Une approche lexicalisée des phénomènes de contrôle - article ; n°122 ; vol.30, pg 96-122
28 pages
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Description

Langages - Année 1996 - Volume 30 - Numéro 122 - Pages 96-122
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Karine Baschung
Une approche lexicalisée des phénomènes de contrôle
In: Langages, 30e année, n°122, 1996. pp. 96-122.
Abstract
Karine Baschung : A lexicalist approach of control phenomena
We deal with the problem of identifying the obligatory controller of an infinitival complement. We show that a lexical approach is
descriptively more adequate than the purely syntactic one of generative grammarians (Minimal Distance Principle) or a purely
semantic one (as in GPSG). We offer a formalization in Unification Categorial grammar (UCG) that captures the lexical
generalizations we have found to hold in
French. We also consider alternative approaches within lexical semantics (Dowty) or HPSG (Pollard and Sag).
Citer ce document / Cite this document :
Baschung Karine. Une approche lexicalisée des phénomènes de contrôle. In: Langages, 30e année, n°122, 1996. pp. 96-122.
doi : 10.3406/lgge.1996.1751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1996_num_30_122_1751Karine BASCHUNG
Université Paris X Nanterre & GRIL - Université Blaise Pascal Clermont II
UNE APPROCHE LEXICALISEE
DES PHÉNOMÈNES DE CONTRÔLE
On entend par infinitives les constructions qui mettent en jeu un verbe à l'infinitif
et les différents constituants qui s'y rattachent, comme dans :
(1) Jean aime manger du chocolat.
(2) Marie oblige Jean à travailler ses maths.
(3) Jean est prêt à partir.
(4)semble dormir.
(5) Jean pense que fumer est dangereux.
Dans beaucoup de langues, les infinitives ont la propriété remarquable de ne pas
posséder de constituant syntaxique sujet, et par conséquent, de ne pas établir direc
tement une relation sémantique de prédication avec cet argument sujet. En ce sens, les
verbes ou les adjectifs dits de contrôle mettent systématiquement en oeuvre une
prédication indirecte en ce qui concerne leurs compléments verbaux à l'infinitif. Dans
(1) à (4), on constate que Jean occupe des positions syntaxiques diverses par rapport à
la phrase-matrice dans laquelle il apparaît, mais qu'il fonctionne en même temps
comme le sujet implicite de l'infinitive (quoique pas nécessairement, e.g. (5)). Autre
ment dit, le rapport formel qui définit syntaxiquement le verbe à l'infinitif comme
solidaire d'un vide (son sujet syntaxique) ne coïncide pas avec le rapport conceptuel
que cet infinitif entretient en tant que prédicat avec un argument sémantique. Ainsi
l'interprétation des énoncés (1), (3) et (4) associera respectivement les prédicats
manger du chocolat, partir et dormir à l'argument sujet Jean, tandis que celle de (2)
associera travailler ses maths à l'argument objet Jean. En d'autres termes, l'interpré
tation de (1) à (5) donnera lieu à une (re)construction conceptuelle qui attribuera
toujours un réfèrent au sujet non exprimé de l'infinitive.
Ces phénomènes ont été largement étudiés en grammaire formelle ; de (Chomsky,
1965) à (Milner, 1989) par exemple, le raisonnement sur des phrases comme (6) est le
suivant :
(6) Je lui propose de venir demain.
Cette phrase est ambiguë, elle admet deux interprétations (informellement : dans
l'une, l'agent de venir est je ; dans l'autre, l'agent de venir est lui) ; puisque les termes
lexicaux sont manifestement les mêmes, la syntaxe est ce qui change en (6). Notre
argumentation sera la suivante : il y a bien des propriétés relationnelles différentes
mises en œuvre par les phénomènes de contrôle, mais les règles syntaxiques classiques
sont inadéquates relativement au contrôle, i.e. les approches « configurationnelles »
consistant à définir le contrôleur d'une infinitive comme le SN syntaxiquement (GB) ou
sémantiquement (GPSG) le plus proche de l'infinitive (§ 1). En effet, les données
96 empiriques du français montrent que ces propriétés relationnelles ne sont pas fonda
mentalement exprimables en termes de règles syntaxiques mais qu'elles dépendent
crucialement des items lexicaux (§2). Un traitement lexicaliste est empiriquement plus
motivé et moins coûteux en termes d'appareillage formel pour la théorie ; c'est le cas en
UCG, une grammaire catégorielle d'unification (§ 3), dans le cadre de laquelle nous
proposons un traitement du contrôle obligatoire en français (§ 4) que nous comparons
ensuite à d'autres traitements non configurationnels (§ 5). Avec une telle approche
lexicalisée des phénomènes de contrôle, on passe par conséquent d'une division de la
grammaire en syntaxe (régularités exprimables par les règles de la grammaire) vs.
lexique (informations idiosyncratiques uniquement susceptibles d'être listées) à des
opérations sur des objets lexicaux complexes comportant à la fois des informations
syntaxiques et sémantiques.
1. Situation du problème
1.1. Définitions et conventions de notation
Comme dans la tradition de la grammaire generative, on appellera ici contrôle le
processus d'attribution d'une référence à l'argument implicite de l'infinitive, et
contrôleur tout SN interprété comme argument implicite de l'infinitive. On se donne la
convention de coindexation entre le contrôleur (indexé à droite) et le prédicat infinitif
(indexé à gauche) ; ainsi, les exemples (1) et (2) deviennent :
(l1) Jean! aime 1manger du chocolat.
(21) Mariex oblige Jean2 à 2travailler ses maths.
Lorsque le contrôleur est inconnu comme en (5), on affectera à l'infinitif l'indice x
(réfèrent inconnu, mais déterminable autrement, par exemple pragmatiquement) :
(51) Jeanx pense que xfumer est dangereux.
1.2. Contrôle obligatoire vs. contrôle non obligatoire
On peut poser que toutes les infinitives obéissent à des Principes de Contrôle
(désormais PC), en ce sens, on l'a vu, que leur argument sujet doit être déterminé. Les
principes de contrôle peuvent être formulés comme suit Y :
(PCI) Une infinitive doit être contrôlée.
(PC2) Le contrôleur d'une infinitive peut être tout argument qui ne soit pas
explicitement interdit.
Certaines infinitives se soumettent à un contrôle obligatoire, i.e. permettent d'établir
des Principes de Contrôle Obligatoire (désormais PCO) qui, en exigeant la satisfaction
d'un certain nombre de conditions, déterminent à coup sûr la position syntaxique du
1. Cf. (Baschung, 1992).
97 contrôleur (position qui peut n'être pas univoque, ni nécessairement occupée par un
terme). Nous verrons au § 2 que le contrôle obligatoire présente les deux propriétés
simultanées de localité et de latitude.
Dans les cas de contrôle non obligatoire, ou contrôle arbitraire, il n'existe pas de
mécanisme particulier de détermination de la position du contrôleur, le processus qui
intervient alors étant semblable au mécanisme plus général de résolution des pronoms
et des anaphores. En (5'a), l'argument sujet implicite de fumer reçoit une interpréta
tion arbitraire, c'est-à-dire générique. Autrement dit, il peut capter — comme un
pronom — sa référence d'un SN proéminent dans le discours, avec lequel il est alors
coindicé (5'b,c) :
(5') a Jeanx pense que xfumer est dangereux pour la santé,
b que ^umer est sa!
с Jeanx a disputé Marie2. Hi pense que 2funier est dangereux pour sa2 santé.
Nous tenons à distinguer ce phénomène des cas de contrôle obligatoire où le contrôleur
est simplement omis, comme en (7) :
(7) a Marie! ordonne de xvenir.
b Mariex à Jean2 de 2venir.
с *Marie! ordonne de 1 venir.
En (7a), l'interprétation « arbitraire », c'est-à-dire indéterminée, est uniquement
induite par l'absence d'un complément contrôleur, et elle n'est pas générique. N'im
porte quel SN (fût-il proéminent) ne peut pas devenir contrôleur ; en (7c) Marie ne
peut jamais l'être. Ces cas relèvent donc bien du contrôle obligatoire, avec contrôleur
sous-entendu 2.
Ci- après nous nous consacrons exclusivement au contrôle obligatoire, considéré
comme une instance du contrôle (de PC) soumise à des contraintes supplémentaires et
spécifiques.
1.3. Contrôle vs. Montée
1.3.1. Une distinction empirique
Dans la tradition de la grammaire generative (cf. Ruwet, 1972, Fauconnier, 1974),
on distingue habituellement les verbes « à contrôle » et les verb

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