Quelques mots sur la légende de Coriolan - article ; n°1 ; vol.1, pg 215-225
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1881 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 215-225
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1881
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

G. Bloch
Quelques mots sur la légende de Coriolan
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 1, 1881. pp. 215-225.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch G. Quelques mots sur la légende de Coriolan. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 1, 1881. pp. 215-225.
doi : 10.3406/mefr.1881.6348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1881_num_1_1_6348QUELQUES MOTS
SUB
LA LEGENDE DE CORIOLAN.
L'histoire des premiers siècles de Rome n'offre pas d'épisode
plus intéressant que celui de Coriolan. Elle n'en offre pas non plus
qui ait plus justement éveillé les défiances de la critique. Après
avoir contesté tel ou tel point de détail, elle en est arrivée à rejeter
le récit d'un bout à l'autre comme entièrement apocryphe. C'est la
conclusion de M. Mommsen dans son article de VHermes (1), re
produit au tome II des Hämische Forschungen (2). Elle vaut la
peine, comme tout ce qu'écrit un tel maître, d'être examinée de
près (3).
Le récit de Tite-Live, de Denys, de Plutarque, n'est aux yeux
de M. Mommsen qu'un roman, forgé vers la première moitié du
cinquième siècle de Rome au plus tôt. Le surnom de Coriolan en
est la preuve. C'est à cette date en effet que s'introduisit l'usage
de donner aux généraux de ces surnoms rappelant le souvenir de
leurs victoires. A la même époque, l'histoire était encore la pro
priété exclusive du collège pontifical; mais ce collège venait de
s'ouvrir à la plèbe, et, parmi les quatre premiers pontifes plé
béiens créés en 454 IL C. = 300 av. J.-C, on trouve un Marcius,
C. Marcius Rutilus. On voit par là comment ce récit, tiré des
archives domestiques des Marcii plébéiens, a pu prendre place
(1) Die Erzählung von Cn. Marcius Coriolanus. Hermes, Bd. 4
(1870), p. 1-26. — (2) P. 113-152. — (3) Voir un mémoire de M. Bon-
ghi, résumé dans le t. 3 des Transunti de l'Académie royale des Lincei,
juin 1879, pages 253-4. QUELQUES MOTS 216
d'assez bonne heure dans l'histoire officielle. L'écho des grandes
luttes d'où était sortie la Rome nouvelle retentissait encore dans
-toutes les mémoires, et déjà à l'orgueil du triomphe s'ajoutait
chez les nobles plébéiens une faiblesse tous les jours plus com
mune : ils étaient fiers d'avoir vaincu le patriciat, et pourtant ce
même patriciat, ils voulaient en être sortis, ils ne reculaient de
vant aucun mensonge pour imposer cette prétention aux con
temporains et à la postérité. Ce sentiment complexe et même
contradictoire s'accuse dans la fable de Coriolan. Les Marcii y
sont glorifiés dans leur prétendue origine patricienne ; mais ce
qui domine, c'est la glorification de la plèbe. La plèbe est le
vrai héros du drame. La revendication de ses droits et l'humilia
tion du patriciat dans la personne d'un de ses plus illustres re
présentants, tout est là. Le procès de Coriolan n'a pas été ima
giné pour autre chose. Ce n'est qu'une de ces anecdotes que les
Romains plaçaient volontiers à l'origine de leurs coutumes pu
bliques et privées de manière à en mieux prouver la légitimité.
C'est ainsi que le procès d'Horace, absous grâce à l'intervention
populaire, est le fondement du droit de provocatio. De même le
procès de Coriolan établit la compétence criminelle des comices
tributes.
Si nous faisons abstraction des hypothèses qui échappent en
quelque sorte à la discussion, il y a dans cette théorie deux points
qui appellent la critique.
D'abord ce qui est relatif au procès de Coriolan. On peut se
demander en premier lieu si l'assimilation entre ce procès et ce
lui d'Horace est fondée. Outre que le procès d'Horace appartient
à la période mythique, le droit de provocatio, dont il passe pour
avoir été la première application, est resté depuis le commence
ment de la république une des pierres angulaires de la constitu
tion romaine. Nous admettrons donc, si l'on veut, que ce peuple,
respectueux de la tradition au point de ne reconnaître comme SUR LA LÉGENDE DE CORIOLAîT 217
légitime que ce qui était consacré par elle, a désiré mettre sous
ce couvert un principe si essentiel, et que le procès d'Horace n'a
pas d'autre raison d'être. Mais il n'en est pas de même de la
juridiction criminelle des comices tributes, laquelle disparut après
la législation décemvirale (1). Dès lors pourquoi s'efforcer de jus
tifier par un précédent un droit depuis si longtemps oublié? Enc
ore, s'il avait été jamais question de le restaurer. Mais on ne
voit pas que la démocratie, si favorable pourtant aux empiéte
ments des comices tributes sur les centuriates, y ait pensé. Ses
efforts pour restreindre l'arbitraire du magistrat prirent une autre
direction. Elle se préoccupa plutôt de développer et d'assurer la
juridiction des comices centuriates, ainsi qu'en témoignent toutes
ces lois de provocatione dont la série se poursuit depuis Valerius
Publicola jusqu'à C Gracchus. Cette indifférence pour un droit
qui avait été d'abord le palladium des libertés plébéiennes se conç
oit. La juridiction criminelle des comices tributes répondait à
une situation tout à fait particulière et qui ne tarda pas à se
modifier. Elle ne ressemblait en rien à celle des comices centur
iates. Elle procédait d'un principe tout différent. Ce n'était pas
la souveraineté populaire se substituant à son délégué afin de
prévenir les excès du pouvoir. C'était la vengeance de la plèbe
atteignant le patricien coupable d'avoir rompu le traité conclu
entre la Rome patricienne et la Rome plébéienne. Cette juridiction
dut tomber aussitôt que l'état de guerre dont elle était issue
tendit à se transformer et qu'un premier rapprochement s'opéra
entre les deux peuples.
M. Mommsen compte deux procès qui nous montrent cette
juridiction en exercice: celui de Coriolan en 263 U. C. = 491, et
celui de Caeso Quinctius en 293 U. C. = 461. Mais n'y a-t-il pas
eu dans l'intervalle d'autres procès du même genre, moins reten-
(1) Willems, Droit public, p. 177, 4e édit. 218 QUELQUES MOTS
tissants, il est vrai, ceux de T. Menenius, de Sp. Servilius, de
C. Manlius et L. Furius, et d'App. Claudius (1) ? Quoiqu'il en soit,
M. Mommsen admet la réalité du procès de Quinctius. Dans ce
cas, ilsemble qu'il devenait inutile de supposer celui de Coriolan,
et que le premier suffisait pour fonder sur un fait la compétence
criminelle des comices tributes.
Denys donne ce détail à propos du verdict rendu contre Co
riolan: " Vingt et une tribus furent appelées à voter. Marcius
en eut neuf en sa faveur, de sorte que, s'il en avait eu deux de
plus, il était acquitté, grâce au partage égal des voix, ainsi que
la loi le voulait (2).»
Ce texte est inintelligible. Neuf plus deux font onze qui sont
la moitié de vingt-deux, non de vingt et un, nombre qui, du reste,
n'est pas divisible par deux. M. Mommsen fait à ce sujet le ra
isonnement suivant (3). La légende voulait que Coriolan eût été
jugé par vingt tribus et condamné par la majorité la plus petite
possible, c'est-à-dire par onze voix contre neuf. Cependant la l
égende était contredite par la chronique, qui disait qu'à partir de 259
U. C. — 495, il y avait eu, non pas vingt tribus, mais vingt et
une. Qu'a fait Denys? Le nombre total des tribus étant ainsi ren
forcé d'une unité, il a cru qu'il n'avait, pour concilier les don
nées de la légende et celles de la chronique, qu'à renforcer aussi
d'une unité le nombre de voix nécessaires pour l'acquittement, et
par là il est tombé dans une inextricable confusion. N'est-ce pas
là cependant attribuer à Denys une faute de calcul bien grossière,
ou une tentative non moins grossière pour donner le change à
ses lecteurs ? Ne vaudrait-il pas mieux tout expliquer par une al
tération du texte , comme au reste M. Mommsen lui-même l'a
(1) V. Zumpt, Criminalrecht, Bd. I, Abth. I, p. 266-271. —
(2) "VII, 64. Μιας "γαρ και είκοσι τότε φυλώ'* ούσώ*> αίς ΐη ψνίφος ανεδόθη, τας
άπολυούσας φυλάς ίσγ^νι ό Μάρκιος Ιννε&

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