Villa d'Hadrien. La mosaïque de voûte du cryptoportique républicain et les débuts de l'opus musivum en Italie - article ; n°1 ; vol.85, pg 197-246

Henri Lavagne

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1973 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 197-246
Henri Lavagne, ~~Villa d'Hadrien. La mosaïque de voûte du cryptoportique républicain et les débuts de l'~~opus musivum ~~en Italie~~, p. 197-246. Etude de la mosaïque et essai de datation. Les arguments archéologiques excluent la datation tardive généralement proposée (époque d'Hadrien). L'analyse stylistique des motifs décoratifs et la comparaison avec le plafond de la « Casa del criptoportico » (Pompéi) permettent de proposer la seconde moitié du premier siècle av. J.-C. (Phase II b du deuxième style). L'examen de la technique (entre la mosaïque de galets et Yopus tessellatum) amène à la placer vers 30 av. J.-C. En appendice, quelques signatures (inédites) d'artistes sur la voûte du cryptoportique (dont Piranèse).
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 26
• Langue: Français
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Extrait

Henri Lavagne
Villa d'Hadrien. La mosaïque de voûte du cryptoportique
républicain et les débuts de l'opus musivum en Italie
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 85, N°1. 1973. pp. 197-246.
Résumé
Henri Lavagne, Villa d'Hadrien. La mosaïque de voûte du cryptoportique républicain et les débuts de l'opus musivum en Italie, p.
197-246.
Etude de la mosaïque et essai de datation. Les arguments archéologiques excluent la datation tardive généralement proposée
(époque d'Hadrien). L'analyse stylistique des motifs décoratifs et la comparaison avec le plafond de la « Casa del criptoportico »
(Pompéi) permettent de proposer la seconde moitié du premier siècle av. J.-C. (Phase II b du deuxième style). L'examen de la
technique (entre la mosaïque de galets et Yopus tessellatum) amène à la placer vers 30 av. J.-C. En appendice, quelques
signatures (inédites) d'artistes sur la voûte du cryptoportique (dont Piranèse).
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Lavagne Henri. Villa d'Hadrien. La mosaïque de voûte du cryptoportique républicain et les débuts de l'opus musivum en Italie.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 85, N°1. 1973. pp. 197-246.
doi : 10.3406/mefr.1973.946
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1973_num_85_1_946VILLA D'HADRIEN
LA MOSAÏQUE DE VOÛTE DU CBYPTOPOBTIQUE RÉPUBLICAIN
ET LES DÉBUTS DE L'« OPUS MUSIYUM » EN ITALIE *
PAR
Henri Lavagne
Ancien. Membre de l'Ecole
La chronologie des différentes phases de construction du palais im
périal dans la Villa d'Hadrien (fig. 1) est bien connue, depuis les travaux
de G. Lugli x qui ont révélé l'existence d'une villa suburbana républicaine,
autour de laquelle des bâtiments successifs se sont développés et trans
formés, depuis l'époque proto-augustéenne jusqu'à celle des Antonine 2,
Hadrien ayant réalisé la plus grande partie de ces modifications. Toutef
ois, si l'architecture du nucleus républicain avait fait l'objet d'une étude
* Cet article, qui traite essentiellement du décor du cryptoportique, est
le complément de l'étude architecturale que nous avions présentée au Colloque
sur Les Cryptoportiques dans V architecture romaine (Rome, Palais Farnese,
19-23 Avril 1972, à paraître en 1973, dans la Collection de VEcole Française de
Borne, sous le titre: Utilitas-Decor, le cryptoportique républicain de la Villa
d'Hadrien).
La pénombre qui règne dans la galerie du cryptoportique avait jusqu'ici
empêché une étude approfondie de la mosaïque. Grâce à l'aimable autorisation
de Monsieur Pietro Griffo, Surintendant aux Antiquités du Latium, nous avons
pu remplacer la torche des visiteurs du XIXe siècle par une batterie de pro
jecteurs, qui ont permis de prendre les premières photographies de ce plafond
(Photographies de G-. de Antonis). Nous remercions également la Dottoressa
Κ. Caprino qui nous a aidé dans nos recherches.
1 Gì. Lugli, Studi topografici intorno alle antiche ville suburbane, VI, Villa
Adriana, una villa di età repubblicana inclusa nelle costruzioni imperiali, dans
Bull. Comm. Arch., 55, 1927, p. 139-204.
2 Id. Le fasi della villa da Adriano al tardo-impero, dans Bull. Comm.
Arch. 60, 1932, p. 112-150. 198 HENRI LAVAGNE
minutieuse, le décor en mosaïque du cryptoportique qui occupe le niveau
inférieur de la villa, n'avait reçu qu'une analyse rapide 1. D'autre part,
la datation haute (époque de César) que Lugli avait proposée pour la
mosaïque n'a pas été admise par tous les spécialistes 2. Ces deux raisons
nous ont paru suffisantes pour reprendre l'examen de cet opus musivum 3,
dont le monde romain a conservé si peu d'exemples.
Pour mieux apprécier les arguments archéologiques qui permettent
de soutenir une datation ne reposant pas uniquement sur des critères
et des comparaisons stylistiques, il est indispensable de reprendre brièv
ement la description du cryptoportique (fig. 1). Celui-ci est composé de
quatre galeries, creusées dans le tuf de la terrasse naturelle sur laquelle
s'élève la villa. Les trois couloirs (Nord-Ouest, Sud-Ouest, Nord-Est)
qui ne comportent pas de revêtement en mosaïque, ont des dimensions
identiques et sont voûtés en berceau légèrement cintré. Des soupiraux
percés sur les reins des voûtes (huit sur les grands côtés du quadrilatère,
six sur les petits côtés) leur dispensent une lumière oblique. En revanche,
la galerie décorée, Sud-Est, présente des caractères particuliers: sa largeur
est beaucoup plus étroite (2,60 m au lieu de 3,60 m pour les précédentes),
le cintre de la voûte est plus accentué (3,10 m), et l'éclairage est créé
1 G-. Lugli, op. cit., p. 175: « Tralascio di dare la descrizione generale del
disegno, perche questo appare molto chiaramente della bella riproduzione del
Ferretti (Tav. IV) ». En réalité, ce dessin exécuté dans des conditions d'éclairage
rudimentaires est erroné sur plusieurs points. La restitution que nous présen
tons est due à E. Prudhomme (pi. D).
2 F. Wirth, dans un premier article (Römische Wandmalerei vom Unter
gang Pompejis bis Hadrian, dans Rom. Mitt., 44, 1929, p. 143-145), puis dans
son livre (Die Römische Wandmalerei, Berlin, 1934, p. 74-75), est partisan d'une
datation de l'époque d'Hadrien. H. Stern, Origine et débuts de la mosaïque mur
ale, dans Etudes d'archéologie classique, II, 1959, p. 113, note 3, l'a suivi. On
retrouve cette datation basse dans A. Frova, L'arte di Roma e del mondo romano,
Turin, 1961, p. 408, ainsi que dans la plupart des ouvrages modernes consacrés
àia Villa d'Hadrien. M. E. Blake, Ancient Roman construction in Italy, Washi
ngton, 1947, p. 62, a adopté la datation haute, ainsi que M. L. Morricone Ma-
tini, Mosaici antichi in Italia, Roma: Reg. X. Palatium, Rome, 1967, p. 9.
3 Malgré P. Grauckler (in Daremberg-Saglio, Dictionnaire des antiquités
grecques et romaines, 2107, s.v. musivum opus), il ne semble pas qu'il faille ré
server l'expression opus musivum à la décoration des parois. L'inscription
CIL, VIII, 1323 (cameram superposuit et opere museo exornavit) atteste qu'elle
peut désigner également la mosaïque de voûte. Cf. J. Svennung, Über den Na
men der Mosaik, dans Compositions Lucenses, Upsala, 1941, p. 181, et H. Stern,
op. cit., p. 108-109. Nous l'emploierons ici en ce sens, préférant l'expression
« mosaïque pariétale » pour le revêtement des murs. !
VILLA D HADRIEN 199
/
(JARDIN COUR DELA DES VILLA BIBLIOTHÈQUES RÉPUBLICAINE)
^BE3--:-.1 Epoque Epoque Epoque Epoque dHADRIEN de des de SYLLA CÉSAR ANTONINS
1
0 5 10 )5 20 25
(D'après G. Lugli)
Fig. 1 - Le niveau inférieur de la villa républicaine
ET LES TRANSFORMATIONS IMPÉRIALES.
par trois lucernaires. Deux d'entre eux s'ouvrent au centre de la courbure
de la voûte (dimensions extérieures, 70 χ 85 cm) et sont placés aux
extrémités de la galerie; le troisième, obturé postérieurement 1, occupe
le milieu du couloir (en d2), et se trouve aménagé, non pas au milieu du
berceau, mais sur le côté adossé à la colline. La partie du corridor ornée
de la mosaïque de voûte est précédée par une alcôve formant antichamb
re (d1), dans laquelle court un banc de repos carré. A l'autre extrémité
1 Probablement au moment de la construction de la « bibliothèque » privée
d'Hadrien (cf. fig. 6, pièce H). 200 HENRI LAVAGNE
de la galerie (en d3), une fontaine taillée dans le tuf offre l'aspect d'une
grotte naturelle (hauteur 2 m, largeur 1,50 m, profondeur 1,20 m) où
les dépôts calcaires imitent la rocaille x. Le cryptoportique était desservi,
dans sa première phase d'utilisation, par l'unique escalier d6, qui le mett
ait en communication avec l'étage. L'ensemble de ces structures est en
opus incertum que l'on date de l'époque dite « Syllanienne » 2. Quant au
décor, il est constitué par un simple enduit blanc sur les parois et les
voûtes, sauf dans la galerie Sud-Est qui présente à la fois un pavement
et une voûte en mosaïque.
Un fragment de pavement (2,60 m χ 3,50 m) est conservé au vois
inage de la fontaine. Il est probable qu'il recouvrait lors du déblaiemen