Syntaxe latine et théorie de la valence : essai d adaptation au latin des théories de Lucien Tesnière - article ; n°50 ; vol.12, pg 51-72
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Syntaxe latine et théorie de la valence : essai d'adaptation au latin des théories de Lucien Tesnière - article ; n°50 ; vol.12, pg 51-72

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Description

Langages - Année 1978 - Volume 12 - Numéro 50 - Pages 51-72
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 71
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Heinz Happ
Syntaxe latine et théorie de la valence : essai d'adaptation au
latin des théories de Lucien Tesnière
In: Langages, 12e année, n°50, 1978. pp. 51-72.
Citer ce document / Cite this document :
Happ Heinz. Syntaxe latine et théorie de la valence : essai d'adaptation au latin des théories de Lucien Tesnière. In: Langages,
12e année, n°50, 1978. pp. 51-72.
doi : 10.3406/lgge.1978.1947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1978_num_12_50_194711. Happ
Tubingen
SYNTAXE LATINE ET THÉORIE DE LA VALENCE :
ESSAI D'ADAPTATION AU LATIN DES THÉORIES
DE LUCIEN TESNIÈRE*.
1 . Quelques apories de la grammaire traditionnelle du latin.
1.1. Dans les travaux de linguistique moderne on a souvent l'habitude de
parler, au début, de la grammaire traditionnelle, et de lui reprocher certains
défauts. On en brosse un tableau sombre afin de lui opposer l'apparition lumi
neuse de la linguistique moderne et surtout de l'école linguistique qu'on
préconise, parce qu'on voit en elle une panacée à tous ces défauts.
Eh bien, nous n'allons pas argumenter de manière si grossière, car en
utilisant de telles images d'Épinal on passerait à côté de la réalité et l'on
serait injuste. Nous ne voulons ni dénigrer la grammaire traditionnelle en
tant que telle ni glorifier la linguistique moderne ou une de ses écoles. Néan
moins, il n'est pas possible de fermer les yeux devant le fait que l'état
actuel des choses est loin d'être satisfaisant. Essayons de dégager les rai
sons de notre malaise.
Pour cela, je commencerai (cf. 1 . 2) par un bref examen des grammaires
latines parues en Allemagne, examen qui permettra de faire bien ressortir
les problèmes de principe et en même temps de donner une idée de la situa
tion d'outre-Rhin. Après cela, j'essayerai de voir, dans la mesure de mes
moyens, ce qu'il en est en France (cf. 1.3).
* Texte remanié d'une conférence que j'ai donnée, au mois de février 1976, à
Paris (Ecole normale supérieure, Sorbonně) et à Strasbourg (Faculté des Lettres), en
septembre 1976 à Bourg-Saint-Maurice (lors de la « Session de linguistique et de litt
érature » dirigée par Jean Lallot) et en novembre 1976 à l'Université de Louvain. Je
remercie vivement mes collègues Mlle Huguette Fugier, MM. J. Bousquet, Jean Lal
lot, Marius Lavency et Guy Serbat pour leurs invitations et les auditeurs de la confé
rence pour les discussions très précieuses que j'ai pu avoir avec eux. Si le texte français
se présente sans faute de langue, c'est dû à l'aide amicale de Mmes Agnès Abel-Sablay-
rolles et Marie-Hélène Diedrichsen-Fargues ainsi que de MM. Friedrich Abel et
Christian Touratier qui ont bien voulu lire mon manuscrit et en corriger les imperfect
ions.
Cette conférence française s'appuie sur un article allemand qui a été publié par la
revue Gymnasium 83 (1976), 35-58. J'ai modifié le texte à plusieurs endroits
afin de l'adapter à un public français.
Dans ce qui suit, je n'ai pas tenu compte de la syntaxe latine de Anton Scherer
qui vient de sortir (Anton Scherer, Handbuch der lateinischen Syntax, 1975). Ce livre,
dont la conception est fort différente de la mienne, exige une discussion qui dépasserait
le cadre de cet article. C'est pourquoi je préfère y revenir ailleurs. La nouvelle Gram
maire essentielle du latin de J. Gaillard et J. Cousteix, Paris (Scodel), 1976, m'est
parvenue trop tard pour que je puisse en tenir compte ici. En raison de l'espace restreint
qui m'est imparti, j'ai réduit les notes au minimum.
Cet article a été, sous une forme élargie (c'est-à-dire avec des notes plus détaillées
et un compte rendu de la grammaire de Gaillard et Cousteix), publié dans les « Actes
de la session de linguistique et de littérature » (dirigée par Jean Lallot, Bourg-Saint-
Maurice, 1976).
51 1.2. Les grammaires latines traditionnelles en Allemagne.
Malgré toutes les différences entre grammaire dite « scientifique » et
grammaire « scolaire », entre grammaire « historique » et grammaire « syn-
chronique », on peut dire, en simplifiant, qu'il existe — à l'université comme
au lycée allemand — une tradition grammaticale relativement homogène
que nous rencontrons partout et toujours : pendant la lecture de textes,
les cours de version et de thème, les cours de latin donnés aux grands débu
tants et l'enseignement du latin dans les lycées. Si, pour simplifier, on met sur
cette tradition grammaticale l'étiquette de « grammaire traditionnelle »,
on peut constater les faits suivants :
1) La grammaire traditionnelle s'efforce — comme toutes les gram
maires — de saisir la structure des phrases latines. Pour ce faire, elle attr
ibue aux fonctions syntaxiques — telles que sujet, prédicat, complément
d'objet, etc. — une position clé, mais elle ne va pas suffisamment loin dans
cette voie, si bien que le phénomène des fonctions syntaxiques est final
ement perdu de vue.
N. в. Dans notre exposé nous nous limiterons aux fonctions syntaxi
ques dites « primaires », c'est-à-dire à celles qui dépendent directement
du verbe et nous laisserons de côté par exemple les compléments de
nom — même si nous sommes amené à en parler à l'occasion.
2) Elle semble, d'une part, vouloir placer le verbe au centre de la phrase.
Cela se voit, entre autres, dans la célèbre « analyse grammaticale et logique »,
où l'on analyse la phrase entière à partir du verbe. D'autre part, la gram
maire traditionnelle s'oppose à cette conception, qui est la sienne, et la rend
plus ou moins sans effet.
3) Elle enseigne qu'il y a — mis à part le sujet et le prédicat — deux
espèces de fonctions syntaxiques primaires, à savoir celles qui se rattachent
étroitement au verbe, et celles dont les liens avec le verbe sont plus lâches.
Mais là aussi, elle est inconséquente et finit par rendre inefficace cette clas
sification binaire des fonctions syntaxiques.
Donnons quelques explications sur chacun de ces trois points qui
s'entrecoupent un peu J.
1.2.1. Quand on consulte une grammaire traditionnelle, on s'étonne que,
parmi les fonctions syntaxiques, le sujet et le prédicat soient examinés,
mais qu'il n'y ait pas de chapitre sur l'objet (les objets) ni sur les complé
ments circonstanciels. Au lieu de cela, on trouve des paragraphes sur les
cas, les formes nominales du verbe, et un peu plus loin sur les subordonnées.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Chaque fonction syntaxique peut être représentée par différents él
éments linguistiques. Ainsi, la fonction d'objet direct, par exemple, reçoit
les réalisations morphologiques suivantes : substantif à l'accusatif, pronom
à l'accusatif, infinitif ou subordonnée avec ut, quod. La grammaire tradi
tionnelle en a tenu compte à propos du sujet, mais ailleurs, au lieu d'exa
miner à partir de la fonction les réalisations morphologiques, elle a procédé
en sens inverse : elle s'est axée sur les réalisations (p. ex. sur « substantif à
l'accusatif », « infinitif », « proposition complétive ») au point que la fonc
tion syntaxique en tant que telle a failli s'effacer derrière ses réalisations.
Certes, on pourrait saisir la structure de la phrase en s'appuyant sur
l'élément linguistique individuel (c'est-à-dire sur la réalisation). Mais cela
ne peut se faire qu'à la condition expresse de traiter l'élément linguistique
non pas comme une unité isolée, mais comme le représentant d'une fonction
1. La critique suivante est forcément très sommaire et par là-même injuste. Mais
cela ne change rien au fait que la grammaire latine traditionnelle (en Allemagne), dans
son ensemble, accuse les défauts mentionnés.
52 syntaxique. La grammaire traditionnelle justement ne le fait pas, parce
qu'elle ne peut pas se libérer de l'influence de l'élément linguistique isolé.
C'est la raison pour laquelle elle ne parle pas de l'objet ni du complément
circonstanciel en tant que tels, mais des cas, de l'infinitif, du gérondif, etc.
Par conséquent, elle n'arrive pas, en fin de compte, à préciser, combien de
fonctions syntaxiques (primaires) se trouvent dans la phrase latine, et les
quelles. Elle n'éclaircit pas assez le fait qu'une s

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