résumé thèse Jacquet Centre CHEVRIER
3 pages
Français

résumé thèse Jacquet Centre CHEVRIER

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
3 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Olivier JACQUET, Les syndicats viti-vinicoles en Bourgogne de 1884 à la mise en place des. AOC, Thèse de doctorat d'Histoire, Sous le direction de Serge ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 81
Langue Français

Extrait

Olivier JACQUET,Les syndicats viti-vinicoles en Bourgogne de 1884 à la mise en place des AOC, Thèse de doctorat d’Histoire, Sous le direction de Serge Wolikow, Université de Bourgogne, 2005, 2 vol., 581 p. et annexes 237 p.
Si ce travail de thèse montre que les associations syndicales viti-vinicoles nées de la loi du 21 mars 1884 suivent en partie le chemin emprunté par l’ensemble des organisations professionnelles agricoles créées en cette fin de XIXème siècle (passage d’un syndicalisme de « marquis »à celui des notabilités républicaines dans un contexte de républicanisation des campagnes), il introduit l’idée que les terrains étudiés (mondes du vin et région Bourgogne) génèrent des formes spécifiques de syndicalisme. Les syndicats viti-vinicoles bourguignons calquent ainsi une partie de leurs actions et de leurs réseaux sur ceux de structures collectives antérieures (associations de négociants, sociétés d’entraides). Tout en s’érigeant en « syndicatsboutiques » par le biais des coopératives d’achat ou en développant par exemple l’enseignement agricole dans les campagnes, ils agissent en fonction des spécificités de la filière (concours de greffage, lutte contre les taxes sur le vin, constitutions d’associations contre la grêle ou le gel, etc.). De la crise du phylloxéra aux crises de surproduction des années 1930, les organisations de vignerons s’adaptent aussi aux contextes, tentant de participer à l’émancipation des producteurs par rapport à un négoce qui se détourne des marchés d’approvisionnement locaux. Ceci se traduit dans les faits par le développement de la vente en commun et par la création de coopératives de production.
Ces activités perdurent tout au long de la période. Pourtant, au tout début du XXème siècle, s’amorcent de nombreux changements. Le syndicalisme bourguignon se détache des élites de la Société des Agriculteurs de France et se structure régionalement dans une Confédération des associations viticoles de la Bourgogne en 1908. Il entre ainsi dans une ère de défense des intérêts locaux. Pour lutter contre la mévente, les vignerons cherchent alors à protéger leur production et à promouvoir leurs territoires. S’appuyant sur une série de textes législatifs (dont la loi du 1er août 1905) et sur leurs parlementaires, ils acquièrent une réelle identité et se positionnent sur les marchés. Ce modèle syndical bourguignon participe ainsi à l’élaboration de la loi sur les appellations d’origine de 1919. A l’aide duSyndicat de défense de la viticulture bourguignonne, ils s’efforcent de poursuivre les fraudeurs. Enfin, ils pèsent de tout leur poids dans les cadres nationaux pour préserver les pratiques locales comme la chaptalisation ou pour promouvoir leurs vins et leurs normes à l’étranger.
En axant particulièrement son analyse sous un angle local lors de l’entre-deux-guerres, ce travail montre pourtant que, entraîné dans un processus de délimitation des appellations d’origine, le modèle syndical observé précédemment subit une phase d’éclatement. Les enjeux qui parcourent ces territoires en voie de normalisation et de délimitation génèrent ainsi des conflits d’intérêts poussant à l’émiettement. Chaque syndicat défend sa propre vision des usages locaux, loyaux et constants sur le territoire qu’il représente. La Bourgogne est ainsi tiraillée entre tenant des équivalences, entre supporter des marques ou défenseurs d’un système très restreint d’appellations. Devant la justice ou les commissions parlementaires, la diversité des acteurs impliqués (petits propriétaires de vins ordinaires, propriétaires de crus renommés, négociants propriétaires/non propriétaires, coopérateurs, etc.) introduit une multiplicité d’identifications et d’appropriations territoriales. Ces débats intersyndicaux se jouent sur de multiples scènes politiques (appel au registre républicain de défense de la petite exploitation), sociales (petits contre gros) ou culturelles (folklore). Enfin, ce processus évoque l’importance de certains acteurs syndicaux dont l’insertion dans des réseaux plus ou moins légitimes détermine la réussite. Le Syndicat des producteurs de vins fins de la Côte-d’Or, union d’associations professionnelles de producteurs de crus dirigée par le marquis d’Angerville, parvient ainsi à imposer sa vision très stricte des normes viti-vinicoles à l’ensemble des autres organisations régionales. Emerge ainsi une nouvelle conception juridique et donc économique du terroir. Ce dernier, induit par une partie des viticulteurs, est désormais pensé et vécu comme un espace sur-délimité et hiérarchisé. A contre-pied des représentations naturalistes actuelles percevant les terroirs viticoles comme immanents ou issues d’héritages ancestraux, cette thèse évoque, à travers l’exemple des actions syndicales (et donc humaines), l’importance des ruptures historiques, des jeux de pouvoirs et des positionnements politiques dans la définition des vrais normes du marché et donc de nos représentations actuelles du terroir.
Au final, émerge donc une Bourgogne viticole de terroirs défendue par une batterie de syndicats aux contours varaibles (syndicats de crus, de villages, intercommunaux, départementaux). Ces entités sont légitimées par l’application du décret-loi du 30 juillet 1935 sur les AOC (principalement les syndicats de propriétaires des crus les plus renommés de la région auxquels se joignent les propriétaires négociants sur la fin de la période). Pour leur part, les exclus des appellations prestigieuses dont les terroirs sont désormais économiquement et culturellement dévalorisés radicalisernt et politisent leur discours. Ils
s’érigent alors contre un système promu par la République et porte en eux les germes de la Corporation paysanne en Bourgogne viticole.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents