J'avais gardé ce sourire poignant, les yeux pétillants, quand je l'ai aperçu au loin. C'était quelqu'un de brave, dépourvu d'un charme atroce, quelque peu abasourdi par son visage. Il devait m'avoir trompé tellement de fois, je pleurais souvent, seule, sans ne rien dire à personne... Tant de fois pourtant, je mourrais d'envie de l'embrasser, laissant aller mon corps mutilé... Il m'arrivait d'aller au collège, les bras recouverts d'un pull-over, en laine, qui réchauffait mon coeur séché. L'envers d'une cicatrice abstraite, la douleur comme parfum que j'inhale. Je redoute chaque jour de m'évanouir, penser à me sentir contre lui, le décor d'une âme appropriée qui s'éternise dans l'abîme de mes sens. Nous étions assis au rebord d'une falaise, il me murmurait qu'il m'aimait, venait poser ses mains sur mes cuisses, le regard superposé... J'étais ivre de lui, ma tête reposait sur son épaule. Il me semble que je regretterai toujours ce moment cruel. Car il s'en est allé, dans les bras de ma meilleure amie. Et moi, je suis morte pour lui.