Villes disparues — La Cività - article ; n°1 ; vol.1, pg 161-180
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1881 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 161-180
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1881
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René de la Blanchère
Villes disparues — La Cività
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 1, 1881. pp. 161-180.
Citer ce document / Cite this document :
de la Blanchère René. Villes disparues — La Cività. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 1, 1881. pp. 161-180.
doi : 10.3406/mefr.1881.6345
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1881_num_1_1_6345\6\
VILLES DISPAKUES
LA CIVITA.
A l'extrémité N. des Monts Lepini, précisément au-dessus de
la ligne de partage entre les eaux du bassin Pontin et celles de
la vallée du Sacco, sur la montagne qui domine Monte-Fortino,
s'étend un plateau désert appelé Piano délia Cività. Tout autour
se voit une longue ceinture de murs sans ciment, une maceria
faite à gros blocs, d'ailleurs très-dégradée et écroulée en partie.
C'est évidemment l'enceinte d'une ancienne ville. Il faut près d'une
heure pour y monter de Monte-Fortino, et guères moins pour en
faire le tour ; ces ruines sont peu visitées des touristes, et rare
ment même des archéologues.
Quelle est cette ville, cette civitas qui a donné le nom au
plateau où se voient encore ses vestiges? Elle ne nous a pas
laissé le sien. Les anciens archéologues qui ont connu l'existence
de ses ruines l'identifient chacun à sa façon : Teuli l'appelle Ece-
tra (1); Kircher, Corbio et ailleurs Vitellia (2); Mattei, Ortona;
Holstenius , Virto; et enfin l'historien de Monte-Fortino, Serangeli,
dans son histoire manuscrite (3), Corbio, comme le P. Kircher.
Parmi les modernes, Gell (4) et Nibby (5) y voient Artena, Abe-
ken Ecetra (6). L'autorité municipale de Monte-Fortino a tranché
la question d'une autre manière, quand elle a obtenu, en 1873,
de changer le nom de la ville pour celui à'Artena dei Volsci.
(1) Theatro Mstorico di Velletri, 1644. — (2) De vet. et nov. Lat.;
Tav. topogr. dél terr. Tuscul. — (3) Notizie istoriche délia terra di Mont
e-Fortino, 1717 (Ms. au Municipe d'Artena). — (4) Top. of Borne,
p. 110. — (5) Dintorni, I p. 263. — (6) Mittel- Italien, p. 75.
11 la cività 162
11 m'a semblé qu'avant toute chose devait passer l'étude des
restes que la cité disparue a laissés. J'en ai donc fait le plan
joint à cette note, auquel j'ai ajouté un dessin qui montre l'ap
pareil du mur, et un fragment de carte à l'échelle de 1 p. 25000
donnant la position géographique de l'ensemble (Voir pi. IV et V).
Le Piano délia Cività occupe le sommet d'une montagne d'une
altitude moyenne de 620 à 550m. Son point le plus élevé est à
631, son point le plus bas à 547. Il est fort inégal, et les pentes
au-dessous de lui sont abruptes. A l'E., une vallée secondaire des
Lepini le sépare d'un contrefort qui cache Segni. A ΓΟ., il do-
riiine les terrains volcaniques nés de l'ancienne activité pluto-
nienne des Monts Albains, et dont les eaux vont se déverser dans
la plaine Pontine. L'éperon septentrional des Lepini qui le porte
est encore plus riche que le reste de la chaîne en phénomènes
géologiques singuliers. Ce ne sont que cavernes, crevasses, affai
ssements, soulèvements, glissements, chaos. Il semble même que
l'ère des transformations et des mouvements ne soit pas encore
terminée: des témoignages sérieux attestent que, depuis certaines
époques, divers points de vue ont changé d'aspect ; et il n'y a pas
vingt-cinq ans qu'un immense abîme situé derrière Monte-Fortino,
et dont le fond est couvert de cultures et portait des arbres sé
culaires, s'est approfondi subitement de plusieurs mètres, sur toute
sa largeur, qui est de près de deux cents.
Du haut de ce plateau, les hommes qui l'habitaient voyaient
une étendue de pays immense. Au ~N., Palestrine semble à deux
pas ; au-delà c'est Tivoli, puis les montagnes de la Sabine, et,
quand le temps est favorable, le regard va jusqu'au Soracte. Plus
près, par dessus Monte-Fortino, que l'on domine, on voit à ses
pieds Valmontone. A ΓΕ. toute la vallée du Sacco jusqu'aux ruines
de Pimpinara, et tous les pays de l'Apennin, de Palestrine à Feren-
tino: Cavi, Rocca di Cavi, Genazzano, Olevano, Pagliano, Anagni.
Au S., l'œil plonge dans les montagnes voisines, voyant pointer .
LA CIVITÀ 163
au-dessus des plus basses Rocca-Massima, qui n'est qu'à trois mill
es. Enfin vers ΓΟ. , arrêté d'un côté par le revers des Monts
Albains, le regard, après avoir rencontré le long de l'Artemisio
la cime du JMasehio di Lariano et le contrefort qui porte Vel-
letri, poursuit jusqu'à la mer par dessus un morceau de la plaine
Pontine et les interminables macchie de Cisterna et de Nettuno.
C'est une des vues les plus étendues de cette région où les pa
noramas sont si vastes. Sous les yeux de l'explorateur se déve
loppe toute une partie du territoire des Volsques, des Herniques,
des Albains, des Latins, des Sabins, et des Etrusques même.
Ce site majestueux a toutefois des inconvénients graves. Le
premier est d'être inaccessible : du côté du vallon, ou plutôt
de l'effrayant ravin du Catauso, l'aborder est une dure gymnas
tique ; du côté du Serrone délie Conche, c'est à peine moins dif
ficile ; par le N., il n'y a plus de passage; le véritable abord
serait par le côté qui tient aux montagnes ; mais de ce côté il
n'y a rien. Les seuls chemins pour monter sont des sentiers assez
pénibles qui viennent de Monte- Fortino. Un autre inconvénient
est le manque d'eau. Les Lepini, qui en ont tant à leurs pieds,
n'en ont ni sur leurs flancs, ni à leur faîte: ce sont peut-être
les plus arides des montagnes calcaires de l'Europe. Les cités
Volsques manquaient d'eau: quand elles n'avaient point d'aque
ducs, elles conservaient celle des pluies dans des citernes ; et c'est
encore aujourd'hui l'unique et bien insuffisante provision des villes
qui n'ont pas pu capter quelque source lointaine pour l'amener
jusque dans leurs murs.
Tout cela n'avait pas empêché les anciens d'établir au Piano
délia Cività un centre habité considérable. Le développement total
de l'enceinte devait atteindre deux kilomètres et demi, et l'aire
enfermée par elle était d'environ 924,000 mètres carrés. Ce sont
les dimensions de la moderne Velletri, la plus grosse ville de la
contrée, qui compte plus de 18000 habitants. LA CIVITÀ 164
Le plateau, comme je Γ ai dit, est extrêmement inégal. Il est
plus élevé vers le N., et, au N.-E., il porte un monticule de 15
à 20 mètres plus élevé que lui-même. C'est pour remédier aux i
nconvénients de ces pentes rapides que les anciens ont construit les
macerie que nous voyons. Les murailles de leurs villes étaient à
la fois une enceinte sacrée, un rempart de défense, et un mur
de soutènement : ce dernier caractère est surtout marquant dans
les cités Volsques de la montagne et ici plus que partout ailleurs,
les parties supérieures ayant presque entièrement disparu. L'ou
vrage soutenait, et soutient encore les terres : il avait été fait
pour obtenir une esplanade telle quelle, sur quoi l'on bâtissait
la ville. Aussi est-il fabriqué exactement comme les macerie que
construisent journellement pour le même usage les Abruzzains qui
viennent cultiver les parties montueuses de la province romaine.
Ce sont de gros blocs de calcaire pris sur le lieu même, et mis
les uns sur les autres sans aucun ciment, le long d'une tranchée
préparée dans la terre, avec une inclinaison en-dedans de quel
ques degrés.
Ces constructions , que l'on a si longtemps appelées Cyclo-
péennes et Pélasgiques, sont à réétudier de fond en comble. On
a voulu chercher dans leur forme et dans leur appareil des in
dices chronologiques, ethnographiques, historiques ; mais il y en
a de toutes les époques, chez tous les peuples, et dans tous les
pays. Sans nier absolument qu'une certaine succession puisse se
reconnaître entre leurs différentes formes dans une même contrée,
on peut, je crois, affirmer que les différences dépendent le plus ~
souvent du but que se - proposaient leurs auteurs et des maté
riaux qu'ils avaient sous la main.
Ce ne sont certainement pas des indications chronologiques
sur son origine qu'il faut demander aux macerie de la Gività ;
mais il est int

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