Sultân  Âlî Al-Bâvardî. Un peintre iranien inconnu du XVe siècle. - article ; n°3 ; vol.44, pg 401-408
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sultân 'Âlî Al-Bâvardî. Un peintre iranien inconnu du XVe siècle. - article ; n°3 ; vol.44, pg 401-408

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Syria - Année 1967 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 401-408
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Ivan Stchoukine
Sultân 'Âlî Al-Bâvardî. Un peintre iranien inconnu du XVe siècle.
In: Syria. Tome 44 fascicule 3-4, 1967. pp. 401-408.
Citer ce document / Cite this document :
Stchoukine Ivan. Sultân 'Âlî Al-Bâvardî. Un peintre iranien inconnu du XVe siècle. In: Syria. Tome 44 fascicule 3-4, 1967. pp.
401-408.
doi : 10.3406/syria.1967.5943
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1967_num_44_3_5943SULTAN 'ALI AL-BAVARDI
UN PEINTRE IRANIEN INCONNU DU XVe SIÈCLE
PAR
Ivan Stchoukine
(PL XXI-XXIV)
La peinture livresque iranienne se présente dans son énorme majorité
comme une œuvre anonyme. Les images qui ornent les milliers de manusc
rits persans qui nous sont parvenus ne portent qu'exceptionnellement le
nom de l'artiste dont elles sont la création. De même, si le calligraphe,
copiste du texte, est souvent mentionné à la fin du volume dans le colophon,
le peintre, auteur de l'illustration, est habituellement passé sous silence.
Il en va de la sorte pour tous les temps, mais principalement pour les épo
ques les plus reculées. Nous n'avons ainsi qu'un seul manuscrit persan du
xine siècle, et un autre du xive, dont les miniatures soient signées par leur
auteur (1). Pour le xve siècle, il faut en attendre le dernier quart pour trouver
une illustration portant la signature d'un artiste (2).
Cependant les témoignages littéraires ne manquent pas, citant des noms
de maîtres célèbres dans un passé lointain, tel, par exemple, le légendaire
Manès (ou Mânî). Des amateurs orientaux se sont même souvent appliqués
à inscrire des noms d'artistes renommés sur des peintures en leur possession.
(1) C'est pour le xme s. : Varqah o Gulshâh. t mûrides, Paris, 1954, pp. 33-34.
Voir Ahmed Ate§, Un vieux poème romantique, (2) C'est un Khâvar-nâmeh de ibn Husâm.
in Ars Orientalis, IV, 1961. C'est pour le xive s. : Voir B. W. Robinson, A Descriptive Catalogue
une Khamseh de Khvâjû Kirmânî, datée de of the Persian Paintings in the Bodleian Library,
798/1396. Voir nos Peintures des manuscrits Oxford, 1958, p. 27. ■
402 SYRIA [XL IV
Tout en admettant la bonne foi de ces attributions, on ne saurait les accueill
ir qu'avec la plus grande réserve, car le plus souvent elles expriment des
jugements personnels, dépourvus d'objectivité et de sens critique (1).
Compte tenu de cet état de choses, le manuscrit dont nous nous proposons
d'examiner les peintures offre un intérêt tout particulier, car ses images
sont attribuées à un artiste dont le nom est donné dans le colophon.
Il s'agit d'une Khamseh de Nizâmî, conservée à la Bibliothèque du
Topkapi Sarayi, H. 786, d'Istanbul (2). C'est un volume de 318 folios,
mesurant chacun H. 0,245 X L. 0,165 m. Il est décoré de plusieurs enlu
minures et illustré de 18 peintures, dont une sur 2 pages. Deux inscriptions,
en arabe, l'une précédant, l'autre clôturant le texte, nous apportent des
informations précieuses sur l'origine du manuscrit.
Folio 1. Cercle enluminé, cantonné de 4 anges et encadré d'un rectangle.
Inscription en caractères d'or, au milieu.
Ce livre copié au temps de la domination du sultan dont la puissance a
jeté ses liens au-dessus du sommet de la coupole verte, et à la main duquel est
confié le bien-être de la sphère grise ; celui qui cherche Vaide auprès du Refuge
de (toute) aide, le protecteur de la religion Ulugh Beg Gûrgân, que sa domi
nation soit éternelle. Voir pi. I, 1.
Folio 318. Grand médaillon enluminé renfermant l'inscription suivante :
Le possesseur de cet illustre manuscrit, plein de vers gracieux, appelé la
Khamseh de Nizâmî (que Dieu anime son esprit et éclaire sa sépulture), —
est le jeune, le noble et respecté khvâjah Yûsuf-shâh, fils du défunt Amîr-e
Mîrân al-Tabrîzî. Le scribe en est 'AU ibn Iskandar al-Quhistânî. Son doreur
(enlumineur) et illustrateur est Sultan 'AU al-Bâvardî. Que Dieu pardonne au
possesseur, au scribe, à l'illustrateur et au doreur et quil les tienne loin des
méchants compagnons. Avec ta miséricorde, ô Protecteur!
f1) Voir les nombreuses fausses attributions notre sincère gratitude à Fehmi Bey Karatay,
le savant directeur des manuscrits du Topkapi dans les albums de Topkapi Sarayi. Cf. nos
Sarayi, qui a mis ce précieux volume à notre Notes sur des peintures persanes, etc. in Journal
asiatique, janv. 1935; et notre Peinture turque, disposition et nous a prêté le concours de sa
vaste érudition. Nous remercions également Paris, 1966.
bien cordialement le Professeur H. Roemer et (2) Cf. F. E. Karatay, Topkapi Sarayi
le Dr Steppat qui nous ont aidé à déchiffrer Mùzesi Força Yazmalar Katalogu, n°. 405,
Istanbul, 1961. Nous tenons à exprimer ici les inscriptions. SULTAN 'ÂLÎ AL-BÂVARDÎ 403 1967]
Dans les mois de shawal 85o /20 décembre 1446-17 janvier 1447 (la date
est incrite dans les deux lambrequins attachés au médaillon). Voir pi. I, 2.
Passons maintenant à l'examen des peintures. La première est un
diptyque, précédant le texte des poèmes de Nizâmî, et servant de frontis
pice au volume.
1. a) Prince et princesse trônant sur une terrasse, entourés de leur suite
(fol. 1 v.; H. 0,170 X L. 0,114 m). Le jeune seigneur offre une coupe à sa
dame. Un page agenouillé leur présente un plat. Deux danseuses évoluent,
accompagnées de musiciens. On aperçoit les arbres d'un jardin au fond.
b) Préparatif du festin princier, feuillet de gauche du même diptyque
(fol. 2; H. 0,165 X L. 0,114 m). La scène se passe sur la même terrasse.
Les serviteurs se tiennent debout, les bras croisés; des échansons s'affairent
auprès d'une table chargée de flacons; un gardien expulse un intrus. Du
balcon d'un kiosque voisin, et par-dessus le mur du fond, des femmes et
des hommes observent la fête.
Les deux moitiés du diptyque constituent un ensemble bien construit.
La composition, non dépourvue de naturel, se développe autour du groupe
princier en un cercle qui s'étire sur les deux feuillets. Le mouvement en est
banni, et tous les figurants sont figés dans leurs attitudes. Même les dan
seuses semblent s'être arrêtées dans leur élan. Les silhouettes des person
nages sont allongées, droites et raides. La monotonie qui en résulte est
compensée en partie par le coloris lumineux du tableautin, constitué par
des tonalités comme l'azur, l'orange, le rouge, le vert, ainsi que par l'or,
qui se déploient en gammes vives, à peine atténuées par de larges surfaces
grises. Voir pi. II.
2. Khosrau épiant Shîrîn au bain (fol. 41 v. ; H. 0,145 X L. 0,113 m).
Le prince, à cheval, contemple de loin la jeune beauté, à moitié plongée dans
un ruisseau, sa monture attachée à un arbre. La scène se déroule dans une
plaine, semée de grandes touffes fleuries et bordée d'arbres. L'or du cou
chant, animé par le vol de petits oiseaux, resplendit au-dessus du tapis
verdoyant. La composition est basée sur l'opposition des figures, cepen
dant, placées à des niveaux différents, ce qui lui prête une structure lég
èrement en diagonale. Harmonie de vert printanier et d'or. Voir pi. III, 1.
3. Khosrau et Shîrîn buvant. Le couple princier apparaît trônant dans 404 SYRIA [XLIV
son palais (fol. 49 v. ; H. 0,175 X L. 0,115 m). Des suivantes, en bas à gauche,
ainsi que deux serviteurs et des musiciens, à droite, entourent les deux
amants. Composition centrale. Riche palette avec prédominance de jaune
et de rouge.
Anges voltigeant dans les cieux, porteurs d'offrandes. Ils sont encadrés
dans de petits rectangles disposés en échiquier au milieu d'autres rectan
gles contenant quatre vers de texte chacun (fol. 50; H. 0,170 X L. 0,115 m).
Cette image, d'un caractère purement décoratif, ne fait pas partie de l'illu
stration.
4. Khosrau poursuivant V armée de Bahrâm Chûbîn (fol. 53 v. ; H. 0,106 X
L. 0,115 m). Les dimensions sont données sans les bannières). Composition
en diagonale. Grisaille avec quelques notes vives. L'images déborde dans
la marge de droite.
5. Khosrau et Shîrîn dans la chambre nuptiale (fol. 85; H. 0,143 X
L. 0,114 m). Les amoureux apparaissent sur une magnifique couche, leurs
vêtements de cérémonie et leurs couronnes rangés à

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents