettent que des unités linguistiques abstraites puissent

devenir productrices de sens par leur présence (ou leur absence) et leur ordre, dans des

productions langagières.

Deux constats s'imposent ici : d'une part, cette dernière apparaît comme fort complexe, puisqu'il

faut souvent choisir entre des interprétations phoniques différentes et cela exclut toute

conception "mécanique" de son utilisation. D'autre part, on constate que les mots

"combinatoire" et déchiffrage », souvent confondus, ne sont en fait pas synonymes du tout

déchiffrer, c'est utiliser la combinatoire de façon mécanique : on parle du reste fréquemment

de "mécanismes" de lecture; or les exemples précédents éclairent au contraire la nécessité d'une

exploration intelligente des unités linguistiques, mettant enjeu des formes diverses de

raisonnement, en interaction étroite avec les hypothèses de sens.

Charmeux E., Apprendre à lire et à écrire. Deux cycles pour commencer. Sedrap Edit.

1992.

J. S. - Fonnation lecture -------___---__--___-_------_------_------_-----------------------------------_----------_------___-43