Une approche psycholinguistique de la ponctuation. Etude en production et en compréhension - article ; n°1 ; vol.81, pg 21-39
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Description

Langue française - Année 1989 - Volume 81 - Numéro 1 - Pages 21-39
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 107
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Fayol
Une approche psycholinguistique de la ponctuation. Etude en
production et en compréhension
In: Langue française. N°81, 1989. pp. 21-39.
Citer ce document / Cite this document :
Fayol Michel. Une approche psycholinguistique de la ponctuation. Etude en production et en compréhension. In: Langue
française. N°81, 1989. pp. 21-39.
doi : 10.3406/lfr.1989.4767
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1989_num_81_1_4767Michel Fayol
Université de Bourgogne,
L.E.A.D.
UNE APPROCHE PSYCHOLINGUISTIQUE
DE LA PONCTUATION
ÉTUDE EN PRODUCTION
ET COMPRÉHENSION
1. Position du problème
1.1. L'approche linguistique de la ponctuation
Contrairement à d'autres sous-systèmes linguistiques — pronoms,
prépositions, articles... - la ponctuation n'a que tort peu été étudiée.
Les travaux disponibles dans le champ de la linguistique adoptent
majoritairement deux perspectives (Catach 1980). La première consiste
à étudier le développement historique des systèmes de ponctuation (Petit
et Catach 1979 pour une série d'exemples). La seconde revient à analyser,
en général chez des auteurs confirmés, les caractéristiques de tel ou tel
emploi de la ponctuation, cela d'un point de vue essentiellement diffé
rentiel. Rares sont les recherches qui se donnent explicitement pour objet
la mise en évidence de la structure et du fonctionnement de la ponctuation
chez le sujet tout-venant.
Pourtant, à bien des égards, la ponctuation apparaît comme un
phénomène digne d'intérêt. Elle se présente en effet comme un micro
système linguistique constitué d'un nombre limité de marques discrètes
entrant en opposition (Salvat 1976). Elle fait l'objet d'un relatif consensus
parmi les chercheurs, au moins en ce qui concerne les points suivants :
a) la liste des unités (Grévisse 1964, p. iv); b) la hiérarchie des signes
dans la mesure où l'on se limite aux signes « pausaux » : al
inéa > point > point virgule > virgule > 0; c) l'impossibilité de
considérer la ponctuation actuelle comme un code substitutif de l'int
onation (Tournier 1979; Salvat ibid.).
Comme on l'aura remarqué, les acquis essentiels portent sur les
aspects les plus formels. En revanche, très peu d'informations sont di
sponibles relativement au fonctionnement de la ponctuation dans les textes
non littéraires. De fait, si l'on trouve assez facilement des documents
prescriptifs indiquant comment il convient d'utiliser la ponctuation (Gre-
visse, ibid.; Colignon sans date), il n'existe pas, à notre connaissance, de
21 travaux descriptifs approfondis portant sur des emplois tout-venant; malgré
l'indéniable intérêt de telles études (cf. par exemple l'utilisation de la
ponctuation chez Ménétra 1982).
On aurait pu toutefois penser que les psycholinguistes profiteraient
du caractère bien délimité du sous-système de la ponctuation pour en
étudier le fonctionnement. Or il n'en a rien été : leur contribution n'ap
paraît guère importante. Plutôt récente (cf. néanmoins Thorndike 1948),
elle s'attache essentiellement à saisir, globalement, l'influence de l'o
rganisation typographique sur la lecture et la compréhension de textes.
1.2. L'approche psychologique
Dans cette perspective, les auteurs ont étudié soit des textes segmentés
selon différentes modalités (Anglin et Miller 1968; Klare, Nichols et
Shaford 1957; North et Jenkins 1951; Weiss 1983) soit des extraits -
paragraphes ou chapitres — dotés ou non de ponctuation (Brossard et
Cosnier 1981; Carver 1970). La consultation de cette série non exhaustive
de travaux expérimentaux fait ressortir quelques points essentiels.
D'une part, la lecture et la compréhension semblent facilitées par
certaines organisations typographiques, notamment par celle « standard »
(Anglin et al., ibid.). Toutefois, cela peut résulter simplement de notre
entraînement à traiter des textes ainsi structurés. Par ailleurs, dans
certaines conditions, surtout après familiarisation avec le découpage, une
disposition isolant les idées ou les groupes syntagmatiques aboutit à des
performances supérieures dans une tâche de rappel (Klare et al., ibid.;
North et al., ibid.).
D'autre part, l'absence d'au moins certains signes de ponctuation
modifie de manière très sensible la lecture et la compréhension de textes.
Ainsi, l'élimination des majuscules entraîne un accroissement des durées
de lecture et une chute des scores de compréhension (Carver, ibid.). Ainsi
encore, la lecture à haute voix d'un texte dépourvu de ponctuation est
plus lente que celle du même document ponctué; mais les sujets tendent
néanmoins à marquer des pauses aux emplacements où se situent géné
ralement les signes de ponctuation (Brossard et al., ibid.).
Toutefois, aucun des travaux recensés ne présente une approche
théorique — en termes linguistiques ou psychologiques — du problème de
la ponctuation. Les résultats expérimentaux sont presque toujours inter
prétés dans une perspective phrastique qui, pourtant, n'explique en rien
les phénomènes observés. Ce fait apparaît encore plus net dès lors qu'on
s'intéresse à la genèse de la ponctuation.
1.3. La ponctuation et son développement
Pratiquement tous les auteurs ayant abordé le problème du déve
loppement de la ponctuation et de ses emplois ont abouti aux mêmes
conclusions. Ainsi, Fayol (1981, pp. 265-328), Kress (1982, p. 72 et sui-
22 vantes), Lurçat (1973), Schneuwly (1984), Shaughnessy (1977, pp. 14-43)
et Simon (1966, 1973) relèvent que, au début de l'apprentissage de l'écrit,
la ponctuation n'est utilisée par les enfants ni de manière phrastique ni
de manière aléatoire. L'analyse attentive des productions révèle qu'elle
tend à apparaître à des emplacements bien déterminés.
Elle se manifeste tout d'abord, notamment chez les plus petits, lors
du passage d'une énonciation à une autre. Il en va ainsi, par exemple,
lorsque l'auteur juxtapose des « annonces de nouvelle » plus ou moins
élaborées mais n'entretenant entre elles qu'une relation très lâche. Le
texte ci-dessous, dans lequel la disposition a été scrupuleusement res
pectée, illustre cette procédure :
« Je suis allé à la piscine, dimanche je suis allé au rugby, samedi je
suis (...) chez ma maman. Les mercredis j'ai été au catéchisme, dimanche
à 8 heures je suis parti en colonie faire du ski » (DUP.; 8 ans).
Elle se manifeste ensuite, dans les narrations, aux frontières des
épisodes. Elle délimite ainsi des parties du texte qui, pour certaines,
apparaissent « sur-ponctuées » (en général, il s'agit du « résumé » initial
et de la fin du récit) alors que d'autres, au contraire, se trouvent, chez
les plus jeunes, dépourvues de ponctuation ou, chez les plus âgés, dotées
de virgule. L'exemple ci-dessous met en évidence ce mode de fonctio
nnement (on notera la disparition de toute ponctuation avec la survenue
de la complication).
« Un jour chez ma même j'allai en vacances chez elle. Le soir je suis
allé me coucher j'ai rêvé. Le lendemain matin je me suis levé tôt. J'ai pris
mon vélo et j'ai été en faire du vélo C'était dans une descente j'avais pas
vu qu'il y avait un hérisson j'ai marché sur ses piquants alors une roue de
mon vélo a été crevée » (MET. ; 8 ans).
Ces faits, relativement saillants dans les productions des plus jeunes,
deviennent moins évidents chez leurs aînés. Cela tient, en grande partie,
à l'accroissement du nombre de signes différents utilisés. Dès lors, la
mise en évidence des phénomènes liés à la textualité nécessite une él
aboration théorique relative à la structure et au fonctionnement de la
ponctuation.
1.4. Ponctuation et linéarisation : approche théorique
Alors que les travaux de linguistique ou de psycholinguistique « clas
siques » tendent à situer systématiquement les questions relatives à la
ponctuation dans un cadre interprétatif phrastique, les données recueillies
dans les études génétiques - trop régulières pour être traitées comme
des 

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