Stratégies discursives et aspects logiques de l argumentation - article ; n°1 ; vol.12, pg 68-82
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Stratégies discursives et aspects logiques de l'argumentation - article ; n°1 ; vol.12, pg 68-82

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Description

Langue française - Année 1971 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 68-82
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Jeanne Borel
G. Vignaux
Stratégies discursives et aspects logiques de l'argumentation
In: Langue française. N°12, 1971. pp. 68-82.
Citer ce document / Cite this document :
Borel Marie-Jeanne, Vignaux G. Stratégies discursives et aspects logiques de l'argumentation. In: Langue française. N°12,
1971. pp. 68-82.
doi : 10.3406/lfr.1971.5559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1971_num_12_1_5559M.-J. Borel et G. ViGNAUx, Centre de Recherches sémiologicfues, Neu-
châtel, Suisse.
STRATÉGIES DISCURSIVES
ET ASPECTS LOGIQUES DE L'ARGUMENTATION
1. L'emploi de la déduction naturelle.
1.1. La méthode.
L'étude de l'argumentation a été ressuscitée, voici quelques années,
de manière remarquable, par Ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca, avec
la parution de leur Traité et les travaux qui l'ont suivi x. Le fait que
nous abordions cette étude sous l'angle logique et non spécifiquement
rhétorique est lié à l'orientation de nos recherches dont l'objectif principal
est une étude de ce que J.-B. Grize appelait dès 1962 la « logique natur
elle » 2. Ce terme de « logique naturelle » doit englober toutes les stratégies
que peut employer le non-logicien mais aussi le logicien, dans son raiso
nnement « naturel ». Le problème est par conséquent double : d'une part,
il s'agit de déterminer des degrés de logicité du comportement, constituer
donc des classes de comportements appelés logiques, d'autre part, il importe
d'élaborer une description commune de tous ces comportements. Parmi
les moyens d'accès à ces comportements, il faut citer en premier lieu, le
langage. Ainsi, étudier la structure des énoncés ou des enchaînements
d'énoncés à travers les opérations et les relations qui les constituent dans
le discours argumentatif, comme nous avons tenté de le faire, entre
cette perspective. Cela signifie encore, tenter de « traverser » la surface
linguistique vers l'organisation des contenus en situation discursive. L'anal
yse logique peut procéder alors de choix méthodologiques différents. Elle
peut se placer, ce qui a été notre cas, dans une perspective de type compar
atif, si l'on admet que l'idée de logique s'est trouvée depuis longtemps
associée à celle de système formel.
En effet, en essayant à plus d'une reprise de répondre, a priori, à la
question de la nature du discours argumentatif et de sa spécificité par
rapport à d'autres types de discours, il nous a paru licite de faire l'hypo
thèse qu'un des caractères de l'argumentation, au moins, consiste à « rendre
raison » d'une ou de plusieurs affirmations. En ce sens, on peut supposer
1. Ch. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca, Traité de l'argumentation, Paris, P.U.F.,
1958. G. Vignaux, L'argumentation : bibliographie sélective, Travaux du Centre de
Recherches sémiologiques, Neuchâtel, 1971, n. 6.
2. Implication, formalisation et logique naturelle, Études d'épistémologie génétique,
Paris, P.U.F., 1962.
68 l'existence de mécanismes qui enchaînent des propositions dans le but
d'en étayer rationnellement certaines. Cette hypothèse appelle immédiate
ment une comparaison de l'argumentation ainsi conçue avec le modèle
même de la cohérence rationnelle qu'est la démonstration ou, plus générale
ment, l'enchaînement déductif de propositions.
Cette est heuristiquement utile. Mais, c'est à ce niveau
qu'il faut la maintenir, ce qui signifie qu'elle ne peut pas être explicative.
Car, dans la mesure où nous disposons d'un modèle formel de la déduction,
l'appliquer sur Г argumentation permet pour l'instant, non pas de savoir
ce qu'est l'argumentation et d'expliquer comment elle fonctionne, mais
de voir au moins ce qu'elle n'est pas. Vouloir aller plus loin et affirmer,
par exemple, que l'argumentation est une déduction mal faite ou, au
contraire, que l'une et l'autre n'ont strictement rien de commun serait
abusif dans l'état actuel de l'étude du problème. De même, on ne trou
vera pas immédiatement, ici, de réponse à la question de savoir si on doit
comparer l'argumentation à la déduction formalisée plutôt qu'à des dis
cours déductifs non formalisés 3. En effet, nous ne savons pas si ces derniers
relèvent plus de la déduction que de l'argumentation. Nous trancherons
donc a priori la question en décidant de comparer argumentation et déduc
tion formalisée. Nous tenons à insister sur le fait qu'il s'agit pour l'instant
d'une expérience limitée, et, peut-être, non pertinente. Toutefois, on peut
dire déjà que, si elle risque de n'être pas soutenable théoriquement, elle
n'a pas manqué d'être féconde par ce qu'elle a permis d'observer, compte
tenu de sa partialité.
Que faut-il entendre par déduction? Déduire — si on se réfère au
dictionnaire — consiste à tirer de certaines données la ou les conséquences
qui en découlent rigoureusement. Cette définition, trop générale, demande
à être développée : il faut savoir ce qu'on doit entendre par « rigoureuse
ment ». Se poser cette question revient alors à se demander à quelles condi
tions doit obéir une déduction pour être reconnue strictement comme telle.
Or, y répondre suppose qu'on se donne une norme de ce que doit être la
forme d'une déduction, en d'autres termes, qu'on dispose d'un modèle
formel de la déduction. Ainsi, si une déduction est une séquence de pro
positions enchaînées, cet enchaînement n'est pas quelconque et obéit au
moins aux trois impératifs suivants :
1) C'est une relation de type implicatif qui d'une part ordonne les
éléments de la séquence et, d'autre part, est telle que la vérité des données
ou prémisses entraîne la vérité de la conséquence ou conclusion.
2) Comme termes de la relation n'intervient que ce qui est donné
dans les prémisses, ce qui implique que celles-ci doivent être entièrement
formulées et complètement énumérées. En d'autres termes, rien ne peut
s'introduire « subrepticement » dans le déroulement de la séquence.
3) Chaque instance de la relation ou chaque étape de la séquence est
explicitement étayée par des clauses justificatrices appartenant à l'un ou
l'autre des types suivants :
— position explicite des prémisses qui peuvent être soit des proposi
tions vraies par décision ou vraies « en soi » et simplement posées (prin
cipes, axiomes, définitions de termes, faits, évidences, etc.), soit des pro
positions dont la vérité est prouvée par une séquence deductive antérieure
(ce qui correspond intuitivement à l'idée de théorème). On s'octroie par
ailleurs le droit de répéter ce qu'on a posé autant de fois qu'il en est besoin
3. La démonstration d'une propriété géométrique du type de celles qu'on trouve
dans les Éléments d'Euclide (Euclid's Elements, New York, Dover Publ. inc., 1956)
nous semble correspondre à ce type de discours.
69 partant du principe qu'une fois le vrai établi, il peut être ré-utilisé en
sans autre preuve (on notera, en ce qui concerne les prémisses, que la
façon dont une proposition est évaluée est indépendante de la forme de
la déduction et relève de son interprétation),
— position explicite d'hypothèses que la déduction a pour but de vali
der en cours de route,
— usage explicite de règles logiques qui permettent de composer ou
de décomposer les propositions. La forme de ces règles dépendra de la
définition qu'on se donne du fonctionnement des opérateurs logiques (ou,
et, non, si ... alors, etc.), réduite au cas où les propositions qu'ils composent
entre elles sont vraies.
Un exemple clarifiera ce développement.
Soit le raisonnement suivant :
« C'est un thème bien connu de la vie politique helvétique qu'il suffît
d'être suisse et de sexe féminin pour ne pas avoir le droit de vote. Par
ailleurs, je sais que j'ai le droit de vote et que je suis suisse. J'en conclus
que je ne suis pas de sexe féminin. &#

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