Un futurible des mouvements de population. - article ; n°1 ; vol.43, pg 103-114
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1987 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 103-114
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raphaël-Emmanuel Verhaeren
Un futurible des mouvements de population.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°43, 1987. pp. 103-114.
Citer ce document / Cite this document :
Verhaeren Raphaël-Emmanuel. Un futurible des mouvements de population. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°43, 1987. pp. 103-114.
doi : 10.3406/remmm.1987.2141
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1987_num_43_1_21413. Devenir, prospective
Raphaël-Emmanuel Verhaeren
UN FUTURIBLE DES MOUVEMENTS
DE POPULATION
Cet article présente des thèmes qui ont été traités de manière plus approfondie
dans un rapport d'une recherche réalisée dans le cadre du Centre de recherche
en informatique en sciences sociales (C.R.I.S.S.)j de l'Université II de Grenoble,
«Une prospective économique en matière de migrations internationales» (août 1986,
105 p.).
Au cours de ces dernières années, nous avons vu paraître en France les résultats
de cinq études portant sur l'avenir des migrations internationales. Nous voulons
en rendre compte brièvement, en faire une analyse critique, et proposer notre pro
pre analyse.
Ces études présentent des projections (Raspail, Le Bras, I.N.S.E.E.), ou bien
une approche plus qualitative (Sauvy), ou encore des estimations prévisionnelles
(Lesourne). Notre propos est different. Nous avons voulu entreprendre une démarche
de prospective économique : explorer le scénario d'une évolution possible des migra
tions internationales. Notre conception de la prospective ne consiste pas en une
prédiction relativement déterministe de l'avenir, mais dans l'analyse d'un futuri-
ble, de manière à mieux éclairer les décisions actuelles, soit pour éventuellement
tenter d'écarter ce futurible et de construire un avenir différent, soit pour aménag
er sa préparation s'il apparaît inéluctable. S'il s'avérait, par exemple, qu'à terme
l'immigration reprenne en France, des dispositions devraient être prises pour pré
parer l'accueil de ces populations, au niveau du logement, de la formation profes
sionnelle, de la scolarisation, des échanges culturels...
Nous n'avons fait, pour notre part, aucun travail de quantification des mouve
ments futurs de population, non par opposition de principe aux techniques de pro
jection, mais par faute de moyens suffisants de recherche. Par contre, nous avons
privilégié le recours au raisonnement économique, pratiquement absent des études
ROMM 43, 1987-1 104 / R.-E. Verhaeren
que nous évoquons. L'une des critiques qui peut leur être faite, notamment aux
projections réalisées, c'est l'absence de discussion des hypothèses implicites, par
exemple sur l'évolution de la conjoncture économique, ou celle des rapports sociaux.
Notre démarche prospective s'appuie sur une théorie économique des migra
tions internationales, qui a sa place dans une d'ensemble de l'évolution
du mode de production capitaliste (M.P.C.). Le phénomène migratoire étudié ici
s'explique comme l'aboutissement d'une dynamique qui se développe dans le con
texte historique des rapports sociaux caractéristiques du M.P.C. L'extension par
tiellement anarchique du M.P.C. a pour effet, en même temps, de détacher de
grandes masses de travailleurs des anciens modes de production, d'entretenir con
stamment une armée de réserve, là où il est déjà bien implanté, et de susciter de
nouvelles concentrations de besoins de forces de travail.
Bien sûr, l'histoire ne se répète jamais de la même manière. Il serait d'ailleurs
souhaitable d'envisager d'autres hypothèses d'évolution différente des rapports
sociaux, et dans chaque cas, divers scénarios du phénomène migrat
oire. Ce travail-là nécessiterait une recherche internationale de grande ampleur...
Nous nous limitons ici à l'hypothèse d'un contexte socio-politique semblable. Dans
ce cadre-là, nous retenons le seul scénario d'une lente sortie de crise, d'une relance
de l'investissement physique créateur d'emplois, à la faveur de la mise en place
d'un nouveau système technique.
CINQ ÉTUDES FRANÇAISES SUR L'AVENIR DE L'IMMIGRATION
1. D'abord, dans la mouvance de certains courants d'opinion de droite et
d'extrême-droite, le Figaro magazine a publié dans trois numéros (26 oct., 2 et 9
nov. 1985) les résultats d'une «recherche» sur l'avenir de l'immigration, dirigée
par J. Raspail, romancier, et les avis approbateurs de G.-F. Dumont, démogra
phe, du professeur P. Chaunu, de A. Griotteray, politicien et auteur de Les immig
rés, le choc (éd. Pion, 1984) et de L. Pauwels, éditorialiste du magazine.
Les projections qu'ils présentent, veulent démontrer que le nombre des étran
gers non européens en France, passerait de 2,6 millions en 1985 à un minimum
de 7,9 millions en 2015; tandis que la population française aurait diminué de 5,2
millions. Le nombre de non européens pourrait même se monter à 12,8 millions.
Un tel futurible est à éviter, car selon les auteurs, une telle «invasion» mettrait
en cause l'intégrité de l'identité française.
Ce n'est pas l'endroit de démonter le caractère mythique de la pureté de l'iden
tité nationale. D'autres l'ont fait, et ont montré comment la France s'est laborieu
sement construite au cours des siècles, charriant constamment les apports de quantité
de peuples venus de l'extérieur. Citons F. Braudel, L'identité de la France, éd.
Arthaud-Flammarion, 1986; H. Le Bras et E. Todd, L'invention de la éd.
Librairie générale, 1981; et surtout, A. Fierro-Domenech, Le pré-carré, éd. Laf-
font, 1986.
2. Par contre, il importe de connaître les deux articles de H. Le Bras, l'un dans
Le Nouvel Observateur (1-7 nov. 1985) et l'autre dans Hommes et migrations (15
déc. 1985), en réponse à ces prévisions «fantaisistes». Non seulement H. Le Bras
démonte les mécanismes par lesquels de telles projections ont pu être élaborées,
mais il présente ses propres projections :
• Affirmer que le taux actuel de fécondité des Françaises (1,75) plongerait à 1,25 Un futurible des mouvements de population / 105
dès 1992 et resterait à ce niveau jusqu'en 2015, n'est pas sérieux, dit Le Bras qui,
s'appuyant sur la stabilité de ce taux depuis 10 ans, préfère le prolonger à ce niveau
jusqu'en 2000.
• Au lieu d'un taux de mortalité considéré comme constant tout au long de la
période, Le Bras pense que l'espérance de vie continuera à s'allonger lentement
sous les effets des progrès médicaux.
• Le taux actuel de fécondité des étrangères (4,69) ne peut être supposé const
ant. L'expérience montre qu'à la longue ce taux rejoint celui des Françaises. Le
Bras propose l'hypothèse d'une baisse progressive du taux de fécondité des étran
gères jusqu'en 2000, année au cours de laquelle il rejoint le niveau du taux de
fécondité des Françaises.
• La population actuelle des étrangers non européens évaluées à 2,6 millions
est surestimée. Elle ne s'élève en fait qu'à environ 2 millions.
• L'étude du groupe «Raspail» se refuse à envisager dans l'avenir tout mouve
ment de naturalisation. Le Bras pense au contraire que dans trente ans, un tiers
au moins des étrangers aurait acquis la nationalité française.
• Enfin, les projections du groupe «Raspail» sont basées sur l'hypothèse de 59 000
entrées annuelles de non européens jusqu'en 2015. Hypothèse qui n'est étayée
d'aucun argument. Par contre, Le Bras prend, lui, le risque d'un solde migratoire
nul.
Compte tenu des hypothèses qu'il retient, Le Bras obtient, bien évidemment,
un résultat très différent. Le nombre de non européens ne s'élèverait pas à 7,9
millions, mais à 700 000 en 2015. La méthode est naturellement plus rigoureuse
que la précédente. Mais le point le plus faible dans la démarche de Le Bras est
certainement son hypothèse sur un solde migratoire nul jusqu'en 2015. Même réduit,
ce solde a été constamment positif durant toutes les années récentes de crise. Per
sonne ne peut

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