BAC-L-2017-PHILO-SUJET-2-CORRIGE
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avec Corrigés bac 2017 Bac 2017 PHILOSOPHIE Série L SUJET 2 – DISSERTATION Tout ce que j’ai le droit de faire est‐il juste ? Problématisation: Ce que j’ai le droit de faire, c’est ce que les lois de l’État, le droit positif, permettent, autorisent ou garantissent comme possibilité, comme liberté. Le juste, c’est étymologiquement «ce qui est en accord avec le droit » (jusen latin), donc il semblerait qu’il puisse y avoir une symétrie parfaite entre l’extension de mes droits (« tout ce que j’ai le droit de faire ») et celle du juste (« est‐il juste »). Mais c’est justement ce que le sujet invite à interroger : se peut‐il que ce qui est légal puisse ne pas être juste ? Ce qui revient à se demander ce qui peut définir le juste ou l’injuste hormis les lois de l’État, et pourquoi celles‐ci pourraient ne pas être en accord avec cette autre définition. Le sujet invite donc à questionner les fondements du juste (droit positif, moral, droit naturel…), mais aussi les conditions de son existence : une simple conformité à la loi (c’est‐à‐dire au texte de la loi), une simple légalité fait‐elle advenir dans le monde le juste, l’acte juste, l’homme juste ? On peut enfin s’interroger sur le rapport entre droits et justice. Si jouir des mêmes droits qu’autrui semble être synonyme de justice, la justice doit‐elle être pensée en termes de droits ou en termes de devoirs ?

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Publié le 15 juin 2017
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Langue Français

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Corrigés bac 2017
Bac 2017 PHILOSOPHIE Série L SUJET 2 – DISSERTATION Tout ce que j’ai le droit de faire est‐il juste ? Problématisation: Ce que j’ai le droit de faire, c’est ce que les lois de l’État, le droit positif, permettent, autorisent ou garantissent comme possibilité, comme liberté. Le juste, c’est étymologiquement « ce qui est en accord avec le droit » (jusen latin), donc il semblerait qu’il puisse y avoir une symétrie parfaite entre l’extension de mes droits (« tout ce que j’ai le droit de faire ») et celle du juste (« est‐il juste »). Mais c’est justement ce que le sujet invite à interroger : se peut‐il que ce qui est légal puisse ne pas être juste ? Ce qui revient à se demander ce qui peut définir le juste ou l’injuste hormis les lois de l’État, et pourquoi celles‐ci pourraient ne pas être en accord avec cette autre définition. Le sujet invite donc à questionner les fondements du juste (droit positif, moral, droit naturel…), mais aussi les conditions de son existence : une simple conformité à la loi (c’est‐à‐dire au texte de la loi), une simple légalité fait‐elle advenir dans le monde le juste, l’acte juste, l’homme juste ? On peut enfin s’interroger sur le rapport entre droits et justice. Si jouir des mêmes droits qu’autrui semble être synonyme de justice, la justice doit‐elle être pensée en termes de droits ou en termes de devoirs ? Ces devoirs ne peuvent‐ ils pas inviter à renoncer, dans certaines circonstances, à faire usage de ses droits ? Être dans son bon droit, est‐ce nécessairement faire ce qu’on se doit de faire ? Pistes possibles pour construire un plan : 1. Il semble y avoir une stricte symétrie entre le droit à…, le droit de... et le juste. A. C’est avec les lois de l’État qu’ont été définis le permis et l’interdit, le juste et l’injuste, et, en un sens, le Bien et le Mal. Selon Spinoza, avant cela il n’y avait que le possible et l’impossible, le bon et le mauvais pour chacun. B. Les hommes se sont donné des lois pour mettre un terme à certaines injustices, génératrices de violence (Hobbes), pour corriger le fait et cesser d’obéir à des hommes et à leurs caprices. C. L’État est une institution humaine : il est censé représenter le peuple et la volonté générale (Rousseau), faire régner un ordre juste. Les lois et les droits sont censés être égaux pour tous, or égalité et justice semblent aller de pair. 2. Mais il peut y avoir distorsion entre le légal et le juste. A. Les lois ne sont pas toujours ce qu’elles devraient être. – Les lois restent une œuvre humaine. C’est le problème posé par Kant : l’homme, à cause de l’insociable sociabilité, a besoin d’un maître, mais ce maître ne sera lui‐même qu’un homme, d’où la longue histoire du droit et les lenteurs de son amélioration.
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– Le droit n’est pas nécessairement l’expression de la volonté générale : problème de la représentation (Rousseau), pouvoir aux mains des dominants (Marx). B. Le droit positif n’est pas la seule source du juste : il y a aussi des droits naturels, qui peuvent être bafoués ou non reconnus. – Certains droits peuvent donc être accordés aux uns et pas aux autres (passe‐droits, privilèges). – Il y a des cas où les lois sont en effet injustes. Par exemple, les lois de l’apartheid en Afrique du Sud donnaient des droits aux blancs qui, s’ils en faisaient usage, pouvaient commettre une injustice à l’égard des noirs. C. Même si le droit accordé est légitime, il se peut qu’en faire usage soit discutable dans certaines circonstances : la loi générale n’a pas prévu tous les cas particuliers (équité selon Aristote). 3. Être dans son bon droit ne suffit pas pour être juste. A. La notion de droit accordé à chacun a pour but que chaque individu puisse jouir de libertés sans nuire à autrui. Or cela présuppose que l’on voit la liberté de l’autre comme une menace pour la sienne, que l’on pense chaque homme comme une monade isolée ; c’est ce que dénonçait Marx. Ne penser qu’à ses droits sans se soucier des autres, ou se contenter de ne pas leur nuire, ne peut suffire pour être juste. B. Les lois de l’État partent du présupposé que les droits d’un homme correspondent aux devoirs d’autrui, et inversement. Cette symétrie est remise en question par la morale, qui impose des devoirs sans qu’ils soient la conséquence de droits chez autrui. Elle peut attendre de nous qu’on fasse, si nécessaire, passer l’intérêt de l’autre avant le sien propre. Elle exige qu’on aille plus loin que l’exercice de ses droits, que de se contenter de ne pas nuire aux autres. J’ai, par exemple, le droit d’expulser le locataire qui a des difficultés à payer son loyer, mais ai‐je le droit de le mettre à la rue, du point de vue de la morale ? Il se pourrait que la morale suppose une profonde asymétrie : face au visage nu de l’autre, « je comparais », je suis otage ; je fais face à une responsabilité qui exige davantage que de m’en tenir à mes droits (Lévinas). C. Si on considère que mes droits correspondent à mes intérêts, être juste moralement peut exiger une intention pure, une volonté désintéressée. Être juste, ce n’est pas seulement agir en accord avec la loi, c’est faire son devoir par devoir (Kant). Gygès jouit de ses droits, mais est‐il juste pour autant ?
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