Pour un enseignement du français aux travailleurs immigrés - article ; n°1 ; vol.29, pg 3-16
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Description

Langue française - Année 1976 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 3-16
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Gardin
Pour un enseignement du français aux travailleurs immigrés
In: Langue française. N°29, 1976. pp. 3-16.
Citer ce document / Cite this document :
Gardin Bernard. Pour un enseignement du français aux travailleurs immigrés. In: Langue française. N°29, 1976. pp. 3-16.
doi : 10.3406/lfr.1976.6097
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1976_num_29_1_6097Bernard Gardin, GRECO, Rouen.
POUR UN ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS
AUX TRAVAILLEURS IMMIGRÉS
Venez, asseyez-vous là devant ce bureau d'écolier, débrouillez-vous pour que
vos jambes trop longues ne traînent pas dans le passage, tant pis pour vous si
vous attrapez des crampes, prenez ce livre, ce cahier, ce crayon. Regardez le
tableau noir. Libération s'écrit avec un L, un I...
Mohamed Belkacemi, Alain Gheerbrant, Belka, Fayard.
Le titre de cette livraison de Langue Française réfère à deux pro
cessus qu'il faut distinguer :
a) L'apprentissage de la langue du pays de résidence par une cer
taine population d'origine étrangère. Nous disposons pour essayer de
comprendre ce processus des travaux de psycholinguistique sur l'appren
tissage d'une langue seconde, ceux-ci ne seront que mentionnés ici, notam
ment pour faire apparaître leurs insuffisances. Par contre nous disposons
de très peu de recherches concernant cet apprentissage par cette populat
ion aussi ce numéro ouvre-t-il des voies dans ce domaine sans prétendre
apporter de réponses satisfaisantes.
b) L'apprentissage dans un cadre institutionnel. Si les linguistes ne
peuvent es qualités qu'étudier le premier processus sans pouvoir le
modifier directement ils peuvent intervenir dans le second et notamment
— c'est là un des choix de ce numéro — en articulant de la manière la
plus juste possible le second apprentissage sur le premier.
1. Pour un enseignement du français aux travailleurs immigrés.
Nous venons déjà de tromper le lecteur en posant l'existence comp
acte d'une pratique institutionnalisée qu'on se proposerait ici de perfec
tionner. En fait, on ne leur apprend pas le français : le nombre d'anal
phabètes serait de l'ordre de 800 000 à 1 200 000 (septembre 1975)
sur une population de 4 000 000 d'étrangers (il s'agit bien ici d'anal
phabètes totaux ; si l'on pouvait déterminer ce que c'est que « connaître
le français » et s'il était possible de réaliser l'enquête, à quel chiffre
arriverions-nous ?). A cette même date M. le Secrétaire d'Etat aux
travailleurs immigrés déclarait que 72 000 travailleurs immigrés avaient — selon des modalités diverses — d'une formation linguisbénéficié
tique en 1974 et, face à ces chiffres accablants, il fixait pour l'avenir
un ambitieux programme : « d'ici moins de dix ans l'analphabétisme au
sens strict devra avoir disparu dans la population étrangère et chaque
travailleur immigré devra avoir acquis une connaissance suffisante du
français » (Le Figaro, 8 septembre 1975). Dans l'immédiat il s'agit de
doubler en moins de deux ans le nombre des bénéficiaires d'une action
d'apprentissage du français (précisons cependant — et c'est là ou le bât
blesse — que ce n'est pas parce que un travailleur aura suivi un stage,
qu'il aura même appris à lire et à écrire, que ces acquisitions seront défini
tives si dans sa vie et son travail ce ne peut les valoriser).
Prenons cependant acte de cette déclaration officielle. Aussi notre titre
doit-il aussi se lire : « Pour un apprentissage du français aux travail
leurs immigrés. » C'est en raison de cette situation que nous avons placé
en tête la contribution de Yvette Rivet responsable de l'alphabétisation
au CE Renault afin d'évoquer ici la réalité économique et sociale dans
laquelle cet enseignement se conquiert et se modifie, le rôle joué
ce processus par les organisations ouvrières, les succès remportés aussi :
ainsi l'idée d'un droit à l'alphabétisation tend-elle à s'imposer : relevons
cette déclaration de M. le Secrétaire d'Etat : « Des aménagements à la
loi du 16 juillet 1971 sur la formation continue seront peut-être néces
saires [...]. Il n'est pas à exclure qu'un droit à l'apprentissage linguis
tique soit à reconnaîtrae au profit des travailleurs immigrés. » (Le
Figaro, 8 septembre 1975.)
2. L'alphabétisation.
Nous avons renoncé dans notre titre au terme consacré $ alphabéti
sation. Nos raisons sont celles qu'exprime Denise François ici même
(p. 108) et qui tiennent à l'ambiguïté du terme. Précisons que nous ne
cherchons pas à installer une nouvelle dénomination et que notre titre
nous sert ici — et à lever signalée — et à rattacher notre
domaine d'étude à celui de l'enseignement du français d'une manière
générale. Nous devons encore sur ce choix, à tous ceux qui s'occupent
ď « alpha », une dernière mise au point. Notre titre ne signifie pas
(on a déjà pu s'en rendre compte) que nous cherchions à étudier notre
sujet en dehors de sa réalité politique en nous privant des connotations
de cet ordre que véhicule le terme d'alphabétisation ; connotations spéci
fiques à la situation française. De la part des organisations syndicales
l'alphabétisation a toujours été pratiquée dans la problématique d'une
libération des travailleurs ; par ailleurs une forte proportion de migrants
ayant été pendant longtemps originaire des colonies et notamment d'Al
gérie la plupart des actions d'alphabétisation pendant les guerres d'ind
épendance se sont accompagnées de la part de leurs auteurs d'un engage
ment politique dont elles ont été l'une des manifestations. On a pu
observer une semblable politisation de la part des alphabétisés. (Un
tract 1 de l'union locale CGT du 1 3e arrondissement se terminait par
« Apprendre à lire : Algérie libre » .) 1
1. Cité par L. Gani, p. 224. qu'après 1968 des étudiants « déçus » par la classe ouvrière Ajoutons
française ont reporté leurs espoirs sur les travailleurs immigrés et se sont
lancés dans Г « alpha de lutte » (on pourra lire l'histoire de certains de
ces groupes dans Catani : L'alphabétisation des travailleurs migrants,
et celle écrite par lui-même du Collectif Alpha groupe, qui contrairement à
d'autres, après des fortunes diverses, s'est maintenu, dans : Collectif
d'Alpha : Alphabétisation, Pédagogie et luttes). Pour conclure sur ce point
disons que l'alpha plonge dans la politique et que notre but ici n'est pas
de l'en sortir ; au contraire cette spécificité française nous paraît pleine
de promesses.
On ne trouvera pas ici une description de la situation de l'ense
ignement du français aux travailleurs immigrés, cette description serait
dans le cadre de ce numéro à peu près impossible : Nous donnons
ci-dessous un classement effectué par le BELC-Migrants des différents
types d'action dans ce domaine.
I. Actions pour les migrants primo-arrivants : stages de trois à quatre
semaines à temps complet, payés par l'entreprise sur le 1 % de la for
mation continue (salaire perçu par le travailleur), stages restés exceptionn
els jusqu'à présent.
II. Action de formation linguistique et d'initiation à la vie moderne
pour les travailleurs, les travailleuses et les épouses : en dehors de l'appli
cation sur la loi de la formation continue.
a) Cours gratuits assurés par des moniteurs bénévoles.
b)dont les moniteurs sont rétribués par le Fonds d'Action
Sociale.
1. Cours de l'Amicale pour l'enseignement aux étrangers.
2.gratuits de l'Association française pour le développement
de l'enseignement technique (AFDET).
3. Cours gratuits assurés par l'Education nationale ou les universités.
4. Action socio-éducative pour femmes et familles dans le cadre de
la résorption de l'habitat insalubre.
III. Action dans le cadre de la loi du 16 juillet 1971 sur la formation
continue.
a) Cours dans les entreprises. Ces cours sont payés par l'entreprise et se
déroulent en principe pendant le temps de travail. Les stagiaires sont
rémunérés. La durée du stage est variable (deux cent

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