Prosodie, phonologie et variation en français contemporain - article ; n°1 ; vol.60, pg 73-84
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Prosodie, phonologie et variation en français contemporain - article ; n°1 ; vol.60, pg 73-84

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1983 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 73-84
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Vincent Lucci
Prosodie, phonologie et variation en français contemporain
In: Langue française. N°60, 1983. pp. 73-84.
Citer ce document / Cite this document :
Lucci Vincent. Prosodie, phonologie et variation en français contemporain. In: Langue française. N°60, 1983. pp. 73-84.
doi : 10.3406/lfr.1983.5177
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1983_num_60_1_5177Vincent Lucci
Université de Grenoble HI
PROSODIE, PHONOLOGIE
ET VARIATION EN FRANÇAIS CONTEMPORAIN
Si l'on se propose de décrire la variété complexe des messages socio-
situationnels réels, et si l'on se refuse à des études cloisonnées aes divers
paramètres prosodiques, segmentaux et syntaxiques, on fait apparaître
non pas une variabilité anarchique, mais une interdépendance de ces
différents paramètres (rythme, pauses, intonation, accentuation, « e
muets », liaisons, phonèmes, syntaxe) dans leurs réalisations et leurs
variabilités, ainsi qu'une systématisation de la variation prosodico-seg-
mentale dans son ensemble.
Pour mettre à jour cet aspect du fonctionnement d'une langue, nous
sommes parti de l'observation d'une variabilité linguistique intra-indi-
viduelle selon quelques types situationnels de messages, en français
contemporain. La simple intuition linguistique d'un observateur « naïf »
permet de constater qu'« on ne parle pas de la même façon » selon qu'on
lit un texte, on fait une conférence ou on échange des propos avec un
seul interlocuteur. Une étude des productions de lectures orales, de dia
logues ou de conférences chez des mêmes individus (cf. Vincent Lucci,
Étude phonétique...) nous a permis de mieux cerner dans toute sa complexité
et ses aspects déroutants, ce que peut représenter la « synchronie dyna
mique » d'une langue, et de l'observer sous un angle nouveau faisant
apparaître un ensemble d'interactions entre les divers paramètres ment
ionnés. Cette approche permet en outre de concevoir qu'une langue ne
fonctionne dans sa totalité que s'il y a adaptation des productions à une
situation déterminée. Enfin, l'examen synchronique de la variabilité
situationnelle permet d'éclairer sous un angle nouveau le problème de
l'origine et de la nature des procès évolutifs et d'avancer des hypothèses
sur le sens des changements en cours.
Nous nous limiterons ici à l'illustration de ce double mécanisme
(interdépendance et systématisation dans la variation) à partir de l'ob
servation du fonctionnement de trois éléments phoniques : l'accent
73 « didactique » (à l'initiale de mot), le E muet, et les liaisons facultatives
en français contemporain.
1. L'accent didactique
Le français oral connaît un développement très important d'un
accent initial de mot ou de syntagme, qui caractérise tout particulièr
ement le parler des locuteurs s'adressent à un public (dans les conférences,
les discours, les interviews) ou lisant un texte. Cet accent est parfois
qualifié d'« intellectuel » ou d'« oratoire » et joue un rôle de joncture.
Nous le nommerons ici accent didactique.
Exemple : C'est yôndamental. Il faut 'confirmer.
On a pu observer que la fréquence élevée de cette accentuation peut
être considérée comme une marque socioculturelle (puisqu'elle caractérise
le style des orateurs, des démonstrateurs, et, en général des intellectuels,
des politiciens, des enseignants - c'est-à-dire d'une couche socio-profes
sionnelle qui a l'habitude de s'adresser à un auditoire) mais aussi situa-
tionnelle, puisque les mêmes locuteurs évoqués plus haut, ne réalisent
généralement pas les accents « didactiques » lors de certains échanges tels
que la conversation familière (cf. Vincent Lucci, L'accent didactique...).
Nous avons montré qu'il existe un réseau de facteurs phonétiques
conditionnants, rendant plus probable la réalisation de cet accent didac
tique dans certains contextes. Une étude statistique (Lucci, L'accent didact
ique...) a pu révéler par exemple que, toutes caractéristiques étant égales
par ailleurs, certains « mots » avaient plus de chances d'être accentués à
l'initiale. Il en est ainsi pour :
- les mots les plus longs (et en particulier les tri-syllabiques);
- les à initiale syllabique de structure complexe du type CCV
(exemple : 'protéger, 'siimuler, etc.).
D'autre part, les possibilités de rencontrer un accent didactique
augmentent avec la longueur du groupe rythmique, ou lorsqu'un mot
est précédé d'une pause, en particulier dans le style du discours ou de
la conférence.
Exemples : C'est un élément ... 'essentiel. J'ai déjà parlé de ces ... 'contraintes.
Ceci se comprend si l'on admet que la production des pauses - et
en particulier de celles qui n'apparaissent ni en fin de phrase, ni en un
point de rupture syntaxique - ne représente pas un accident de surface,
mais doit être rattachée aux mécanismes de la verbalisation. Les pauses
peuvent en effet fonctionner comme des indices d'originalité lexicale, et
sont souvent fonction de la recherche et de la rareté du terme qui suit,
c'est-à-dire de son caractère plus ou moins « informationnel ». C'est ce
qui explique que, dans les messages oraux autres que la lecture à voix
haute, celles-ci soient souvent suivies d'un terme accentué à l'initiale.
74 L'accentuation didactique dans ces cas peut être considérée comme une
marque redondante du caractère plus informatif de certaines unités lexi
cales.
En outre, rincidence des facteurs sémantique et syntaxique sur le
comportement de l'accent didactique nous paraît importante. C'est en
définitive le locuteur qui, selon le type de message, va lui-même déter
miner quels sont les termes les plus importants (les plus « informatifs »
de son point de vue?) au moyen de l'accentuation didactique. On trouve
ainsi des cas limites, dans certains styles oratoires (discours, exhortations)
où presque toutes les unités deviennent accentuables à l'initiale. Mais il
est permis de penser que, toutes conditions égales par ailleurs, des termes
comme 'gigantesque, 'sřímuler, fondamental, 'essentiel, Violemment, etc.,
soient plus probablement accentués didactiquement que d'autres tels que :
amour, douceur, mathématiques, lecture, etc. - sans qu'on puisse parler
d'accentuation expressive pour les exemples de la première série.
L'étude statistique mentionnée plus haut a permis enfin de faire
apparaître une incidence sensible des facteurs grammaticaux (nature des
unités, syntaxe) sur la réalisation de cet accent didactique. Ainsi les
« catégories » les moins fréquentes dans la chaîne parlée (telles que les
comparatifs, les adjectifs numéraux, les adverbes) sont plus fréquemment
accentuées que les prépositions ou même les substantifs. A l'intérieur
même d'une catégorie grammaticale, la réalisation ou l'absence d'accent
didactique correspond souvent à des différences sous-jacentes plus pro
fondes.
Par exemple, dans :
il joue 'ôêtement
il 'mtelligemmi
il joue 'modérément
il Violemment
l'accent didactique est plus probable que dans :
il joue maintenant ou
il probablement.
L'accentuation plus fréquente des adverbes de la première série
coïncide avec des différences qui peuvent être mises en évidence au moyen
de questions du type : « Comment joue-t-il ? » pour la première série, et
« Que fait-il ? » pour les autres exemples.
Il est apparu enfin que cet accent didactique était plus probable à
l'initiale de certains syntagmes. C'est le cas, par exemple, des syntagmes
autonomisés par un monème fonctionnel.
Exemples : 'dans un premier temps...
'avec ces objets...
75 nature démarcative de cet accent le rend prévisible à l'initiale La
des unités délimitant une enumeration, une antithèse, ou une citation
(rôle de « guillemet oral »).
Exemples : - II faut 'observer, 'aménager, '^promouvoir et 'crïffuser.
- C'est ''soit ... ''soit, 'ou ... 'ou ...
- On doit aujourd'hui mettre l'accent s

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents