Un siècle d enseignement musical à l école primaire - article ; n°1 ; vol.55, pg 3-15
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1997 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 3-15
A Century of Music Education in Primary School, Michèle Alten.
At a time when arts education for young people is listed as a national priority, this retrospective reminder shows that primary school, since Jules Ferry, has wavered between a rather unsinging citizen tradition except for the laborious learning of a few patriotic verses and a more melodious cultural tradition whose necessity never convinced the teachers. Only the Popular Front and the Vichy regime manifested a particular interest in school music. Theoretically obligatory but usually out of reach, a source of conflicts between musicians and pedagogues, here is the uninspired history of a discipline that doesn't sound good, of an education with troubling accents.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michèle Alten
Un siècle d'enseignement musical à l'école primaire
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°55, juillet-septembre 1997. pp. 3-15.
Abstract
A Century of Music Education in Primary School, Michèle Alten.
At a time when arts education for young people is listed as a national priority, this retrospective reminder shows that primary
school, since Jules Ferry, has wavered between a rather unsinging citizen tradition except for the laborious learning of a few
patriotic verses and a more melodious cultural tradition whose necessity never convinced the teachers. Only the Popular Front
and the Vichy regime manifested a particular interest in school music. Theoretically obligatory but usually out of reach, a source
of conflicts between musicians and pedagogues, here is the uninspired history of a discipline that doesn't sound good, of an
education with troubling accents.
Citer ce document / Cite this document :
Alten Michèle. Un siècle d'enseignement musical à l'école primaire. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°55, juillet-
septembre 1997. pp. 3-15.
doi : 10.3406/xxs.1997.3659
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1997_num_55_1_3659UN SIECLE D'ENSEIGNEMENT
MUSICAL À L'ÉCOLE PRIMAIRE
Michèle Alten
À l'heure où l'éducation artistique de révolutionnaire conduit à une atomisation
tous les jeunes est affichée comme une du corps social, à l'isolement de l'individu
priorité nationale, ce rappel rétrospect citoyen face à l'État de droit républicain
if n'est sans doute pas inutile. On y et que la nature du lien unissant les Fran
verra que l'école primaire, depuis Jules çais entre eux se limite à un universalisme
Ferry, a oscillé entre la tradition qui permet l'égalité juridique de chacun
citoyenne, assez peu chantante, et et la participation de tous aux institutions
l'enracinement culturel, autrement issues de la souveraineté nationale. Sou
mélodieux, sans pouvoir jamais cieux de donner corps aux exigences
convaincre les maîtres que les enfants d'instruction qu'implique le suffrage uni
auraient quelque droit de chanter à versel, les hommes politiques de la fin du
l'aise. Théoriquement obligatoire mais 19e siècle font de l'école le creuset de
largement hors de portée, source de l'attachement futur à la République. Dans
conflits entre musiciens et pédagogues, son livre, Yves Déloye souligne à quel
voici l'histoire d'une discipline qui point cette politique scolaire se fonde sur
sonne mal, d'une éducation aux accents une rupture culturelle avec le modèle
troublants. catholique2. L'État prétend désormais
contrôler la socialisation civique des jeu
L'étude de l'enseignement musical nes français et devenir la référence const
dans l'école primaire française itutive du lien social et de la citoyenneté.
depuis un siècle nous révèle une his L'espace public devient alors un espace
toire confuse et chaotique qui ne saurait différencié où s'exprime de façon exclu
être mise sur le compte des insuffisances sive l'appartenance à une nation consti
ou des errements de la politique éducative tuée en principe de souveraineté politi
en ce domaine. Seule une mise en relation que.
avec les cadres mentaux qui structurent Cette acculturation morale et civique,
le rapport de la France au politique et à destinée à former des citoyens partageant
la culture permet de donner une intelli une identité de destin et de valeurs, a pour gibilité à cette histoire. Les analyses de objectif la création d'une société politique Mona Ozouf l ont montré que le processus
2. Yves Déloye, École et citoyenneté, Paris, Presses de Scien1. Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, Gallimard,
ces Po, 1994. 1976. :
MICHELE ALTEN
autonome, en rupture avec les apparte d'exigence intellectuelle très élevé dans
nances spirituelles et culturelles de la tra plusieurs domaines d'enseignement. Sont
dition catholique française. Cependant cet privilégiés les règles du maniement
universalisme abstrait, qui conduit à remcorrect de la langue, les outils arithméti
placer l'appartenance culturelle par ques et géométriques ainsi que la descrip
l'appartenance politique, ne peut se suf tion de la réalité naturelle, géographique
fire à lui-même. Il possède, comme et historique de la France. Une morale
l'explique Louis Dumont1, une grande explicite, fondée sur l'étude de cas prati
force idéologique, mais est en revanche ques, complète cette armature de savoirs
dépourvu d'éléments concrets pour faire utiles à l'élaboration de l'identité politique
face à l'organisation réelle des sociétés. nouvelle. Dans un tel contexte, la musi
Il a donc besoin de s'appuyer sur des que devient un auxiliaire de la morale et
se réduit à la mémorisation de chants édicadres mentaux et des formes de sociab
ilité qui assurent le fonctionnement fiants. Cette conception du rôle du chant
effectif de la société. Les hommes de la à l'école est théorisée en 1881 par le
compositeur républicain Bourgault- Troisième République, désireux d'établir
durablement un régime démocratique, Ducoudray dans sa contribution destinée
ont compris la nécessité du compromis. à l'élaboration des instructions officielles
Dans l'école, ils imaginent de concilier de 1882. Elle est concrétisée, à partir de
une instruction conçue pour éduquer le 1893, dans les célèbres manuels de Maur
futur citoyen et une certaine transmission ice Bouchor, Chants populaires pour les
du patrimoine culturel et artistique. Ils écoles. Tenue aux marges de l'institution
rédigent à cette fin des programmes offi scolaire, la musique ne s'inscrit alors que
ciels qui affirment cette double exigence. rarement dans les pratiques ordinaires et
Mais dans les faits, depuis 1882 on assiste régulières de la classe. Lorsque, après la
dans l'école à un subtil jeu de bascule première guerre mondiale, le poids du
entre deux pôles antagonistes plus modèle civique se desserre, l'enseigne
l'injonction à l'éducation du citoyen est ment musical parvient à conquérir un cer
forte, plus la part consacrée à la culture tain droit de cité dans l'école. Mais lors
est faible; inversement, plus l'école se que, en 1945, le souci de cohésion
veut en dehors de l'engagement politique, politique revient au premier plan, la musi
plus les activités d'enracinement dans le que s'efface alors de nouveau du paysage
patrimoine culturel sont développées. éducatif.
Mais un troisième cas de figure peut aussi Dans le rapport qu'il adresse au minist
exister à certains moments: lorsque le re de l'Instruction publique, Bourgault-
poids des injonctions officielles s'allège, Ducoudray recommande de ne pas mar
on trouve alors une école qui investit chander le temps consacré à la musique,
exclusivement dans sa mission d'ense car elle seule peut produire cet esprit de
ignement et qui définit elle-même la cohésion qui fait à la fois la vigueur et le
nature des apprentissages culturels qu'elle bien-être moral d'un pays2. Pour consti
privilégie. tuer un réfèrent commun capable d'ins
pirer l'enthousiasme, il préconise de faire
chanter aux enfants des hymnes en l'hon- O AU SERVICE DE LA CITOYENNETÉ
Pour assumer son rôle de formation du 2. Rapports sur l'enseignement du chant dans les écoles pri
maires, ministère de l'Instruction publique, 1881, p. 16. Sept futur citoyen, l'école se fixe un niveau
rapports sont adressés au ministre en 1881. Ils émanent de
personnalités de formations et de sensibilités diverses, composi
1. Louis Dumont, L'idéologie allemande, Paris, Gallimard, teurs, pédagogues de la musique, responsables administratifs
1991, p. 250. de l'institution scolaire. UN SIECLE D'ENSEIGNEMENT MUSICAL A L'ECOLE PRIMAIRE
neur des grands hommes, qui peuvent rice Bouchor sont déclarés, par le jury,
être les serviteurs de l'humanité les plus conformes à ces critères. À ses
tels Socrate, Galilée ou Gutenberg, ou les yeux, en effet, ils présentent deux qualités
grands serviteurs de la Patrie tels Vercin- majeures : ils expriment toute la santé
gétorix, Roland ou Jeanne d'Arc. Chaque morale populaire, avec sa force, sa séré
phase du d

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