Préliminaires pour une psycholinguistique des discours : le champ de la poétique - article ; n°1 ; vol.49, pg 14-29
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Description

Langue française - Année 1981 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 14-29
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 42
Langue Français
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Extrait

Michel Grimaud
Préliminaires pour une psycholinguistique des discours : le
champ de la poétique
In: Langue française. N°49, 1981. pp. 14-29.
Citer ce document / Cite this document :
Grimaud Michel. Préliminaires pour une psycholinguistique des discours : le champ de la poétique. In: Langue française. N°49,
1981. pp. 14-29.
doi : 10.3406/lfr.1981.5080
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1981_num_49_1_5080Michel Grimaud, Wellesley College, Mass.
PRÉLIMINAIRES
POUR UNE PSYCHOLINGUISTIQUE
DES DISCOURS
(LE CHAMP DE LA POÉTIQUE)
I. Le langage parmi les systèmes sémiotiques
A. De la linguistique à la psycholinguistique
L'essor récent de disciplines dont le champ se recoupe (science cognitive,
psycholinguistique, pragmatique, analyse du discours, sémiotique); l'intérêt
du public aussi bien que des spécialistes pour la communication non verbale
et pour les aspects paralinguistiques ou cognitifs de la communication qui
passe par le langage; par conséquent, la prise de conscience de ce que le lan
gage n'existe, au propre, qu'en tant que système sémiotique intégré à vingt
autres systèmes également importants; ces faits nous encouragent aujour
d'hui à partir d'un principe fondamental dont la pertinence n'est pas évidente
pour tous (Chomsky, 1975 : 56-57, 68-69) : Que le langage sert d'abord à
communiquer et qu'intégrer l'étude du langage dans l'étude de la pensée
et de la communication est une entreprise indispensable au progrès et de la
sémiotique et des sciences du langage.
C'est cette tâche que se proposent par exemple Herbert Clark et Eve
Clark dans leur récent ouvrage de synthèse (1977 : VII) :
Ce qui prête sa cohérence à [la psycholinguistique], c'est que l'usage premier du
langage est la communication. Curieusement, ce fait n'a joué à peu près aucun
rôle dans les traitements antérieurs du sujet. Écouter, parler, et apprendre ont
été, en général, étudiés pour la façon dont ils reflètent la structure de la langue
— syntaxe, morphologie et phonologie — sans qu'on se soit préoccupé outre
mesure de la façon dont ils reflètent, chez les êtres humains, des fins de commun
ication.
Si l'on prend ce point de vue au sérieux, il s'ensuit que le champ de la poé
tique (sémiotique textuelle ou, de façon restreinte, sémiotique littéraire) est
plus large qu'il ne l'était naguère. La linguistique structurale ou generative ne
14 suffit plus : cette dernière n'avait d'ailleurs pas eu le succès qu'on en atten
dait comme le montrent, pour la littérature, Delas et Thomas (1978) et, pour
les textes et le discours en général, Johnson-Laird (1977) et Beaugrande
(1980). Il est clair qu'il faut tenir compte des mécanismes de renonciation
tels que les philosophes du langage et les psycholinguistes ont su les préci
ser *. La poétique s'ouvre donc à la fois à des domaines négligés ou étudiés
sous d'autres angles : car les questions d'énonciation ont des rapports évi
dents avec la problématique du narrateur et du narrataire, par exemple.
Mais la poétique, comme la linguistique, la sémiotique ou la philosophie
du langage, étudie ces phénomènes d'un point de vue trop exclusivement
rationaliste alors que des travaux nombreux existent dans des disciplines à
la fois rationalistes et expérimentales qui cherchent à intégrer dans leurs
modèles le psychologique et le social au linguistique. C'est ainsi que les études
narratives peuvent profiter des théories et des expériences de psychologues
et psycholinguistes tels que Kintsch et van Dijk (1978) ou de chercheurs, tels
que Beaugrande et Colby (1979), influencés par l'intelligence artificielle et
ses méthodes.
Autrement dit, après la poétique linguistique inaugurée officiellement
par Roman Jakobson dans son Linguistique et poétique de 1960, à la suite
de la sémiotique poétique de Greimas et Arrivé (1972), il semble que nous
pouvons espérer une sémiotique textuelle, science humaine à part entière,
s'appuyant sur la rationaliste dont Greimas et Eco (1975) sont les
tenants « littéraires » les plus connus, mais aussi sur la sémiotique discursive
telle qu'elle est pratiquée sous d'autres noms : analyse du discours, linguis
tique des textes (Dressier et Schmidt, 1973; Beaugrande et Dressier, 1981),
psycholinguistique, science cognitive. Elle se différencie en général de la
sémiotique issue du Formalisme et du Structuralisme par le fait qu'elle ne
s'arrête pas toujours au deuxième stade du cycle d'investigation scientifique :
elle tente au contraire d'intégrer a) observations, b) analyses (modélisations,
théories), c) expériences et parfois, dans un but heuristique ou pratique, les
simulations sur ordinateurs; elle s'en différencie enfin par l'habitude que les
psychologues ont de chercher à distinguer entre phénomènes propres à reflé
ter le processus de décodage (réception, compréhension) et phénomènes
tant la production et les structures déjà encodées (cf. note 7).
B. Intelligence artificielle et science cognitive
On sait que, depuis au moins vingt ans (Miller, Galanter et Pribram,
1960), tout un courant de la psychologie considère l'être humain comme une
machine à coder signes et symboles. Pour ces théories de 1\< information
processing » (cf. Lindsay et Norman, 1977) ou du « symbol processing » (à
ne pas confondre avec la théorie mathématique de l'information ou de la
communication de Wiener et Shannon), Fhomme-machine est devenu avant
tout « homo semioticus », certains chercheurs étendant même ce point de vue
à l'information génétique en tant que système de « communication » (Sebeok,
1978 : chapitre 6). Un tel point de vue permet de considérer les divers sys
tèmes qu'étudient les sciences humaines comme des systèmes sémiotiques à
intégrer dans une théorie unique de la communication.
1. Voir Searle (1979), Clark (1979), Clark et Clark (1977, passim), Communications, n°" 30 (« La
conversation »; 1979) et 32 (« Les actes de discours »; 1980). Beaugrande (1980) et van Dijk (1980) intègrent
ces questions dans leurs modèles.
15 C'est ce point de vue qui, bien sûr, est à la source de la toujours fertile
analogie entre être vivant et machine dont le dernier avatar est le domaine de
l'intelligence artificielle. Le but de l'intelligence artificielle est de concevoir
des programmes d'ordinateur capables d'accomplir des tâches qui requièrent
des capacités perceptuelles et intellectuelles lorsque ce sont des humains ou
d'autres animaux qui les accomplissent. Ces programmes n'ont pas néces
sairement pour fin d'utiliser des processus homologues à ceux des êtres
humains; ce serait souvent peu pratique : il n'est guère utile qu'une machine
fasse du calcul mental (ou avec crayon et papier) à la vitesse et selon les
techniques humaines. Par contre, si l'on veut créer des systèmes experts en
un domaine précis (chimie, médecine, etc.) et qui auront à répondre (comme
c'est déjà le cas) à des requêtes de médecins cherchant à préciser leur diag
nostic sur tel cas difficile ou rare, il faut que le logiciel soit conçu de telle
sorte qu'il puisse assimiler des raisonnements médicaux où la précision et le
flou sont mêlés de façon humainement normale. A plus forte raison, lorsqu'il
s'agit de créer un programme pouvant imiter (« simuler ») les processus per-
ceptuels humains — disons la vision, y compris les illusions d'optique. Ce
dernier domaine, qui participe de la psychologie expérimentale et théorique
aussi bien que de l'intelligence artificielle est celui qui a pris depuis peu le
nom de science cognitive .
Les spécialistes en intelligence artificielle, après bien des déboires et des
illusions, semblent donc à présent en mesure de tenir certaines de leurs pro
messes. En particulier, les travaux de Schank et Abelson (1977) sur le rôle
des scripts et des plans d'action permettent d'intégrer ce qui en 1967, au
moment où Nicolas Ruwet publiait son Introduction à la grammaire generat
ive, semblait utopique. Ruwet notait avec Chomsky (Ruwet, 1967 : 21)
qu'« absolument rien de significatif n'est connu du r

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