Quand les Beurs prennent la plume - article ; n°3 ; vol.7, pg 139-152
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1991 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 139-152
When the « Beurs » take up their pens
François Desplanques
« Beurs » novels start appearing in 1983 in a context characterized by the stirrings of newly-created associations. These novelists, nearly all of Algerian origin, do not always completely ignore their elders of the 1952 generation, but they have inherited little from them. Although they are the children of immigrants, their situation is different and so is their history.
Their stories which are mainly autobiographical can be considered as apprenticeship novels with the three initiation rites of school, first sexual relationships and the attempt to return to their country of origin. So many trials which will serve to forge, not without difftculty, the identity of the hero. Trapped between their parents' wishes and the opinion not always kind of others, they often have to take tortuous ways in order to progress.
These novels owe a great deal to school textbook models (Zola) but also to other sources (the black American novel, the cinema). The humour and the poetry of the most talented allow them to use above the prosaic. Who do these young authors write for ? More often than not, for themselves or their friends. The style is varied. Success is rare. Criticism would help.
Key-words : Maghrebin-literature - immigration - « beur » novel.
Cuando los « Beurs » cogen la pluma
François Desplanques
La narrativa « beur » empieza a ser publicada en 1983, en un contexto que se caracteriza por la efervescencia de la vida associativa. Los autores, casi todos di origen argelino, aunque no ignoren a la generación de sus mayores, no pueden ser considerados sus herederos. Son hijos de inmigrantes : su situación es diferente, así como su historia.
Sus relatos, básicamente autobiográficos, pueden ser considerados como novelas de iniciación, con sus tres ritos : la escuela, las primeras experiencias sexuales y la tentacion de retorno al país de origen. Pruebas en las que se forja, a veces a duras penas, la identitad del protagonista. Entre las expectativas de los padres y el juicio no siempre bienintencionado de los demás, es preciso muchas veces transigir para avanzar.
Estas novelas deben mucho a los modeles escolases (Zola) pero también utilizan otras fuentes (novelistas negros de E. U., cine). El humor y la poesia permiten a los más dotados distanciarse de laprosa ¿ Para quiénes escriben estos jvenes ? La mayoria de las veces para sí mismos o para sus conocidos. Los estilos son diversos, pero los logros son todavía escasos. Se impone un examen critico.
Palabras claves : literktura magrebina - inmigración - « beur » narbativa.
Quand les Beurs prennent la plume
François Desplanques
Les romans « beurs » commencent à paraître en 1983, dans un contexte qui se caractérise par le bouillonnement de la vie associative. Leurs auteurs, presque tous d'origine algérienne, n'ignorent pas toujours leurs aînés de la génération de 1952, mais ils ne sont pas leurs héritiers. Enfants d'immigrés, autre est leur situation, autre leur histoire.
Leurs récits, largement autobiographiques, peuvent être considérés comme des romans d'apprentissage avec ces trois rites d'initiation que sont l'école, les premières expériences sexuelles et la tentative de retour au pays d'origine. Autant d'épreuves au-travers desquelles se forge, non sans peine, l'identité du héros. Entre le désir des parents et le regard — pas toujours bienveillant — des autres, il faut souvent biaiser pour avancer.
Ces romans doivent beaucoup aux modèles scolaires (Zola) mais empruntent aussi à d'autres sources (romanciers noirs des États-Unis, cinéma). L'humour, la poésie permettent aux plus doués de s'arracher à la prose. Pour qui écrivent ces jeunes ? Le plus souvent pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Divers sont les styles, rares sont encore les réussites. Une critique s'impose.
Mots clés : littérature maghrébine - immigration - roman beur.

14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Desplanques
Quand les Beurs prennent la plume
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 7 N°3. pp. 139-152.
Citer ce document / Cite this document :
Desplanques François. Quand les Beurs prennent la plume. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 7 N°3.
pp. 139-152.
doi : 10.3406/remi.1991.1313
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1991_num_7_3_1313Abstract
When the « Beurs » take up their pens
François Desplanques
« Beurs » novels start appearing in 1983 in a context characterized by the stirrings of newly-created
associations. These novelists, nearly all of Algerian origin, do not always completely ignore their elders
of the 1952 generation, but they have inherited little from them. Although they are the children of
immigrants, their situation is different and so is their history.
Their stories which are mainly autobiographical can be considered as apprenticeship novels with the
three initiation rites of school, first sexual relationships and the attempt to return to their country of
origin. So many trials which will serve to forge, not without difftculty, the identity of the hero. Trapped
between their parents' wishes and the opinion not always kind of others, they often have to take
tortuous ways in order to progress.
These novels owe a great deal to school textbook models (Zola) but also to other sources (the black
American novel, the cinema). The humour and the poetry of the most talented allow them to use above
the prosaic. Who do these young authors write for ? More often than not, for themselves or their friends.
The style is varied. Success is rare. Criticism would help.
Key-words : Maghrebin-literature - immigration - « beur » novel.
Resumen
Cuando los « Beurs » cogen la pluma
François Desplanques
La narrativa « beur » empieza a ser publicada en 1983, en un contexto que se caracteriza por la
efervescencia de la vida associativa. Los autores, casi todos di origen argelino, aunque no ignoren a la
generación de sus mayores, no pueden ser considerados sus herederos. Son hijos de inmigrantes : su
situación es diferente, así como su historia.
Sus relatos, básicamente autobiográficos, pueden ser considerados como novelas de iniciación, con
sus tres ritos : la escuela, las primeras experiencias sexuales y la tentacion de retorno al país de
origen. Pruebas en las que se forja, a veces a duras penas, la identitad del protagonista. Entre las
expectativas de los padres y el juicio no siempre bienintencionado de los demás, es preciso muchas
veces transigir para avanzar.
Estas novelas deben mucho a los modeles escolases (Zola) pero también utilizan otras fuentes
(novelistas negros de E. U., cine). El humor y la poesia permiten a los más dotados distanciarse de
laprosa ¿ Para quiénes escriben estos jvenes ? La mayoria de las veces para sí mismos o para sus
conocidos. Los estilos son diversos, pero los logros son todavía escasos. Se impone un examen critico.
Palabras claves : literktura magrebina - inmigración - « beur » narbativa.
Résumé
Quand les Beurs prennent la plume
François Desplanques
Les romans « beurs » commencent à paraître en 1983, dans un contexte qui se caractérise par le
bouillonnement de la vie associative. Leurs auteurs, presque tous d'origine algérienne, n'ignorent pas
toujours leurs aînés de la génération de 1952, mais ils ne sont pas leurs héritiers. Enfants d'immigrés,
autre est leur situation, autre leur histoire.
Leurs récits, largement autobiographiques, peuvent être considérés comme des romans
d'apprentissage avec ces trois rites d'initiation que sont l'école, les premières expériences sexuelles et
la tentative de retour au pays d'origine. Autant d'épreuves au-travers desquelles se forge, non sans
peine, l'identité du héros. Entre le désir des parents et le regard — pas toujours bienveillant — des
autres, il faut souvent biaiser pour avancer.
Ces romans doivent beaucoup aux modèles scolaires (Zola) mais empruntent aussi à d'autres sources
(romanciers noirs des États-Unis, cinéma). L'humour, la poésie permettent aux plus doués de s'arracher
à la prose. Pour qui écrivent ces jeunes ? Le plus souvent pour eux-mêmes ou pour leurs proches.
Divers sont les styles, rares sont encore les réussites. Une critique s'impose.
Mots clés : littérature maghrébine - immigration - roman beur.139
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 7 - N° 3
1991
Quand les Beurs prennent
la plume
François DESPLANQUES
II n'est bon Beur que de Paris, ou plutôt de banlieues
parisiennes. Les plus grises, les plus tristes et les plus bétonnées, cela va sans dire.
Mehdi Lallaoui précise : Les Beurs de Seine. Entre Nanterre et Gennevilliers. C'est
là qu'au début des années 80, les jeunes Arabes, nés de parents immigrés, sont
désignés comme Rebeux et que, retournant l'insulte et le mot, ils se proclament
Beurs. Depuis la marche de 1983, le mot a fait le tour de la France. Discutable et
souvent contesté, il a l'avantage d'être une création originale et d'éviter les longues
périphrases.
1983, c'est aussi l'année où un jeune homme alors inconnu, Mehdi Charef,
publie Le Thé au harem d'Archi Ahmed, et pas n'importe où : au Mercure de
France. Le roman beur était né. D'autres noms, d'autres titres ont bien vite suivi,
comme si la chose était dans l'air. Mais il faut d'abord souligner cette coïncidence
de date. Il n'y a certainement pas rapport de cause à effet, sauf dans le cas de
Bouzid qui, l'année suivante, écrit un récit très explicitement intitulé La Marche.
Mais il y a bien, outre un phénomène de génération, une prise de conscience
collective, favorisée par le développement de la vie associative. C'est aussi l'époque
où se créent d'autres moyens d'expression : le journal Sans Frontières et les
premières radios libres : Radio Beur à Paris, Radio Gazelle à Marseille. Cette
créativité s'exprime encore dans les domaines des arts plastiques et du spectacle.
Le roman participe donc de ce grand bouillonnement. Avec tout ce qu'il peut
y avoir de dynamique mais aussi de brouillon dans un bouillonnement. Rien qui
ressemble à une école. Aucun manifeste. Bien plutôt une série de manuscrits jetés
comme des bouteilles à la mer, comme des cris. Beaucoup se sont perdus sans
doute. Mais enfin le résultat est là : une vingtaine de romans édités. Quelques-uns,
quelques-unes de ceux qui faisaient l'objet du discours journalistique, politique,
sociologique, se dressent comme sujets. Ils parlent d'eux-mêmes et des leurs, en
pleine connaissance de cause, de l'intérieur. Voilà qui mérite attention, même et
surtout si ces écritures brouillent un peu nos grilles de lecture. Comment situer ces 140 François DESPLANQUES
textes dans l'ensemble de la production sociale, culturelle et plus précisément
littéraire ? Deux écueils sont à éviter : la simple analyse de contenu qui ne retien
drait que l'aspect documentaire en négligeant le travail d'expression et, à l'inverse,
une lecture centrée sur le jeu littéraire qui oublierait ou du moins en sous-estimerait
la part du vécu. Dans le premier cas, les auteurs seraient niés en tant que romanc
iers ; dans le second, ils seraient niés en tant que Beurs. Entre ces deux écueils, il y
a place pour une navigation risquée, mais attentive aux textes et aux questions
qu'ils suscitent : d'où viennent ces voix, de quoi parlent-elles, à qui et comment ?
***
A l'exception de Leïla Houari, auteur de Zeïda de Nulle part, Marocaine de
Bruxelles, tous ces jeunes romanciers sont d'origine algérienne, au moins par leur
père. Ce quasi monopole est tout à fait remarquable. Pour tenter de l'expliquer, on
peut avancer quelques hypothèses : l'implantation plus ancienne de la commun
auté algérienne en France, les traumatismes de la guerre d'indépendance, la
réprobation plus lourde qui en a résulté dans de larges secteurs de l'opinion fran
çaise. Tout se passe comme si le bouc émissaire, rejeté ici mais aussi là-bas,
éprouvait, plus que ses cousins de Tunisie ou du Maroc, le besoin de faire entendre
sa voix. Mais une communauté de destin n'exclut pas la diversité des itinéraires.
Akli Tadjer est né à Paris, Azouz Begag, à Villeurbanne. D'autres, comme Nacer
Kettane et Mehdi Charef sont nés en Algérie, même s'ils ont vécu en France la plus

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