Un collectivisme impossible : Le double miroir du mythe italien et l identité du socialisme russe, 1900-1914 - article ; n°4 ; vol.34, pg 493-505
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Un collectivisme impossible : Le double miroir du mythe italien et l'identité du socialisme russe, 1900-1914 - article ; n°4 ; vol.34, pg 493-505

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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 4 - Pages 493-505
Antonello Venturi, Hopeless collectivism : the double-faced mirror of the Italian myth and the Russian socialist identity, 1900-1914.
At the beginning of the century, the Russian revolutionary movement hardly dealt with the characteristics of socialist future, so limited was it by its formal attitude against Utopia. Hence, it had been resorting to other reference points, often holding Western real socialism as a model. An unintended identity stands out from Russian representations of Italian collectivism. In fact it turns out to be a double-faced shaping. It stresses the common originality of European peripheries: nevertheless you can find there totally opposed pictures, animated either by a Social Democratic black imagery or by a Socialist-Revolutionary golden dream. Besides, representations of Italian socialism were nourished with extremely dubious images. This stands out clearly in connection with the genuine self-consciousness of the Russian revolutionary movement, as it results from the First-hand experience of Russian emigration in Italy.
Antonello Venturi, Un collectivisme impossible : le double miroir du mythe italien et l'identité du socialisme russe, 1900-1914.
Gênée par son anti-utopisme officiel, la pensée révolutionnaire russe du commencement du siècle parlait très peu des formes et des contenus de l'avenir socialiste. Face aux difficultés du discours, on avait recours à des éléments substitutifs, en attribuant un caractère de modèle au « socialisme réel » occidental. Les images russes du collectivisme italien sont ainsi l'affirmation indirecte d'une identité. Il s'agit d'un miroir double, qui souligne l'originalité commune aux périphéries européennes, mais où on rencontre des images totalement opposées entre elles : la légende noire des sociaux-démocrates et la légende dorée des socialistes-révolutionnaires. Comme le montre l'expérience de l'émigration russe en Italie, ce mythe se nourrit aussi d'images d'une persistante duplicité, par rapport à la véritable conscience du socialisme russe.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Antonello Venturi
Un collectivisme impossible : Le double miroir du mythe italien et
l'identité du socialisme russe, 1900-1914
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 34 N°4. Octobre-Décembre 1993. pp. 493-505.
Abstract
Antonello Venturi, Hopeless collectivism : the double-faced mirror of the Italian myth and the Russian socialist identity, 1900-
1914.
At the beginning of the century, the Russian revolutionary movement hardly dealt with the characteristics of socialist future, so
limited was it by its formal attitude against Utopia. Hence, it had been resorting to other reference points, often holding Western
"real socialism" as a model. An unintended identity stands out from Russian representations of Italian collectivism. In fact it turns
out to be a double-faced shaping. It stresses the common originality of European peripheries: nevertheless you can find there
totally opposed pictures, animated either by a Social Democratic black imagery or by a Socialist-Revolutionary golden dream.
Besides, representations of Italian socialism were nourished with extremely dubious images. This stands out clearly in connection
with the genuine self-consciousness of the Russian revolutionary movement, as it results from the First-hand experience of
Russian emigration in Italy.
Résumé
Antonello Venturi, Un collectivisme impossible : le double miroir du mythe italien et l'identité du socialisme russe, 1900-1914.
Gênée par son anti-utopisme officiel, la pensée révolutionnaire russe du commencement du siècle parlait très peu des formes et
des contenus de l'avenir socialiste. Face aux difficultés du discours, on avait recours à des éléments substitutifs, en attribuant un
caractère de modèle au « socialisme réel » occidental. Les images russes du collectivisme italien sont ainsi l'affirmation indirecte
d'une identité. Il s'agit d'un miroir double, qui souligne l'originalité commune aux périphéries européennes, mais où on rencontre
des images totalement opposées entre elles : la légende noire des sociaux-démocrates et la légende dorée des socialistes-
révolutionnaires. Comme le montre l'expérience de l'émigration russe en Italie, ce mythe se nourrit aussi d'images d'une
persistante duplicité, par rapport à la véritable conscience du socialisme russe.
Citer ce document / Cite this document :
Venturi Antonello. Un collectivisme impossible : Le double miroir du mythe italien et l'identité du socialisme russe, 1900-1914.
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 34 N°4. Octobre-Décembre 1993. pp. 493-505.
doi : 10.3406/cmr.1993.2366
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1993_num_34_4_2366ARTICLES
ANTONELLO VENTURI
UN COLLECTIVISME IMPOSSIBLE :
LE DOUBLE MIROIR DU MYTHE ITALIEN
ET L'IDENTITÉ DU SOCIALISME RUSSE
(1900-1914)
L'aspiration collectiviste s'inscrit dans un domaine idéologique ancien et comp
lexe : liée à la pensée religieuse et au monarchisme naïf de la tradition populaire,
elle est historiquement très proche de l'idéal d'entraide et de solidarité des commun
autés paysannes. Une forme rationalisée de collectivisme semble être, en même
temps, un des éléments aptes à définir dans le sens le plus large l'identité du socia
lisme russe moderne. S'il est vrai que cette forme de ne s'harmonise pas
toujours aisément avec quelques-uns des nombreux autres points de repère idéolo
giques du socialisme russe du xxe siècle, par exemple avec le jacobinisme modernis
ant du marxisme léninien, elle demeure quand même un des instruments les plus
sûrs pour parvenir à une définition commune des différents courants socialistes de la
pensée russe de la dernière période pré-soviétique. Mais quel a été le rôle réellement
joué par le collectivisme, au commencement du siècle, dans les représentations et les
images de l'avenir socialiste ?
Il faut avant tout constater que ces représentations et ces images s'élaborent dans
un milieu idéologique et politique où - au delà des banalités et du flou de la petite
propagande - on parlait avec une certaine réticence de l'idéal collectiviste, de même
qu'on s'étendait très peu, en général, sur les formes et les contenus de l'idéal social
iste. S'il s'agit vraiment avant tout d'une utopie, comme on le pense couramment
aujourd'hui en Russie, il s'agit cependant d'une utopie qui ne s'explique pas ouverte
ment, et qui n'aime pas la parole, à l'inverse de toute pensée utopique traditionnelle.
En effet, la perception de soi et le système de représentations qui caractérisent ce
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXIV (4), octobre-décembre 1993, pp. 493-506. 494 ANTONELLO VENTURI
modèle de socialisme résultent, entre autres, de la victoire définitive d'un anti-uto-
pisme officiel, lié à la prédominance du marxisme.
La richesse d'un imaginaire politique embrassant à la fois toutes les nuances de
la social-démocratie russe et tous les mélanges du néopopulisme socialiste-révolu
tionnaire demeure incontestable. Sa force procédait d'autre part de la persistance d'un
modèle de relations entre culture socialiste et politique révolutionnaire, fondé sur
l'ancienne dichotomie entre populisme légal et populisme révolutionnaire ; ceci
assurait l'existence d'une sorte d'infrastructure culturelle, d'un espace autonome
d'élaboration pour toutes sortes d'aventures intellectuelles. Mais, paradoxalement, le
seul lieu idéologique interdit, le seul domaine intellectuel presque fermé à la
recherche était justement le futur socialiste, la société collectiviste.
Il suffît de rappeler, en tant que donnée symbolique du problème, le Lenin de
19 1 7 et son essai tardif sur L'État et la révolution, ouvrage inachevé mais qui montre
assez clairement l'absence d'une réflexion préalable sur les problèmes d'une société
socialiste future. Au moment des réalisations révolutionnaires, les socialistes-révo
lutionnaires aussi se trouvèrent brusquement aux prises avec leur concept tradition
nel de « socialisation ». Par sa longue série de décrets et d'instructions complexes
visant à une redistribution égalitaire permanente de la terre, le statisticien Р.Л. Vih-
Ijaev, adjoint de Černov au ministère de l'Agriculture dans le Gouvernement provi
soire de la nouvelle Russie, ne faisait alors que souligner le peu d'attention consacrée
au cours des quinze années précédentes aux principes et aux critères qui auraient dû
inspirer l'égalitarisme du pouvoir révolutionnaire.
H y avait là-dessous, sans doute, beaucoup d'ambiguïté. L'autocensure marxiste
qui gênait le discours sur l'organisation de la société socialiste, en faisant peser sur
lui la crainte d'un péché d'utopisme, était également partagée par les sociaux-démoc
rates et les socialistes-révolutionnaires du siècle nouveau, et cependant elle était
sans cesse déjouée. On retrouve ainsi, dans la production idéologique ou politique
courante de la Russie des années pré-révolutionnaires, les traces d'une pensée qui
s'interroge pour découvrir les formes réelles du collectivisme socialiste. Mais il s'agit
de traces très variées et inégales, qui nous laissent souvent percevoir un pénible
manque de certitude et de clarté. Ces fragments de pensée, le plus souvent de nature
économique, ont été d'autre part assez peu étudiés. Aux États-Unis on a commencé,
il y a quelques années, à s'interroger sur les « revolutionary dreams »> mais en limi
tant le discours presque exclusivement à la période post-révolutionnaire'. Sur ce
point l'historiographie soviétique n'a pas dépassé le XIXe siècle, en s'arrêtant au popu
lisme des années 70, doué naturellement d'une futurologie beaucoup plus vive et
riche.
Mais, si le discours direct sur la société collectiviste était faible, au début du
XXe siècle le socialisme russe avait souvent recours à des éléments substitutifs, ou
- pour mieux dire - à la catégorie de la substitution. Généreusement étalée et accept
ée par l'historiographie russe pré-révolutionnaire, on retrouve en effet la pratique
traditionnelle de la substitution dans de nombreux domaines de l'histoire tusse. On
peut même rappeler Gersc

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