Sortir des frontières - article ; n°2 ; vol.9, pg 5-13
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Revue européenne de migrations internationales - Année 1993 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 5-13
Sortir des frontières
Philippe VIDELIER
En région lyonnaise se sont côtoyés et succédés depuis un siècle les groupes d'origine nationale les plus divers : Italiens du Piémont ou de la Ciociaria, Espagnols de la Sierra de Carthagène, Arméniens rescapés du génocide, Algériens kabyles et Juifs marocains amenés aux temps de la Première guerre mondiale, Turcs enfin dont l'apparition récente et massive fait revivre les processus vécus aux générations précédentes par les vagues d'immigration déjà sédimentées. Hors de l'approche réductrice d'une immigration pensée comme simple puzzle abstrait de nationalités et de la migration saisie strictement en terme de flux quantifiés, s'offre la possibilité de comprendre une réalité mouvante, des identités en devenir : celle de groupes humains concrets, issus de territoires délimités, ayant par leur mobilité, à des époques précises et pour des raisons historiques déterminées, construit des relations durables avec la région lyonnaise. L'insertion dans les banlieues (Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Décines...) et les quartiers industriels de la ville ne s'est pas réalisée sans frictions. L'aspect conflictuel qui peut se manifester avec force parce que placé dans l'aire du public et de l'instant, masque le plus souvent une culture de l'adaptation qui se construit par des processus moléculaires sur un mode plus individuel, inscrite dans le quotidien et la profondeur du temps. La mettre à jour serait donc la tâche des sciences humaines, conformément aux valeurs qui doivent faire leur humanité.
Exit the Borders
Philippe VIDELIER
Since one century, in the area of Lyon, there has been a coexistence and a succession of groups coming from varied national countries : Italian people from Piedmont, Spanish people from La Sierra of Carthaginian, Armenian people rescued from the genocide, Algerian people from Kabylia and Jewish Moroccan people who were introduced during the First World War and at last Turkish peoplef rom whom the recent and massive emergence is bringing to life again the processes that the previous generations lived through the waves of immigration that have already been sedimented. A part from the reducing approach ofan immigration which is considered as an ordinary abstract puzzle of nationalities and the migration strictly apprehended in terms of quantified flux has the opportunity to understand a moving reality and identities in gradual change : thanks to their mobilities, the one of the concrete human groups, coming from demarcated territories who have, at some periods and for well-defined reasons, built long-lasting relations with the area of Lyon. The insertion in the suburbs (Venissieux, Vaulx-en-Velin, Decines...) and in the industrial districts of the town were not realized without any frictions. The conflictuel aspect that may appear with strength because it is located in the area of people and at the present time, conceals more often than not a culture of adaptability that builds up through molecular processes on a more individual method which is placed in everyday life and in the depth of the time. Bringing it up to date would be the duty of the social sciences, according to the values that have to create their humanity.
Salir de las fronteras
Philippe VIDELIER
En la región de Lyon se han codeado y sucedido desde hace un siglo los grupos de origen nacional más variados : Italianos del Piamonte o de la Ciociaria Españoles de La Sierra de Cartagena, Armenios sobrevivientes del genocidio, Argelinos cabilas y Judios marroquíes traídos en tiempo de la Primera Guerra Mundial, y por fin Turcos cuya aparición reciente y masiva resucita los procesos vividos en las generaciones precedentes por las olas de inmigración ya sedimentadas. Fuera de la aproximación reductora de una inmigración pensada como simple puzzle abstracto de nacionalidades y de la migración tomada solamente como flujo cuantificado, se ofrece la posibilidad de comprender una realidad movediza, identidades en evolución : las de grupos humanos concretos, procedentes de territorios delimitados, que, por su movilidad, en épocas precisas y para razones históricas determinadas, han construído relaciones duraderas con la región de Lyon. La inserción en los barrios industriales de la ciudad no se ha realizado sin fricciones. El aspecto conflictivo que puede manifestarse con fuerza por su ubicación en la área de lo público y del instante, esconde más a menudo una cultura de la adaptación, que se contruye con procesos molecularios, de un modo más individual, y que se graba en lo cotidiano y en la profundidad del tiempo. Sacarla al día sería entonces un trabajo para las ciencias humanas, conforme con los valores que deben componer su humanidad.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Philippe Videlier
Sortir des frontières
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 9 N°2. pp. 5-13.
Citer ce document / Cite this document :
Videlier Philippe. Sortir des frontières. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 9 N°2. pp. 5-13.
doi : 10.3406/remi.1993.1351
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1993_num_9_2_1351Résumé
Sortir des frontières
Philippe VIDELIER
En région lyonnaise se sont côtoyés et succédés depuis un siècle les groupes d'origine nationale les
plus divers : Italiens du Piémont ou de la Ciociaria, Espagnols de la Sierra de Carthagène, Arméniens
rescapés du génocide, Algériens kabyles et Juifs marocains amenés aux temps de la Première guerre
mondiale, Turcs enfin dont l'apparition récente et massive fait revivre les processus vécus aux
générations précédentes par les vagues d'immigration déjà sédimentées. Hors de l'approche réductrice
d'une immigration pensée comme simple puzzle abstrait de nationalités et de la migration saisie
strictement en terme de flux quantifiés, s'offre la possibilité de comprendre une réalité mouvante, des
identités en devenir : celle de groupes humains concrets, issus de territoires délimités, ayant par leur
mobilité, à des époques précises et pour des raisons historiques déterminées, construit des relations
durables avec la région lyonnaise. L'insertion dans les banlieues (Vénissieux, Vaulx-en-Velin,
Décines...) et les quartiers industriels de la ville ne s'est pas réalisée sans frictions. L'aspect conflictuel
qui peut se manifester avec force parce que placé dans l'aire du public et de l'instant, masque le plus
souvent une culture de l'adaptation qui se construit par des processus moléculaires sur un mode plus
individuel, inscrite dans le quotidien et la profondeur du temps. La mettre à jour serait donc la tâche des
sciences humaines, conformément aux valeurs qui doivent faire leur humanité.
Abstract
Exit the Borders
Philippe VIDELIER
Since one century, in the area of Lyon, there has been a coexistence and a succession of groups
coming from varied national countries : Italian people from Piedmont, Spanish people from La Sierra of
Carthaginian, Armenian people rescued from the genocide, Algerian people from Kabylia and Jewish
Moroccan people who were introduced during the First World War and at last Turkish peoplef rom
whom the recent and massive emergence is bringing to life again the processes that the previous
generations lived through the waves of immigration that have already been sedimented. A part from the
reducing approach ofan immigration which is considered as an ordinary abstract puzzle of nationalities
and the migration strictly apprehended in terms of quantified flux has the opportunity to understand a
moving reality and identities in gradual change : thanks to their mobilities, the one of the concrete
human groups, coming from demarcated territories who have, at some periods and for well-defined
reasons, built long-lasting relations with the area of Lyon. The insertion in the suburbs (Venissieux,
Vaulx-en-Velin, Decines...) and in the industrial districts of the town were not realized without any
frictions. The conflictuel aspect that may appear with strength because it is located in the area of people
and at the present time, conceals more often than not a culture of adaptability that builds up through
molecular processes on a more individual method which is placed in everyday life and in the depth of
the time. Bringing it up to date would be the duty of the social sciences, according to the values that
have to create their humanity.
Resumen
Salir de las fronteras
Philippe VIDELIER
En la región de Lyon se han codeado y sucedido desde hace un siglo los grupos de origen nacional
más variados : Italianos del Piamonte o de la Ciociaria Españoles de La Sierra de Cartagena, Armenios
sobrevivientes del genocidio, Argelinos cabilas y Judios marroquíes traídos en tiempo de la Primera
Guerra Mundial, y por fin Turcos cuya aparición reciente y masiva resucita los procesos vividos en las
generaciones precedentes por las olas de inmigración ya sedimentadas. Fuera de la aproximación
reductora de una inmigración pensada como simple puzzle abstracto de nacionalidades y de la
migración tomada solamente como flujo cuantificado, se ofrece la posibilidad de comprender una
realidad movediza, identidades en evolución : las de grupos humanos concretos, procedentes de
territorios delimitados, que, por su movilidad, en épocas precisas y para razones históricas
determinadas, han construído relaciones duraderas con la región de Lyon. La inserción en los barrios
industriales de la ciudad no se ha realizado sin fricciones. El aspecto conflictivo que puedemanifestarse con fuerza por su ubicación en la área de lo público y del instante, esconde más a
menudo una cultura de la adaptación, que se contruye con procesos molecularios, de un modo más
individual, y que se graba en lo cotidiano y en la profundidad del tiempo. Sacarla al día sería entonces
un trabajo para las ciencias humanas, conforme con los valores que deben componer su humanidad.Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 9 - N° 2
1993
Sortir des frontières
Philippe VIDELIER
Un album a rendu célèbre en France le chanteur sud-
africain Johnny Clegg : Third World Child. La chanson qui donnait son titre à
l'album était une sorte d'hymne à la fluidité, à l'entre-deux :
« In between my father's fields
And the citadels of the rule
Lies a no man's land
Wich I must cross
To find my stolen jewel ».
Nous abordons l'immigration exactement dans cet état d'esprit, loin des certi
tudes positives des juristes et des statisticiens et de celles plus obscures des journal
istes et des hommes politiques.
COMPRENDRE LES IDENTITÉS COMME DYNAMIQUES,
DANS LE TEMPS LONG, DE LEUR CONSTRUCTION,
AU-DELÀ DES CATÉGORIES RÉIFIANTES
Si dans la décennie écoulée la question de l'identité culturelle, sociale et
politique s'est trouvée placée au cœur des controverses qui agitent notre société, si
elle a été liée dans l'imaginaire collectif aux flux migratoires, elle est le plus souvent
présentée devant les citoyens non comme un processus d'échanges, mais comme
une donnée et, de ce fait, sa construction échappe à la perception. Le double débat
sur l'identité — trop souvent réduite au seul référentiel de la nation — et les flux
migratoires, repose sur un argumentaire appuyé sur la production statistique qui
elle-même dessine la société à partir de catégories forcément figées. Des comptabil
ités fondées sur des découpages d'ordre juridique (les nationalités), s'inscrivant
dans une relation binaire Français/ Étrangers, donnent leur légitimité à des dis
cours souvent polémiques dont les liens avec les processus réels sont ténus.
Ainsi l'on sait que la France compte 6,3 % d'étrangers et que la proportion en
Rhône- Alpes est de 7,9 % ; que dans cette région leur nombre est estimé à 425 000 Philippe VIDELIER
au recensement de 1990. La Méditerranée occupe dans l'origine une place prépon
dérante : Algériens (140 000), Italiens (70 000), Portugais, ces Méditerranéens
tournés vers l'Atlantique (70 000), Espagnols (35 000), Marocains (37 000), Turcs
(25 000), etc. Le milieu urbain, surtout, la grande ville en certains quartiers et ses
banlieues accueille la majeure part de ces immigrés. Avec des taux de population
étrangère oscillant entre le cinquième et le quart de leur population, des villes à la
croissance forte et désordonnée, frappées par les problèmes de reconversion indust
rielle, attirent l'attention par ce qui peut s'y exprimer de mal-vivre : Vaulx-en-
Velin (26 % d'étrangers), Vénissieux ou Saint-Priest (19 %), Décines ou Villeu
rbanne (15 %). Flux migratoires et questions d'identité se présentent de manière
analogue dans les noyaux industriels anciens éloignés de la grande ville quoique
situés dans sa mouvance économique (Pont-de-Chéruy/ Charvieu dans la plaine de
l'Isère, Givors/Rive-de-Giers en direction de Saint-Étienne). Les problèmes vrais
comme les fantasmes suscités donnent périodiquement les honneurs de la presse à
ces cités.
Mais le temps écoulé a fait oublier que ces secteurs urbains ou péri-urbains
nés de la « seconde industrialisation », celle du taylorisme et des grandes usines,
qui meurt aujourd'hui, constituaient

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