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Langue Français

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Revue des Deux Mondes, tome 18, 1839
Revue littéraire, 1839 Revue littéraire, 1839 - XI
[1] Essais d’histoire littéraire, par M. Géruzez. Chargé depuis plusieurs années de suppléer M. Villemain et s’en montrant de plus en plus digne chaque jour par l’étude comme par le goût, M. Géruzez a déjà recueilli plusieurs parties intéressantes de son enseignement. Cette fois, il n’a prétendu donner que quelques morceaux, des portraits détachés et qui appartiennent à diverses époques, depuis saint Bernard jusqu’à notre élégie contemporaine. Sous son titre modeste, ce volume est d’une lecture aussi agréable qu’instructive, de ce qu’on peut appeler une excellente littérature. Rien de mieux touché que les portraits de Jodelle, de d’Aubigné, de Malherbe, de Sarasin ; les faits curieux, les anecdotes piquantes sont amenées à devenir des traits de caractère, et cela sans paradoxe, sans exagération, dans un certain milieu modéré qu’un sentiment juste remplit. Les portraits dans lesquels il peut entrer du moraliste et qui prêtent à une psychologie délicate, sont peut-être ceux qui conviennent le mieux à M. Géruzez. Avec Pascal, avec La Rochefoucauld, il s’est surpassé. « Pascal, dit-il au début, semble avoir reculé les limites de l’intelligence humaine, mais il n’a pas atteint celles de son génie. » On ne peut mieux dire en moins de mots ; on ne saurait ouvrir le compas devant Pascal dans un angle plus exact et plus rigoureux. Le La Rochefoucauld de M. Géruzez est d’une vue aimable ; en défendant la nature humaine, M. Géruzez s’est consulté lui-même, il se rattache à cette psychologie morale qu’ont honorée tout d’abord les Jouffroy, les Damiron, et à laquelle il est lié plus pieusement encore par le souvenir fraternel de Farcy. Mais ne flatte-t-il pas un peu M. de La Rochefoucauld en atténuant ses maximes ? et ne lui fait-il pas aussi quelque tort en lui refusant l’intention profonde que le chagrin moraliste n’a qu’à peine dissimulée ? Dans lesEssais de Moralede M. Vinet, il y a un chapitre sur La Rochefoucauld qu’on rapprochera utilement de celui de M Géruzez pour rembrunir ce, dernier. Sans doute c’est à propos de ses injures personnelles que La Rochefoucauld est arrivé à ériger ses maximes générales ; mais en est-il jamais autrement ? L’homme arrive-t-il jamais à une idée générale, sinon à propos d’un sentiment particulier ? Il n’importe au moyen de quelle pointe on ait percé la cloison, pourvu qu’on voie. Dans tous les cas, c’est le succès de ce genre d’appréciations délicates et de portraits que de provoquer quelque discussion, et comme de ranimer l’entretien autour des personnages qu’on fait revivre. Le volume de M. Géruzez produira cet effet pour quelques noms choisis. Le goût, la décence, la justesse, une ame bienveillante, une instruction variée, ingénieuse, y forment les principaux traits ; ce sont là des mérites de plus en plus rares, et qu’on est heureux de rencontrer. Quant aux critiques de détail, elles seraient en très petit nombre : je demanderai seulement si lesMémoires de Sallengresont dumarquisou simplement demonsieur de Sallengre. [2] Nouveau recueil de contes, dits et fabliaux du XIIIe et du XIVe siècle. Il y a trois sources bien distinctes des fabliaux du moyen-âge : les uns remontent directement à l’antiquité et procèdent des traditions grecques ou romaines, modifiées par le morcellement successif des générations et des siècles ; les autres sont venus, aux trouvères, du sein des littératures de l’Orient, par l’intermédiaire des Hébreux et des Arabes. Mais jusqu’ici il n’y a qu’imitation, et le caractère propre, individuel des fabliaux du moyen-âge, ne se révélera que dans les pièces inspirées aux conteurs par la vie pratique et contemporaine, par les évènemens, les mœurs et les vices de leurs temps. Ces trois divisions établies, il faudrait appliquer aux productions légères de la langue d’oil les catégories et les divisions ingénieuses introduites par M. Raynouard dans les poésies subsistantes des troubadours. C’est ce que M. Ampère, dans son excellent cours du collège de France, n’a pas manqué de faire avec cette habile perspicacité et cette sûreté de vues qui distinguent son enseignement. En parlant au long, l’année dernière, des fabliaux, M. Ampère n’a rien laissé à dire sur un sujet que le zèle de quelques jeunes éditeurs vient chaque jour élargir et étendre par la publication de documens nouveaux. Pour ne parler que des fabliaux, de cette littérature dont la forme est propre au moyen-âge, dont la naïveté de récit devait aboutir à La Fontaine, dont la malignité caustique devait avoir Voltaire pour dernier mot, genre essentiellement français, ou dont l’antériorité française au moins est incontestable, il est inutile de rappeler que plusieurs recueils estimables, donnés tour à tour par Legrand d’Aussy, Barbazan et Méon, avaient déjà initié le public littéraire à ces poésies long-temps négligées, et qui appellent plutôt, il faut le dire, un jugement sévère qu’un engouement peu réfléchi. Le volume donné aujourd’hui par M. Achille Jubinal est destiné à continuer les recueils ; il contient ving-huit pièces nouvelles, dont quelques-unes sont fort curieuses et d’un intérêt véritable pour l’histoire des mœurs et des usages du XIIIe au XVe siècle. Peut-être un choix moins indulgent, une sympathie moins prévenue pour les productions peu classiques du moyen-âge, eussent-ils éliminé bien des strophes insignifiantes et même quelques pièces d’une valeur moindre ; mais, en somme, cette publication mérite tous nos éloges. Le texte est pur en général, et il est évident que M. Jubinal s’est, avant tout, attaché à la correction. C’est là un mérite assez rare, bien qu’on en fasse volontiers parade aujourd’hui, et qu’on cache trop souvent des erreurs inqualifiables sous des notes bien lourdes et bien inutilement scientifiques. J’eusse désiré seulement, en tête de chaque fabliau de M. Jubinal, une analyse brève et succincte, qui, au besoin, pût dispenser de la lecture complète des pièces, lesquelles ne présentent pas à tout le monde le même intérêt. Chacun ainsi y eût trouvé sa part, et l’usage de ce recueil eût été, sans nul doute, plus utile et plus commode. V. DE MARS.
1. ↑Paris, Hachette, 12 rue Pierre-Sarrazin ; et Gratiot, 11 rue de la Monnaie. 2. ↑Publié par M. Jubinal, chez Pannier, rue de Seine, 23.
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