Vjačeslav Ivanov et les juifs - article ; n°1 ; vol.25, pg 35-47
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 35-47
Simon Markish, Viacheslav Ivanov and the Jews.
The present article examines the attitude of Viacheslav Ivanov toward the Jewish people, and most particularly toward Russian Jews. (The opinion of Ivanov concerning the Judaism in its religious aspect and as a specific concept of the world is only slightly touched upon from a general point of view.) The author endeavors to appraise the position taken up by Ivanov on the nature of the problem itself within the context of philosemitism of the Silver Age in Russia.
Simon Markish, Vjačeslav Ivanov et les juifs.
Le présent article examine l'attitude de Vjačeslav Ivanov envers le peuple juif, et tout particulièrement envers les juifs russes. (La question de l'attitude d'Ivanov envers le judaïsme en tant que religion et que conception du monde spécifique est seulement effleurée en général.) Il a été tenté d'évaluer la position d'Ivanov sur le fond et dans le contexte du philosémitisme du Siècle d'Argent en Russie.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Simon Markish
Vjačeslav Ivanov et les juifs
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 25 N°1. Janvier-Mars 1984. pp. 35-47.
Abstract
Simon Markish, Viacheslav Ivanov and the Jews.
The present article examines the attitude of Viacheslav Ivanov toward the Jewish people, and most particularly toward Russian
Jews. (The opinion of Ivanov concerning the Judaism in its religious aspect and as a specific concept of the world is only slightly
touched upon from a general point of view.) The author endeavors to appraise the position taken up by Ivanov on the nature of
the problem itself within the context of philosemitism of the Silver Age in Russia.
Résumé
Simon Markish, Vjačeslav Ivanov et les juifs.
Le présent article examine l'attitude de Vjačeslav Ivanov envers le peuple juif, et tout particulièrement envers les juifs russes. (La
question de l'attitude d'Ivanov envers le judaïsme en tant que religion et que conception du monde spécifique est seulement
effleurée en général.) Il a été tenté d'évaluer la position d'Ivanov sur le fond et dans le contexte du philosémitisme du Siècle
d'Argent en Russie.
Citer ce document / Cite this document :
Markish Simon. Vjačeslav Ivanov et les juifs. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 25 N°1. Janvier-Mars 1984. pp. 35-
47.
doi : 10.3406/cmr.1984.2000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1984_num_25_1_2000SIMON MARKISH
VJACESLAV IVANOV ET LES JUIFS
spécialistes Pour des du experts symbolisme de l'oeuvre et de de la Vjačeslav littérature ïvanov russe et de des la
fin du siècle passé et de la première moitié du siècle présent,
je me rends parfaitement compte que mon sujet fera figure
d'élucubration - excusez le non-académisme de l'expression.
Vous savez que le judaïsme en tant que religion,
qu'entité ethnique et enfin que culture particulière de cette
entité, ou plus largement en tant que civilisation juive (1),
occupe une place minuscule dans l'héritage scientifique de
VjaCeslav Ïvanov.
Aussi, me semble-t-il, dois-je m 'expliquer d'entrée de
jeu : le choix de ce thème m'a été dicté avant tout par mes
intérêts personnels. Si j'avais pu choisir le titre de ma
communication, sans tenir compte des contingences et des
conventions imposées par une conférence scientifique inter
nationale, je l'aurais intitulée : "Un juif russe lit VjaCeslav
Ïvanov". 11 y aurait eu, à mon avis, au moins une raison
à cela. Dès le début du siècle, l'intelligentsia russo-juive
constituait un groupe assez nettement différencié, dans l'évent
ail de l'intelligentsia de l'Empire ; elle était dotée d'une
sensibilité et d'un jugement bien à elle. Vient ensuite une
autre raison : elle tient au fait que la question juive re
surgit en Union Soviétique avec une acuité aussi provocante
que dans l'Empire russe, il y a 65, 75 et 85 ans. Enfin,
l'intelligentsia russo-juive aujourd'hui aussi réagit avec sa
sensibilité spécifique d'antan aux phénomènes culturels tota
lement différents, en se posant la question rituelle : tout
cela est bien beau, mais qu'est-ce que cela veut dire ? Quel
tour les événements vont-ils prendre pour nous, juifs ?
Malgré cela, j'ose espérer que mon thème secondaire
débordera le cadre de notes marginales à mon usage personnel.
Pour deux raisons au moins. En premier lieu, parmi les sour
ces spirituelles majeures d'ivanov-penseur, trois noms se
détachent : Vladimir Solov'ev, Nietzsche, Dostoevski j. Tous
trois jouent un rôle de premier plan dans la réception du
judaïsme et des juifs - si l'on peut s'exprimer ainsi - par le
monde contemporain en général, et par la conscience russe en
particulier. Dans quelle mesure ïvanov hérite-t-il de chacun
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXV (z), janv.-mars 1984, pp. 35-48. SIMON MARKISH 36
de ses maîtres - du philosémitisme de Solov'ev, de l'ambiva
lence de Nietzsche et de la xénophobie de Dostoevskij ? Ce
n'est pas une question oiseuse : en effet VjaCeslav Ivanov pas seulement un poète, c'est un philosophe, un maître
à penser (conformément à une tradition russe préexistante) ;
son influence et son autorité en Russie, dans la Russie
d'aujourd'hui, se font sentir de plus en plus largement.
- En second lieu, le contexte du Siècle d'Argent. J'ai
connu personnellement et de façon assez intime certains con
temporains de VjaCeslav Ivanov, ses cadets, et ils m'ont
heureusement convaincu que l'ignoble judéophobie d'une grande
partie de l'intelligentsia soviétique était un "acquis" de la
"cuvée" stalinienne (obrazovanščina), que la véritable in
telligentsia russe d'avant la révolution éprouvait encore
plus d'aversion que les juifs pour l'idéologie des centuries
noires. Raconter en présence d'Anna Ahmatova une anecdote
juive, même la plus innocente, c'était l'indisposer irrévoca
blement, à tout jamais, envers soi et, dans la plupart des
cas, se voir couper les ponts avec elle. Mais voilà que
parurent les carnets de Blok, et ils ont quelque peu ébranlé
ma foi du charbonnier. Il se trouve que Blok notait pour
lui : juif - non juif ; il se demandait s'il n'y avait "pas
juif" chez l' ex-directeur du département de encore du sang
la police ; il estimait que la tragédie des dernières années
du pouvoir tsariste en Russie était incompréhensible pour les
juifs ("pour eux, c'est incompréhensible, cela ne les concerne
pas") (2). Evidemment, de là à l'antisémitisme, il y a loin
encore, pourtant ici il y a une fausse note, cela faisait
naître l'inquiétude.
Mes mauvais pressentiments se sont confirmés après mon
départ de Russie.
Tous les carnets de Blok qui ont jeté le trouble dans
mon esprit ont trait aux années 1917-1918. C'est à cette même années" (Pjat1 période que se rapporte le texte intitulé "Cinq
let), dû à la plume de l'archiprêtre Serge Bulgakov, publié
à titre posthume en 19Д6. Ces souvenirs de la révolution de
Février ont été écrits en 1922 à Constantinople, ils sont le
fruit d'une réflexion suffisamment mûre, et n'ont pas été
notés à la va vite, dans le feu du moment, comme les remar
ques d'Alexandre Blok. A la fin du texte nous lisons :
"Ensuite des rumeurs d'abdication forcée ont commencé
à circuler : je m'y attendais aussi, d'autant que je
sentais à quel point là-bas, au coeur de la révolution,
on haïssait le tsar précisément, quelle juiverie
(židy) I souligné par S. Bulgakov - S. M. 1 menait la
danse là-bas... Au même moment, on donna dans les
journaux des nouvelles d'Aleksandra Feodorovna'
(selon la terminologie en vigueur parmi cette juiverie,
à laquelle il était impossible de se faire)." (3)
Malgré la grossièreté des injures qui détonnent dans la
noble figure du révérend père Serge Bulgakov, flambeau de
la philosophie religieuse russe, ces phrases m'ont moins V. IVANOV ET LES JUIFS 37
frappé que quelques paragraphes tout à fait corrects, trouvés
chez Zinaida Hippius dans sa biographie de Merežkovskij,
écrite en 19ДЗ et publiée en 1951, une édition posthume elle
aussi. Hippius évoque sa collaboration au Severnyj vestnik
d'Akim Volynskij qu'elle appelle exclusivement "Flekser"
(le procédé consistant à dévoiler les pseudonymes littéraires
a été rendu tristement célèbre par la campagne . antisémite
de 1949-1953 !) ; l'affaire se produisit au tout début des
années 1890 :
"J*ai protesté, ce n'était pas tant contre ses thèmes
ou ses opinions que [•••] contre le russe impossible
qu'il écrivait.
En proie à une fureur froide, il arpentait ma cham
bre d'un coin à l'autre, marchant lourdement sur ses
talons, en répétant : 'Vous injurrriez, et les autrrres
font l'éloge'. Ensuite, après notre altercation, nous
nous 'rabibochions' jusqu'au... livre suivant.
Au début, j'étais si naïve qu'une fois je me suis
mise à le plaindre pour de bon : je me disais que
les juifs avaient beaucoup de difficulté à écrire, car
ils n'avaient pas de langue maternelle à eux. Or
écr

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